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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Sam 2 Avr 2011 17:24 
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A l'instar d'un Jésus Christ à la bourre, ce topic renaît après 49 jours de signal linéaire sur le cardiogramme du forum. Causée par une poignée de voyage, un baril de fainéantise et deux camions-citernes de travail, mon absence est, je l'espère, pardonnée par ce qui suit.


Chapitre 22 :

Une balle, un simple projectile de platine allant à une vitesse cent fois plus rapide que celle d’un homme lancé en pleine course. Un fragment de mort Cette balle, donc, filait vers Jan. Celui-ci le savait, il n’avait pas vu le pistolet, mais l’avait entendu, pressenti. Son esprit était clair, dénué de toutes pensées extérieures ; il se concentrait sur ses moindres gestes, et sur ses sens. Son dos serait la prochaine étape de la graine de métal s’il ne bougeait pas. Alors, il agit. Il plia ses jambes promptement, et rentra sa tête dans ses épaules en un instant. La balle frôla sa nuque, et s’enfonça dans le ventre du criminel qui était en face de lui, qui eut un mouvement de recul, et qui sentit, sans éprouver de douleur, le métal rentrer dans ses entrailles. La vision flouée par la nervosité du combat, le souffle accentué, Jan savait ce qu’il avait à faire. Il recula son pied droit, et décrivit un tour complet sur lui-même, dans un tourbillon de tissu noir, en se relevant. La poigne ferme, il tendit son bras au dernier moment, quand il fut face à l’autre homme, aux yeux écarquillés. La lame s’enfonça facilement dans le cou, sans difficultés. Le bretteur n’arrêta pas son geste, « Silver Feather » tranchant dans la chair et les nerfs. Dès que la tête fut totalement séparée du corps, le sang commença à gicler, dans un brusque jet de fluide sombre. Le chasseur de primes ne cilla même pas quand le corps s’écroula mollement, après un dernier spasme. Il fit volte-face, le brigand au pistolet restant abasourdi par la rapidité de son adversaire. Se remettant tout de même de ses esprits, il dégaina un sabre grossier, et se mit en garde, les sourcils froncés, et les jambes légèrement pliées. Ses deux derniers compagnons, qui avaient été blessés, revenaient, prêts à reprendre la bataille. Le combattant esseulé les entendit se rapprocher, mais ne bougea pas. La pointe de son sabre vers le sol, il attendait patiemment l’attaque, comme pour signifier qu’il ne leur voulait pas de mal. Mais les autres savaient qu’il ne les laisserait pas partir ainsi, après les crimes qu’ils ont perpétrés.


Ils étaient donc trois autour de l’escrimeur si habile, à se préparer mentalement, et à s’échanger des regards anxieux, mais déterminés à ne pas lâcher. Tous trois étaient armés d’épées, ou de sabres, et chacun serrait la poigne, comme pour s’accrocher à son dernier moyen de survie. Seuls des souffles rauques résonnaient dans l’immobilité sylvestre et humaine. Enfin, ils attaquèrent, à l’unisson. Le chasseur de primes para le premier coup qui lui était porté. Il fit un pas de côté pour s’éviter une estafilade dans le dos. Une pointe jaillit vers son visage, il l’esquiva au dernier moment, et répondit d’un estoc vif, avant de se tordre à nouveau. Le métal voletait dans tous les sens, vers tous les corps. Le guerrier solitaire arriva à s’extirper de la mêlée, en jouant de son épée. Il avait dorénavant ses trois adversaires face à lui, un mur de violence. Les mouvements de bras et de jambes, rapides et précis, s’enchaînaient, les hors-la-loi se mouvaient promptement. Skyler voyait ses ennemis se placer aux bons endroits, aux bons moments, et sa lame parée au dernier moment, ou fuie d’un geste. Il réussit néanmoins à en toucher un à la poitrine, blessure qui en tant normal aurait tué quelqu’un. La cible porta la main à la poitrine, sentant comme une bouffée d’air dans ses poumons, qui se reconstituaient lentement, sous l’œil du chasseur de primes. Ce dernier arrêta adroitement un coup horizontal qui venait de sa gauche, et en se penchant latéralement, il décocha un coup de pied fulgurant dans la mâchoire de son adversaire qui venait de l’attaquer. Celui-ci fut assommé, et sans attendre qu’il tombe, le bretteur acheva d’un mouvement circulaire des bras celui qu’il avait lacéré auparavant. Le dernier malfrat encore intact voulu protéger son compagnon, qui se relevait, en se projetant vers l’escrimeur. Il visa l’abdomen de ce dernier, et tenta de l’embrocher. Jan se mut latéralement, et toucha la jambe de son assaillant. Cela le déséquilibra, il s’écroula, mais tenta, toujours en l’air, de blesser son unique adversaire. Ce dernier évita aisément le fer en se pliant, et tel la foudre, tendit son bras vers celui qui le menaçait. La section du membre se fit en un sifflement, en un souffle minéral qui tailla dans le vivant, mais toujours sans carmin. L’homme mutilé, à terre mais conscient, ne put que contempler sa fin. Jan Skyler se releva, quelques gouttes de sang roulant sur sa garde, et se tourna vers le dernier combattant debout, qui se remettait à peine du gouffre qui se trouvait auparavant sur sa poitrine. Il était interdit, droit, au milieu des cadavres décapités, les jambes tremblantes dans une flaque noirâtre qui croissait. Son regard croisa celui de l’être responsable de tout ça, la créature qui avait abattu tous ces compagnons. Il recula pas à pas, l’autre s’avançant tout aussi lentement. Chacun se fixait, mais l’un des deux sentait la peur suinter sur son front, et cogner dans sa gorge. Celui-ci, quand son vis-à-vis se tendit vers lui, quelques longues secondes plus tard, les yeux écarquillés, se prépara au combat. Mais ce fut autre chose qui l’accueillit. Un baiser glacial dans le cou, un picotement succinct, et d’un coup, un brouillard épais de douleur, qui emporta son âme en un instant.

Jan toisait Siopéa, qui se tenait l’épaule, encore souffrante. Il prit conscience que son corps tout entier résonnait de souffrance lui aussi ; ses muscles gémissaient dans un chœur assourdi. Il expira, las.
- Je voulais l’interroger...
- C’était inutile, rétorqua sa consœur d’une voix altière mais douce. Je l’ai déjà fait, ce sont des durs à cuire...
- Ha... Ça, je m’en étais rendu compte, dit Jan en remettant son sabre nettoyé dans son fourreau.
Siopéa se retourna, et commença à s'éloigner.
- Mais maintenant, je sais déjà tout ce dont j’ai besoin... lâcha-t-elle.
Skyler fronça les sourcils.
- Alors on a des choses à se dire...

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Ven 29 Avr 2011 19:55 
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Chapitre 23 :

- Donc tu lui as... tranché la gorge ?
- Est-ce que j’avais un autre choix ? Le laisser partir ? Pfff... Pourquoi pas l’inviter à dîner tant qu’on y est...
La capacité que Siopéa avait à plaisanter de tout, à tout moment, étonnait toujours Jan. Il serra le dernier nœud de son bandage au bras avec les dents, puis remit en place sa manche. Son corps lui envoyait des messages de douleur par endroit, notamment aux bras, mais il y était habitué depuis longtemps. Depuis la fin du combat, son esprit embrumé par l’action s’était éclairci, le laissant dans un rêve éveillé où il conversait avec Siopéa Jude, assis sur les racines d’un arbre. Les images de la bataille avec les marauds revenaient par touches, comme si sa conscience voulait qu’il se souvienne. Il essayait de l’ignorer. Sa compagnonne lui avait expliqué comment elle avait pris à son propre piège le brigand qui était resté derrière, et qui tentait de lui tendre une embuscade, et ce qu’elle apprit de lui, en le forçant à parler sous la menace d’une lame proche de la glotte. Aucklay avait semble-t-il mis au point un traitement qui permet d’améliorer grandement les cicatrisations des blessures, et de réduire la douleur. Son projet était d’asseoir son emprise sur West Blue, en créant une armée de soldats quasi-invincibles. Mais ceux qu’il avait recrutés s’étaient enfuis, et affranchis de leur bienfaiteur, libres de toutes contraintes.

- Et après ? demanda-t-il à la jeune femme, qui se trouvait assise sur une racine à quelques mètres.
- J’ai continué de suivre les traces que ces imbéciles avaient laissées. Ce sont des bons combattants, mais pour ce qui est de réfléchir... Bref, ils voulaient établir un camp d’après ce que m’a dit ce trouillard. Ils se sont retrouvés au milieu d’une forêt, et c’est là que j’ai attaqué.
- À un contre dix ?
- Jan... Après tout ce qu’ils ont fait, tu crois vraiment que j’ai pensé arithmétiques ? Ils ont abattus des enfants sous mes yeux quelques heures avant, et je peux te dire que c’est le genre de choses qu’il ne faut pas faire devant moi. J’ai réussi à en tuer un avant qu’ils ne me fassent battre en retraite. Ils m’avaient presque coincée. Nom de Dieu, ils ont failli m’avoir... Je me suis échappée de justesse, mais ils m’ont pas mal amochée.
Elle palpa sa cuisse, et esquissa un rictus de douleur. L’hémorragie s’était arrêtée, mais la blessure était assez profonde. Skyler ne l’avait pas remarquée dès le début, Jude ne boitait même pas, et semblait remise de son autre plaie à l’épaule.
- Je me suis camouflée à temps, avant qu’ils ne reviennent, et c’est là que j’en ai eu un autre par surprise. Après, s’ensuivit un moment pendant je les harcelais en tournant autour d’eux. Je ne pensais pas qu’ils pouvaient être bernés aussi facilement... Une petite explosion par-ci, quelques passes d’armes par-là... Et un autre criminel qui meure. Et enfin, c’est là que tu arrives, tel le héros qui vient sauver la princesse sans défense...
- Ne me fais pas ce coup là Sio... Tu as toujours réussi à te sortir des mauvais coups sans personne pour t’aider.
- Hélas, oui... Tu te souviens de l’affaire des Marines rebelles, à San Hæmik ? Je me suis enfuie en volant leur bateau ce jour-là, en les bombardant avec leurs propres canons... J’ai eu de la chance...

