Les jeux olympiques de Londres 2012 viennent déjà de s'achever, et quoi qu'en disent les pisse-froids, moi j'ai pris mon pied.
I. Le volet économique.Alors comme ça les sommes investies pour ces jeux olympiques sont trop importantes?
Que la dette de la Grande Bretagne va se creuser?
Que tous les médias et les grandes multinationales avilissent le sport par leurs vilains billets?
C'est vrai, il y a toutes ces entreprises qui n'ont rien glandé et n'ont fait qu'affaiblir une conjoncture économique catastrophique pour nos cousins d'outre-manche. Les hôtels, les restaurants, les magasins... ils se sont tournés les pouces pendant quinze jours. Tout le cash flow injecté dans l'économie anglaise, peanuts. Il faut oublier également toutes ces entreprises de BTP qui ont dû mettre la clef sous la porte parce que la ville de Londres ne voulait pas investir dans de nouvelles infrastructures pour accueillir des centaines de milliers de touristes venus du monde entier. Ne parlons même pas de ces pingres londoniens qui ont préféré garder leurs anciens stades vétustes plutôt que d'investir dans des complexes derniers cris. En plus d'être radins, les anglais ne sont pas partageurs. Ils n'ont pas fait appel à des entreprises étrangères pour les fournir en matériel forcément nécessaire à la réalisation d'un tel évènement. Nos petites entreprises de fabrique de drapeaux ou bien d'agrès de gymnastique en pleurent encore. Mais après tout, pourquoi se casser les pieds pour un évènement si peu populaire?
D'ailleurs, on a pu l'observer grâce à des plans particulièrement ajustés des réalisateurs débutants pendant les épreuves diverses et variées, les lieux où se déroulaient les épreuves étaient vides. On en a fait des choux gras de toutes ces places invendues dont personne ne voulait. On a même refilé gentiment des billets aux sponsors, mais bon, dur de trouver des volontaires pour se farcir des jeux olympiques gangrenés par l'argent. Remarquez, quand on est obligé de brader des tickets VIP à 2000 livres pour assister à la cérémonie d'ouverture, c'est que la demande est vraiment faible. Mais c'est vrai qu'on oublie de préciser qu'il reste des tickets, certes moins bien placé, mais à des prix beaucoup plus abordables.
soureHeureusement que tous ces médias corrompus qui excitent les passions à coup de publicités mensongères pour vanter les exploits de sportifs dopés sont là. C'est vrai que faire du banal de l'exceptionnel, c'est tout un art. Des années de journalisme parviennent heureusement à nous faire passer des vessies pour des lanternes. Heureusement aussi qu'il y a des polémiques pour faire remonter l'audimate dès que les épreuves du lancer de marteau arrivent.
Et quitte à faire des Jeux Olympiques, pourquoi ne pas faire juste des résumés de fin de journée. Ce qui intéresse les gens, ce sont les médailles et les résultats. Le reste? On s'en fout. D'ailleurs si France 2 a eu une part d'audience la première semaine, la plus élevée depuis 2006, c'est juste parce que les français avaient tous oublié d'éteindre leur télé avant de parti en vacances.
sourceEt c'est vrai que cette règle des économistes classiques a été remise depuis longtemps au placard, mais reste toujours adéquate pour que les néophytes saisissent l'essentiel: l'offre égale la demande. Les médias ne répondent pas à ce qu'attend le public, dans le cas contraire on parlerai tous les jours de la faim en Afrique, de la violence des combats en Syrie ou encore de tous ces moines bouddhistes qui s’immolent mensuellement au Népal. Non, parlons plutôt de cette fameuse croissance dont on parle tout le temps, et qu'il serait bon de faire grimper. Et c'est vrai que les jeux olympiques (ou d'autres évènements sportifs) n'ont jamais apporté à l'économie d'un pays.
II. Le volet politiqueC'est beau le sport. Des hommes ou des femmes qui n'ont pas porté de jogging ou d'une paire de tennis depuis des décennies peuvent enfin parler d'un sujet qu'ils maîtrisent à fond.
