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 Pour marquer mon retour sur le forum, je me devais de parler d'un sujet qui m'a longuement occupé durant cette période loin du forum, entre la période d'examen et des vacances bien mérités. Le groupe dont je viens humblement faire la review n'est pas un groupe. Et oui. C'est un concept. Un dogme. Un monolithe. Fall Of Efrafa demeure, à chaque écoute, vit, exulte. Et pourtant, dans la réalité des choses, des faits, n'existe plus.
Fall Of Efrafa est à l'origine une bande de pote, ayant chacun un boulot, mais foutrement passionnés de musique. Si vous souhaitez rencontrer de grandes personnalités marquantes, des stars exubérantes à la tête grosse comme un melon et au cerveau grand comme un raison, oubliez. Fall Of Efrafa n'est composé que de type totalement lambda, aucun membre ne ressort plus que l'autre. D'où mon expression : monolithe. Le groupe et sa musique ne fait qu'un : toute la reconnaissance, ils ne la retirent que pour leurs musique et pour rien d'autres. Les membres du groupe ont rencontré un succès qui les dépassent et dont ils ne se sont jamais réellement rendu compte. Parce que ce n'était pas ce qu'ils attendaient ou cherchaient. Non, ce groupe britannique ne voulais qu'une seule chose : raconter une histoire, dénoncer ce qui les dérange, et finir la vie du groupe là où tout à commencé : à Brighton.
Fall Of Efrafa, dès ses origines, se dirige vers le mouvement post hardcore : mais encore une fois, comme tout groupe d'exception, plutôt que de coller tel un stéréotype à un style de musique bien particulier, le groupe se laisse influencer par le black metal, le post rock, le folk ambiant, et d'autres sortes de musiques.
Autre point très important et qui caractérisera le groupe tout au long de sa vie : le groupe ne réalisera que 3 albums : une trilogie autour d'un même thème/concept : Watership Down, un conte pour enfant célèbre chez les British. Efrafa vient du nom d'un pays, Efrafa, placé sous la domination territoriale. Ainsi, le groupe, pour ses textes, titre d'albums et chansons, jongle entre l'imagerie du livre et leurs propres paroles. Cela donne alors un univers sans limites, aux paroles dénonciatrices, poétiques et oniriques.  Peut-être la pièce maîtresse de la discographie de Fall of Efrafa. Owsla. Ce premier album pose la base de la trilogie : planante, mélancolique, violente et sale par moment : il en ressort de cet album une extrême colère, atténuée par moment par un sentiment de regret, comme celui d'arriver en retard après une bataille, de rater l'amour de sa vie, d'oublier de dire je t'aime à la personne aimée qui meurt. Enfant de la rage et de la mélancolie, cet album est l'obscure mêlé au crépuscule, une violence maîtrisée et exponentielle.
Les titres à écouter ? Last but not Least, The Fall of Efrafa "Retribution, the warren is empty". C’est par ces paroles que finissait le premier album, Owsla. Elil, le second album, permet au groupe d’atteindre une maturité impressionnante et d’être à la quintessence de son art. 3 pistes. L’album n’est composé que de trois longues pistes. Toutes trois magiques, habitée par un esprit propre, trois chapitres d’un livre fantastique que pourrait être Elil. Elil. Un nom pour ma part évocateur et rêveur, qui représente les ennemis dans l’histoire original. L’album va se révéler comme eux : insidieux et travaillé. Alors qu’Owsla attaquait de front, était plus brut de décoffrage, ici, le groupe nous livre un opus toujours aussi brut, mais ou les variations et les changements de tempo se font sentir et offrent un univers travailler, planant, mais toujours aussi mélancolique et dénonciateur.
Elil traite des doutes, du ressentiment, de la peur et de la colère d’un combat acharné, ou l’on s’y abandonne, au risque d’y laisser son âme. Mais c’est aussi et surtout, dans les termes utilisés dans Watership Down, une dénonciation de la religion restrictive et castratrice, a l’image du titre central de l’album, Dominion Theology. C’est épuré, dépouillé, majestueux : Fall of Efrafa se paye même le luxe de reprendre certains discours de Richard Dawkins, scientifique combattant contre l'obscurantisme religieux. Un album qui est rentré dans le domaine de l’épique.
Les titres à écouter ? Tout l’album, mais particulièrement Dominion Theology Arrive enfin le dernier album et à l’écoute de celui-ci, une vague de regret m’a envahi. Comment un talent pareil peut-il se réduire à 3 albums ? Peut-être que la conscience de la fin de leurs aventures musicale à pousser ces musiciens talentueux à donner le meilleur d’eux même : quoi qu’il en soit, Fall of Efrafa, pour son dernier album, Inlé, s’offre un baroude d’honneur en sortant l’un des meilleurs album de crust de tout les temps.
Inlé n’offre pas un morceau de musique à s’écouter de temps en temps : il offre une contemplation unique, une œuvre à découvrir et savourer largement, petit à petit. Inlé n’est pas une claque dans la figure : on peut le comparer à une strangulation longue et douce à la fois : la définition même d’Inlé, cet à dire Mort, pourrait pousser à l’abattement. Et pourtant, c’est l’album de la victoire face à l’obscurantisme et la tyrannie, mais aussi le moment des questions : que faire de sa liberté et comment l’utilisé à bon escient ? Comment éviter de retomber dans les mêmes pièges ? Tant de question qui suscite un débat intérieur et qui surtout, associer à une mélodie toujours plus raffiné et épuré, donne lieu à des moments intenses.
The Warren of Snareconclu l’album et par la même occasion une œuvre qui n’est ni un CD, ni un Livre. C’est une œuvre, voilà tout et surtout, un investissement à long terme, chose des plus agréables dans ce monde ou l’urgent et l’instantané prime sur tout. Que dire pour finir ? Fall Of Efrafa ne peut être résumé. Fall of Efrafa s’écoute. Se lis. Se médite et s’apprécie. Parce qu’encore une fois, tout les messages plein de sens portés, criés, hurlés par le groupe ne peuvent se comprendre en une fois. Cet œuvre colossal se doit d’être vécu pleinement, intensément : le groupe laissera alors en vous une trace indéfinissable mais durable. Fall of Efrafa, c’est un combat, une lutte pour la vérité, la liberté et la vie. Si seulement je pouvais rencontrer le groupe maintenant, alors, je pourrais leurs exprimer toute ma gratitude par un simple mot : merci.
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