La « Sœur » avait le regard dans le vide, sa tête se posant délicatement sur son épaule pansée. Ses cheveux d’un orange maintenant terne flottaient autour du visage léger qui affichait une expression neutre. Elle reprit d’une voix suave, toujours adossée à un tronc, avec son ami à sa gauche, appuyé contre le même arbre.
- Ça me rappelle la première fois où nous nous sommes rencontrés... À Nakivo, face à ce... Jikeng, je crois.
- En effet... Tout ça ne me rajeunit pas, dis donc... C’était il y a quoi ? Onze ans ? Mon premier contrat de chasseur de primes...
- Ah bon ? Je crois me souvenir que tu m’avais dit que tu étais déjà habitué à ça.
- À quoi ?
- Eh bien, à tuer...
Cette dernière phrase, prononcée vivement, sur un ton naturel, fit ressurgir les images du premier fait d’armes de Jan en tant que chasseur de primes.

Une île rocailleuse, sous une averse battante, et des nuages noirs. Le trafiquant d’armes Jikeng, un homme court, au regard dur et aux cheveux drus, accompagné de son complice, l’avait acculé sur une jetée en bois. Les vagues sombres déferlaient autour de lui, l’écume léchant ses chaussures, le prenant en tenaille avec les lames des deux criminels. Le vent battait son visage, mais il restait droit face aux deux malfrats. Il aperçut du coin de l’œil une silhouette se détacher de l’obscurité, avant d’entendre une forte détonation. C’était Jude, une habitante de l’île qu’il avait sauvée auparavant, et qui fit sauter la planque de munitions du bandit en tirant au canon d’un navire de la Marine déserté, provoquant une déflagration et un souffle impressionnants dans la ville, un astre de feu qui découpa en contre-jour les deux ombres devant lui. Il profita de l’évènement pour plonger son sabre dans le cœur du forban, avant d’abattre l’autre. Les derniers regards des deux hommes, implorants et tourmentés, l’avaient glacé, et marquèrent son esprit. Il quitta l’île rapidement, le ventre noué et l’âme bouleversée par les visions des cadavres détrempés et blafards. Quelques années après, il retrouva celle qui deviendra son amie, qui s’était entrainée, et était rompue à l’art du combat.

Il semblait plongé dans ses pensées, les yeux clos. Ce souvenir appela les autres scènes de lutte qu’il avait vécues, et un à un, les combattants qu’il avait du réduire au silence au long de ses dernières années lui réapparurent devant ses yeux, jusqu’à ceux qui gisaient dans la forêt. Il revoyait le sang, les membres tranchés, et sentait à nouveau la fureur, la violence enfiévrée qui l’habitait à ces moments. Un vent gelé souffla le long de son échine.

- Je ne me suis jamais habitué à tuer... dit-il, comme un aveu.
- Quoi ?
- Ces corps, ces regards... Combien d’hommes ai-je occis depuis ? Combien de cadavres ai-je laissés derrière moi ?
- Écoute Jan, c’est notre boulot d’empêcher ces malades de faire du mal aux civils. Arrête de faire le sentimental, tu veux...
Siopéa entendit un bruit métallique, venant de Skyler. Elle se tourna, et vit ce dernier de profil, le dos droit contre l’écorce, examinant de près la lame de son épée.
- Combien... de sangs différents cet acier a-t-il connu ? Combien d’âme ai-je condamnées ?
Sa voix était grave, pesante, comme s’il endurait et souffrait de chaque mot. Il se leva, lentement et fit quelque pas entre les ombres des résineux, « Silver Feather », de nouveau dans son fourreau. L’après-midi était avancé, et le soleil se couvrait de nuages albâtres. Après un moment de silence, il se tourna vers Jude, comme résigné.
- Je n’en peux plus Siopéa... Il faut que ça s’arrête...
La jeune femme n’avait jamais vu son confrère ainsi, les traits tirés, le visage anormalement pâle et émacié, comme si des fantômes rôdaient autour de lui, ou même en lui. Elle ne comprenait pas ce qui se passait avec Skyler.
- Je dois le trouver... Il faut que tu me dises où il est... reprit-il d’une voix profonde, hantée, en se tournant vers elle, les sourcils froncés.
- Mais qui ?
- Aucklay, le chef de ces brigands. Je dois m’en occuper... Personnellement.
- Mais je...
- Tu m’as dit que tu avais torturé un de ses hommes, pour savoir où il se cache, avant de l’abattre... Dis-moi où il est ! s’écria-t-il, inébranlable.
Siopéa se leva et répondit, calmement, avec une pointe de contrariété :
- Non. J’ai fait la promesse à une femme de ramener la tête de celui qui a tué son mari et son fils. L’argent qui est sur la tête d’Aucklay servira à reconstruire ce qu’il a détruit. C’est ma proie.
- Siopéa... Tu ne sais pas ce que cet homme m’a fait... Il m’a menti, et trahi... Je dois le retrouver.
- Tu le connais ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Elle se tenait maintenant à deux pas de Skyler, les mains sur les hanches, interdite.
- Il m’a plongé dans un sommeil artificiel, après que je lui ai servi de garde du corps, pour le protéger des hors-la-loi avec lesquels il traitait, alors que je le croyais digne de confiance. C’est mon affaire, laisse-le moi.
- Une vengeance personnelle, hein... soupira Jude en réponse. Tu me déçois Jan. Alors que je cherche à aider les victimes, toi, tu veux juste réparer une injure faite à ton honneur... Je te croyais au-dessus de ça... Je vais m’occuper de cet Aucklay de ce pas. Le temps presse. Au revoir.
Elle fit volte-face, et partit d’un pas leste dans la direction de la côte, vers son navire, laissant son camarade, seul. Ce dernier éructait intérieurement, en colère contre lui-même, bouillant ardemment dans la fraicheur sylvestre.
- Siopéa ! cria-t-il à la silhouette qui se trouvait maintenant à une dizaine de mètres. Tu sais que ne laisserai pas tomber comme ça. Dis-moi où se cache William Aucklay !
Sa voix dure résonna entre les arbres, et s’éteignit lentement. Mais aucune réponse ne se fit entendre. Siopéa continuait d’avancer, regardant droit devant elle, sans ciller. La luminosité baissait imperceptiblement, le cuivre remplaçant le doré, et le gris cachant l’azur.
- Tu ne me laisses pas le choix...
Le courroux intérieur fit s’étrangler ses derniers mots, mais il s’écria suffisamment pour qu’on puisse l’entendre de loin. Rien ne se passa. Aucklay, tu vas payer ce que tu m’as fais faire... Il prit une profonde inspiration pour chasser le trouble qui empreignait son cœur, et dégaina sa lame d’une main ferme.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Sam 30 Avr 2011 00:52 
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Après un moment d'absence sur le forum, je revien enfin!!!!
Euh...Revennons au sujet du message:

Comment dire...Je suis fan de ta fic, c'est tout simplement ma préféré je crois (bien que j'en aime beaucoup d'autres). L'univers, les dialogues, l'intrigue, le suspens, l'écriture, tout!!! j'aime tout.

Voilà c'est fouf, j'adore, c'est le coup de foudre artistique!

Ta fic me fait penser a deux truc(qui peuvent peut être n'avoir aucun lien):

-Sa me rapelle le seigneur des anneaux les deux tours, avec la traque des huruk-kai par Legolas, Gimli et Aragorn.
-Et (ça me surprend moi même!) a ceci: http://www.youtube.com/watch?v=Rvd89A9-u5M
Pourquoi ça: parce que les moment où Jan est seul, réfléchi ou autre, ce truc doux me semble approprié, et après l'autre musique arrive subitement comme tes combats enfin je sais pas trop pourquoi j'y ai pensais.



J'aime bien Jude, en plus elle est très douée. J'aime bien Jan, cette personnalité m'intrigue.

Sinon par rapport a ton dernier chapitre, c'est chaud chaud cacao!!! Combat en perspective donc!


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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Jeu 2 Juin 2011 16:36 
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Je suis désolé du laps de temps de plus en plus large qui sépare chaque chapitre, mais l'inspiration manque, et comme je l'ai dit plus haut d'autres travaux viennent ralentir mon écriture. Mais ne vous inquiétez pas, le dénouement est proche, et les vacances me permettront de clore les aventures de Jan Skyler.

Chapitre 24 :

Le vent avait déjà séché les larmes qui serpentaient le long de ses joues, mais il savait que la brise n’arriverait jamais pas à effacer totalement les traces de ce qu’il s’était passé. Ses yeux ne trouvaient qu’azur, alors que son cœur ne renfermait que noire colère, cloîtrée dans son être tourmenté. Assis sur le pont, il laissait son embarcation le mener droit vers sa destination, les voiles gonflées vers son objectif. Il y était presque. Il avait rencontré Aucklay il y a près de trois semaines, et depuis, sa vie fut bouleversée, ébranlée dans ses plus profondes fondations. L’épisode entier lui revint bout à bout, l’île, Illusia, Werindall, les villages brûlés, et puis... Il soupira. Son regard se perdait entre ciel et bois, cherchant quelque part une aide, quelque chose pour soulager ses turpitudes intérieures. Les questions et les réponses à ses actes s’emmêlaient confusément dans un chaos, ne laissant apparaître qu’une seule vérité : ce qu’il a fait ne pourra être oublié comme le reste. Il devra vivre avec, et sentira pendant l’éternité le remord, même en pesant les faits avec leurs conséquences, aussi bénéfiques soient-elles. Il tentait de surnager dans un flot brouillon, mais ne pouvait résister éternellement.

