Puisque je suis en plein dans l'Entre deux guerres Etats-unienne (et russe aussi mais on s'en fout), je me suis dit que ce Mann manquait à ma collection et comme j'apprécie plutôt le bonhomme, c'est parti avec "Public Enemies" !
Bah carrément Ouais ! Moi qui voulais du Noir, j'ai été servi ! Oh ce n'est pas un film essentiel, mais j'ai passé un sacré bon moment, pour sûr !
Commençons par les persos, curieusement, les secondaires m'ont plus passionné que le trio de tète. Johnny Depp est satisfaisant, d'autant que ça faisait un bail que je l'avais pas vu dans un rôle sérieux. Je pense qu'il a bien choppé le côté "gangster à potes" et en même temps l'aspect "roulant des mécaniques" de Dillinger. Il est au final assez bon pour faire la grande gueule un peu futé, un rôle "facile" et bien emmené. Cotillard est un peu en réserve avec un personnage naturellement en retrait et ma foi, je n'ai pas grand chose à en dire. Pour Bale, j'ai de même trouvé qu'il endossait bien le costard du fédéral des années 30, c'est un dur, c'est clair, il est le FBI presque incarné : méthodique, froid, brutal. Il est difficile pour lui de "briller" avec un bonhomme aussi stoïque, mais j'ai trouvé qu'il donnait bien corps à un Purvis qui devait être tout sauf un franc déconneur.
Côté seconds couteaux, c'est le jackpot. Stephen Graham fait un Nelson bien secoué, insupportable, malsain même. Il fait partie de cette bande d'anglais dont le visage m'est très sympathique et entre "Snatch" et "This is England", il a trouvé moyen de me convaincre. Et encore ici ça fonctionne très bien, avec un personnage complètement timbré, à l'ouest et qui finit comme il se doit (j'ai été extrêmement content quand Bale lui décharge son .45 dans la tronche, je sais c'est un peu malsain). Red est de même un sidekick assez génial. Le sage de la bande, le médiateur, qui s'efface presque comme par enchantement. Les rapports entre lui et Dillinger sont brefs, mais ça dégouline tellement d'amitié virile que j'en ai eu le cœur serré, un vrai bon personnage de Noir, loyale jusqu'au bout et le premier à partir bien sûr... impec ! Mention spéciale bien sur pour Charles "Barrel Roll" Winstead, incarné par ni plus ni moins que "Captain' Badass !" le vrai héros d'Avatar ! Ma foi, le voir en texan bourru mais honnête, cela m'a ravi. Son air d'Ed Harris en plus mauvais m'a complètement convaincu et on sent bien que sous ses airs de brute, c'est avant tout un type "who gets the job done". Les scènes de fin le rendent encore plus awesome, ne serait-ce qu'en lui faisant enlever son chapeau, comme un gentlemen; sacré Stephen Lang, abonné au Badassisme le salaud !
Pour le scénario, ça ne vole peut-être pas haut dans la complexité et les rebondissements, mais pourquoi cela devrait-il ! L'histoire de Dillinger est clairement une histoire de vitesse. Il faut toujours prendre les flics à dépourvu, ne jamais s'arrêter, jusqu'à l'épuisement. A cet égard, les film présente cette fuite en avant de belle manière. Il n'y a jamais de réflexion profonde chez Dillinger, il ne s'affaire que de réussir l'instant présent, contrairement au FBI qui y va à tâtons, jusqu'aux orgies de violence en tout cas... Je trouve que Mann s'en tire correct avec cette espèce de course effrénée, qui ne peut que mal se terminer, car personne n'en voit la fin et en général, les gangsters qui ne savent pas quand s'arrêter, même si les thirties, c'était le bon moment...
Au final, c'est surtout une opposition franche et sans aucune pitié. Dillinger avance et Purvis le poursuit. Dillinger ne sait pas s'arrêter, il ne voit même pas pourquoi il le devrait, il est avec ses amis, il est chanceux, pro, intelligent et pourtant, quand l'attaque de Sioux Falls arrive, c'est une claque et un carnage sans nom, pour les deux camps. La suite est clairement à l'avantage du FBI et le Noir se referme sur un Dillinger qui se croyait dans un conte de fée, jusqu'à ce que tous ses potes y passent. Tout le monde est rattrapé, même Purvis, qui ne fait lui-même, rien de concluant sur Dillinger et laisse Winstead faire les gros scores. C'est avant tout un traquenard à destin : on se croit tout permis, on est chanceux... eh non ! Et quand ça se termine, c'est très, très moche !
Les gunfights enfin, sont juste terribles. Après avoir vite fait regarder le bonhomme, il avait vraiment un train d'avance, avec des grosses bagnoles et des flingues automatiques pour tout le monde, quand en face, certains fédéraux devaient s'acheter eux-mêmes leurs pétoires ! On est bien à une époque ou même le déjà vieux FBI (il a quand même 24 ans déjà, n'est-ce pas Donnie Darko !) est totalement dépassé par les événements et Hoover va passer par là pour faire le grand ménage qu'on lui connait. Le crépitement des BAR, des Thompson et des .45 est assez jouissif et les bastons ne sont même pas si irréalistes que cela, je veux ! Peu de fusillades au final, mais ça va toujours très vite, sèchement, violemment, comme je les aime chez Mann, une vraie réussite, dans un film qui ne pouvaient pas passer à côté.
Au final, un film qui se détourne de la véracité historique (la plupart des événements ont eu lieu, mais apparemment pas dans cet ordre et pas franchement comme cela), pour nous faire du Noir bien fatidique, avec des persos bien posés dans leurs rôles, bien fringués de leurs impers, leurs Thompson bien calées à l'épaule et à la clé, un divertissement de qualité, qui passe très bien malgré 2h20 qui se présente d'ordinaire comme indigestes. Mann reste un réalisateur de polar très honnête, classique peut-être, mais efficace et professionnel, ce n'est pas "Public Enemies" qui m'amène à dire le contraire.
Noir c'est Noir, il n'y a plus d'espoir...!
maintenant que tous tes amis se sont fait tués par ta faute, tu peux mourir maintenant !
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« Si durant l'intégralité d'une rotation terrestre, l'utilisation d'un fusil d'assaut modèle kalashnikov n'a pas été jugé nécessaire, alors on peut dire que, d'une manière platonicienne, cette journée était ''bonne'' ».
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