Poser à côté de ces beaux athlètes débordant de testostérone, de cette fougueuse jeunesse immortelle, qui a t il de plus valorisant? Montrer qu'on s'intéresse à des sujets populaires, en disant qu'ils sont essentiels pour l'avenir d'un pays. Mais au final, le budget allouer au sport est toujours ridicule. Il est beau de stigmatiser LE sport qui par sa popularité a réussi à le faire vivre aussi bien au niveau amateur que professionnel sans que l'Etat n'investisse une somme permettant de le développer. Non, il préfère applaudir ces athlètes qui , contre vents et marrées ont su courber l'échine pour avancer et toucher l'or olympique, tandis que les politiques préféraient s'allouer des revenus parlementaires totalement justifiés. J'aime l'idée qu'il faille que nos athlètes vivent à la dure pour progresser, car après tout, le sport n'est qu'un prolongement de l'armée.
Déjà dans la Grèce antique, les jeux olympiques s'inscrivaient dans une période de trêve où les champions de toutes les cités helene s'affrontaient. De nos jours, au lieu de se balancer des bombes sur la tête, les états préfèrent s'affronter pacifiquement. Les enjeux politiques derrières sont bien sûr énormes. Montrer que sa nation est une nation sportive, c'est montrer aux yeux de la terre entière que la jeunesse est dynamique, qu'elle est moteur dans la vie de son pays. On retrouve donc de manière générale des pays développés dans le haut du panier. Ne parlons pas forcément de l'or qui est un indicateur, certes intéressant, mais le sport subit trop d'aléa pour être pleinement explicable sur une donnée. Prenons en compte le nombre de médailles, ce qui nous offre un échantillon plus intéressant.
Et quand on compare le top 20 et le G20, on va retrouver quasiment tous ces pays, et cela dans un ordre très proche de leur poids économique. On notera quelques exceptions, mais mis à par l'Inde, l'Arabie Saoudite et l'Afrique du Sud qui ne rentrent pas dans le top 20 des médailles, on a une photographie particulièrement intéressante de la hiérarchie mondiale.
Les Jeux Olympiques c'est donc bien plus qu'une simple réunion de pays pour des épreuves sportives. C'est un combat pour montrer aux yeux de la planète entière la valeur de chacun des peuples. Alors oui, c'est assez trivial, presque puéril. Mais qui ne s'est jamais posé les questions: "qui va le plus vite? Qui saute le plus haut? Le plus loin? Qui nage le plus vite..."
Gagner ces compétitions, c'est donc fondamental pour l'impitoyable jeu du
"Qui est le plus fort?" . Et un pays qui a "1 plus fort" rayonne internationalement. Un pays comme le Kazakhstan se met à exister au niveau mondial en se plaçant à la douzième place au classement des médailles d'or. Et si on oublie Bob Marley, qui parlerai de la Jamaïque sans ses sprinteurs?
III. Le volet sport.Je vais essayer de faire très vite sur le dopage et les soit disantes injustices, avant d'aller sur des sujets qui me tiennent plus à coeur.
Le dopage est un mal. Pas parce qu'il améliore les performances, mais pour deux autre raisons à mes yeux. Tout d'abord parce qu'il peut avoir des répercussions sur la santé. On ne peut laisser sciemment quelqu'un se détruire. Le deuxième point, et qui me parait plus justifié, plus romantique peut être aussi, c'est qu'on veut voir les hommes et les femmes se battre avec le corps que la Nature leur a donné, et comment ils ont réussi à le dompter. On parle aussi de dopage technologique quand certaines avancés permettent d'améliorer les performances. Ca a été le cas avec les combinaisons en natation. Et j'imagine qu'il n'est pas évident à fixer un cadre précis à cela.
Concernant le règlement et la charte olympique bafouée, je fais parti de ceux qui aiment exploiter au maximum les règles. La tricherie est autorisée tant qu'on ne se fait pas prendre (ce qui marche aussi pour le dopage). Pour ce qui est des anglais, j'ai trouvé la cabale qui leur a été faite par certains, vraiment excecrable. Ils n'ont rien fait d'hors la loi, ils permettent même aux fédération de retravailler les règles pour éviter ce genre d'abus à l'avenir. De la même manière, si une équipe désire perdre pour une quelconque raison (se faciliter un parcours ou faire perdre un rival), je ne vois pas ce qu'il y a de choquant. Le problème, c'est que le sport est, à juste titre peut être, considéré comme un spectacle. Donc voir des gens perdre, ne pas se donner à fond, tu te sens trahi, toi pauvre spectateur. Je trouve ça au contraire super intelligent, que le sport ne soit pas uniquement des athlètes musclés jusqu'aux sourcils, mais des hommes capables d'utiliser leur cerveau pour concevoir la meilleur stratégie possible pour atteindre leur but.
