Certains se diront… mais pourquoi il fait un sujet sur un jeu aussi vieux que celui-ci ? N’y en a-t-il pas de plus adaptés comme celui consacrés aux perles que nous avons aimés de par le passé ? Surtout qu’il poste peu ces temps-ci l’animal... et pourtant c’est d’actualité. Infiniment plus important que le portage de Final Fantasy III sur Ds même.
Pour beaucoup de joueurs, le 29 juin aura été une journée comme les autres, aucune sortie majeure, en apparence seulement. Mais ce jour aura été la sortie de Final Fantasy VI dans une version digne et en français sur Game boy Advance, en très peu d’exemplaire d’ailleurs, le chiffre de 5000 exemplaires a été annoncé, et vu la difficulté que j’ai eu pour mettre la main dessus, cela semble réaliste, 2 semaines de recherches auront été nécessaire pour enfin tenir une édition convenable (un vrai amateur de RPG ne peut se contenter de la version de FF VI sortie sur Psone en 1999 tant elle est décevante, valable uniquement pour les cinématiques inédites, malheureusement peu nombreuses).
13 ans… c’est le temps qu’il aura fallu depuis la sortie du jeu au Japon pour qu’il soit enfin traduit dans la langue de Molière et qu’il ait droit a une sortie officielle, en catimini c’est vrai mais une vraie édition digne de ce bijou. Cela fait des années que j’en rêvais, pour beaucoup de gamers, jeunes ou moins jeunes, le Final Fantasy qui a marqué, c’est le VII, hors pour moi il n’en est rien, si le VII m’a énormément plu pour de très nombreuses raisons, je crois qu’il n’égale en aucun point le VI. Un jeu unique, peut être celui que je préfère parmi tous, sans aucune difficulté. C’est même la première chose que j’ai faite le jour même ou j’ai eu internet chez moi il y a quelques années, j’ai pris la rom de FF VI, traduite par des fans et je me suis lancé dans cette fable et j’y suis resté prisonnier, pour mon plus grand bonheur.
Je suis extrêmement élogieux sur ce jeu et ce n’est pas par hasard, il se distingue de nombreux titres par son contenu mature et la psychologie des personnages développés, voire torturés, rien n’est épargné, les scènes poignantes et déchirantes parsèment le jeu, telle ce moment ou après avoir passé tant de temps seule, la belle mais mélancolique Celes veut se jeter de sa falaise, sur son île déserte car elle se crois la dernière personne au monde, monde dans lequel elle n’aspire plus a vivre.
Faisons une présentation succincte du jeu :
Il y a mille ans, la guerre de Magi, qui opposa les hommes et les Espers, fit sombrer le monde, la décadence de la planète fit plonger les 3 déesses responsables du monde dans le désespoir, elles se retirèrent du monde pour en assurer sa stabilité, se changeant en statues. Les Espers, voulant fuir la guerre et la destruction, créèrent leur propre monde, grâce à leur magie et s’y réfugièrent. C’est ainsi que la magie, ayant déjà causé trop de mal a la planète, disparu…
Aujourd’hui, l’empereur Ghestal est un vieux tyran mégalomane, qui désire conquérir le monde par la force, il possède celle des machines. Ses soldats, emmenés par 3 fidèles généraux marchent sur les villes, les écrasant les unes après les autres, sous la violence. Mais l’empereur a soif de puissance ultime, il veut faire revivre la magie et en prendre le contrôle, il a réussi à capturer une mystérieuse jeune fille, Terra, qui possède des pouvoirs mais dont peu connaissent les vraies origines. On dit que dans les laboratoires de l’empire, se passent bien des expériences sordides a propos de la magie. Un jour un Esper est découvert dans les glaces de Narshe, une ville du Nord. Une petite escouade, emmenée par Terra, qui est sous bridage psychique part a la découverte de cet Esper afin de le ramener dans l’empire. Mais la Ville est acquise a la résistance et le contrôle psychique appliqué a la jeune fille est loin d’être infaillible. C’est alors qu’un vol… (aie !!!)… un chasseur de trésors pardon s’en mêle, et c’est ainsi qu’une aventure dont le sort du monde sera l’enjeu commence…
Voila pour le petit point de l’histoire qui résume très basiquement l’histoire du début du jeu, car elle est beaucoup plus complexe, fouillée que cela. Sans compter les nombreuses choses présentes a cotés, les personnages en premier lieu. Car dans Final Fantasy il n’y a pas vraiment de grand héros principal, ce sont plutôt une galerie de personnages sont des destinées se croisent, s’évite, se font front, se déchirent, tant du coté des « bons » que des « mauvais ». Tous les personnages ont une histoire, un passé qui raconte qui ils sont et pourquoi ils sont comme cela, rien n’est simple et peu de concessions leur sont accordées, le coté tragique du jeu en est renforcé, c’est une ode mélancolique teinté d’espoir en second plan. Les destins sont loin d’être roses mais ce n’est pas pour cela qu’on renonce.
