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Quand les documentaires s'invitent sur grand écran
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Auteur:  Jiji-D [ Mer 4 Avr 2012 20:49 ]
Sujet du message:  Quand les documentaires s'invitent sur grand écran

Vous l'aurez compris, je viens vous parlez des
DOCUMENTAIRES
ou
le cinéma du réel.


En parcourant les sujets, j'en ai pas vu beaucoup des topic de documentaire, surement car comparé a la quantité de films qui sortent par an, ils sont en minorités, pourtant j'en ai vu de très beau.
Alors pourquoi de pas faire un topic pour les regroupés et faire partagés nos impressions.

C'est ce que je propose ici.
Documentaire, Docu-fiction, Reconstituions historique...
Peut importe de quoi parle le documentaire que vous voudrez présenter, les seules règles :
- Documentaire sortie au cinéma
- Présentation correcte du film

J'éditerais se message au fur et a mesure des présentations (en espérant qu'il n'y es pas que moi qui en poste sinon vous allez bouffé que des documentaires animaliers ^^')

Voici la liste des topic déjà existant traitant de documentaire (ça peux être pratique) :
En reprenant le code instauré par Mr.28
Documentaire / Politique (P), Historique (H), Animalié (A), Écologie (E), Fiction (F), Reportage (R)


A suivre très bientôt ... la présentation d'un film que j'adore : La planète blanche.

Auteur:  Jiji-D [ Mer 4 Avr 2012 21:17 ]
Sujet du message:  Re: Quand les documentaires s'invitent sur grand écran.

La Planète Blanche
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◘ Informations primaires ◘
Long-métrage français et canadien des réalisateurs :
- Thierry Piantanida (fut responsable du département Publications et Édition de l'Équipe Cousteau avant de se lancer dans la réalisation de films documentaires, il a collaboré à l'écriture de films sur les conséquences du réchauffement climatique dans l'Arctique) et un autre Thierry,
- Thierry Ragobert (a suivi le Commandant Cousteau lors de la réalisation de la sérié A la découverte de la mer et à réalisé le documentaire Les Amoureux du Pôle sur l'expédition de l'aventurier polaire Arnaud Tortel).

Musique de Bruno Coulais (à qui l'on doit la bande-originale des Choristes, et ayant fais les musiques de Microcosmos, le peuple de l'herbe et Peuple migrateur), interpréter par la chanteuse Jorane (canadienne), ainsi qu'à Elipse Isaac (d'origine inuit).
Sortie au cinéma le 22 mars 2006 après un tournage étalé sur plus de 3 ans due aux conditions météo et la rareté de certaines espèces. Le DVD est disponible depuis le 6 décembre 2007. (source allociné)
Durée du film environ 1h18.

◘ Le contexte ◘
Après un tournage étalé sur plus de 3 ans due aux conditions météo et la rareté de certaines espèces, dans un environnement cruel et majestueux, on contemple la vie dans son infinie beauté, son étrangeté et sa dangerosité, pleins de froideur et de douceur en même temps. C'est ça La Planète Blanche.
On côtoie, on voie, on vis le combat de toutes ses espèces, jours après jour pour survivre.


◘ Versions et avis ◘
Ayant vu les deux versions que contient le DVD je vais commenté les deux séparément.


Version cinéma :
C'est le célèbre explorateur Jean-Louis Etienne, spécialiste des régions polaires, qui a accepté de devenir le narrateur de cette histoire.
Personnellement je trouve (contrairement à ce que j'ai pensé de la version commenté pour La Planète Bleue - que je présenterais plus tard) que les commentaires du narrateur sont passablement inutiles si on connais un temps soit peu le sujet, mais pour les autres c'est un petit plus, intéressant à savoir ici et là. Le narrateur intervenant même plutôt rarement à vrai dire, il n'est donc pas dérangeant.
D'ailleurs les deux réalisateurs reviennent sur ce choix : "Ce n'est pas la caution que nous recherchions mais bien ce petit supplément d'émotion que seul quelqu'un qui connaît à ce point l'Arctique peut offrir et partager." (source allociné)
Ce qui appui mon point de vue, le narrateur ici n'est qu'un supplément dont on peut ce passer.

« Attention à ne pas perdre le Nord » est surement la formulation la mieux trouver du film pour finir comme il se doit sur une ouverture classique mais malheureusement toujours d'actualité … de quoi sera fais notre futur ?

Version musicale :
Vous l'avez compris c'est la version que je préfère.
Tous simplement magnifique, et résumant bien l'esprit du film.
Des images magnifiques + des musiques magnifiques = un film qui n'a pas besoin de paroles.