Ce que me tient plus à coeur, mais c'est parce que je suis un footeux, c'est tous ces bien pensants, ces supporters qui comparent le foot, et plus particulièrement notre équipe de France, avec les autres sports.
Tout d'abord, sur Terre, tu dois avoir trois ou quatre sports qui ont un niveau de médiatisation planétaire. Le football, le tennis, le basket NBA, le baseball et le football américain. Trois de ces sports jouissent d'une exclusivité américaine. En Europe, le football est une religion. Sortez un peu de la France pour vous en apercevoir!
On se retrouve avec un sport, le football, sur médiatisé. Mais parce qu'on est nombreux, et moi le premier à vouloir en consommer. En même temps, toutes ces stars de la musique ou des films, on les aime aussi pour ce que la presse people en fait.
Bref, d'un côté on a un sport qui bénéficie de revenu extraordinaire, qui, toujours en vulgarisant, répond aux lois de marché de l'offre et la demande. De l'autre, on a une pleiade de sports, certes sympathiques à regarder une fois tous les quatre ans, mais dont on irait pas regarder une compétition tous les week end en stade ou à la télé.
On prétend que ce sont des enfants gâtés. C'est probablement vrai, pour certains d'entre eux. Mais ils ne représentent pas un tiers des footballeurs professionnels. L'argent qu'ils ont, ils ne l'ont pas volé que je sache. Ils vendent leur force de travail toujours en suivant des règles d'offre et de demande.
Quand à leur patriotisme, c'est toujours plus simple quand on gagne. En plus si jamais tu déconnes, plus tu seras sous les feux des projecteurs, plus tu morfles. Logique, il y a un devoir d'exemplarité.
Mais qu'on arrête de me dire que tous les athlètes sont des gens modèles et qu'au foot ce sont des délinquants en puissance.
Exemples, Teddy Thamgo, le grand espoir du saut en longueur français qui n'était pas là aux JO de Londres. J'ai entendu des journalistes regretter sa présence. Alors que cet individu a roué de coups une femme cette hiver pour la simple raison qu'elle racontait à tous qu'il avait couché avec elle. La fédération a voulu étouffer l'affaire, et la jeune femme s'est battu au sens figuré pour pouvoir porter l'affaire devant la justice. D'ailleurs c'est amusant, mais dans les médias on en parle pas. M'Villa qui ne sert pas la main de son coéquipier en sortant du terrain à l'Euro 2012, il fallait lui interdire de revenir en équipe de France.
Je vais pas m'étendre sur lui, les absents ont toujours tords, il n'était pas aux JO. Mais j'ai un autre exemple dans ma poche.
Mahiedine Mekhissi, médaillé d'argent au 3000 stipple. Qui a participé à une des images les plus fortes des JO à ma sensibilité. A savoir l'échange de maillot et l'embrassade avec Kemboi, le gagnant de l'épreuve. On oublie que l'an dernier il s'est battu avec Mehdi Baala à la fin d'une course. C'est un peu loin? Rappelez vous des championnats d'Europe d'il y a un mois à Helsinky, lorsqu'à l'arrivée il pousse violemment la mascotte de la compétition.
Mais un mois plus tard et une médaille d'argent dans la poche, c'est devenu un héros.
Des exemples comme ça, dans le sport il y en a plein. Alors par pitié arrêtez de vouloir les comparer avec les footballeurs qui sont tout autant irréprochables dans leur grande majorité que la grande majorité de tous les sportifs.
IV. Le volet conclusion.A peine la cérémonie de clôture des JO avait commencé, que déjà des individus commençaient à critiquer le spectacle. Comme quoi mettre de la musique et des groupes anglais c'est nul. C'est vrai qu'on est en Angleterre que diable, mais on s'en fout, c'est les JO quoi. Les Jeux Olympiques ça veut dire que c'est du sport pas de la musique.
