Crackerjack a écrit:
Dans le lot il y a toujours un râleur qui fustige toujours le cinéma français. Le râleur évidemment c'est moi !
Bon je le dis tout net, je n'ai pas vu le film et je n'irais pas le voir et ce pour différentes raisons :
- Son succès phénoménal qui pour moi le décrédibilise ( Bienvenue chez les Chtis en est le parfait exemple : Je ne l'ai jamais vu même si il est passé à la télé).
- La sensation malsaine de la moquerie du paysage social de la France avec pas mal de stéréotype en dessous de la ceinture ( Le Blanc cultivé et bourgeois assis sur son trône et dépendant des taches quotidiennes en faisant faire les taches ingrates à un Noir immigré ex taulard venant d'une banlieue ayant un cerveau ramolli donc pas de diplôme). Bref la vision d'un énarque parigaux !
- La vision naïf presque positif du handicap d'après les dires de certains des spectateurs à la sortie des salles. Le handicap touche ma vie privée et ce film ne montre que l'exception positif et non pas le quotidien de ces personnes, c'est une vue biaisée.
En clair on peut toujours essayer de me faire voir ce film, je vous dirais toujours avec bonheur "Zut !"
Tiens j'avais pas vu ça.
Pour le premier point, je n'y reviendrais pas, j'ai tendance à fuir le trop médiatiser et ce n'est que par pur hasard que je suis allez voir celui-ci.
Ensuite, j'aimerais savoir comment tu peut considérer que Philippe est assit sur un trône. Enfin quand je lit "assis sur un trône" je traduit cela par : dans une position de force lui permettant de profiter d'autrui et d'en jouir. En l’occurrence il ne profite pas d'autrui, je pense que (riche ou pauvre) personne n'accepterais volontiers l'idée de devoir demander de l'aide à autrui pour chaque geste de la vie quotidienne (y comprit l'élimination, l’hygiène intime) en ça Philippe ne profite pas de la situation (la scènes avec Driss et le gant - tu le saurais si tu avait vu le film ^_~ - montre assez toute la gênes existante tant pour le soignant que pour le patient).
A plusieurs reprise le film s'attache, assez finement, à pointer du doigt la position complète de force de Driss vis à vis de son employeur. Une personne en situation de dépendance est quelqu'un à qui il faut tout faire (tout en prenant garde à maintenir son autonomie, ce qui dans le cas présent n'est guère possible), mais surtout quelqu'un à qui l'on peut tout faire (le film "parle avec elle" de Pedro Almodovar le démontre assez bien d'ailleurs dans la relations Benigno et Alicia), si à un moment Driss souhaite coller une tarte à Philippe il ne pourras s'en défendre (la force de Driss est mise en avant dans ses méthodes de manutention qui nécessite de déployer une grande force au niveau des bras et du dos - et qui, soit dit en passant, n'est en aucun cas réglementaire).
La force de Philippe se trouve donc uniquement dans son argent, puisque même psychologiquement ils nous est démontrés qu'il à des faiblesses (notamment lors du départ de Driss).
D'autre part Driss est certes représenter comme une jeune homme de banlieux à problème, mais en aucun cas il à le cerveaux ramolli. Le film présente ses valeurs, sa culture (la scènes de danses et très représentative d'ailleurs) et nous montre un jeune homme dégourdis et naturel. Ce qui ne signifie pas un ramolli pour autant, en y mettant de l'humour et de la mauvaise foi (du moins c'est comme ça que je l'ai ressentie) il laisse Philippe lui ouvrir son univers.
Bref clairement pas un monarque et son esclave, mais plutôt un échange entre deux humains dans des situations différentes.
Ensuite, à aucun moment le handicap n'est montré comme quelque chose de sympathique. Ce qui est montré c'est qu'avec une prise en charge intelligente de la personne handicapé, on peut faire en sorte que les gens le vivent mieux. Pour aller plus loin on peut évoquer "l'humanitude" et appuyer de la sorte ce que représente Driss en tant que soignant. Le rôle de soignant n'est pas non plus mis en avant comme quelque chose de drôle, Driss doit faire preuve d'une abnégation totale et être compétent 24/24h, ce qui implique des frustrations, de l'agacement et de bons moments.
Du fait que Philippe est dans une situations financière qui lui permet de vivre correctement ses passions (la musique classique, la peinture entre autre, choses qui ne nécessite pas énormément de capacité physique pour être appréciés) le film n'insiste pas forcement sur tout ce qu'il ne peut pas faire, ou sur une volonté de mourir, mais peut-on lui reprocher d'avoir voulut rester fidèle à l'histoire dont-il été tirés ? D'autant qu'on peut trouver un autre exemple de personne paraplégique qui ayant trouver son plaisir dans des activités non physique ne souhaite pas mourir, et trouve dans sa situation nombre de choses positive ayant plus de poids que les choses négative dans le courrier adresser à Vincent humbert qu'il copie dans son livre "je vous demande le droit de mourir" (intéressant d'ailleurs de voir qu'ici les deux exemples totalement opposés sont exposés).
Alors oui, ils auraient pu montrer les escarres, la fonte musculaires, expliqués plus qu'il ne le font l'absence de transit intestinal correct (voir même ils auraient pu placer une gastrostomie pour intensifier le tout), l'incontinence, la dépression, voir même faire un p'tit syndrome de glissement histoire de rendre le tout plus négatif (j’exagère volontairement mais il me semble que tu fait de même en insinuant que le handicap est majoritairement vécue comme négatif par les personnes qui le vivent), mais d'autres film le font déjà.
Intouchable devient du coup une belle bouffée d'air dans un monde ou lorsqu'on parle de vieillesse on parle Alzheimer, dentier, protection et convention obsèques (le miracle de la télé) et ou lorsqu'on parle de handicap d'incapacité totale à la vie et de désir de mort.
L'OMS définit la santé comme une état de complet bien être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité.
Il ne faut pas oublier les deux autres aspects qui sont aussi important que la capacité physique. Ici il s'agit d'un handicapé moteur (qui, en dehors de douleur fantôme lors d'une séquence, ne souffre pas), qui à une vie sociale existante (notamment par le biais de son aide de vie, ce qui est d'une importance capitale lorsqu'on sait qu'un aidant est la personne la plus souvent auprès de celui ou celle en situation de handicap) avec des défauts comme toute vie sociale normale, qui jouit en plus d'une bonne place dans la société du fait de sa situation financière, et d'un moral dans l'ensemble pas trop mauvais (d'ailleurs ou a t'il été écrit qu'une personne handicapé se devait obligatoirement d'être dépressive ?)
La vue de ce film n'est pas biaisée, elle montre juste les chose sous un jour différent et une fois de temps à autres c'est loin d'être désagréable.
Loin de moi l'idée de te donner envie de voir ce film, mais il est dommage de tiré des conclusions aussi hâtive sur lui.