Les réalisateurs expliquent leur choix de destiner ce documentaire au cinéma : "Pour que La Planète blanche soit différent des documentaires que l'on peut voir habituellement, nous avons choisi de mettre en avant les atouts, la dimension du grand écran. Le film s'est ainsi lentement structuré et construit. Au final, c'est un film documentaire qui utilise les règles de la fiction. Un véritable objet cinématographique, avec une narration, une construction, une mise en scène. C'est un spectacle !". Un choix qui a toutefois demandé une attention particulière de la part des deux réalisateurs : "Avec le cinéma, on est confronté à des problèmes d'une autre dimension. Si le petit écran excuse beaucoup de choses, le grand écran n'excuse rien. C'est une école d'excellence." (source allociné)
J'applaudis et j'honore ces deux réalisateurs pour avoir réussi leur challenge, cette version musicale en est la preuve directe. Certains passages comme avec la mère ours, la découverte du monde du bébé phoque ou la chasse du loup et de l'ours dans la neige, et bien d'autres moment dévoile des comportements, des réactions, des scènes que nous n'imaginions pas.
Le monde est un splendide spectacle quand on prend la peine de le regarder.


◘ Pour les curieux ◘
La musique du musicien Bruno Coulais pour ce film est tout simplement magnifique (comme je l'es déjà dis), alors je vous propose le lien de l'album sur deezer pour ceux qui voudrait (ré)écouter. Vraiment ça vaut le coup d'oeil (ou plutôt d'oreilles).
Et la jaquette du dvd pour les vrais curieux
Spoiler: Montrer
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*tout paragraphe n'étant pas écrit de moi même verra sa source écrit en parenthèse à la fin du dit paragraphe.

Auteur:  Jiji-D [ Dim 29 Avr 2012 14:46 ]
Sujet du message:  La Planète Bleue

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◘ Informations primaires ◘
Titre original : Deep blue
Titre français : La Planète Bleue
Réalisé par Alastair Fothergill, Andy Byatt
Avec en vo : Pierce Brosnan comme narrateur.
Et le commentaire : François Sarano, ancien collaborateur du Commandant Cousteau (et oui encore Cousteau ^^)
Sortie au cinéma le 4 février 2004
Durée du film environ 1h32. (source allociné)


◘ Versions et avis ◘
Comme pour La planète Blanche, j'ai vu les deux versions que contient le DVD, je vais donc commenté les deux séparément.
Mais ce qui ressort a la fin du film, c'est comme j'ai pu le lire dans la presse : "poème visuel", "un documentaire qui mêle habilement narration élaborée, images léchées, montage efficace, visée éducative et scientifique (...) Un film étonnant, avec un commentaire minimal qui laisse la parole aux images."
Le coté moralisateur peut déplaire, mais d'un autre coté, peut-on vraiment abordé le sujet sans l'être, même involontairement ? Moi en tous cas, ça ne me dérange aucunement.

Version cinéma :
Ça commence doucement, paisiblement, laissant le spectateur s'immerger dans les flots. C'est peux être même un peu trop pour ma part.
Si vous voulez comprendre ce qui se passe a l'écran c'est la version commenté qu'il vous faut, si vous voulez juste voir des images époustouflantes qu'on s'en demande même si c'est pas de la sciences fiction par moment, je pense particulièrement au passage dans les abysses, c'est cette version qui vous plaira.
D'ailleurs tous fan de One piece en voyant se passage sur les fonds abyssale pense obligatoirement au manga (passage juste avant l'arrivé chez les hommes-poissons notamment), ce fut mon cas en tous cas, et je dirais même que la réalité est encore plus surprenante !

Version commenté :
Vous me direz les images et la musique sont les mêmes, oui, ce qui change, c'est que contrairement à la version cinéma qui nous laisse interpréter comme bon nous semble se qu'on voit, dans cette version les explications de se qui se passe a l'écran son nettement plus conséquente sur notre vision des choses, ainsi que des détails sur la façon que ça a été tourné, information que je trouve très enrichissante.
En plus le commentateur nous fais partager/découvrir son opinion, la raison pour laquelle il a voulu faire ce film et sa passion, ça ce ressent et c'est très appréciable.

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La chasse de l'orgue, c'est sur vous l'avez déjà vu a la télé,
mais la c'est encore plus impressionnant.


Personnellement je pense que la version commenté (en français, au cas ou certain aime pas les sous titres pensais le contraire) est a voir au moins une fois, pour mieux comprendre et apprécié la version cinéma.