Leurs deux corps face à face, dans le silence. La pluie qui commence à tomber, par timides touches. Le premier coup. Douloureux pour tout deux, car irréversible. Le cœur qui se serre et s’exprime par pénibles saccades. La réalité qui les frappe et choque. Le métal. La lutte qui s’engage, sans que personne ne le veuille. Leurs gestes précis, experts. Une esquive. Une parade. Un demi-tour. Une estocade. Un souffle. Une pause. Le regard de l’autre, difficilement soutenable. Les gouttes qui s’alourdissent. Leurs cliquetis étouffé sur le sol. Le silence. Soudain, le fracas. Un choc rude, un sabre stoppé net. Le bras s’était tendu pour ne plus avoir à supporter les prunelles de l’autre. La seconde lame jaillit juste après, droite vers le visage, il immobilisa le poignet instantanément. Il sentait de la fureur dans son corps. Un coup de tête. Un baiser ? Non, du sang. Elle recule, estomaquée. Elle rayonne de colère. Elle se projette vers l’avant, un éclair rouge. Esquive. Attaque. Droite. Jambe. Pas vers l’arrière. Tête. Sabre. Gauche. Bras. Coup de pied. Esquive, encore. Parade. Un flou. Un chaos. Le monde qui tourbillonne autour de sa lame. Son corps qui se meut, se courbe. Une feuille qui se glisse entre les bourrasques de métal. Une abeille qui volette entre les tulipes. Et qui pique. Contre. Pas de côté. Coup de taille. La hanche. Les blessures, voix aigüe dans un orchestre désordonné. La fatigue. Les membres qui faiblissent. Estocade. Trop courte. Vite. Pas vers l’avant. Bras tendu. La cuisse. La bouche s’ouvre pour crier en silence. Le visage se crispe. Les sentiments s’entrelacent. La combattivité flanche. Mais ne meurt pas. La danse recommence. Emportée dans son élan. Il se glisse derrière. Un coup du plat de la lame. Précis. Un son atténué par la terre molle. Elle se retourne. Ses doigts libres sont serrés en un poing. Respiration. Gauche. Parade. Droite. Coup de poing. Pas d’hésitation. Il la mit à terre avec sa jambe. Horizontale. Poignets maintenus au sol. Visages proches. Où est-il ? Où est-il ? C’est ma proie. Lâche l’affaire. Dis-moi où il se trouve, maintenant ! Non ! Cuisse sanglante. Blessures. Souffrance. Corps enfiévré. Je n’arrêterai pas tant que tu m’auras dit où il se trouve. C’est... mon... affaire... Yeux embués. Rictus. Membres tremblants. Souffle saccadé. Juste au-dessus d’elle. Regard ferme. Pression sur les plaies. Où est-il ? Voix calme, intransigeante. Larme. Sanglot. Paupières vacillantes. Puis écarquillées. Elle entrouvre ses lèvres.
Ohara.


Il l’avait abandonnée sur l’île, et avait mit le feu à son navire, pour empêcher qu’elle ne le suive. Il avait agit spontanément, guidé par son instinct ; jamais sa conscience ne l’avait interpelé, car il savait qu’il devait le faire pour arriver à ses fins. Les regrets, lâches flétrissures mentales, ne vinrent qu’après. C’était son amie, ils s’étaient mutuellement aidés maintes fois, ils s’étaient aimés... Il l’a combattue impitoyablement, il l’a blessée, il l’a presque torturée. Le tourment déferlait sur son être, tel une vague sur une plage. Il apprenait à l’accepter, malgré son poids insistant, et tentait d’oublier pour se concentrer sur le moment présent. Faire abstraction de ces instants trop nouveaux pour être tus lui demandait de faire appel à sa plus profonde raison d’être, qui reprit le dessus. Il soupira. Il avait douté, hésité sur ce qu’il avait à faire durant ces derniers jours. Cent chemins s’étaient dessinés dans son esprit, mais maintenant un seul apparaissait, évident, droit. Il devait finir ce qu’il avait entamé. Son but était terriblement proche. Ses tempes battaient le rythme de son empressement.
Ohara.

L’île, qui, sept ans auparavant, s’était embrasée de haine. Le Gouvernement y avait officiellement mené une opération de grande envergure, un « succès retentissant » pour eux. « Les Démons d’Ohara », de dangereux terroristes, qui menaçaient la stabilité des océans, avaient été arrêtés, et mis hors d’état de nuire. Juste avant leur fin, ils coulèrent le bateau qui transportait les civils. Pas un ne survécut. Seule une fillette, réputée dangereuse, réussit à s’échapper. Le mystère qui entourait cette affaire était un terreau fertile pour toutes sortes de rumeurs, qui circulèrent rapidement, malgré le silence des autorités. On parlait de sciences mystiques, d’armes inimaginables ou de complot à grande échelle, mais aussi de fantômes de criminels qui hantaient l’île dévastée, et de trésor enfouis. Bien peu étaient ceux qui se vantèrent de s’y être aventurés, la Marine surveillant l’accès à Ohara. Mais avec le temps, l’intérêt pour ces histoires s’estompa, et la présence militaire aussi. Les on-dit laissèrent place à la légende, et la peur à la simple indifférence. Malgré les nombreuses explosions dues aux combats intenses qui ravagèrent l’île, la nature reprit ses droits, des pousses vivaces naissant dans les cendres du gigantesque arbre qui servait de repère aux « Démons ». La carcasse sylvestre n’étant pas totalement consumée, le tronc dégageait perpétuellement de discrètes fumerolles, derniers vestiges frémissant d’une bataille qui ensanglanta naguère une île anonyme de West Blue.
Ohara.
La planque parfaite...

Il revoyait son sourire, sa mine joyeuse sur l’affiche de mise à prix, il éprouva le même frisson glacé qu’il ressentit à ce moment-là, dans la fraîcheur nocturne. Il endura la même amertume, la même rancœur aigre qu’il connut lorsqu’il réalisa s’être fait berné, couplé à la réminiscence de la tridicaïne, puis l’empressement maladif de retrouver le sachet, puis le soulagement profond de le tenir entre ses mains. Il se souvint de l’ivresse de la navigation, de l’atmosphère du combat et de l’éveil sensitif de l’exploration. Le mélange de toutes ces émotions palpitait dans sa gorge, mais savait-il seulement ce qu’il avait encore à vivre...

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Jeu 2 Juin 2011 19:21 
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Localisation: Sous un chapeau de paille ?
Wahhh, ton "retard", ou plutôt ton délai est tout à fait pardonné. Quel chapitre ! C'est difficilement descriptible, c'est vraiment...beau, léger, enfin, c'est incroyable. Tu te démarques largement de toutes les autres fanfics à mon goût.
Merci beaucoup !

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Lun 6 Juin 2011 17:48 
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BINGO!!!!!!

Et bim, une claque :Luffy hilare: !
c'est l'effet que m'a procuré ce chapitre. J'ai beaucoup aimé ta scène de combat: Droite. Gauche. Estocade... sa maintient un rythme rapide et l'action s'enchaine vraiment bien derrière. Enfin bref, j'ai adoré comme d'habitude.
Et comme d'habitude, le truc de fin qui met l'eau a la bouche.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Jeu 7 Juil 2011 17:08 
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Localisation: Là bas si j'y suis...
Cela fait maintenant plus d'un mois que je n'ai pas posté et plus d'un an que cette fan-fiction existe. Voilà voilà... Que dire si ce n'est que je suis obligé de ralentir mon labeur pour vous fournir un chapitre qui me plaît, et qui je l'espère vous plaît à vous, mon style d'écriture nécessite un certain travail sur chaque phrase, chaque expression, pour que je sente que ce que j'écris représente vraiment ce que j'imagine.

Chapitre 25 :

Ils étaient là, tous, ou tout du moins ceux qu’ils savaient vivants. Ils étaient là, devant lui, autour de lui. Ils souriaient. Leurs traits frémissaient, floués par le passé. Mais ils étaient là, il le savait. Il les voyait. Il les sentait. Quelque part. Ici ou là-bas, quelle importance ? Il savait qu’il allait les voir. Ils étaient déjà là. En lui.

Son bras était ferme, il allait et venait lentement, suivit par son œil attentif. Il stoppa son geste, et se rapprocha. Non, ce n’était rien. Il continua. En haut. En bas. Une pierre callée dans sa paume, il aiguisait « Silver Feather ». Le crissement du métal luttait contre les litanies marines qui envahissaient les alentours. Précis étaient ses gestes, maîtrisée était sa respiration, il savait ce qu’il faisait. Son esprit était tendu vers son sabre, il sentait le tranchant de l’acier s’affiner, préparé à mordre de sa froideur subtile. Des ombres argentées dansaient dessus, au gré des balancements de la lampe pendue au plafond. Il s’arrêta. Soupira. Le fil de la lame était parfait sur toute sa longueur, des deux côtés il restait droit, délimitant une dent acérée, monstrueuse de vivacité. La poignée trépidait dans sa main, ses doigts frissonnaient, son être entier était prêt à vibrer de violence, un souffle d’énergie croissait dans sa chair, il n’avait qu’à l’expirer. Il fit quelques mouvements du poignet, les sifflements de son arme vrombissant silencieusement sur la même mesure que les battements de son cœur, dans une harmonie qu’il imaginait, impeccable de justesse. Ses gestes prochains se tenaient déjà dans un coin de son cerveau, ses muscles étaient fin prêts à agir, prestement et précisément, comme toujours. Son futur, fait de respirations haletantes et de coup d’œil furtifs se dessinait dans son esprit, il anticipait les mouvements de l’un et de l’autre, ce qu’il pouvait faire, où, et comment. Le cuir cognait dans son poing, il ne demandait qu’à danser, d’une douce fureur, maîtrisée et muette. Mais Skyler, une longue carrière de chasseur de primes trainant derrière lui, savait se calmer et ne pas laisser l’action l’emporter sur la réflexion. Il n’y avait pas lieu de s’énerver, et c’est pourquoi il rangea lentement son sabre dans son fourreau après l’avoir nettoyé. Il inspira profondément. Le tangage s’accentuait sous ses pieds, ce qui signifiait qu’il déviait de son cap ; se portant vers la barre de timon, il le rectifia en virant légèrement à bâbord.

Le zéphyr soufflait dans la bonne direction, véritable main, intangible mais omniprésente, du destin, qui portait le navire vers Ohara. Malgré son assurance quant à ses capacités, Jan conservait quelques doutes et questionnements sur son adversaire. Aucklay n’était pas comme la douzaine de gorilles qu’il avait enrôlés, il le savait bien plus malin, il le devinait plus retors : en témoigne la « visite » chez Vincent De Fort, il savait se battre et échafauder des plans aisément. Sûrement avait-il mis au point le traitement qu’il avait inoculé à ses hommes, leurs prodiguant une résistance hors du commun, ce qui prouve encore qu’il avait des ressources potentiellement inexploitées, sans oublier ledit traitement. C’était un homme dangereux, le chasseur de primes en avait conscience, qui pouvait le surprendre à tout moment sur un territoire que lui ne connaissait pas, alors que William y avait établi sa base il y a plus d’une dizaine de jours. Beaucoup de scénarios différents étaient possibles, il s’était préparé à beaucoup d’entre eux, mentalement et physiquement ; quatre jours après avoir quitté Siopéa, il était tout proche d’Ohara, et paré au combat. La tenue sombre, renforcée de cuir et de métal, le sabre et les dagues affûtés, le corps entraîné et alerte, tout chez lui était tendu vers les évènements qui occuperont les heures imminentes. L’odeur qui venait à son nez, emplie de sueur et de fracas, le satisfaisait et lui donnait l’envie d’accélérer le cours du temps, de se trouver en face de lui, d’avancer, de se battre, de le battre.

