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 Sujet du message: Phantom of the Paradise
MessagePosté: Jeu 22 Déc 2011 22:25 
Ô-Totoro
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Localisation: Échappe à la connaissance
Swan. He has no other name. His past is a mystery, but his work is already a legend. He wrote and produced his first gold record at fourteen. In the years since then, he has won so many others, that he once tried to deposit them in Fort Knox. He brought the Blues to Britain. He brought Liverpool to America. He brought Folk & Rock together. His first band, the Juicy Fruits, single-handedly gave birth to the Nostalgia wave of the Seventies. Now he is looking for the new sound of the spheres to inaugurate his own Zanadu, his own Disneyland: the Paradise, the ultimate rock palace.
This film is the story of that search, of that sound; of the man who made it, the girl who sang it... and the monster who stole it.


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Rares sont les films aussi atypiques que Phantom of the Paradise. Tout d'abord dans la filmographie de Brian de Palma, qui s'est illustré brillamment dans le thriller hitchcockien et le suspens, où cette comédie dramatique et musicale fait figure de tache d'encre. Mais surtout dans sa réception par le public et la critique à sa sortie en 1974 : malaimé par les professionnels, Phantom of the Paradise rencontre rapidement un franc succès auprès d'une communauté de personnes qui vont former un noyau de fans portant à bout de bras l'aura du film. Sans pour autant atteindre le même niveau de phénomène, Phantom of the Paradise a quelques prémices de ce qui sera le succès ahurissant de The Rocky Horror Picture Show, autre film culte à l'ambiance kitsch. La carrière du film s'est même poursuivie jusqu'en 2006 où le casting original s'est réuni dans un festival organisé par des fans, le Phamtompalooza.

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"Anything? Would you give me your voice?"

Winslow Leach est un jeune compositeur plein de talents : il compose une cantate ambitieuse sur le thème sacré de Faust. Malheureusement, il n’a aucun appui artistique pour pouvoir lancer sa carrière et rendre populaire son extraordinaire œuvre. Un soir, il tente sa chance et entre par effraction dans le Paradise, le Temple du Rock dirigé d’une main de maître par le mythique compositeur Swan, pour lui faire découvrir sa musique. Ce dernier cherche justement le son qui fera l’ouverture du Paradise. La musique de Winslow Leach serait parfaite. Son compositeur, un tracas dont il va falloir s’occuper…

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"Messy, I know, but it's the only way to bind. Tradition."

Issue d'une famille aisée (son père est chirurgien) et pieuse, Brian Russel de Palma passe une enfance et une adolescence difficile où il développe quelques caractéristiques de nerd pur et dur : élève brillant préférant se plonger dans les livres aux soirées branchées d'où il se fit jeter plusieurs fois, il développe une obsession perverse pour le voyeurisme et use de ses talents en électronique pour espionner son entourage. C'est dans les salles de cinéma que cet enfant solitaire se replie sur lui-même, là même qu'il se décidera pour ce métier.
Sorti des bancs de la Columbia University of New York aux côtés de Martin Scorsese, à qui il présentera l'acteur prometteur de son film de fin d'étude un certain Robert de Niro, Brian de Palma commence par tourner quelques films arty et auteuriste dans toute la prétention que cela comporte (The Wedding Party, classé X à sa sortie, Hi Mom!). Le réalisateur se cherche un style, expérimente aussi bien au niveau de l'écriture que de la technique. A la même époque, les studios hollywoodiens alors en pleine déroute cherchent de nouveaux réalisateurs pour films de série B : il répond à cet appel avec son ami Martin Scorsese et tourne Get to Know Your Rabbit qui restera une expérience désagréable pour lui, ignoré par la production et son staff. Sa désillusion lui permet néanmoins de rencontrer un autre réalisateur en pleine déroute lui aussi, Georges Lucas, lequel va l'introduire dans un cercle fermé d'artistes frustrés par Hollywood. S'y trouvent notamment Martin Scorsese (les deux se retrouveront souvent dans leur vie), Susan Sarando, Steven Spielberg et Margot Kidder. Vivant une histoire amoureuse avec cette dernière, Brian de Palma va retrouver confiance en son talent et lui offrira comme cadeau de Noël le script pour son premier chef-d'oeuvre : Sisters. Vibrant hommage à Alfred Hitchcock, Brian de Palma y déploie toutes ses expérimentations techniques adolescentes mais cette fois au service d'une histoire dérangeante, pour un résultat marquant. Tourné pour une misère, le film rapporte beaucoup et son producteur l'encourage à écrire un autre scénario.
Il faut croire que Brian de Palma est laissé en roue libre puisqu'il lâche, avec Phantom of the Paradise, au milieu d'une avalanche de références littéraires et musicales, des thèmes personnels d'une rare violence : haine de la jeunesse décadente, de ses excès, voyeurisme malsain, talents artistiques écrasés par une machine supérieure, etc. Tout en devant son oeuvre la plus atypique (il n'y a pas d'équivalent dans le reste de sa filmographie), Phantom of the Paradise est aussi l'une de ses plus personnelles, touchantes, riches et jouissives.

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"I will not allow my music to be mutilated by those greaseballs! "

Phantom of the Paradise est une œuvre qui questionne l’intérêt de la référence dans l’art et cherche la frontière entre hommage et pillage, et ce à deux niveaux. Dans son histoire d’une part, dans le commentaire que Brian de Palma en fait à travers ses personnages d’autre part.