◘ Pour les curieux ◘
La jaquette du dvd :
Spoiler: Montrer
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Auteur:  naorim [ Lun 20 Mai 2013 21:16 ]
Sujet du message:  Searching for Sugar Man

Il est temps de dépoussiérer cet endroit ! Je n'ai pas gardé la forme de ma prédécesseuse et finalement je fais presque un récit de comment j'ai vu et vécu ce documentaire. Ce qui peut rendre la forme fragile et parfois un peu artisanale mais voilà je voulais tenter.

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Könöwule II by Famoudou Konaté on Grooveshark


“ Sugar man, won't you hurry,

'cause I'm tired of these scenes.

For a blue coin, won't you bring back

all those colors to my dreams.
Silver magic ships you carry.

Jumpers, coke, sweet Mary Jane. „


Documentaire sur un musicien inconnu des années 1970 : (Sixto) Rodriguez.
Seul moyen de faire un synopsis sans absolument aucun spoil.

Könöwule II by Famoudou Konaté on Grooveshark


Ce film est sorti le 26 décembre 2012. Ce film est sorti non pas « two weeks before Christmas » (comprendra qui pourra) mais un jour après Noël et connaît un véritable miracle de Noël. La semaine de sa sortie, en tout et pour tout, TROIS salles proposaient le film (dont deux à Paris) en France. Presque cinq mois après sa première diffusion, non seulement, le film est toujours à l’affiche mais il est encore diffusé dans la capitale dans une dizaine de salles (et le DVD va sortir dans quelques jours). Alors qu’un directeur d’UGC me confiait récemment (ouais je me la pète, ça fait genre que je connais des gens importants alors qu’en fait c’est mon beau-frère) que cette année n’était pas très bonne (comparée aux cinq dernières années tonitruantes) et que les films faisaient des aller-retour, restaient à l’affiche deux ou trois semaines puis repartaient. Sugar Man, lui, est toujours là.
Bien sûr, il s’agissait là d’une stratégie rodée. Oui mais ô combien risquée et je pense que la stratégie est allée bien plus loin que ne l’espérait son distributeur. Le but aurait été de présenter le film dans peu de salles, pour que les salles soient systématiquement complètes donnant l’impression aux spectateurs de voir une œuvre d’exception. Si on ajoute à cela qu’il s’agit d’un documentaire de qualité avec une histoire plutôt dingue à raconter, l’on pouvait espérer que le bouche-à-oreille commence. Et c’est ce qui s’est produit.

Könöwule II by Famoudou Konaté on Grooveshark


Je vais raconter un peu ma vie (pour ne pas changer) mais il faut savoir que j’avais prévu d’aller voir ce film avant sa sortie. Tout d’abord, je pense que j’étais l’une des rares personnes à connaître un (seul et unique) titre de Rodriguez avant de voir le film. Je n’avais aucun mérite, comme je l’ai déjà expliqué sur le forum, le titre faisait partie de la bande originale du film français Alyah. Ce titre phare de Rodriguez avait retenu mon attention lors du film, me poussant à chercher le nom de l’artiste lors du générique (plus old school que la requête google). Quelques mois après, regardant ce qui allait être diffusé de beau sur nos écrans, je tombe sur un film se nommant Sugar man, titre de la chanson dont je viens de parler. Ma curiosité me pousse à regarder s’il y a un rapport entre le film et la chanson. Je comprends qu’il s’agit d’un biopic de l’auteur-compositeur de cette mystérieuse chanson. Bizarre… J’avais déjà avant ça regarder la page wiki de Rodriguez (je vous promets que sur la page wikipédia française de l’époque – août ou septembre 2012 – ne comptait que 2/3 lignes sur ce chanteur !), il ne semblait pas être un chanteur « majeur » pour cette époque, j’avais cru comprendre qu’il était apprécié que dans un pays mais il n’y avait pas plus d’infos que ça. J’avais été étonnée d’ailleurs qu’il ne soit pas plus connu que ça car à l’écoute de Sugar Man, quelques grands noms font échos dont Bob Dylan. N’étant pas fan de biopics en général, encore moins sur des chanteurs, l’idée ne me réjouit guère. Mais je ne sais quel instinct de génie me pousse à regarder la bande annonce. Et là, je me dis « mais ça m’a l’air pas mal didonc ». Je le classais dans la liste des films « à voir si l’occasion se présente ».


À regarder jusqu'à la moitié pour éviter les spoils !

