Monsieur Oscar sillonne Paris dans une interminable limousine blanche, d'où il ne cesse de rentrer et de sortir sous des visages différents. Monsieur Oscar agit pour la beauté du geste. Monsieur Oscar est décidemment quelqu'un de bien étrange.Il se peut que je spoil brièvement certains passages, donc ne lisez rien si vous n'avez pas encore vu le film.
Au fil des différents rôles de monsieur Oscar -incarné par un Denis Lavant sublime et virtuose-, Leos Carax nous transporte de saynètes en saynètes en surfant sur tous les genres avec des scènes tour à tour triste, drôle, érotique ou même tarentinesque ; avec des dialogues qui fleurent bon le français subtil. Chaque saynète est presque un court-métrage à part entière qui régale nos pupilles par l'esthétisme sublime qui les caractérise et égayent nos oreilles par les dialogues qui les ponctuent, même si les dialogues sont tout de même relativement rare.
Mais quel écriture ! Franchement, j'ai rarement vu des dialogues aussi percutants -p'tet dans
the witcher 2- et bien écrits. C'est simple, à chaque réplique on se prend une claque dans la face tellement c'est fort.
Hmmm... j'exagère peut être un petit peu On oscille donc entre des scènes aux dialogues sublimes et d'autre plus contemplatives, mais qui ne sont pas pour autant en deçà du reste. Ce sont d'ailleurs celles que je préfère, notamment celle où l'on suit les peregrinations d'un huluberlu -m. Merde pour les intimes- qui est tout simplement
le point culminant du film. Il est bon de noter que c'est aussi la saynète la plus longue du film. Franchement, il est difficile de ne pas adhérer à ce personnage atypique et farfelu, tout droit sorti de l'imagination délurée de Carax. Délurée, mais en même temps légèrement enfantine, puisque finalement m. Merde n'est qu'un grand enfant qui a besoin d'une épaule féminine pour s'endormir.
Je ne suis pas sûr que huluberlu soit le terme le plus apropprié... D'ailleurs on dirait que
Holy Motors est sortit tout droit de l'imagination d'un enfant, tant certaines scènes sont farfelues. Rien que la première scène -qui m'a étrangement fait penser à ce que l'on pourrait touver dans les
Citées Obscures de Peeters et Schuitens- nous met dans l'ambiance du film, avec une scène totalement surréaliste où il n'y a rien a comprendre et tout à interpréter ; bien qu'elle soit complètement hors-sujet par rapport au reste du film.
Par contre, malgré le fait que l'on se laisse facilement transporter par le film, je pense qu'il faut bien reconnaitre que les saynètes qui le compose sont tous de même relativement inégales. On passe du magistral retour de m. Merde qui nous offre des scènes d'anthologies, au derniers râles d'un viellard légèrement plus ennuyeux ; je pense que cela dépend des goûts de chacun, mais il est clair toutes les scènes ne se valent pas.
Toutefois cela n'enlève rien à la qualité du film, que j'ai tout simplement adoré et trouvé somptueux, même si je pense que cela reste un film assez marginal et que peu de personne vont véritablement l'aimer au final.
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