La vision du combat défilait devant ses yeux, il ne s’imaginait pas, il y était, courant, traquant, lame au clair, tronc penché, tête droite. Là-bas au loin, dans l’aube dansante, un point, une tache, un moustique sur l’eau ; Ohara apparaissait. Enfin, enfin son combat se terminait, sa dernière étape était droit devant lui. Les premiers rayons dorés, perçant au loin les nuages, venaient l’assurer de la réalité : oui, c’était bien l’île vers laquelle il voguait, les lueurs qu’il cherchait, les falaises blanches qu’il attendait. L’ombre posée sur l’azur grossissait, enflait, au rythme lancinant des brises, et l’empressement de s’y trouver n’avait jamais était aussi fort en son être. Il pouvait maintenant voir les détails de la terre si mystérieuse, si empreinte du passé : les roches albâtres qui ceignait une verdure laissée à l’abandon, l’immense masse sylvestre au milieu, véritable montagne de bois clair ou noirci, les discrètes colonnades de fumée qui s’échappaient de l’horizon. Désormais, il ne se souciait que de ce qui était devant lui, il restait sur le pont à observer, à scruter, comme s’il espérait trouver déjà quelque chose, et ne se retournait que pour chercher à agrandir la voilure, à augmenter la vitesse de son embarcation. Son cœur battait à tout rompre, ses pensées étaient enfiévrées mais il n’en avait cure ; il réfléchissait à l’endroit où il allait débarquer, à la meilleure route à emprunter parmi les forêts, au terrain, à la topographie. Il sentait l’île, essayait de mémoriser ce qu’il voyait de loin, de visualiser les parages, tout en se dirigeant vers une plage encaissée sur son côté tribord. Il respirait pour ce qui se passera plus loin dans la journée, pour les moments pendant lesquels il sera seul, non plus sur son étroit navire, mais dans les futaies et les herbes. Le fait d’avoir assouvi son attente l’étreignit d’un coup lorsqu’il sauta par-dessus la rambarde, et quitta les planches du navire pour l’éternelle fraîcheur des vagues qui lui arrivaient à la cuisse. Il fit quelques pas malaisés dans la marée, pour s’assurer de l’accessibilité du site pour l’esquif, et fit volte-face pour attraper une corde et ensuite l’amarrer à un arbre. Le ressac des vagues contre les rochers, le souffle marin dans les feuilles des arbres côtiers, les lointains cris des mouettes, ne couvrirent pas le bruit qui le pétrifia lorsqu’il était revenu à son bateau. Des pas. Dans le sable. Qui s’approchaient. Une présence. Il se retourna lentement, pour confirmer ce qu’il savait déjà. À une dizaine de mètres de lui, sur la plage, les bras croisés, se tenait William Aucklay.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Jeu 7 Juil 2011 17:15 
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Waaah !
Merci beaucoup - encore et toujours - pour ce nouveau chapitre ! Et aucun problème pour l'attente ; avec une telle qualité, tu es pardonné immédiatement !

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Mar 26 Juil 2011 11:23 
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Chapitre 26 :

Oui, c’était bien lui. Toujours ce visage convaincu, cette forêt hirsute de cheveux d’un blanc cassé, cette silhouette assurée. Il affichait même un sourire goguenard, ce salaud. Et moi, j’étais là, de l’eau au-dessus des genoux, à tenir bêtement dans mon poing une laisse pour ma barque, coi au milieu des remous, comme démuni face à lui, nu face à un dieu qui me toisait de haut. Ses pas sur la plage, bien que discrets, ne m’avaient pas échappés, et au fond de moi, il y eut une voix qui m’a chuchoté avec conviction son nom, qui me montrait son visage, sur l’affiche, lorsque le murmure du sable vint à moi. Il avait réussi son entrée, indubitablement. Il savait que je ne l’attendais pas ici, et il avait raison : jamais je n’avais envisagé cela, je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Non, je voulais le traquer, le débusquer, lui, la proie, moi, le chasseur. Ça ne devait pas se passer comme ça, mais lui en avait décidé autrement, en maître des lieux, en savant clairvoyant. Il avait inversé la situation, redistribuant les cartes à son aise, de par sa présence donc, mais aussi par son allure ; vêtu d’une veste et d’un pantalon clairs, liserés de rouge, le visage net de poils, il tranchait par l’élégance avec le « marchand » que j’avais rencontré il y a plusieurs semaines, aux habits sales et à la barbe naissante, et se montrait donc sous un autre visage. Je notais dans son regard une certaine condescendance, que j’avais remarquée à plusieurs reprises auparavant, et qui m’agaçait toujours autant, comme s’il avait conscience que le sentiment de supériorité qu’il ressentait et qu’il dégageait pouvait me rabaisser physiquement. Il était devant moi donc, les mains sur les hanches, et moi j’hésitais entre l’étonnement paralytique et l’énervement dû au manque total de contrôle sur l’évènement, que j’essayais tout de même de dissimuler en serrant les mâchoires. Relevant presque de l’onirique, son apparition m’avait laissé les bras ballants, l’œil vide au même titre que le raisonnement, et seul sa voix de baryton m’extirpa de mes turpitudes apathiques.

- Bonjour, Jan. J’ose imaginer que ta présence ici résulte de la mienne en ces mêmes lieux, n’est-ce pas ?

Le ton qu’il avait emprunté, empli d’arrogance, fit germer en moi ce qu’il souhaitait voir : de la colère. Aucklay voulait que je perde patience, et que mes actions soient flouées par l’énervement. Je me savais assez intelligent pour reconnaître et analyser les gestes et paroles, mais je me doutais que la tactique psychologique de mon interlocuteur pouvait aller plus loin que ça. Il cachait visiblement quelque chose, je ne voulais pas l’attaquer de suite, mais plutôt voir ce qu’il avait à dire et attendre qu’il fasse un faux pas. Je tentai alors de le contrer, en reprenant mes esprits et en feintant l’indifférence.

- En effet... dis-je d’un timbre que j’espérai neutre, en détournant le regard, marchant vers la plage.
- Je vois. Ta rancœur est donc tenace pour m’avoir ainsi poursuivi tout ce temps. Ou bien est-ce ton appât du gain qui t’as attiré ici, chasseur de lucre que tu es ?

Ses questions avaient pour but d’obscurcir mes pensées par son image, de semer la confusion en mon sein, j’optai donc pour une riposte brève, alors que je me dirigeai vers un palmier côtier pour amarrer mon embarcation. Je n’avais pas encore atteint mon interlocuteur, immobilité immaculée dont seules les lèvres se mouvaient, vivement.

- Je suis là pour l’argent. J’ai besoin de 51 millions de Berrys.

Un coup d’œil succinct me permis d’observer un léger haussement de sourcil de la part de William ; la surprise l’avait effleurée, sûrement ne me croyait-il pas. Une certaine tension, moite et palpable s’était insinuée en moi, remplaçant le choc expectatif de mon arrivée. Il ne fallait pas que j’entre dans le jeu de mon adversaire, ainsi avais-je décidé de ne pas me dévoiler dans la conversation, qui me semblait cruciale par rapport aux évènements prochains. J’essayai de me maîtriser, pour paraître calme à ses yeux. Le combat avait déjà commencé.

- Ah bon ? déclara-t-il en souriant. Et à quoi cela va-t-il te servir ?

Je nouai la corde d’un coup sec autour du tronc élancé en face de moi, et questionnai en retour, lentement.

- Que comptez-vous faire, vous ? Vous êtes seul sur cette île, sans bateau, avec peu de ressources...
- Hmm... Tu n’en sais pas suffisamment sur moi pour déclarer cela, Jan.
- Je vous connais assez, maintenant.
- Non... Non, tu ne sais pas qui je suis, et encore moins ce que j’ai fait.
- Si.
- Alors, qui suis-je ?

D’un ton intrigué, il m’avait demandé de lui dire qui il était. Je le savais, alors, tout simplement, spontanément, je répondis.

- Vous êtes William Aucklay, ex-membre de la brigade scientifique de la Marine du Gouvernement Mondial, seul organisme capable de se procurer l’appui de savants tels que vous. Vous avez fui pour une raison encore inconnue votre laboratoire en faisant preuve de violence — peut-être l’avez-vous détruit — et en emportant des documents et des instruments relatifs à vos recherches, d’après les chefs d’accusation présents sur votre acte de recherche. Vous avez échappé à vos poursuivants et établis une base sur l’île sur laquelle je vous ai rencontré, en vue de mener des expérimentations supplémentaires, en utilisant notamment comme cobayes des autochtones, qui vous ont ensuite chassés, résultat probable de la mort de l’un d’entre eux dans l’explosion, dont je ne doute pas que vous êtes l’auteur, et non pas causée par l’embrasement d’un soi-disant temple renfermant une quantité improbable de matières dangereuses. L’objet de vos investigations scientifiques est la création d’un traitement permettant une régénération rapide des tissus musculaires, et une disparition de la sensation de douleur, nécessitant des ressources et des ustensiles rares et notamment conservé par de dangereux criminels, d’où ma présence à vos côtés, en tant que garde du corps. Après m’avoir... neutralisé momentanément, vous avez recruté des hommes de main en leurs promettant le sérum que vous avez finalisé sur le grand navire aux voiles rayées que vous avez pu acheter grâce à l’argent et aux matières premières volés à De Fort et aux machines obtenues auprès de la dénommée Elena. S’ensuivit, après quelques jours pendant lesquels vous avez mis au point votre plan, sans attaquer personne, un véritable déchaînement de violence, qui avait pour but de vous faire connaître et de vous promettre une renommée teintée de peur, afin d’acquérir des alliés dans le milieu de la piraterie. Hélas pour vous, vos hommes vous ont trahis, juste après que vous vous êtes installé ici, à Ohara, et ont décidé de vous abandonner ici, en continuant de piller les îles alentours avec votre deux-mâts aux voiles rayées. Vous avez du charisme, mais vous êtes un piètre meneur d’hommes. J’ai tué toutes vos recrues. Il ne reste plus que vous désormais. Vous et moi.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Dim 14 Aoû 2011 12:16 
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Hop là, de retour de vacances, je vous offre cette bagatelle de chapitre, qui, malheureusement et l'un des derniers de cette Fan-fiction. Profitez-en, et on se revoit dans quelques semaines, le temps pour moi de finaliser l'aventure...