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La semaine de sa sortie les critiques se font plutôt bonnes finissant de me convaincre d’aller voir le film. Je suis donc allée voir le film lors de la seconde semaine de diffusion (étant à l’étranger la semaine d’avant). La salle est comble, j’ai bien fait d’avoir un peu d’avance. À côté de moi, un Monsieur passe un coup de fil prévenant qu’il est au cinéma voir « un film sur un musicien inconnu qu’il ne connaît pas », c’est vrai que c’est un peu cocasse. Le documentaire se passe, la bande originale est composée des seules chansons de Rodriguez et je ne peux m’empêcher de succomber à ces chansons. L’histoire (j’y reviendrai) semble irréelle mais l’est pour autant. On n’aurait pas pu l’inventer si ça n’était pas vrai. À la fin de la projection, des applaudissements. Pour un documentaire ! Première fois que je vois ça. Les gens ont le sourire, j’entends une femme avouait que c’est déjà la troisième fois qu’elle voit le film (il avait à peine deux semaines de sorties). Je parle du film autour de moi, essaie de le vendre sans trop spoiler (ce qui est une tâche ardue – désolée CK, j’en ai peut-être un peu trop dit dans ton cas). Peu à peu, je vois apparaître sur certains réseaux sociaux (Facebook et Twitter) de plus en plus de références à Rodriguez. Le succès prend. En Mars (cela a donc augmenté depuis), plus de 100 000 entrées pour ce film. C’est complètement dingue pour un film de cette envergure là. Absolument et délicieusement dingue. Côté récompenses, le film n’a pas à rougir non plus, il avait obtenu le prix du meilleur docu à Sundance, ce qui n’est pas rien. Mais ça ne s’arrête pas là, il obtient la fameuse statuette : l’Oscar du meilleur documentaire.

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Mais de quoi ça parle en fait ?
Le problème avec ce documentaire, c’est qu’il ne faut pas trop en dire, le film perdrait en intérêt. Je vais essayer de diviser la suite en plusieurs parties plus ou moins spoilantes donc.

Sans spoil. Vous pouvez cliquer sans peur.
Spoiler: Montrer
Le documentaire a comme titre original : « Searching for Sugar Man » et ce titre est très pertinent. Le film prend la forme d’une enquête, nous partons à la recherche d’un chanteur des années 1970 qui a disparu.

Un tout petit peu de tout petit peu de spoil.
Spoiler: Montrer
Ce chanteur inconnu semblait très talentueux, dégageant une aura forte mais n’aura malheureusement pas la chance d’être reconnu dans son pays natal : les Etats-Unis. Ses deux disques font pour ainsi dire un flop…

Un peu plus de spoil mais ça reste encore acceptable.
Spoiler: Montrer
Mais on ne sait par quel miracle un disque semble être arrivé en Afrique du Sud, pays alors marqué par l’Apartheid. Ce disque deviendra là bas une légende.

Je n’en dirai pas plus. Le film est une enquête bien ficelée où l’intrigue se dévoile peu à peu. Tout ça, toute cette histoire, toutes ces « anecdotes » (« anecdotes » est un mot mal choisi tant cela peut être lourd de sens et en conséquences au sens fort du terme).
Bien sûr, le film a ses défauts. Tout d’abord, sur le plan formel et visuel, ce n’est pas très beau (sans être très laid non plus), il a été fait avec presque zéro moyen. Le réalisateur a même dû se mettre au dessin pour quelques plans du film. Certains diront qu’il est « efficace ». Effectivement, on se doute bien que certains traits ont été grossis, mais l’histoire (l’Histoire) en reste captivante et bonne sur le fond. Un film avec aussi peu de moyens ne peut se permettre d’aller dans des formes abstraites s’il veut faire connaître ce chanteur. Car j’ai l’impression que c’est l’un des buts du film : le réalisateur veut faire (re)connaître ce talent, ce diamant brut jusqu’alors ignoré. Il veut faire partager cette histoire pour compenser … ce qui passe dans l’histoire. Et je ne cesse de le répéter mais quelle histoire ! Ce documentaire a un « scénario » que voudrait n’importe quel réalisateur aujourd’hui !
Il sera parmi mes 10 films préférés de cette année (car même sorti en 2012, il a connu son succès en 2013) et ce sera sûrement la première fois qu’un documentaire se hissera à ce genre de classement. Je ne peux donc que vous recommander chaudement ce film qui fut l’une des plus jolis révélations de ce début d’année en matière de cinéma.

