Au début des années 2000, Antoine de Caunes proposent aux fils de Claude François, Claude François Junior et Marc François, film biographique sur la vie de leur père. Le projet est prometteur, l'interprète est déjà tout trouvé en la personne de Jérémie Renier, jeune acteur belge au physique similaire et au talent indéniable. L'arrivée du
Podium de Yann Moix fait freiner des quatre fers cette biographie, qui attendra encore quelques années dans les tiroirs de Canal +.
Durant ces quelques années de flottements, Florent Emilio Siri, réalisateur français orienté jusque là action (
Nid de guêpes,
Otages,
L'ennemi intime) est approché pour s'en occuper. Il se laisse séduire par le projet, à condition d'avoir à l'écriture Julien Rappeneau. Les deux réunis vont se lancer, toujours en compagnie de Jérémie Renier, dans ce biopic ambitieux.
"Comme d'habitude enfin je vais vivre"L'histoire d'un artiste-businessman rongé par son perfectionnisme, sa jalousie, son besoin de contrôler les autres, lui-même, son passion des femmes, son désir d'être aimé.
"Et pourquoi ce désespoir caché au fond de moi"Ce que j'aime dans un film, c'est n'être au départ pas du tout intéressé par le sujet mais être attiré par le projet en lui-même pour les noms qu'il regroupe et au final adorer le film. Et c'est le cas pour
Cloclo.
Les deux plus grandes réussites du film sont, à mon sens, 1/ son écriture accessible qui permet au quidam ne s'étant jamais intéressé à Claude François (au hasard, moi) de comprendre tous les tenants et aboutissants de l'histoire en balayant toute la vie du chanteur et en enchaînant les sauts dans le temps de 2/3 ans ; 2/ sa faculté à ne pas laisser sombrer l'image de Claude François dans le ringard comme cela pourrait facilement se faire (coucou
Podium).
Les plus grands succès du chanteur rythment le film (au côté d'une impeccable BO d'Alexandre Desplat), filent grave la patate et accompagnent magnifiquement certaines des scènes les plus émouvantes. L'aspect paillette/coupe au bol évite le kitsch et le grotesque, sans doute grâce à la direction artistique grandiose (Jérémie Renier est impressionnant et ne tombe pas dans la caricature) et une photographie belle belle belle (et je pèse mes mots).
Le portrait dressé de Claude François est passionnant, puisqu'il ne se focalise pas uniquement sur sa carrière de chanteur mais aborde tout l'aspect business et le contrôle absolu de son image d'artiste, souvent à l'excès. On dépasse l'hommage et le vernis nostalgique pour montrer l'envers du décor et comprendre la fascination qu'exerce encore aujourd'hui le chanteur, tout en brossant l'humain. Un équilibre de fou furieux, quand on y pense, mais qui est ici extrêmement fluide.
Le reproche que je lui trouve est que certaines scènes se répètent un peu, mais tout l'aspect technique du film est ahurissant de qualité (les plans-séquences de malade qu'on se tape, les raccords grandioses, les cadrages de folie, etc.), je ne me suis pas ennuyé une seconde (deux heures et demi pourtant !) et certaines séquences m'ont juste fait chialer (putain, verser ma larme sur Claude François).
Grand film français, parmi les plus grands j'aurais tendance à penser, et que j'ai adoré. Même si le sujet vous rebute, allez le voir et vous m'en direz des nouvelles.
Edit : c'est vrai que cette séquence centrale de My Way fout la chair de poule.
/5