Chapitre 27 :

Il avait mis ses mains derrière son dos, et ne cilla pas de tout mon discours, mais je sentais d’ici les remous de son esprit, je voyais son cœur battre, comme si j’avais découvert un des ses secrets. Sa tête se pencha vers le sable, puis subitement, comme s’il s’était rendu compte de son aspect, il se raidit et adopta un air léger et pensif.

- Intéressant... Tu es donc retourné là-bas, sur l’île où nous nous sommes rencontrés... Je savais que j’aurais dû détruire tous ce qu’il y avait là-bas. Mais saches-le, l’explosion n’était volontaire. Disons que la première version de mon œuvre ne réagissait comme voulu avec le sang humain, les réactions escomptées n’étaient aussi... détonantes. J’ai juste eu le temps de plier bagage avant que la tribu qui vivait là-bas ne se rende compte que leur chef était la bombe qui...

Croisant mon regard ferme, il s’arrêta puis reprit lentement.

- Mais ce n’est pas cela qui t’intéresses, n’est-ce pas ? Il y a des parts d’ombres dans ton récit, et tu veux les éclaircir c’est ça ?

Comme je restai immobile et silencieux, épiant chacun de ses gestes, il poursuivit.

- Eh bien, si tu veux tout savoir, j’ai décidé de quitter le Gouvernement parce qu’on ne jugeait pas mon travail à sa juste valeur. La Marine est pleine d’hypocrites, d’avares et d’intriguants. Les hommes de science travailleurs tels que moi ne sont pas légion, et j’étais vu comme un fainéant, qui n’atteignait pas les objectifs car n’offrant que peu de résultats. Ils ne savaient rien, ou presque, de mes travaux, et voulaient me voir disparaître. Je touchais au but, et ai décidé de m’en aller, en... le faisant savoir. Il ne reste plus rien de mon ancien labo, mais j’ai continué mes recherches, et maintenant, je suis là, et j’ai le sérum avec moi. Tu as pu en voir les effets, j’ose imaginer...

Une flopée d’images revint à mon encontre, celles de la dizaine d’hommes et de Siopéa, combattant, tous couverts de sang et de haine. Ce jour-là, j’en ai décapité cinq en moins d’une demi-heure. Évidemment qu’Aucklay n’en connaissait pas les détails, mais il me fit rappeler un des combats dont je suis le moins fier des conséquences. Il avait noté ma subreptice réminiscence, et avait sans aucun doute analysé ma réaction.

- Où veux-tu en venir ?
- Eh bien, je veux dire que toi comme moi, nous avons vécu des choses difficiles, sourit-il, et fait certaines que nous voulons oublier. Les hommes du Gouvernement voulaient ma peau, j’ai agit pour me garder sauf, rien d’autre. Si je n’avais rien fait, ils m’auraient tué. Nous ne sommes pas du tout différents, Jan.
- Vous m’avez injecté de la tridicaïne, et plongé dans le coma.
- C’est vrai, et je suis désolé pour le réveil. Mais cela aussi était nécessaire, pour pouvoir t’éviter de faire une erreur. Tu m’aurais sans doute attaqué, sans que je puisse m’expliquer. Nous étions poursuivis, je te le rappelle, et c’est la seule solution qu’il me restait pour sauver ma peau et la tienne. De plus, j’imagine que toi aussi, tu as fais des choses à des amis que tu regrettes.

Siopéa...

Ses prunelles émeraudes, surmontées par des sourcils tendus de détermination se fixèrent sur moi et attirèrent mon regard. Une sincérité certaine se dégageait de lui, je sentais que cette fois-là, il me montrait son vrai visage.


- J’ai besoin de toi, Jan... Tu peux, tu dois m’aider... Nous devons faire ce qu’il faut. Je ne me bats pas pour moi. J’ai rejoint le Gouvernement pour aider ceux qui ne peuvent rien contre la violence et la bêtise. Trop sont mort à d’injustice et de haine, sans compter les opprimés et les esclaves. Avec le sérum, nous pouvons arrêter la barbarie des Pirates et de la Marine. Tu es le plus puissant combattant de West Blue ; avec moi, tu seras invincible. D’autres se joindrons à nous, qui veulent aussi faire le bien, et ensemble, nous établirons un monde de paix, sans effusions de sang.

Son discours m’avait insufflé des images de mon île natale, sans armes ni combat. Je rêvais souvent à cet endroit là, et j’imaginais que ce paradis puisse être étendu à toutes les mers. Un monde de rires et d’altruisme, sans cadavres décapité, sans ami torturé, sans aucun sabre recouvert de sang. Cela était possible d’après William, et je commençais à croire la même chose quand furtivement, une pensée vint à mon esprit, que je formulai en balbutiant.

- Tu... Tu as tué des innocents...
- Ce n’était pas par cruauté... Leurs morts faisaient partie de mon plan, pour me permettre de me créer une réputation et de m’adjoindre des alliés. Je ne souhaitais pas agir ainsi, mais bon... La fin justifie les moyens... Ils ne comptaient pour rien.

« Ils ne comptaient pour rien. », « Ils ne comptaient pour rien »... Cette phrase s’insinua dans ma tête et remua, voleta parmi mes souvenirs, faisant jaillir, éclater la bulle de colère qui avait grossi pendant de longues années, comme une masse de métal qui apparaît soudainement et qui explose. Un raz-de-marée de fureur emporta ma raison, je sentis la poigne de cuir de « Silver Feather » sous mes doigts moites, et ma gorge brûla :

- PERSONNE NE COMPTE POUR RIEN !

Je ne l’avais pas vu bouger, il était à un pas de moi, juste en face, et j’avais attaqué, une estocade véloce, directe, vers le ventre, que personne ne pouvait esquiver. Mais pourtant, là où il devait se trouver, là où il avait mon sabre vibrant, il n’y avait que de l’air et du sable voletant.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Lun 22 Aoû 2011 19:12 
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Chapitre 28 :

Tout alla très vite. Le panache doré qui se trouvait là où aurait dû être William retomba silencieusement sous les yeux crispés de Jan. Il n’eut pas le temps d’expirer son courroux, qu’il reçu un terrible coup au milieu de sa hanche gauche, tel un fouet de pierre qui a giclé vers lui, et qui l’envoya pétri de douleur plusieurs mètres plus loin. Son âme et son corps avaient été ébranlé par cette attaque, ses fondations ahanaient de souffrance, mais il tenta néanmoins de se relever, avec difficulté. Sur un bras, le regard vacillant, il ne pouvait qu’admirer l’ombre albâtre devant lui.

- Je suis désolé de t’avouer que je t’ai menti, Jan, déclara platement William. En fait, je ne suis pas qu’un simple laborantin. On m’a avant tout formé pour devenir membre de la Cipher Pol. Ce n’est qu’après que j’ai rejoint la brigade scientifique...

Il était maintenant penché, ses cheveux pliant mollement sur ses traits bienveillants, au-dessus de l’homme à terre qui lui jetait un regard assassin, et reprenait lentement son souffle.

- Je te laisse encore le choix, mon ami : sois tu me rejoins, et nous faisons de ce monde un havre de paix, sois je te tue.

Ils étaient maintenant à quelques centimètres l’un de l’autre, leurs respirations soupirant dans l’intensité de leur face-à-face tendu, à la même hauteur. Soudain, Jan eut un léger mouvement de lèvres, et cracha sur le visage de son ancien ami. Celui-ci recula de quelques pas, en s’essuyant la rancœur de sa manche, et, la face rougie par cet affront, il s’écria :

-Tu vas MOURIR !

D’un geste prompt de la jambe, il déclencha un vague imperceptible, brusque et rectiligne qui souleva le sable en direction du chasseur de primes ; effectuant un saut carpé, il l’esquiva au dernier moment, et d’un geste, para le poing instantané de William, qui, l’index tendu, était apparu à côté de lui et visait son cou. Sa lame s’enfonça à peine dans le costume de ce dernier, comme si sa peau était d’acier. Se baissant pour éviter une manchette de son adversaire, Jan fit appel à ses réflexes de guerrier, qu’il avait soigneusement aiguisé auparavant, pour placer sa jambe derrière celles de son ennemi afin de le faire tomber. Malgré sa promptitude, William l’avait anticipé et fit un salto arrière déconcertant, pour retomber plus loin sur la plage. Le bretteur n’attendit pas qu’il touche le sol pour saisir un couteau qu’il avait glissé dans sa ceinture, et le lança droit vers lui. Ce qui suivit resta dans son esprit pour longtemps. Le scientifique avait tout simplement disparu dans un flou, et été réapparu derrière le couteau, comme s’il avait fait un pas intangible vers l’avant, et que l’éclat argenté n’avait traversé qu’un brouillard. Puis une fraction de seconde plus tard, il s’effaça à nouveau de l’horizon. Mais cette fois, Jan avait été assez attentif pour apercevoir un mouvement vers le côté, et une espèce de brume transparente, qui le contournait. Son instinct lui fit jeter son bras armé dans son dos, assez fermement pour contrer l’attaque cinglante, au bruit et à la force d’un sabre, qui faillit le lacérer par derrière. Faisant volte-face, il vit un Aucklay passif, immobile, qui le toisait, et fit de même.