3 personnages m’ont particulièrement marqués (bien que tous valent le détour, j’aime énormément les autres également… car ils ont tous ce coté humain en fin de compte)
Locke Cole : C’est un voleur, mais il déteste qu’on le qualifie ainsi, il se définit plutôt comme un chasseur de trésor. En apparence il est très futé, jamais a court de solution, toujours plein d’entrain et prêt a filer un coup de main. C’est un personnage plein de vie mais dont la destinée a été brisée, croyant agir pour son bien, il n’a pas su protéger celle qu’il aimait plus que tout. Depuis, il parcourt le monde à la recherche d’un artefact qui pourrait lui permettre de réparer tout cela. Mais peut on défaire ce qui a été fait ? Devons nous vivre tournés vers nos erreurs et le passé ? Ou devons nous en apprendre et continuer a avancer, si difficile que soit la chose… ? Ce sont ces questions qui font le personnage et le rendent particulièrement attachant
Celes Chere : C’est un des 3 généraux de l’empereur Ghestal, des expériences ont étés menées sur elle pour qu’elle soit capable d’utiliser la magie. Celes est un personnage des plus complexe, elle en viendra a se questionner sur le bien fondé de la politique de conquête de l’empire. Elle sera désavouée et mise au arrêts, torturée. Elle fait figure d’expérience ratée, de personnage a la recherche de son humanité, de sa personnalité. D’elle se dégage une grande sincérité, jamais égalée a mon goût par un autre personnage féminin de jeu vidéo, c’est un personnage moteur du jeu, même si sa description ne s’y prête guère. Celes est un personnage en manque de repères. Qui suis-je ? Qu’est-ce que le bien, le mal ? Ma vie, mes pouvoirs, mon rang, ne sont-ils qu’artifices, a l’image de mon existence ? Pourquoi est-ce que je vis?
Kefka Palazzo : également un des 3 généraux de l’empereur, mais lui ne se pose pas de questions, il assouvit. Qu’assouvit-il au juste ? Sa folie, ses pulsions, sa mégalomanie. Kefka est sûrement un des plus grand méchant du monde des jeux vidéo, le plus grand qu’aient connu les Final Fantasy. Il est habillé tel un bouffon, sous des fanfreluches multicolores, probablement autant de facettes a sa personnalité que de couleurs. Son sadisme et sa cruauté ne connaissent aucune limites, seule le résultat pour arriver a ses fins compte, aucune traîtrise ne le fera reculer, faire tuer ses propres soldats, assassiner des femmes et des enfants. Kefka a ainsi gagné la haine ou l’admiration de nombreux joueurs, c’est un enfoiré et il ne se cache pas, il va lui-même exécuter ses basses besognes et complot. D’ailleurs plus les plans sont vicieux et plus cela lui plait. Oui c’est un fou, car de limites il ne posséde pas et c’est son ambition a lui qui prime, il ne sert personne, il veut devenir dieu. Pourquoi tant de haine envers l’humanité ? Pourquoi cette folie furieuse et rage inassouvie ? Quel but ?
Je pourrai aussi longuement parler du character design de Yoshitaka Amano, très grand illustrateur et dessinateur, dont les planches consacrées a Final Fantasy VI (et aux précédents) peuvent réellement être qualifiés d’œuvres, la perfection s’atteint dans l’esthétisme, les personnages sont unique dans leur paraître comme dans leur être, grandiose !
Les graphismes, si on peut aujourd’hui les qualifier de vieillots, sont pourtant loin d’être laids, les animations exploitent parfaitement les capacités de la GBA, les décors sont assez fournis et riches, le monde est vaste, et le design de certains boss, décors, notamment celui de l’affrontement final… sont magnifique, clairement d’inspiration renaissance italienne pour ne pas dire.
La musique n’est pas en reste, et est signé Nobuo Ematsu, elle participe a la magie du titre et de nombreux titres sont inoubliables, comment ne pas repenser aux magnifiques compositions de l’opéra ou certains thèmes de personnages, qui sont tout simplement envoûtants. Ces musiques ont d’ailleurs été tant appréciés que certaines ont donné lieu a des réorchestrations symphoniques de premier ordre (disponible sur l’album « Final Fantasy VI Grand finale », ou un passage de l’opéra a été enregistré par l’orchestre de l’opéra de Milan et ou les paroles de l’Aria sont chantés en italien par une cantatrice, magique et émouvant sont des mots bien faibles pour qualifier ces remaniements, le thème de Kefka étant pour la peine un requiem de piano diabolique et endiablé, a l’image du personnage).
On pourrait croire que j’ai écris longuement sur ce jeu, pourtant je pourrait en parler encore et encore, là je n’ai fait que résumer de la façon la plus simple l’amour que j’ai pour ce jeu, qui pour moi élève le vidéo ludisme au rang d’œuvre, au même titre que le cinéma ou la littérature, car faisant preuve d’une incroyable profondeur et immersion. Je pèse mes mots, c’est hélas un essai bien peu imité et pourtant tellement beau en tout point… une fable incroyablement triste mais aussi tellement belle. Jamais jeu ne m’a emmené si loin. C’est le cœur étreint que je peu admirer la cartouche que j’ai entre les doigts, avec une émotion non dissimulée. Je ne saurai que vous conseiller de vous laisser tenter par cette magnifique épopée, même si le jeu est déjà difficile a trouver, son prix est bien modique pour ce qu’il offre. Bien souvent l’argument est que les jeux sont trop chers… là, c’est une broutille comparé au plaisir qu’on peut en tirer.
Les années passent mais pour moi le charme est resté, les diamants ne sont-ils pas éternels ?
Toute question est bien sûre la bienvenue, ainsi que l’expérience de ceux qui ont pu découvrir cette aventure de part leurs expériences vidéo ludiques.
