Suite de ma découverte des différents travaux de Daisuke Igarashi, suscitée par mon coup de coeur envers
Les enfants de la mer, un constat s'impose en refermant les trois autres publications à être parvenues jusqu'à chez nous. En effet, quelque soit l'univers abordé, qu'il soit emprunt de fantastique ou d'horreur avec
Sorcières, qu'il dégage une impression de contemplation et d'émerveillement avec
Les enfants de la mer, qu'il nous narre nombres d'histoires courtes souvent hallucinées avec
Hanashippanashi, ou bien encore qu'il reste dans un cadre extrêmement réaliste avec
Petite forêt, on retrouve cette même sensation, ces mêmes personnages en totale osmose avec le monde qui les entoure, avec la nature et l'ensemble de ce qui constitue la vie.
Il pourra écrire l'histoire qu'il voudra, que l'on adhère ou non à ses différentes oeuvres - car avouons-le, certaines restent très difficiles d'accès - il est assez impressionnant de se retrouver dans l'univers de Daisuke Igarashi, un amoureux de la vie à n'en pas douter, et un auteur soucieux du moindre détail et profondément concerné par son sujet.
Aucun doute non plus, on ne pourra pas apprécier chacun de ses travaux très particuliers. Néanmoins, même si à titre personnel je ressors de mes quatre différentes lectures avec un avis partagé, en ayant adoré deux, étant resté assez hermétique aux deux suivantes, je ne peux qu'être admiratif devant le talent qu'à cet auteur à traiter d'une vision fascinante de mille et une façon différente. Et une chose est sûre, devant les histoires et les personnages de Daisuke Igarashi, on ne peut se sentir que bien petit face à quelque chose de bien imposant.
Sur ce, laissez moi vous présenter les trois autres titres édités en France, trois séries finies très compliquées à juger, puisqu'elles prendront aux yeux de quelques uns la valeur d'objets indispensables, alors que beaucoup d'autres resteront très austères à ce qui leur est conté.
Sorcières
- terminé en deux tomes
- histoires courtes / fantastique
- éditions Sakka
Après
Les enfants de la mer, le manga de Daisuke Igarashi qui m'a littéralement transporté. Ce manga se compose de quatre histoires courtes étalées sur deux tome, et donc chacune d'entre elle ayant largement le temps et la place d'être développées à la perfection. Daisuke Igarashi va à travers ses planches nous dresser le portrait de quatre femmes, quatre sorcières telles qu'il les conçoit, tantôt vengeresse, tantôt protectrice, mais toute partageant ce point commun, celui d'être en total osmose, de ne faire plus qu'un avec la nature et l'univers.
Ces histoires sont très semblables à des contes, chacune apportant son lot de moralité et critiquant une facette de la société ou de l'humanité, chacune transportant une certaine noirceur pouvant faire passer certaines planches dans un registre presque horrifique. Chacune aura été pour ma part un véritable enchantement.
Nous découvrirons ainsi successivement les destins de Nicole, jeune britannique en voyage à Istanbul s'étant éprise d'un homme important du bazar de la cité. Rejetée et humiliée, Nicole se plongera durant des décennies dans les arcanes de la sorcellerie et l'étude des secrets de l'univers, ourdissant secrètement sa vengeance une fois parvenue au summum de sa puissance. Mais c'était sans compter le départ pour la ville d'une enfant, une jeune tisseuse d'une tribut nomade sans aucun lien avec la sorcière et sa quête destructrice, qui, suivant les signes prophétiques de son art, sera amenée à croiser le destin de "celle qui ne voit pas".
Sans conteste mon histoire préférée de ce manga .
Au coeur de la forêt amazonienne, lorsque le sorcier d'un petit village s'allie à une force gouvernementale désireux de raser une partie de la forêt pour ses profits, et qui se traduira par l'extermination impitoyable de différentes tributs, la grande sorcière sommeillant en son coeur s'éveillera pleine de rancoeur et de haine envers ceux ayant assassiné son bienaimé. S'ensuivra une lutte des plus macabres entre les deux partis où les esprits vengeurs s'éveilleront à l'appel de la sorcière.
La troisième histoire met en scène la grande sorcière Mira et sa jeune et innocente apprentie, Alicia, qui se verront confier par des hommes méprisant et rejetant ce qu'elles représentent et ne comprennent pas, la difficile tâche d'empêcher une terrible catastrophe. Une histoire qui se voudra comme étant une critique envers la bêtise et la haine que peuvent susciter le refus d'accepter ce qui est différent ou qui s'avère hors de notre portée, mais aussi comme un dernier témoignage, un dernier apprentissage d'une mère envers sa fille.
