Après avoir lâchement abandonné mes petits confrères de la Volonté pour aller voir le film avant eux, voilà que je pousse la cuistrerie jusqu'à créer le topic sous leur barbe. Si je n'ai pas le Prix Ichigo de la Vilainie 2010, je ne sais pas ce que je dois faire en plus...
SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD contre le mondeLe nouveau film d'Edgar Wright, réalisateur dont les deux précédents long-métrages (SHAUN OF THE DEAD et HOT FUZZ) m'ont convaincu de le suivre de près pendant longtemps, a beaucoup joué de malchance, que ce soit en Amérique ou encore plus en France.
Pour les États-Unis / Canada, le film a fait un bide complet, ne ramassant au total que la moitié de son budget, celui-ci étant estimé à $90,000,000.
Pour la France, la distribution a joué pendant des mois du yoyo, repoussant continuellement sa sortie sous des prétextes vaseux et risquant de torpiller plus encore le film. Le public visé par SCOTT PILGRIM est en effet un type de personnes très capable de télé... dénicher le film légalement et monnayant écus sonnant et trébuchant. D'août à septembre, puis novembre pour ENFIN sortir le 1er décembre, on l'aura attendu, et pas qu'un peu. Sauf que la farce du distributeur ne s'arrête pas là : malgré la publicité qui s'est faite plus "agressive" sur la dernière semaine (les affiches apparaissaient enfin sur les bus), le nombre de copies du film est absolument dérisoire et ne devrait pas l'aider à se refaire une santé financière sur notre bon vieux Continent. C’est même mathématiquement improbable.
Les chiffres sont loin d'être désastreux, mais pour notre époque où les media sont ultra-accessibles à une bonne partie de la planète, on peut se poser la question : SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD serait-il en passe de devenir un "film culte" dans le vrai sens du terme ?
An epic of epic epicnessToronto, Canada, galaxie très très lointaine. Scott Pilgrim a 22 ans et est bassiste dans le groupe de rock amateur Sex Bob-omb. Improductif de son temps, il vit chez Wallace son ami gay et sort avec une lycéenne, Knives Chau. Un jour, il rencontre un jour la fille de ses rêves : Ramona Victoria Flowers. Mais Scott ne pourra conquérir le cœur de Ramona seulement après avoir combattu les 7 ex-petits amis maléfiques de cette dernière...
One-two-three-FOUR !Dire que SCOTT PILGRIM VS. THE WORLD nous aura fait patienter est un euphémisme. Pourtant, l'attente a été récompensée, et en BIEN. Je ne vais pas mâcher mes mots mais le film d'Edgar Wright (que j'apprécie encore plus) est extrêmement réussi, que ce soit au niveau de l'adaptation narrative ou visuelle, le rythme inarrêtable nous propulse dans un univers coloré où chaque plan est prétexte à faire un hommage. Hommage à qui ? A quoi ? Au geek.
Oui, le film est (et cela revient beaucoup chez ses détracteurs) un gros bidule qui ne tape pas coquinement du pied sur son ami le geek mais lui envoie tout ce que ce dernier vénère nostalgiquement dans la tronche. Ce qui pourrait être lourd se révèle en fait génial puisque le lancer est fait avec une grâce, une aisance et paradoxalement une discrétion rare, metafusion entre jeu vidéo, comics, film et série. L’utilisation perpétuelle des onomatopées est très poussée, allant jusqu’à être inversée dans les contre-champs qui arrivent vite et ne leur laisse pas le temps de disparaitre. C’est inutile, indispensable. Le passage en simili-sitcom est superbe, passant comme une lame dans du beurre, parfaitement intégré au tout alors qu'on a le droit, quand même, à des rires préenregistrés qui ne servent même pas la narration.
Celle-ci est d'ailleurs parfaitement maîtrisée puisqu'elle a su dégraisser le comics original pour garder une trame plus condensée, plus péchue et se suivant sans trop de difficulté (faudra vérifier auprès de ceux qui n'ont jamais touché au comics, mais ça ne m'a pas l'air trop fouilli à ce niveau).
Il y a énormément de personnages secondaires mais ils ne phagocytent pas le récit tout en étant très drôles. En revanche, j'ai un peu de mal avec le jeu de l'actrice qui joue Knives Chau, le côté surexcité est vraiment trop forcé, ce qui fait que toutes ses apparitions emphatiques m'ont fait tiqué. Par contre, Michael Cera est très bon, son interprétation de Scott vraiment à côté de la plaque fait qu'on entre mieux dans le fait qu'il accepte les choses délirantes assez facilement ; l'univers étant un concentré d'évènements insensés dans un climat normal. Mention spéciale aussi à Kim, fantastique (ne serait-ce que pour le gif désormais classique où elle se tire une balle). Mais la cerise sur le gâteau, c'est Jason Schwartzman délicieux en ex ultime, charmeur et trou du cul absolu. Le type se fait haïr dès les premières secondes où on le voit et il le fait bien. Un petit malus néanmoins pour les jumeaux qui n'ont pas vraiment de charisme.
L'humour n'est pas d'une finesse incomparable, mais on ne pourra pas lui reprocher de ne pas être efficace. Certains plans font VRAIMENT mouche (quand Chau vient à l'appart' et que Wallace cache Scott), ça faisait quelques temps que je n'avais pas vu une salle de cinéma rire d'aussi bon cœur.
Par contre, si la BO est très efficace et adéquate, je n'ai véritablement frissonné qu'avec la chanson d'Envy Adams, ce qui fait bizarre dans la mesure où les Sex Bob-ombs sont les vedettes du film. Rien de bien méchant. Les bruitages fusent de partout, toujours en référence à tel jeu ou telle série (je ne serais même pas capable de faire une liste d'un dixième des références employées).
Du plaisir pendant 1H50, de la baston, de la romance, de la zik qui envoie, des références à foutre la honte à KICK-ASS, l'incroyable sincérité et générosité de Wright qui transpire de l'écran, des trouvailles graphiques du premier (le logo) au dernier (le continu) plan, SCOTT PILGRIM met définitivement...
K.O.