Ils voulaient quoi? Qu'on éteigne la flamme et puis basta. Hop c'est fini en cinq minutes, et je peux regarder un épisode de Private Practice?
Le sport est une activité universelle. Partout sur la Terre et de tout temps, des activités sportives ont lieu. Et il faut se battre pour qu'il continue de se démocratiser.
La musique est elle aussi une activité universelle. Même les sourds sont capables de ressentir les vibrations de la musique. L'Angleterre est un magnifique pays berceau des plus grands groupes de musiques. Queen, The Beatles, The Who, The Rolling Stones, The Sex Pistols, The Clash, Eurythmics, The Spice Girls, Muse ... Ces groupes ont fait et font toujours vibrer des millions de gens à travers les nations.
On a pu réunir deux activités propre à l'humanité. Et non, les gens ne sont pas contents. Ils s'attendent à une cérémonie sans saveur, et ne veulent pas transcender l'union mythique de l'humanité à travers tout ça.
Quand je vois tous ces sportifs, venant de pays tous si différents, pratiquants des sports différents vibrer ensemble grâce aux chansons de George Michael... Je ne crois pas qu'il y ai de mots pour exprimer ça. C'est un véritable voyage au sein même de notre espèce.
Et je suis triste de voir que certaines personnes restent imperméables à tout ça. Trop lobotomisées par des années d'une consommation de produits vérolés? Insensibles au mysticisme de telle scène?
Alors oui, c'était peut être un peu long de voir que des chanteurs. Mais bon, si c'est pour voir la flemme s'éteindre, il suffisait d'aller se coucher, demain t'aura un résumé tout fait. Quand je vois tous les groupes qui sont passés, je me dis que les 80 000 spectateurs plus les athletes et les bénévoles sont vraiment des privilégiés. Un woodstock d'un autre genre.
V. Le volet coups de coeurs.Toutes nos médailles ont été géniales. Entre Lavillennie qui a su nous tenir en haleine jusqu'à la dernière seconde jusqu'à la médaille de bronze de Racinet-Réau au tire, 12 ans après sa médaille d'argent à Sidney, les français m'ont régalé.
Alors pour le bilan, c'est vrai qu'on peut être un peu déçu. La deuxième semaine, beaucoup plus pauvre que la première pour nos tricolores. Et c'est vrai que le judos et la natation nous ont fait connaitre de grandes joies. Mais avec 11 médailles d'or, on se retrouve dans nos objectifs de médailles de ce métal. Et de manière général on se retrouve avec 34 médailles qui est dans la moyenne de nos dernières olympiades. Donc rien de catastrophique.
Mais comme beaucoup j'ai décroché un peu avec la deuxième semaine. Pas par le manque de français en compétition, mais surtout par l'échec des bleues en demi finale à Wembley. Je parle bien entendu du foot féminin. J'ai eu le coeur déchiré de voir notre équipe tout tenter contre des japonaises opportunistes. Toucher des poteaux, des barres, une jambe, un pied à chaques tirs. Après la défaite, qui m'a quasiment anéanti, je me suis dit: "la médaille de bronze, c'est pas si mal".
Et ce match pour la troisième place, a été génial. Des françaises magnifiques, qui ont porté leur rêve, et le mien aussi, jusqu'au arrêts de jeux. Et les canadiennes qui nous poignardent dans les trente dernières secondes. Si je n'avais pas été fait de sucre, je crois que j'en aurait pleuré.
C'est pour ça que j'aime le foot, qu'on peut être dominé tout un match, mais perdre à la fin sur une action. Ca fait vraiment mal d'aimer pour le coup T_T
De manière générale, je retiendrais les légendes Phelps et Bolt. La troisième médaille d'or d'Estanguet en quatre olympiade. L'embrasse dont j'ai parlé plus haut.
La performance de Jessica Eunice. Le nouveau trophée des Experts en handball. La merveilleuse compétition des basketteuse française.
La piste d'escrime avec la coréenne prostrée dessus. Pistorus, le premier athlète handicapé concourir avec les "sains".
Et les larmes de Felix Sanchez au moment de son hymne national.