Bon ben j'ai enfin vu le film, après de nombreuses conversations autour, je me disais que je devais me faire une opinion et... sérieusement c'est pas possible. La quantité d'invraisemblances, d'éléments d'intrigues négligés, de non connexions des événements entre eux, la caractérisation des personnages et leurs motivations, ça rend le film impossible, quand bien même il est très beau (décors somptueux), correctement mis en scène (tout est lisible, les montées en tension sont bonnes) et reste divertissant. Ce n'est juste pas possible d'agencer l'action, au sens général, de cette façon. Et ça n'a rien à voir avec Alien or not Alien, ou alors seulement indirectement, parce que Prometheus se perdrait dans les parallèles au 8ème Passager. C'est en soi: ça ne marche pas. Jamais. A aucun moment. Ca semble même chercher le plus invraisemblable en permanence, presque comme une forme de performance.
Je ne vais pas tout reprendre: le résumé de Leto est exact, et je viens de me lire le papier de l'OC, qui fait le tour, lourdement, de la question. Reste que personnellement, le début m'a plutôt convaincu, par tous les plans de survol "minéraux" marqués par une lumière très "métallique". L'apparition de l'Ingénieur m'a intéressé, mais je me suis demandé ce qu'il foutait, ne sachant si son vaisseau arrivait ou repartait. Le fait qu'il meure semble une surprise pour lui, et en même temps, dans ce que j'ai lu, il faudrait y voir une sorte de rite sacrificiel de création de la vie. J'ai d'abord cru à un accident, à une expérience manquée, mais apparemment c'est pas ça. Peut-être la souffrance est-elle cause de la surprise, et c'est un chance qu'il se soit décomposé dans l'eau en contrebas, et pas bêtement sur la roche. A propos de roche, je passe sur les peintures rupestres qui amèneny une super expédition concoctée deux ans plus tard seulement.
J'ai bien aimé aussi la suite qui emprunte autant à la mythologie interne d'Alien (le basket) qu'à 2001 dans la découverte du vaisseau d'expédition. C'est vain rétrospectivement en effet (il n'est rien fait de tout ce qu'on découvre là, ou que de manière très anecdotique, comme les rêves de Shaw), mais ça m'a plu. C'est quand on découvre l'équipage que ça déconne sérieusement. Là, non. On ne peut pas faire une expédition avec de tels abrutis sans le justifier un minimum. Même laborieusement. Je m'attendais à des repris de justices, des personnages là parce que pas le choix (un truc clef d'ailleurs des derniers Aliens), pour justifier des comportements bizarres. C'était possible, mais pas la moindre précaution prise en ce sens. Paresseux, pas d'autre mot. Si le géologue et le biologiste détiennent la palme (quitte à raccourcir le film, on aurait pu commencer par là sans problème), Holloway est insupportable également.
Les seuls personnages qui tiennent la route sont ceux tenus à bout de bras par leurs interprêtes: Shaw, parce que l'héroïne aussi, et vu ce qu'elle se tape, ben elle a du mérite; Vinkers, parce que son personnage qui reste au niveau des écrans, ça pouvait être une jolie idée, dommage qu'elle ne soit pas creusée; David, parce que l'androïd du film explicite l'ambivalence des androïds de la série Alien: ils sont effroyablement humains, parce sans aucune émotion officiellement, et ils se comportent en permanence comme des pervers finis. Pas d'autre explication à chercher pour le comportement de David, il a des ordres du Vieux, et pour le reste il fait ce qu'il veut, comme il veut, de façon à ne pas affronter directement les emmerdes, de manière perverse, donc. Après, on peut dérouler.
Reste que la plus grosse erreur du film pour moi, c'est d'avoir été du côté du film catastrophe, dans lequel justement les pires invraisemblances sont acceptées devant l'impératif de la surenchère. Peut-être le propos et l'ambition mystiques du film appelaient naturellement cette ascendance du côté du film catastrophe, mais sur du Alien, sur un patron de film SF d'épouvante, en huis clos, ça ne peut pas correctement passer. Je n'ai pas compris pourquoi les menaces étaient ainsi démultipliées sans raisons, sans développements (je pense au serpent, au zombie, à la menace originelle qui a anéanti l'équipage d'Ingénieurs, au truc dans l'oeil d'Holloway...), et je ne peux rattacher ça qu'au genre de la Catastrophe. Tout la fin est dans ce ton, depuis la rencontre avec l'Ingénieur (pitié...) jusqu'au poulpe, en passant par le roulé de soucoupe. Sans oublier les deux twists: les autres vaisseaux à côté aussi en sommeil, l'alien né du face-hugger géant.
Je ne sais pas si une suite apportera des réponses aux questions posées par le film (comment et pourquoi la création de la vie (ou de l'homme?), pourquoi le stockage d'armes il y a 2000 ans, pourquoi ç a tourné mal pour les Ingénieurs? Pourquoi les autres vaisseaux (d'autres formes de vies créées sur d'autres planètes, en "surveillance")?), mais il y a déjà trop de n'importe quoi dans l'action de ce film pour douter de la pertinence des réponses qui pourront être formulées. Très déçu quand même quand je vois la matière qui était abordée.
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