Aucun geste n’était perceptible des deux côtés, chacun à l’affût, le cerveau en action, mais sans agir. Néanmoins, le bretteur se prépara à une attaque, en posant lentement son épée sur ses épaules, derrière son cou, une posture d’attente et de défense. Il eut raison, car son interlocuteur silencieux se pencha en avant, et entama une course vers lui, d’une vitesse croissante. Skyler attendit le dernier moment pour fait jaillir sa lame à l’horizontale, vers le cou, mais ne toucha pas sa cible ; s’étant soudainement élevé dans les airs, William semblait flotter quelque mètres au-dessus de lui, comme s’il se tenait sur un sol invisible, et lui envoya une autre onde de choc acérée, qu’il para difficilement, avant de se jeter sur le côté, le savant fondant sur lui, les pieds joints en une redoutable lance humaine. Le sable chaud ne retint pas Jan longtemps, il se remit sur ses pieds, afin d’attaquer à son tour, d’un coup de taille ravageur, anticipé par sa cible, qui se baissa souplement et projeta sa main vers lui, à une rapidité défiant la réalité. Le chasseur de primes sentit le doigt rigide comme du métal percer son armure de cuir et sa peau, une balle qui s’infiltrait subrepticement dans ses chairs, au niveau de son ventre. Un éclair de douleur l’enveloppa bientôt, envahit son âme cambrée, et le fit reculer de quelques pas vers les flots calmes. En face de lui, une silhouette immaculée à l’index droit carmin, flouée par sa vision vacillante, avançait lentement dans sa direction.

- Tu n’es pas à la hauteur face à moi, Jan. Je ne...

Ignorant la blessure qui lui déchirait l’abdomen, le sabreur s’était courbé, et avait bondit tel un félin, acier au clair. Sa lame ne put qu’érafler la glotte de son adversaire, laissant un songe de blessure qui s’envola de la peau blême. La riposte fut immédiate, William s’étant laissé tomber vers l’arrière pour éviter « Silver Feather », il décocha un autre coup de pied tranchant, mais n’atteint qu’une partie de la cuisse, provoquant un crachat de tissu et de sang, puis un cri étouffé. Jan, dont le saut l’envoya derrière sa cible dû effectuer une roulade dans le sol meuble pour se réceptionner, les traits barrés d’une grimace de peine, le corps chancelant de sentiments. Malgré sa hargne de vaincre, il savait la tâche ardue mais pas impossible pour lui. L’art de l’épée n’était pas une science exacte, qui naissait de rationalités et de pensées concrètes. C’était le cœur qui régnait sur son métier, le cœur qui entrainait l’être tout entier. Une clairvoyance et un discernement hors du commun étaient nécessaires, ainsi qu’une intelligence de mouvement et d’action, pour avoir le courage de suivre cette voie. Tout ça, Jan en était conscient, et sa confiance en lui était intacte ; il se savait prêt à battre cet adversaire, à passer cette montagne de tourments. Ses capacités étaient suffisantes, mais il devait néanmoins les appeler à son service, et s’abandonner au présent, en s’aidant du passé. Il fixa alors son regard sur celui de sa proie, ses muscles se souvinrent de luttes antérieures, des arabesques qu’ils avaient décrites, des signes qu’ils avaient inscrits sur les chairs. Une danse se mettait en place, il se devait de la mener, et ne pas céder.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Mar 23 Aoû 2011 08:45 
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Oh, 3 chapitres pendant les vacances, voilà qui fait plaisir quand on en revient ! Au risque de me répéter, c'est toujours aussi bien, la fin arrive doucement, depuis de nombreux chapitres, et tout cela semble se clore magistralement. L'intrigue de l'histoire ne comporte, à mes yeux, aucune incohérence, tout ça est très bien pensé, tu sais où tu vas, c'est un point très plaisant :)
J'attends donc la suite (mes messages sont de taille décroissante ces derniers temps, j'en suis désolé)

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Ven 30 Sep 2011 17:36 
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Vous l'attendiez tous et toutes, voilà l'avant-dernière partie de la fanfic "la Plume et la Flamme". Ce (long) chapitre sera suivi d'un épilogue, dévoilé dans une poignée de jours.

Chapitre 29 :

Ils ne sentaient plus ni le bruissement des végétaux, ni le remous des vagues, ni la caresse du large ; tous deux se projetaient de son regard sur l’homme en face de lui, la seule personne qui existait, l’unique être encore vivant à ce moment : ne subsistait plus que soi-même, le sol meuble et les limites du ciel et de la terre et puis lui, l’idée devenue réalité d’un rêve trop succinct et trop flou. Chacun sentait dans sa chair les empreintes de leur combat ; physiques ou morales, c’étaient les ultimes ramures d’un réseau intangible, d’un fantôme dont les liens s’infiltraient en eux au plus profond de leurs corps et qui les faisaient se mouvoir et se rapprocher, s’esquiver et se toucher, pantins mortels aux mains d’un seul dieu violent, qui faisait se bagarrer ses deux avatars. Dès l’instant où Jan avait touché le cuir de son sabre, ils ne pouvaient s’éloigner l’un de l’autre sans que l’un ne fixe l’autre et n’épie ses gestes, anticipant son mouvement prochain. Ce n’était plus une question de passé ou d’idéologie ― chacun savait qu’il pouvait vivre sans avoir contrecarré les plans de l’autre ― désormais c’était l’homme qui était en jeu, au sens où l’homme qui était en face de chacun n’en était plus un, mais un danger pour celui que l’on était, une menace naturelle. Les souvenirs de leurs mésaventures communes avaient disparus de leurs esprits, l’identité de l’adversaire n’importait plus : ne subsistait que le répertoire des attaques passées et des stratégies possibles, des combinaisons de styles. Cet arithmétique du combat avait instauré un sentiment de compétition intellectuelle, qui bien sûr impactait sur le corporel, si bien que qu’ils tentaient chacun de leur côté de déchiffrer le cryptage offensif de l’autre, tout en démontrant que le sien valait bien plus que celui là qu’on leur proposait, par pure concurrence.

Mais de tout cela, Jan Skyler et William Aucklay s’en foutaient.

Seul leur importait le présent, le concret, le péril mortel que représentait l’autre à chaque instant, les parades et les contres de chaque coup, et les tentatives de blessures qui s’égrainaient comme de gouttes d’une pluie sanglante. Autant l’un souffrait techniquement, des fulgurances électriques perçant son corps au ventre et à la cuisse gauche, autant l’autre se savait en danger imminent de par son inexpérience en matière de duel improvisé, et tentait de survivre avec son entrainement datant d’il y a plusieurs années, afin d’assaillir pour ne pas périr. La fin de l’un ou de l’autre ne tenait qu’à une esquisse, qu’à un vacillement ou qu’à une seule hésitation. Mais ils n’en faisaient pas. Leurs gestes étaient précis, coordonnés dans un ballet fortuit, fait de buts non atteints par leurs mouvements vifs, dirigés vers la gorge, les bras ou le ventre, dont l’encre était produite par le sabre de Jan et les vaguelettes acérées de William, et qui dessinaient ainsi des courbes graciles mais éphémères, faisant siffler le ciel, distordant les corps.

Ils se soumettaient à des efforts au-delà de l’entendement ; qui, d’un saut hautement périlleux dans un flot d’acier, qui, d’un bras tendu au dernier moment, jamais ils ne renonçaient, et jamais ils n’accueillaient le destin tel qu’il était. Ils ne pouvaient pas. C’est pour cela que leurs habits se méprenaient avec des loques, les uns sanguinolents, les autres justes déchirés, comme s’il n’y avait pas de corps en-dessous. Jan, la main agrippée à « Sivler Feather », se maintenait préparé à un énième assaut : après plusieurs intenses minutes, il commençait à ressentir un flot de fatigue dans ses muscles, mais ne baissait pas sa garde. Les quelques secondes qui séparaient les passes d’armes se réduisaient, l’intensité des échanges était à son maximum, et déjà William se mouvait : il disparut en un geste, mais Jan s’était habitué à cet artifice, et ne fut pas surpris quand son ennemi déboula sur sa gauche, brandissant son poing. Il se plia en deux, et prenant appui sur sa jambe droite, il se glissa dans son dos pour viser la nuque qui lui était offerte. Son sabre faillit toucher la peau, l’homme aux cheveux blancs avait plongé sur le côté, s’était réceptionné d’une main, et avait riposté d’un coup de pied lointain en un instant. Le choc métallique de l’air solidifié contre l’acier du sabre passé, Jan eu juste le temps d’effectuer un moulinet de sa lame, parant à moitié l’attaque soudaine : il trancha net le poignet du bras qui s’était tendu vers lui, mais reçu une percussion de moignon dans son diaphragme, coupant net son souffle. Exhalant à reculons, il vit son adversaire se baisser tranquillement et ramasser sa main sectionnée, la recollant rapidement, de visqueux tissus rougeâtres joignant les deux morceaux et réparant le membre. Ses lèvres s’étirèrent de contentement, et il attaqua de nouveau, se propulsant à la verticale, avant d’effectuer un angle aigu en plein air, fondant sur le bretteur tel un rapace, tentant de le surprendre de par sa promptitude. Celui-ci attendit le dernier moment, lorsque William était sur le point de transpercer sa poitrine, pour effectuer une surprenante détente droite, décollant de deux mètres au moins, lui permettant ainsi une esquive efficace, et, par son timing, retomba et coinça à terre d’un pied le combattant de la Cipher Pol. Il ne put l’immobiliser, car ce dernier réussit à se dégager d’une poussée vigoureuse sur le sol, déstabilisant Jan, qui garda néanmoins son équilibre pour faire face à son adversaire de nouveau sur pied, entamant une nouvelle attaque, plus directe : son bras jaillit en une manchette, puis en un coup de poing, évités tous deux. S’ensuivit un autre assaut, contré par une lame virevoltante, qui luttait contre de la peau dure comme de la pierre, et qui tentait de s’introduire dans cette garde déchaînée. Ils étaient dans le plus pur corps-à-corps, usant de leur vivacité et de leur fermeté pour parer, à quelques centimètres l’un de l’autre, jouant de leurs corps au plus haut point.

