Voici le nouveau Chapitre, qui raconte l'exploration de la Nouvelle Terre !
Chapitre II: Nuevo Mundo.
An 1793 : Nous venons de découvrir le nouveau continent, celui dont tout les savants parlaient. Exploration commencée. Pas de signes de vie humaine pour le moment. Faune et Flore extraordinaires. Diversité de l’écosystème immense. Malgré cela, je suis inquiet : je vois des choses la nuit, des morts, des gens que j’ai connu il y a des décennies… Rapport du Capitaine Olvides.
Les Fruits fondaient dans la bouche des matelots : ce n’était pas un festin mais cela suffisait à combler l’atroce famine des derniers jours. De couleurs diverses et variées, chacun d’eux procurait un bonheur inimaginable dans le gosier des marins. Très vite, ils n’eurent plus fin et se laissèrent tomber sur le sable blanc, en pouffant de rire, un rire nerveux, les larmes aux yeux.
-On a réussi ! Il y a bien un monde après l’Océan !
-Quand on racontera ça…
-Vous croyez que c’est habité ?
Voici quelles furent les premières réactions de la vingtaine de marins restants. Scott dévorait allègrement une banane géante, un grand sourire aux lèvres. Tout le monde semblait heureux : fin de la panique et début de la joie…
Au bout d’une heure de rires, le Capitaine Escamez donna les directives :
-Nous allons partir explorer cette terre ! Un duo restera ici pour veiller sur la caravelle, celle là même qui nous a porté ici, contre vents et marées ! Ce qui porte le nombre à dix huit ! Faisons trois groupes de six, trouvez des terrains habitables, de l’eau potable et pourquoi pas de la civilisation !
Scott partit avec le Lieutenant Gomez en longeant la plage. Le soleil resplendissait, illuminait le sable vierge de toute trace de pas. Pas un courant d’air, pas une brise : le calme plat. Le paradis en quelque sorte.
-Capitaine, vous croyez que cette île est habitée ? demanda Scott.
-Qui sait ?! Mais je suis assez intrigué par cette terre nouvelle : elle semble si paisible… Que cela en devient louche.
Scott avait vu dans le regard de son supérieur un pointe de méfiance. Il avait raison, rien ne bougeait… Comme s’il n’y avait qu’eux…
Après une journée de marche, ils bivouaquèrent au bord d’une plage, à la lueur de la pleine Lune, gigantesque dans le ciel. Ils se racontaient leurs aventures amoureuses, leur vie et tout ce qui semblait être bon à dire. Puis, ils instaurèrent des tours de garde, au cas où… Scott bavarda avec son partenaire de veille :
-C’est dingue une île si loin de chez nous !
-Oui ! Et si belle en plus, et si calme… C’est le paradis !
Mais dans la nuit, des bruits mécaniques se firent entendre des profondeurs de la jungle… C’était comme des rames qui frappaient les vagues, mais en dix fois plus fort ! Et soudain, un cri terrifiant, irréel, inhumain perça l’obscurité. Tous se levèrent, armes dégainées. Le partenaire de Scott alla jeter un coup d’œil. Des bruits confus, des petits cris strident, des couinements étouffés… Puis plus rien.
-Qu’est ce que… commença Escamez.
Il ne put finir sa phrase : un arbre tomba pile à l’endroit où ils se tenaient auparavant. Il était en lambeaux : son écorce semblait avoir été rongé par une tempête tant elle paraissait abîmée. Sur une face, une chose difforme avait été placardé, comme éclatée sur l’arbre. C’était sans nul doute la victime de la chose de la nuit… Scott regarda son ami, qui venait de se faire lacérer à tel point qu’il paraissait un bout de viande…
-Désolé Scott mais pense à survivre maintenant ! intervint le Capitaine.
Il s’était jeté dans la mêlée, avec les trois autres Conquistadors. Et l’agresseur nocturne apparut au grand jour…
Haut de plusieurs mètres, le monstre dominait la lisière de la jungle. Un mastodonte, une montagne tant il était imposant ! Il avait deux ailes de chauve souris, à peine visibles dans la nuit. Ses yeux rouges resplendissaient, éclairant d’une lueur malsaine les têtes paniquées des mortels… Trois cornes noueuses, terrifiantes ornaient son crâne. Ses membres antérieurs regorgeaient d’une fourrure dense, abondante et d’un gris clair. Dans son dos, tels des serpents, s’agitaient ce qui semblaient être des fouets sifflants dans l’air. La bête ouvrit sa gueule et lâcha un cri terrible, puissant, terrifiant !
Les fouets dorsaux de la chose foncèrent sur les Conquistadors. Certains avaient vu venir l’attaque mais pas tous : un d’eux se fit emporter par la vague d’assauts… Il fut littéralement broyé, sans aucun espoir de survie, dans une mort atroce en souffrances…
-Ne craignez pas la peur Conquistadors ! Sus à l’ennemi !
Ils atteignirent assez rapidement les pattes de la chose et taillèrent dans le gras ! Scott s’y mit également, dégainant sa lame effilée. L’un d’eux alla s’allonger sur une sorte de bute de sable, fusil avec baïonnette à la main. Et le feu rugit du bâton de la mort : la créature recula devant les attaques combinés des petits hommes. Mais dans sa fuite, elle flanqua un coup de patte géant sur Escamez qui s’effondra comme un château de cartes… Ils n’étaient plus que deux à lutter face à leur adversaire, sans compter le soutien du fusiller.
