On est à moins d'une semaine du meilleur jeu de tout l'étang (première précommande jamais pour moi, instant émotion), et en attendant je m'éclate sur un jeu indé (premier early access jamais pour moi, instant émotion) :

Mini Metro du Dinopoloclub (non ce n'est pas une boite de nuit ringarde des années 80).



Le concept : vous êtes le Dieu RATP qui crée les lignes de métro.
Votre objectif : éviter qu'une station de votre réseau n'arrive à saturation.

Dans la pratique, vous commencez avec trois stations, trois trains, trois lignes et trois ponts. Les Trinités Divines. Le jeu évolue avec l'apparition de nouvelles stations de métros et la complexification des formes de bouches de métro. D'abord le carré (rare, il est généralement le hub de départ), le triangle et le rond (plus communs, ils affluent de nouveaux passagers), bientôt des étoiles, des croix, des losanges et autres (constituant des hubs évidents mais généralement peu pertinent). Chaque fin de semaine, vous avez le droit à un nouveau train et le choix entre une nouvelle ligne, un wagon ou deux ponts (obligatoire pour survivre sur les maps parisienne et londonnienne). Il est impossible de se faire se croiser deux lignes sans passer par une station. Le jeu implante des rush hours : l'horloge devient noire et quelques stations s'affolent.
Et. c'est. t o u t.


Comment lire votre map

Le principe et son déroulement sont tout bêtes, et c'est pour ça que c'est addictif.

D'abord parce que, puisque vous êtes tous semblables à ma personne, vous avez une passion des métros et votre kiff est de regarder les cartes des réseaux ferroviaires pour en critiquer la pertinence (telle station pourtant très pratique est peu desservie, tandis qu'une autre inutile vous parait trop bien aménagée) et proposer aux guichetiers contrits une refonte optimale de son organisation. Et ce, sur toutes les villes où vous avez daigné prendre les transports en commun - la dernière en date étant Prague, pur horror en terme d'optimisation du rachitique réseau.


Notez le déséquilibre total de la map : brooklyn et le queens sont composés uniquement de triangles et de ronds, et le providentiel carré est apparu en fin de partie. La menace est pourtant venue de manhattan, qui a aspiré un réseau trop dense et certainement pas assez de lignes circulaires. La partie sud de brooklyn était très mal partie, et je n'avais plus de trains en réserve, les jeux étaient faits.
Le bout nord de la ligne verte était un danger de tous les instants avec ses trois ronds consécutifs, ce qui a obligé à réduire la taille de la ligne pour éviter un engorgement plus tôt. Il était compliqué de la reformater de manière plus optimale, à cause de cette règle de l'interdiction de croisement des lignes ailleurs qu'aux stations..

Mais surtout le jeu est formidablement tactique et la génération aléatoire de l'apparition des stations (par moment injuste il faut l'avouer) oblige à changer ou tenter de nouvelles stratégies. Certains auront une préférence pour les lignes en boucle (pratique en tout début de partie, mais difficilement extensible), de très longues lignes individuelles (risquées sur le long terme si elles ne sont pas complétées par une quantité astronomique de wagons), de petites lignes entrecroisées (fait apparaitre ses limites dès lors que le nombre critique de lignes est atteint, et créateurs de bouchons sur les hubs) ; on trouvera des adeptes de l'esthétisme (une harmonie proche des réseaux urbains existant) ou du pragmatisme (peu importe les courbes disgracieuses et le déséquilibre pictural du réseau, tant que ça marche) ; des upgradeurs en force (ce qui a été créé n'est pas remis en cause, seulement complété) ou des démolisseurs de l'impossible (refonte intégrale du réseau à chaque fois qu'un nouvel aménagement parait plus pertinent - avec comme inconvénient le temps de latence entre le moment où les wagons vont se repositionner) ; des économes (toujours un train sous la main pour désengorger une station en saturation imminente) ou des dépensiers (ne pas attendre l'hémorragie et fluidifier les lignes au fur et à mesure) ; des kamikazes (trois stations rondes ou trois stations spécifiques d'affilés) ou des prudents (alternance entre les stations qui a pour effet de ralentir la ligne car les trains s'arrêtent à toutes les stations).
On apprend à soupeser les implantations de nouveaux éléments, tant l'équilibre précaire peut se briser en un instant. Par exemple, un wagon pour désengorger une ligne, certes, mais attention si les autres lignes n'ont pas les ressources pour accueillir aux hubs la flopée de voyageurs qui se déversera à cause de la nouvelle puissance de frappe du train équipé. Il est également peu judicieux de finir une ligne sur une station spéciale totalement isolée, car les trains ne pourront pas apurer les voyageurs sur les stations précédentes s'ils sont déjà remplis de ces voyageurs spéciaux (comprenne qui jouera).