Enfin, le second tome se conclut par le récit d'une jeune adolescente perdue et se sentant étrangère à sa propre existance, Hinata, qui, sur un coup de tête, partira pour un voyage qui l'amènera à découvrir à la fois la plénitude de la vie et tout ce qu'elle recèle, mais aussi la perte de tout ce qu'elle est. Le tout à travers une rencontre étrange et fascinante d'une autre jeune fille sachant entendre et ressentir ce que le monde a à offrir.
Un excellent manga.
Petite Forêt
- terminé en deux tomes
- tranche de vie
- éditions Sakka
Petite forêt est un récit extrêmement atypique. Le manga est très bon malgré le fait que n'ai pas apprécié. Il est l'une de ces histoires qui ne vise et ne pourra vraiment intéresser qu'un lectorat très restreint en raison du thème abordé et la façon dont le tout nous est conté.
Cette histoire donc nous présente le personnage de Ichiko, une jeune femme vivant dans un petit village isolé au nord du Japon du nom de Komori, signifiant "petite forêt". Vivant seule et étant revenue dans ce village après une expérience ratée en ville, Ichiko renouera avec ses racines pour se dévoiler comme une fille forte et courageuse, pleinement consciente de toutes les richesses que peuvent lui octroyer la nature qui l'entoure et parfaitement capable d'en tirer un maximum de profit. Nous la verrons donc évoluer dans des conditions de vie très rudimentaires, chaque chapitre étant l'occasion pour elle de nous dévoiler l'usage ingénieux de chaque herbes, chaque légumes issus du fruit de son labeur, pour un résultat surprenant rendant hommage à ce qu'était autrefois la relation entre l'homme et la nature. Chaque chapitre est une nouvelle recette où, en ne partant de presque rien si ce n'est les fruits de ses efforts et l'étendue de ses connaissances sur ce qui l'entoure, Ichiko nous proposera à chaque fois des plats et des techniques plus appétissants les uns que les autres.
L'histoire de ce manga n'avance qu'essentiellement à travers cet aspect là, ce qui m'a gêné et empêché de véritablement apprécié cette lecture. Car en plus de ne pas être un grand amateur de gastronomie, je dois dire qu'il est encore plus difficile de pleinement s'immerger dans cette culture et cette cuisine que peu doivent connaître, surtout au vu du souci du détail très poussé dont fait preuve Igarashi. Il faudra vraiment être familier et passionné par le Japon pour pleinement apprécié toute la saveur du manga, dont je reconnais volontiers les qualités sans toutefois pouvoir l'apprécier.
Ce qui est très dommage, surtout au vue de cette histoire très intéressante qui se glisse à travers les différents chapitres mais bien trop peu mise en avant à mon sens. Le but premier du manga étant de faire ressentir cette harmonie qui peut être crée entre l'Homme et son environnement.
L'histoire en question nous dévoile une Ichiko bien plus tourmentée que ce qu'elle peut bien laisser paraître à travers deux faits l'ayant marquée. Le premier étant l'abandon de sa mère lorsqu'elle était encore enfant, qui disparut du jour au lendemain sans laisser de traces derrière elle. Un sentiment d'abandon l'ayant évidemment marqué et qui reviendra régulièrement la hanter à travers des souvenirs et des goûts qu'elle cherchera à égaler. Le deuxième fait marquant sera les raisons de son retour à Komori, entre échec amoureux et dépaysement face à un monde où elle ne se reconnaîtra pas et qu'elle fuira vers, à défaut, un lieu plus rassurant, même si ne répondant à ses attentes.
Une histoire qui aurait vraiment pu me passionner si tant est que le propos de l'auteur en eut fait son thème principal.
Un manga très spécial réservé à un public particulier je pense.
Hanashippanashi
- terminé en deux tomes
- histoires courtes / fantastique
- éditions Sakka
Impossible de résumer ce manga, recueil de 44 histoires courtes d'Igarashi, toujours dans le même ton et cette même impression d'émerveillement qui submerge ces autres titres. Toutes partageant cet univers fascinant et étrange où le monde contemporain rencontre des phénomènes fantastiques et poétiques où la nature s'en trouve sublimer par le style très particulier de l'auteur.
Hanashippanashi est vraiment un titre qui peut se prendre comme un recueil de petits contes très agréables à suivre. Loin d'être un indispensable, mais un très bon titre pour ceux qui auraient apprécié ces autres travaux. J'ai personnellement terminer mes lectures par ce manga, ce qui constitue une parfaite conclusion, légère et magique, à la découverte des oeuvres de Daisuke Igarashi.