Cela durait depuis de longues minutes, mais ils ne relâchaient pas leurs efforts, ni leurs sens, anticipant à égale vitesse les mouvements de l’autre, et s’exécutant avec efficacité dans un orchestre dessiné par les remous de leurs tenues dépareillées. Les enchaînements se faisaient tout aussi brefs et nerveux que depuis le début, mais ils se savaient en sursis, leurs différentes techniques se répandaient une à une sur un mur toujours aussi robuste. Leurs grognements étaient sourds à leurs consciences embuées par le duel, déjà imprégnées par les sons de leurs hostilités. L’acier que maniait Jan tintait et sifflait, virevoltant, parant et menaçant d’un seul tenant, il le faisait danser avec lui : elle passa à travers la poitrine d’un William indifférent, qui en profita pour lui porter un direct à la mâchoire. À peine secoué, le bretteur répondit en dégageant son arme, qu’il dirigea à nouveau sur sa cible, sans réussite. Leur combat les avait entraînés vers l’intérieur des terres ; ils se trouvaient à la lisière d’un bois côtier, mais ne s’en souciaient guère. D’un pas, William avait contourné son adversaire, et projeta son pied vers la hanche de celui-ci, qui ne put que se protéger avec son bras : le choc lui meurtrit son coude, et lui fit lâcher son sabre, qui se planta dans le sable blanc dans un murmure. Le savant n’avait pas attendu pour harasser à nouveau un Jan décontenancé, mais solide face aux coups. Il fit face, s’armant de ses avant-bras pour se protéger : il para un, puis deux, puis un troisième coup, et se rapprocha brusquement, pour porter un coup de coude vers une poitrine dégagée. Le savant le prit de plein face, et ne put que subir l’uppercut qui suivit. Ramassant d’un geste vif son arme, le chasseur de primes assura sa garde pour résister au contrecoup de son enchaînement. William ne bougeait pourtant pas, il gardait la tête droite, fixée vers l’homme qui attendait une réaction immédiate. Les regards plongés l’un dans l’autre, ils se dévisagèrent ainsi, comme séparés de la réalité qui palpitait en eux, inspirant simultanément, unis par leur immobilité.
Soudainement, le costume clair dessina un pli, se pencha en arrière, et effectua un salto violent, William s’appuyant sur ses bras pour se retourner verticalement, en projetant ses pieds au-dessus de lui : Jan réagit à temps pour parer les ondes de choc qui jaillirent sur lui à ce moment, attaques habilement dissimulées par une pirouette. Il se réceptionna gracieusement, tel un acrobate en haillons, ne se rétablissant pas totalement avant de disparaître. Usant encore de son intangibilité passagère, il se rapprocha subrepticement de sa cible, mais n’eut pas le temps d’agir : Jan l’avait heurté du poing, ce qui le déstabilisa suffisamment longtemps pour qu’une aile argentée ne fonde vers son corps ralenti par le choc. Malgré sa vélocité, le chasseur de primes ne réussit pas à atteindre son but, celui-ci s’étant glissé sous la lame, effectuant un pas chassé instantané pour se mouvoir sur le côté de son adversaire, c’est-à-dire dos à la forêt, étirant ses bras pour concentrer sa puissance dans sa jambe bandée, prêt à abattre sur lui un arc tranchant en pivotant sur lui-même. De là où il se trouvait, Jan ne pouvait esquiver totalement, sans s’exposer davantage à une autre attaque.

Il se fit prompt, sans peur, agissant à une vitesse hors du commun ; son bras ondula tel un aigle en vol : la lame, portée par une force ardente, passa à travers la jambe qui le visait au niveau du genou en un demi-cercle fluide, tranchant les tendons et les muscles comme dans de l’eau, au même moment où l’onde lui entailla profondément la cuisse. Il n’hésita pas, et, avant que le mollet inerte ne se détache du corps, il avait déjà fait un pas en avant, et sans arrêter son geste malgré ses chairs déchirées, il s’était raidi, et darda contre un avant bras écarté un acier saillant, une percussion effilée qui transperça le derme durcit, et qui s’enfonça jusqu’à la garde dans le tronc d’un arbre derrière un William stupéfait, qui ne put réagir à la brusque passe. Son bras était cloué à l’écorce rugueuse, sans possibilité de s’extraire : « Silver Feather » s’était coincée entre le radius et le cubitus, et dépassait de plus d’un mètre du palmier, traversant la manche de tissu clair et les muscles, n’offrant aucune chance d’évasion. De plus, il tenait sur une seule jambe, que Jan n’hésita pas à balayer du pied, afin de faire chuter celui qui, démuni de ses deux membres droits, ne pouvait plus riposter ni ébaucher la moindre offensive. Le combat était fini. Le chasseur de primes laissa ses bras se balancer, et respira un grand coup, quitté d’un coup par l’ardeur de la lutte, haussant la tête jusqu’au ciel comme pour s’échapper de cette vision d’un homme démembré qui ne se plaint pas, et qui restait coi. Le chœur des blessures sourdait en lui, plainte silencieuse et entêtante, perdue dans l’océan qui refluait en lui. Il se sentait d’un coup vidé, malgré le tumulte qui l’avait agité et mut, et ne respirait plus que de l’air, et non plus de l’énergie pure et versatile. Il était enfin immobile, seul, comme abandonné sur une plage coincée entre deux falaises albâtres. William soupira.

- Bien joué, Jan. Tu as gagné. Mais nous savons tous les deux que notre histoire ne va pas se terminer comme ça. Je reconnais certes que tu m’as vaincu, mais tu sais que je peux t’aider. Oublions ce qu’il s’est passé auparavant. Recommençons sur des nouvelles bases, et faisons de grandes choses ensemble.
- Tu es un criminel aux abois qui ne peut plus que parler, répliqua placidement le bretteur, qui réduisait au silence les blessures qui le ceignaient, et la tiédeur piquante qui glissait sur sa jambe. Je vais te livrer à la Marine.
- Allons, Jan, tu ne peux pas me faire ça ! Pour quoi te bats-tu ? Je peux t’offrir tout ce dont tu rêves... Un monde paisible, la renommée mondiale, des montagnes d’or, tout ! Crois-moi.
- Je n’ai besoin que de 51 millions de Berrys. L’argent de ta prime. C’est tout ce que je souhaite.

Un silence s’invita dans la scène. William fit rouler sa tête, et tenta de se remettre debout, mais son interlocuteur l’en dissuada d’un pas. Il reprit la parole, faussement décontracté.

- Puisque c’est comme ça... reprit le savant. Je vois que tu n’es pas très réceptif à mes propositions. Aide-moi à me relever, tu veux ? On sait tous que la récompense baisse de 30 % si je meure, tu ne veux pas perdre autant d’argent, n’est-ce pas ? Et puis... Un peu de prison, ce n’est pas trop grave, hein ? Allez, ramène-moi chez les mouettes...

Il tendit son bras, et étouffa un rire devant l’immobilité de son compagnon.

- Tu vas me traîner encore un moment, Jan...
- Non. Je vais te tuer.

À cet instant précis, Jan vit ses paupières hurler, sa mâchoire s’écrouler, son bras s’enterrer, son front onduler et ses sourcils s’envoler : William eut peur. L’effroi qu’avait suscité cette simple négation, déclarée d’un ton franc, décidé, l’étreignit comme l’hiver embrasse une vallée, sans pitié pour aucune partie, durement et égalitairement. Son esprit aux abois fut victime d’un blizzard de sensations, et son corps se secoua de questionnements. Il avait tout prévu, anticipé toutes les réactions, de chaque individus, calculé les possibilités des différentes occurrences, établis tous les schémas de mouvements de tous ses adversaires... Il avait gagné ce combat, ou tout du moins avait conjecturé le déroulement, les tenants et les aboutissants. Jan ne pouvait le tuer froidement, sans raison : ce n’était pas dans ses habitudes, il n’avait jamais fait ça avant. Qu’est-ce qui clochait ? Jan bluffait-il ? Lui faisait-il peur, par vengeance ? Quelle équation n’était résolue, quelle virgule était mal placée ? Pourquoi ?
Lentement, non par plaisir mais par éreintement, le chasseur de primes mit sa main gauche dans sa poche intérieure, au niveau de sa poitrine, et en sortit un papier roulé, quelque peu jauni. Il le mit à hauteur de ses yeux et le déroula, comme pour vérifier qu’il ne s’était pas trompé, comme pour relire ce qu’il savait déjà. Le sourire y était éternel, et le visage plus ridés de celui qui était devant lui, mais l’homme était bien le même. Devant lui, toujours à terre, le bras levé comme pour signifier sa présence, mais le corps mou et sale, un William affichant une expression béate le contemplait, interdit, assommé. Enfin, Jan se baissa, et tourna le papier, afin que sa proie puisse lire. Dessus était inscrit :

RECHERCHÉ
Pour : actes de piraterie ayant entraîné la mort, homicides prémédités de civils, vols de biens, destructions de biens, homicides d’agents du Gouvernement, vols de biens appartenant au Gouvernement, destructions d’infrastructures appartenant au Gouvernement, vols de documents classés secret défense :
WILLIAM AUCKLAY
Tête mise à prix à hauteur de 73 millions de Berrys
MORT OU VIF


Son prix avait augmenté. Or, 73 millions desquels on retranche 30% est égal à... Cela le fit presque sourire, l’absurdité de la pensée, isolée dans un concert d'apitoiement, qui l’étreignit par rapport à sa situation lui semblait cocasse.

- Au moins, il te restera 100 000 Berrys...

Le bretteur ne répondit pas. Il expira, puis lâcha l’affiche qui flotta un moment avant de toucher le sol. Dès que les yeux de William rencontrèrent l’impassibilité face à lui, il cessa de respirer. La dague que Jan saisit se porta à sa gorge instantanément, en un coup d’une horizontalité parfaite, déchirant la chair et les nerfs, passant entre les vertèbres. L’encéphale au regard étonné hésita, puis tomba mollement à terre en une seconde, soulevant un dernier nuage de poussière, le sang commençant à gicler des artères sectionnées. Un amas de chairs et de cervelle à 51,1 millions de Berrys, qui gardait les yeux ouverts et la bouche close. Ça y est. William Aucklay était mort. La malfaisance, l’arrogance, la violence, scellées. Le sourire, disparu. L’intelligence, dissipée.

Le dernier cadavre qu’il laissait derrière lui.

Il ferma les yeux.

C’était fini.

Presque.

