► Un scénario à faire pâlir avant l'arrivée de l'hiver...Beth Emhoff, employée d'un groupe transnational américain, revient chez elle dans le Minnesota après avoir effectué un voyage d'affaire à Hong Kong pour célébrer l'ouverture d'une usine de sa firme en Chine. Beth tombe malade peu après être rentrée au domicile familial, son mari Mitch l'emmène alors aux urgences car elle présente des troubles sévères à ses yeux. La nouvelle qui attend Mitch Emhoff aux urgences va bouleverser sa vie et celles de millions d'autres...
► Professeur Soderbergh et les inégalités devant la santéJ'ai plutôt bien aimé ce dernier film de Steven Soderbergh : même si le film n'est pas exempt de défauts à mes yeux (notamment narratifs), j'ai trouvé qu'il y avait assez de savoir-faire tant derrière la caméra que devant pour passer un moment agréable.
Cette histoire de pandémie est très pédagogique dans la forme et dans le fond, tout se déroule comme on peut l'imaginer pour une telle situation donnée et pas une surprise ne vient faire sortir le récit de son chemin balisé. C'est là que réside le principal point faible du film à mes yeux : j'ai eu l'impression de voir avant tout un film didactique très académique qui ne surprend guère avec les ressorts qu'il met en avant. Par chance, le scénario n'est pas manichéen sur les bords malgré tout, chaque acteur de cette intrigue sanitaire a ses raisons d'avancer et pour une fois pour ce style d'histoire, les fonctionnaires ne sont pas d'horribles criminels sans cœur qui pense à leur survie avant celle des autres.
L'autre point qui m'a fait tiqué est le manque d'aboutissement manifeste de certains points du scénario. Le film se découpe en de multiples aller-retours entre les personnages, chacune des intrigues faisant avancer le scénario dans sa globalité. Dans cette démarche, les points de vue sont fréquemment bien équilibrés en terme d'exposition mais leur chute... Autant il y en a qui offrent une conclusion, autant il y en a pour lesquels j'ai l'impression que le film les a carrément laissé en plan ; et c'est loin d'être des personnages secondaires qui sont touchés par ça malheureusement !
Ainsi, j'ai rien compris à la sortie de l'histoire du Dr. Mears (Kate Winslet) : elle meurt quand et elle finit dans une fosse commune comme le suggère le plan qui suit son supposé dernier souffle ? À partir de quand le blogeur Alan Krumwiede (Jude Law) touche de l'argent des fonds spéculatifs et pourquoi, vu qu'il ne les aide pas vu la première scène à ce sujet ? Le pire est atteint avec l'épidémiologiste Leonora Orantes (Marion Cotillard) : qu'est-ce qu'elle fait quand elle se casse de l'aéroport de Hong Kong après avoir appris que le gouvernement chinois avait refilé des placébos à ses potes campagnards ?
Il n'en demeure pas moins que pour ce film pédagogique, il y a bien du lourd devant et derrière la caméra comme je l'avais évoqué tout à l'heure. Soderbergh a l'air d'avoir eu un joli joujou dans ses mains avec la caméra RED-One : la photographie est sans surprise mais est de qualité (ça n'a pas que de mauvais côté l'académisme !) et aussi, l'image est ultra-défini et ça sent des mois à l'avance la démonstration technique en BRD ! Quant au casting, rempli à ras-le-bord de stars de tous les côtés, il ne m'a pas déçu et m'a surpris d'ailleurs grâce à la richesse de ses personnages secondaires où l'on retrouve des têtes connues. Parmi toutes les stars présentes, c'est contestation possible Jude Law qui a capté mon attention : il donne un intérêt certain à son rôle de blogueur omniscient, convaincu de la théorie du complot et surtout, lu par des millions de personnes à travers le monde dans ses diatribes contre les services de santé des pays riches : l'ultime objecteur de consciences que n'importe quel gouvernement n'aimerait pas avoir sur les bras dans une telle situation.
Même si ce n'est pas la visée première du film j'imagine, on peut facilement aller voir
Contagion pour découvrir une vision et un scénario simplifiés de ce que peut être une pandémie virulente et mortelle au niveau mondial de nos jours (n'étant pas féru de sciences, le film m'est apparu assez instructif sur des théories de base de la propagation des maladies). En tant que film,
Contagion est un produit propre livré par Soderbergh : ça ne révolutionne pas le monde, mais c'est agréable à voir quand le scénario jette ce dernier dans le chaos le plus improbable (ou probable, qui sait ?).