Scott fut projeté par une charge de l’animal. Encore groggy, il lança malgré tout un ultime couteau qui creva un œil de la bête. Cette dernière hurla, secoua sa carcasse, agita à tout bout de champ ses fouets et s’enfuit finalement… Scott, Escamez, le fusiller et l’autre survivant étaient terrifiés par cette intervention et ne bougèrent plus durant une bonne heure…
De l’autre côté de la nouvelle terre, les autres groupes continuaient leur périple. Dirigé par le Capitaine Olvides, la troupe des Jaguars, explorait la jungle profonde et insondable. La végétation, dense et quasiment infranchissable, les cachait du monde, des possibles prédateurs. Les Jaguars étaient connus pour être les brutaux des Conquistadors. Non pas que les autres soient des enfants de cœur, mais eux ne manquait jamais de violer, tuer, massacrer, brûler. Ils étaient dirigés par Javier Olvides, le maître d’armes de la troupe. Un casque brillant ornait sa tête brune. De fines moustaches noires lui donnaient un air snobinard et désagréable. Les Jaguars n’étaient pas des plus appréciés parmi les Conquistadors du fait de leur terrible besoin de sang.
-Chut ! A terre ! ordonna Javier.
Ils avaient repérés un sanglier énorme, à quelques mètres en contrebas des hautes herbes. Il était bien plus gros que ceux qui peuplaient l’endroit d’où ils venaient. Ses défenses pouvaient sans nul doute empaler quatre hommes sans problème.
-Jairo ! Rodolpho ! Victor ! Abattez le !
Les trois désignés rampèrent dans les herbes, silencieux, tel des félins. Deux artilleurs et un arbalétrier. Rodolpho se mit en place, allongé derrière un rocher, sa proie en ligne de mire. Il tira deux fois. Les deux balles firent mouche : le sanglier s’effondra rapidement, la bouche en sang. Le sourire du vainqueur illumina le visage du chasseur. Il fit signe aux deux autres de se rapprocher et ils allèrent tous récupérer leur gibier.
Traversant un cours d’eau, ils s’abreuvèrent : la chaleur et la teneur en sucre des fruits leur avait donné soif. Rassasiés, ils s’approchèrent du porc. Les balles avaient tué l’animal sans qu’il n’eut le temps de souffrir.
-Bien visé Rodolpho ! le félicita Victor, un regard malveillant aux lèvres, l’arbalète fixée à son bras.
-On va le dépecer ! s’impatienta Jairo.
Dégainant leurs couteaux, ils se rendirent compte que le sanglier commençait à pourrir. Mais cela ne faisait même pas cinq minutes que la mort l’avait pris… Ce n’était pas possible ! Mais pourtant si : bientôt, les os firent leur apparition, sans que les tueurs n’eurent à trancher. Ils se rendirent alors compte que le sanglier était posé sur une sorte de racine. Celle-ci remontait vers un immense arbre, de plusieurs dizaines de mètres de haut.
-C’est cet arbre qui aspire la vie du sanglier ? demanda Javier, venu voir la bête morte.
-On dirait bien !
-Il doit être bon à vendre, vu sa taille et son rayonnement.
En effet, il semblait dégager une aura mystique qui illuminait la végétation aux alentours…
Les six Jaguars se rassemblèrent et abattirent leurs armes sur le tronc de l’arbre…
Pablo Gimenez et son groupe, eux, suivait une sorte de vallée, évitant autant que possible les herbes, par crainte d’attaques de bêtes sauvages. En effet, les Elefantes étaient connus pour être la troupe la moins offensive des Conquistadores. Là où les Jaguars tuaient, les Elefantes faisaient des prisonniers et évitaient la violence. Il y avait donc trois groupes chez les pillards du nouveau monde : Jaguars, extrémistes violents ; Elefantes, pacifistes et paisibles et les autres, qui se trouvaient dans le groupe du Capitaine Escamez ou en train de garder le bateau.
Donc, les anti-violence avançaient silencieusement, discrètement, afin de ne pas avoir à combattre… Ils avaient marché durant longtemps et étaient finalement arrivés à une gigantesque cascade, au milieu d’un goulot de rocher. Tous s’y jetèrent dedans, en enlevant leurs armures et se laissèrent aller, barbotant comme des gamins. Ils s’amusaient à sauter, à faire des bombes, à s’asperger… Ils capturèrent plusieurs poissons qu’ils dévorèrent crus, tant ils étaient heureux. Cette eau les enthousiasmait au plus haut point, pour on ne sait quelle raison… En contrebas, une troupe de chevaux s’abreuvaient allègrement.
-Si on les capturait, ils nous seraient utiles ! proposa Pablo.
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Habiles dans l’infiltration et l’esquive, les Elefantes eurent maintenant six chevaux à leur disposition.
En les examinant, ils découvrirent une marque sur leur cou, comme faite au fer rouge : elle représentait un triangle, avec un œil intérieur, qui fixait le vide, immobile. Intrigué, ils touchèrent cette rune : le cheval partit alors en vrille, se débattant, comme si la marque le brûlait de l’intérieur !
Pendant ce temps, au bateau, les deux gardes attendaient le retour des Conquistadors, à cause de la soif terrible qui les envahissait.
-J’en ai assez ! Je vais les chercher ! s’emporta l’un.
-Si tu veux, dit nonchalamment l’autre.
Il le vit s’éloigner dans la jungle, l’air énervé. Le dernier garde ferma les yeux et se laissa aller dans le pays des rêves…
Il ne se réveilla plus jamais…
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