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 Sujet du message: Re: [Fanfic] La Plume et la Flamme
MessagePosté: Sam 15 Oct 2011 17:09 
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Épilogue :

Le continent est tellement différent des îles. Il est... comment dire... Les qualificatifs étaient difficiles à trouver. Il était juste dans un autre monde. L’absence de mer, d’effluves salées et de ports n’étaient pas impossible à soutenir, mais plutôt déroutant pour lui. De toute façon, Skyler ne comptait pas s’éterniser ici. En fait, il ne savait pas où aller après. Tout ce qui s’est passé durant les derniers jours l’a empêché de songer au futur. À « après ». Après ça. Le moment qu’il attendait depuis exactement dix-sept années, à quelques jours près. Dix-sept ans. pensa-t-il. Merde, dix-sept ans... Toute sa vie depuis ce sinistre jour. Ce songe revint dans son esprit, comme un goût aigre d’innombrables fois ressentit. Les fragments d’images qui lui restaient n’étaient que plus que discrètes vagues face à ce sentiment qui l’étreignait, celui d’une vie de combats enfin achevée, d’un rêve devenu réalité. Oui, il y était là, près de Marie-Joie, et il avait ce qu’il avait recherché depuis si longtemps. Il regarda la bourse de velours rouge dans sa main, grosse comme son poing et lourde comme de l’acier. Voilà ce qu’il avait obtenu après tout ce temps, et qu’il avait protégé si chèrement. Le soleil brillait de mille feux, mais il ne ressentait pas la chaleur, les murs épais et immaculés garantissaient une fraîcheur parfaite. Il se trouvait accoudé au rebord d’une fenêtre qui offrait une vue sans égale sur la région verdoyante, car se trouvant au cinquième étage d’une habitation sur une colline escarpée. L’intérieur de la pièce était décoré de blanc et d’or, aucune trace de poussière n’apparaissait dans la clarté céleste. C’était l’antichambre d’un palais, un des plus anciens du continent, mais Jan n’était pas là pour admirer la finition du bois. Ses tempes grondaient d’impatience, il vibrait pour un futur qui le surprit sous la forme d’une porte qui s’ouvrait dans un nuage de silence. Se glissa une ombre obscure, en fait un colosse habillé d’un costume noir, portant des lunettes teintées et des gants de cuir. Ses lèvres étaient figées dans une moue réprobatrice, même quand il parlait de sa voie profonde et lente.

- Sa Majesté daigne vous accorder une courte audience. J’espère que vous connaissez le protocole que vous devez appliquer en présence d’une personne du rang de Sa Seigneurie.

Jan ne cilla pas, ne répondant que du regard à la question posée par les yeux derrière les verres sombres.

- Veuillez me suivre, continua le laquais, impassible.

Il disparut dans l’entrebâillement, avec sur ses talons un Jan tendu et pensif. Les différentes coursives qu’ils traversèrent parurent comme un seul et unique long corridor rectiligne, qu’il emprunta absent, les esprits planant loin des couleurs pures et de l’orfèvrerie boisée. Aussi rapidement qu’il avançait, il se remémorait ce pourquoi il était là, les étapes qui l’ont amenés ici : sa jeune enfance, sur une île loin de tout, l’attaque, le réveil, les cendres et les cadavres, la survie, seul, et puis la recherche, cette quête qui amena un garçon de neuf ans à parcourir des lieux que les mers voudraient oublier, pour espérer retrouver, apercevoir ceux qu’il n’avait pas déjà vu morts dans les restes de son village, parmi les corps pâles et mous. Cela lui prit trois ans, trois années d’enquêtes et de voyages, de questionnements et d’espoirs figés, pour parvenir à trouver et à atteindre là où ils avaient été emmenés : ici même, sur Redline, dans l’enceinte même du bâtiment dans lequel il marchait. Il ne put les voir à cette époque, mais savait qu’il s’était tenu là où ils vivaient, qu’ils n’étaient qu’à quelques murs de lui, et cela était déjà pour lui un succès.
Devant lui, le majordome s’arrêta, et se tourna face à lui, droit à côté d’une porte anonyme, une étroitesse de bois gris, une brèche dans un couloir secondaire mal éclairé, qui semblait ne pas se trouver dans le même bâtiment que l’antichambre.

Enfin. J’y suis. La pièce dans laquelle il rêvait, jour et nuit, de revenir, était là, derrière la porte. Il sentait l’empressement gronder en lui, ses sens étaient accentués par l’évènement ; il avait attendu ce moment toute sa vie. Il était déjà venu là, et savait ce qu’il y retrouverait. La première fois, il était arrivé plein de doutes, d’interrogations humaines qui eurent une seule réponse brève et tranchante. Mais maintenant, il savait ce qu’il faisait, et ses questions s’étaient envolées ; dix-sept ans après, il venait pour un résultat, et même si toutes les autres possibilités ondulaient discrètement dans sa tête, il savait qu’il avait fait ce qu’il fallait. Il n’avait fait qu’avancer, n’avait jamais hésité, et avait essayé de faire au mieux, et au plus rapide, étreint par une détermination fervente quant à sa réussite. Le recul n’était plus possible, il savait alors que son destin se dessinera derrière l’embrasure aux côtés de laquelle il se tenait, immobile dans sa fièvre tremblante. Une inspiration assurée plus tard, il toucha la poignée d’un geste doux et poussa lentement.

La porte n’était pas assez large pour faire passer un homme adulte de face, ce n’était qu’une ouverture dissimulée parmi tant d’autres en ce lieu. Jan la savait placée sur le côté de la pièce, afin que celui qui la traverse reste le moins longtemps face au représentant de la Noblesse Mondiale. De marbre gris clair zébré de blanc, la salle respirait l’autorité, la froideur des pierres mettant mal à l’aise l’invité perdu dans la structure longiligne. Les rangées de colonnes de chaque côté de la pièce assombrissaient les pans de mur d’où surgissaient parfois les serviteurs, jaillissant comme lui de nulle part, et se projetant vers l’allée centrale tapissée de rouge vif, dont l’éclat resplendissait dans la dorure du soleil. Derrière les piliers s’étalaient le jour lumineux provenant du mur du fond, à gauche de Jan, à travers des vitres munificentes et brillantes. Des pas résonnaient dans l’étroitesse de la nef, discret battements dont le cœur était la petite assemblée devant les vitres, centrée autour du trône que Jan put détailler subrepticement du coin de l’œil, la tête péniblement baissée. Un contre-jour travaillé laissait entrevoir le Dragon Céleste, membre de la noblesse mondiale, grasse silhouette aux reflets miroitants, avachi sur son vaste dossier molletonné. Derrière cette vaste ombre apparaissaient de plus petites, contours affables de conseillers et d’intrigants, chuintant et pestant. Il passa la ligne de contraste, s’immergeant ainsi dans la lumière, et d’un geste souple, mit un genou à terre au milieu de la pièce, une dizaine de mètres en face du maître des lieux, les yeux rivés sur le sol, la mâchoire serrée et le cœur battant. Les sons qui pouvaient se faire entendre s’éteignirent furtivement, et il entendit le Dragon Céleste demander d’une voix pataude, à l’écho fragile :

-Moui ? Qu’est-ce ?

Il imaginait les secrétaires souffler quelque chose au Noble, puis, d’un timbre posé, en articulant puissamment, il prit la parole et déclama ce qui l’avait travaillé depuis si longtemps, expulsant ce qui était enfoui en lui depuis si longtemps. Les mots sortirent de sa gorge telle une armée en rang de bataille, graves et fiers.

- Votre Majesté, je suis ici pour réclamer mon dû. Il y a dix-sept années, feu votre Père a acquis seize domestiques provenant de mon village, dont des membres de ma famille. Je n’ai vu ni ma mère, ni mes frères depuis tout ce temps. Pour les abroger de votre auguste service, votre regretté Père m’a demandé de payer ce que lui avait dû débourser pour s’adjoindre leur labeur, soit 8 millions de Berrys, multiplié au centuple afin de "prouver mon attachement aux yeux de mes proches et ma bravoure aux yeux du monde".

La bourse de velours rouge pesait dans sa main, elle irradiait de colère ; il la posa devant lui, pour que tous dans la salle puissent la voir, se libérant ainsi du devoir qui avait pesé sur ses épaules, obnubilant son âme tel un fantôme que l’on rêve de chasser. Le cliquètement subtil qui s’en échappa quand elle roula sur le tissu fit soulever un frisson de murmures.

- Voici 800 millions de Berrys, en « Larme de Nymphe », les pierres les plus rares et les plus précieuses de par les mers. J’ai réuni cette somme en chassant des criminels pendant plus de dix ans, en éliminant la vermine qui infeste les océans et qui mettent en péril votre juste autorité. Permettez-moi d’en appeler à votre infinie mansuétude, votre Seigneurie, je vous demande humblement et simplement de libérer quelques serviteurs de leurs travaux, en échange d’un pécule qui comblera les infimes désagréments que j’implore.

Cette humiliation était nécessaire ; les choix d’un Dragon Céleste sont indiscutables et définitifs. Leurs décisions pouvaient aller à son encontre, or l’échec lui était interdit à ce moment : il se devait de convaincre son interlocuteur. Le brouillon de pensées qui obscurcissaient son esprit ralentissait la trame du temps, il ressentait chaque seconde comme une nouvelle vie, un destin possible qu’il aurait vécu sans remords, une fièvre d’instants qui surgissait du néant. Le typhon qui dévastait ses songes se tut subitement quand ses oreilles captèrent l’aspiration de l’aristocrate qui s’apprêtait à parler.

- Soit, déclara-t-il lentement, las. Je daigne magnanimement me séparer de cette quelconque plèbe. L’engagement de Saint Auguard, mon regretté père, sera tenu, en vertu de la noblesse d’âme et de statut qui nous ait conférée. Partez, maintenant, et ne nous importunez plus.

Jan Skyler se dressa, de toute sa stature, et fit volte-face pour sortir par la porte d’ébène. Ses pas s’essoufflèrent sur le velours du tapis, mais ils résonnaient en lui tel un chœur de mille voix. Il regardait droit devant soi, le corps altier et fier, enfin un homme, non plus une quête. L’absence du poids de son sabre le déséquilibrait à peine, il l’avait déjà oublié.
Quand il arriva à la porte ouvragée et brillante, il l’ouvrit et la passa.

FIN







Spoiler: Montrer
Cette fan-fiction est officiellement finie, les aventures de Skyler se closent ici.
J'espère que ça vous a plu. Moi, oui.
L'écriture de ces 30 chapitres, qui a duré plus d'un an, m'a permis d'améliorer mon style et mon phrasé.

Ce sujet est maintenant grand ouvert à tous les commentaires, remarques, avis et sentiments.

Je posterais surement à nouveau afin de décrire les "coulisses" de cet écrit, le comment et le pourquoi de mon écriture.

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