Le problème avec ce genre de film c’est que je ne sais jamais par où commencer. Je vais essayer de donner mon avis sur ce film qui est plutôt bon, assez bon même mais un chouilla moins enthousiaste que le tien, Deu$.
Tout d’abord, il est important de souligner que c’est n’est pas tant un film sur la fin du monde mais plutôt sur la peur de la fin du monde (contrairement à ce qui a été un peu annoncé pendant la promo du film). En effet, le personnage principal entre dans une obsession très américaine de vouloir protéger sa famille à tout prix. Cette obsession, qui peut sembler « positive » au départ, devient tout bonnement terrifiante. Pendant tout le film je me suis posée la question « est-ce que cet amour sans borne va paradoxalement détruire sa famille » (ce qui revient donc à se poser « est-il un fou ou un prophète ? »).
Certains éléments qui suivent révèlent le cours de l’histoire (mais pas la fin). Ensuite, selon moi, il y a une volonté de Jeff Nichols de montrer une Amérique en crise. Premièrement, la « folie » de ce père de famille l’amènera à s’endetter et à vivre au dessus de ses moyens ce qui est non sans rappeler la crise actuelle. Deuxièmement, il y a l’idée récurrente d’un repli sur soi, sur le corps familial quitte à laisser les autres dans la difficulté si cela permet son salut (une certaine forme de pragmatisme). Enfin, l’idée évoquée précédemment de ce père protecteur, rempart contre une menace invisible, abstraite. Tout cela sans que ça soit souligner et surligner, toujours dans la délicatesse. Et c’est là la force de ce film.
En effet, j’ai aussi apprécié la mise en scène extrêmement subtile de ce film qui peut rappeler en certains points Shame et Drive. Par exemple, l’élégance et le raffinement de ces cauchemars qui personnellement m’ont fait plus d’effet qu’une centaine de films d’horreur mis à la suite. Ou encore l’utilisation mille fois plus intelligente du miroir que dans Black Swan pour symboliser la possibilité de maladie mentale du personnage (on entraperçoit le miroir dans le trailer). Enfin que dire de cette scène où Curtis LaForche se trouve dans l’abri anti-tempête avec sa femme et sa fille. Je préfère ne pas trop m’étendre sur cette scène, juste la musique, la mise en scène et l’amour réciproque de ce couple font de cette scène l’une des plus réussies de 2012.
… Mais ce qui fait la (petite) faiblesse de ce film à mes yeux est clairement qu’il n’y a pas de réelle construction progressive dans la paranoïa du père. Les visions sont toujours identiques ou presque ce qui rend le film répétitif et parfois un brin monotone. Et c’est en cela qu’il diffère de Shame et Drive.
Et enfin ...
Deu$ a écrit:
Un personnage divinement bien interprété par le grand Michael Shannon, tellement un immeeeense acteur, vivement Man of Steel l'année prochaine que le monde entier le découvre enfin.
C’est vrai que c’est un acteur terrible qui mérite d’être connu mais dans ce film, il fait jeu égal avec Jessica Chapsain. Je trouve que sa performance mérite également d'être soulignée.
Deu$ a écrit:
Et cette fin, good god, cette fin. Quand le générique est apparu c'était limite une délivrance, une délivrance d'un truc horrible, mais putain, tellement bon.
Oui et non. Attention ce qui suit révèle la fin du film..
Personnellement, quand j’ai vu que la pluie touchée Sam, j’ai eu immédiatement l’image d’elle en train d’attaquer son mari comme le veulent ses visions. Donc la délivrance, perso, elle n’a pas duré longtemps..
Pour moi c'est donc un bon film mais il n'a pas fait l'unanimité autour de moi.