Könöwule II by Famoudou Konaté on Grooveshark


À lire si vous l’avez déjà vu.
Spoiler: Montrer
L’histoire ne s’arrête pas là comme l’a déjà dit pif-paf. Les CDs (bon on peut s’en réjouir pour Rodriguez mais déplorer la stratégie marketing chacal de l’autre côté) sont en vente un peu partout, à l’intérieur même des cinémas ou aux premiers rangs de la FNAC (le CD est dans l’entrée de la FNAC de Châtelet depuis de nombreux mois !). Rodriguez vient en France faire un concert apparemment complet (à moins qu’il ait rajouté des dates). Bien sûr, tous ces fonds sont cette fois-ci reversée à Rodriguez, cela va s’en dire. Espérons que cet homme si humain arrive à continuer sa paisible vie, c’est le moins que l’on puisse lui souhaiter.



“Sugar man, you're the answer
that makes my questions disappear. „

Auteur:  Leto II [ Dim 23 Juin 2013 08:15 ]
Sujet du message:  Re: Quand les documentaires s'invitent sur grand écran

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Room 237 est un documentaire spécial qui documente peu et propose à la place une analyse filmique spéciale du grand film d'horreur de Stanley Kubrick.

L'idée du projet est géniale et se prête énormément à une projection en salle. Pouvoir décrypter les images, les sons et leurs enchainements en se replongeant dans la puissance évocatrice du film sur un grand écran doit être une expérience sans commune mesure. D'autant plus que The shining recèlent d'éléments cachés qui font péter le cerveau lorsqu'on les découvre, c'est donc le film parfait pour ce genre de projet.
Il est intéressant de voir aussi que dans leurs propos, les intervenants admettent les limites de leur discours en nuançant comme quoi tous les messages qu'ils font apparaitre dans leur lecture du film n'ont pas été volontairement insérés par Kubrick. La limite du film est ainsi posée : il s'agit là certainement d'un pur exercice de style masturbatoire (1). Rien de grave sous les tropiques.

J'arrive à isoler deux problèmes distincts sur le documentaire.
Le premier est l'impression d'amateurisme constant qui se dégage des interventions. Déjà dans le premier chapitre du film (sur les neuf qui le composent), quasiment le plus long (!!) où les intervenants reviennent sur leur expérience personnelle de The shining, comme quoi ils ont mésestimé le film avant de le réévaluer à la hausse de plus en plus, etc., etc., etc. Sauf que cette partie est atrocement longue, ne présente qu'un personal branling consternant et n'ajoute aucune plus-valu. Ensuite dans la manière de s'exprimer des intervenants qui donne l'impression d'assister à de l'impro ou à une prise de son faite en une fois et on remballe. Un d'entre eux s'excuse même du bruit que fait son gamin qui chiale derrière lui et va fermer la porte, laissant pendant cinq secondes le spectateur contrit attendre que le chiard se taise (!!). A cela s'ajoute bien évidemment un lot continu de "hmm.." "weeell.." "what was I saying ?" qui donnent envie de se pendre tellement ça ressemble à un exposé de lycéen qui ne sait pas quoi dire.
Belle transition pour amener au second problème, bien plus ennuyeux : le fond de l'analyse. Comme je l'ai dit, il y a de quoi faire avec The shining. Le hic c'est que les analyses les plus fascinantes ont déjà été réalisées par Rob Ager ou MSTRMND (ne vous fiez pas au design so 90's de leur site, c'est des mines d'or d'informations en anglais) et tous les deux ont refusé de participer au projet. Ce qui fait qu'on a l'impression de devoir se taper les fonds de tiroir. Et là, on n'est pas déçu. Entre le mec qui dit "regardez, quand Jack et le proprio se serrent la main, la lampe sur le bureau on a l'impression que c'est la bite du proprio, ahahah, ce passage est mon préféré, c'est carrément freudien non ?" ou la nana qui explique que son gamin a rêvé qu'il se faisait fendre le crâne comme le fantôme dans le hall à la fin, je crois que fond de tiroir est même trop faible. Mais le pire, c'est que les intervenants prennent souvent des pistes passionnantes, comme la fonction symbolique des personnages qui renvoie au génocide des amérindiens, comme toutes les évocations d'Apollo 11, comme les meubles mouvants et les fondus enchainés qui évoquent les spectres (deux idées des bonhommes vu plus haut mais soit).. et que chacune de ses pistes est sabordée à coup de raccourcis immondes, de "well.. you know" genre "non mais on va pas en plus t'expliquer connard !?" et de discours jamais construit où ils vont commencer leur phrase sur une idée et la finir sur une autre qui n'a aucun rapport.

Bref, un projet qui avait de quoi titiller tout fan de The shining et de Kubrick en général mais qui se saborde par un amateurisme puant au niveau des intervenants et de leur analyse affligeante, qui ne rend absolument pas justice à la puissance de ce film. :|

(1) la masturbation a une fonction hygiénique à la base.Elle n'est donc pas inutile, juste infertile.

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