Tout d’abord, ce qui frappe dans Phantom of the Paradise, c’est la profusion de références qui imprègnent chaque séquence du film. Faust ou Le Fantôme de l’Opéra sont citées explicitement, on peut aussi trouver pêle-mêle The Picture of Dorian Gray, Frankenstein, La Belle et la Bête, Dracula, Psycho, Du côté de chez Swan, etc. Il y en a tellement que le film devrait en principe tourner à vide, devenant un objet précieux qui se prend pour de l’âârt parce qu’il cite ostensiblement autant d’œuvres connues et reconnues. En principe, seulement, et c’est là que Phantom of the Paradise devient fou dans son propos.
En effet, on pourrait passer à côté de toutes les références du film que le plaisir de sa vision en resterait intact. En d’autres termes, le film ne s’adresse pas à une élite qui va comprendre chaque référence et s’en gargariser mais se donne simplement à son public comme un divertissement jouissif, rythmé et déjanté.

Pour autant, la référence n’est pas gratuite puisque Phantom of the Paradise est un film qui s’en aliment, mais ceci dans un but de poser la question de Brian de Palma : jusqu’où peut-on aller dans la référence sans devenir un « voleur » d’œuvre sans imagination ? Les points de vue du personnage principal et du réalisateur sont contradictoires à ce niveau.
Winslow Leach est présenté comme une victime d’un odieux vol intellectuel dont la vie va sombrer dans la démence jusqu’à l’ahurissant final (le film se conclut sur un plan où les gens dansent de joie autour de son cadavre), et devrait s’imposer comme une figure sympathique aux yeux du spectateur. Toutefois, la naïveté agaçante du personnage (il se fait prendre deux fois au même piège) ainsi que sa propension à hurler outrancièrement au vol à tout-va provoque une distanciation de la part du spectateur. Brian de Palma nous alerte sur le vrai fond de sa pensée à travers Winslow Leach.
Car si ce dernier voit son œuvre violée (et jamais il ne dira être lui-même lesé par les reprises de Swan, notez la différence), Brian de Palma pense au contraire qu’elle est sublimée. Soyons honnête, la première version de Faust chantée par Leach, quoique belle, s’insère comme un cheveu dans la soupe après le très dansant Goodbye, Eddie, Goodbye d’introduction. Alors que, plus tard, lorsque Faust reviendra en version rock, elle coulera de source au sein du film.
Pour Brian de Palma, la limite entre hommage et pillage est infinie tant qu’elle permet de créer une œuvre cohérente en et pour elle-même. Pas besoin de connaître toutes les références pour comprendre les enjeux du film et pour l’apprécier en tant que divertissement assumé de bout en bout.
Fait amusant, d’ailleurs, c’est Paul Williams, le compositeur du film, qui joue le rôle du démoniaque Swan et qui chante les parties de Winslow Leach. Ironique, finalement, de voir que le Fantôme s’insurge contre quelqu’un joué par le véritable artisan de Phantom of the Paradise, non ?

De plus, Phantom of the Paradise est une œuvre artistiquement unique, dans son ambiance folle et dans ses musiques de génie, qui est allée jusqu’à influencer elle-même d’autres œuvres (la plus évidente pour nous est Griffith de Berserk) ! Une œuvre dont l’intelligence du propos force le respect (Brian de Palma ne condamne ni ne proclame le pillage, mais nuance son point de vue), majeure et influente. Un chef-d’œuvre.

Mais ceci n’est qu’un aperçu de ce que comporte réellement le script de Phantom of the Paradise, lequel se joue des conventions cinématographiques dans la narration, marque les obsessions de Brian de Palma avec férocité, etc.

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"Dream it never ends."

Je ne vais pas tergiverser plus longtemps : Phantom of the Paradise fait partie de mes films préférés !! Mon préféré de Brian de Palma à coup sûr (même si j’adore ses œuvres plus « palmassiennes », comme Blow Out ou Sisters).
A la frontière de la comédie musicale, de la comédie dramatique et de la comédie, je suis toujours happé dans cette ambiance psychédélique et délirante. Les personnages sont malgré tout attachants (Beef !!) La BO de Paul Williams est sans doute ma musique de film préférée (j’ai le CD et l’écoute régulièrement !), entrainante, triste, enjouée et acide à la fois ; les paroles de certaines pistes sont d’une noirceur effrayante alors que l’air est euphorique ! Il y a quelque chose qui provoque en moi une profonde tristesse devant ce final déchirant, mais tout l’humour du film et son côté Grand-Guignol font que je suis comme une puce devant. Un équilibre rare que j’apprécie par-dessus tout.

Un grand classique barré, à voir pour le croire.

"Get this fag out of here."

I. Il ne faut pas oublier Tôji Tôji Chopper qui avait déjà fait une présentation de Phantom of the Paradise dans le topic OLDIES.

II. Petit clin d'oeil à el-d-brokeur qui avait déjà évoqué l'introduction de Phantom of the Paradise dans son topic sur The Twilight Zone.

III. Merci à la biographie vulgarisée de Brian de Palma par Rafik Djoumi qui a charpenté (si ce n'est "était volée") une partie de ce topic.

Preuve que Phantom of the Paradise est une oeuvre culte, dans le fond !


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