Chacun va aller de sa touche personnelle - moi c'est lignes entrecroisées, esthétisme, upgradeur, économe et prudent -, le jeu pouvant devenir familial car les conseils fusent çà et là dès lors que les amateurs et néophytes des jeux vidéos jettent un coup d’œil sur votre écran, participant à une expérience hors du commun de devenir le Dieu RATP.


La partie nord-ouest était également totalement déséquilibrée - deux parties, zéro chance. On notera la difficulté de monter des lignes circulaires pertinentes sur Londres sans avoir à acquérir une quantité astronomiques de ponts. Le game over est venu cette fois-ci de la ligne rouge, qui alternait trop de stations différentes et qui n'a pas pu contenir les flux, malgré ses deux trains et un wagon. Je vous ai mis la version du screenshot épuré pour que vous puissiez apprécier la dynamique des lignes qui s'était installé avant l'obligation de créer les lignes vertes et roses.



C'est ça la grande force de Mini métro, être accessible à tous (le concept est d'ailleurs transportable sur téléphone et tablette) et immédiatement.

Pour le moment, le jeu n'intègre pas de musiques (en préparation par le compositeur de FEZ), n'a que quatre maps disponibles (londres, paris, nyc et moscou), ne permet pas d'enregistrer les parties en cours, ne contient pas le mode rush hour et il est impossible de renommer ses stations ailleurs que dans son cœur ; mais c'est déjà une valeur sûre. Disponible en early access ou en flash sur une version allégée sur le site (cf. lien plus haut).

Mise à jour de Mini metro ! La carte São Paulo est disponible, mais surtout une nouveauté majeure vient d'apparaitre, qui change à peu prêt toute la perception du gameplay jusqu'à lors : il devient maintenant possible de redistribuer métros et wagons à d'autres lignes que celle sur laquelle ils étaient initialement attribués.

Le jeu devient ainsi un peu moins frustrant lorsqu'une station s'engorge sans qu'on ait de ressource à disposition pour régler la situation, et acquiert une dimension de spontanéité et de réflexe qui n'est pas désagréable.


Comme vous le voyez, un jeu utilisant exclusivement les boucles permettra d'aller assez loin, mais lorsque le réseau s'engorge, il est impossible d'y faire face. La partie nord-ouest de Saint-Pétersbourg est une horreur sans nom en terme de ponts qu'elle demande pour être satisfaite.


Pour l'instant, São Paulo parait être l'une des lignes les plus équilibrées pour la gestion des ponts, avec New York. Cette carte est pour l'un de mes high score sur le jeu (2 500 voyageurs transportés), alors que ma ligne centrale bleue est riquiqui. Elle avait au moins le mérite de ne pas nécessiter de ressources supplémentaire pour être autonome, même si cela s'est reporté irrémédiablement sur les autres (aucune station spéciale sur cette ligne, donc des embouteillages fréquents sur ses connexions).

J'ai également essayé de recréer la partie du yolo avec les trois lignes qui font le tour de toutes les stations ; elle est particulièrement difficile à mettre en place dans la mesure où le jeu a du mal à gérer les croisements des différentes lignes. J'ai même essayé de créer une quatrième ligne, et là ça a été le drame..

Vu la passion que j'ai pour l'affichage de mes parties en ces lieux, j'attends avec impatience la fonction de screenshot en plein milieu de partie, afin de vous bombarder pour votre plus grand malheur avec une partie entière et l'explication de chaque choix qu'une nouvelle station implique, au lieu de vous présenter uniquement le résultat final. Mais je ne suis pas sûr que vous apprécierez ou que vous lirez. Mais il faut dire que CHAQUE PARTIE EST UNE AVENTURE !_!

C'est vrai que c'est amusant Mini Metro.

Le concept est simple et la réalisation est propre, avec un design épuré qui ne laisse pas la place à des fioritures inutiles. Comme le dit Leto, la prise en main a beau être aisée, c'est plus tactique qu'il n'y parait et on se prend vite au jeu, en essayant de construire le réseau le plus gros et le plus efficace possible.

Pour l'instant le gros reproche que je lui ferais, c'est surtout au niveau de l'ergonomie : ça peut vite devenir un calvaire d'essayer de bien connecter plusieurs lignes. Je ne parles pas du cas YOLO où l'on superpose toutes ses lignes. Et puis l'aléatoire aussi (Leto a tout dit, l'abondance de rond peu être frustrante).
Après je n'ai pas encore beaucoup joué au jeu, donc je suis loin d'avoir passé des heures à construire un réseau et j'ai un highscore un peu naze, donc j'ai encore l'aspect découverte du jeu qui fait office de mirage. Je pense que passé un seuil ça devient vite barbant.