Bullzor a écrit:
Jack Rackam a écrit:
Peut être que Bulzor pourrai nous apporter plus d'informations à ce sujet ? Je crois qu'il est prof d'histoire en collège, mais le Brevet reste tout de même un examen national donc la procédure doit être assez similaire.
En ce qui concerne les sujets d'examens, les Inspecteurs Pédagogiques Généraux de chaque matière choisissent par suggestion des Inspecteurs Pédagogiques Académiques et Régionaux des professeurs très bien notés pédagogiquement, ceux les plus à même de proposer des sujets pertinents pour les examens car maîtrisant le mieux le sujet.
Après propositions des personnes désignées, les Inspecteurs choisissent quels sont les éléments retenus en vue de l'épreuve. Normalement, tout est fait pour alors coller aux inspirations des programmes en cours et mettre en avant des capacités renouvelés en ce qui concerne les attendus de ceux qui se soumettent à l'examen.
Toutefois, on ne reste pas à l'abri d'un décalage entre les attendus du Ministère, des inspecteurs et les vues des professeurs sur le terrain.
Ce n'est pas exactement comme ça que ça se passe. En tout cas pour moi, qui depuis cette année fais partie d'une commission d'élaboration de sujet de bac (d'ailleurs, l'un de mes sujets est tombé: je me gausse!)
Mon recrutement pour cette commission a été fait à l'arrache complètement. J'ai reçu un coup de fil de mon IG (les big boss nationaux) sur mon portable pour me proposer la chose. Vu la matière, j'ai d'abord cru à une blague. Mon nom avait été proposé par un collègue, lui-même fraichement recruté. Donc oui à la question d'être repéré/proposé, mais pas uniquement par des Inspecteurs académiques, et pas uniquement sur notation. C'est bien du réseau, mais ça reste assez informel.
Sur le déroulement, en gros, on propose des sujets, on se réunit pour en discuter, on repart chez nous, on amende et on se revoit pour finaliser et faire ce qu'on appelle le "cobayage", c'est-à-dire qu'on teste le sujets finalisés. Après, on boucle les sujets, on en fait une "pile", et plus tard, dans le secret des dieux, l'IG et l'universitaire "parrain" (car il faut un spécialiste de la discipline pour signer les sujets) de l'épreuve choisissent dans le tas ceux qu'ils veulent voir tomber. Et ils peuvent complètement les transformer (c'est arriver dans ma commission l'an dernier, ce qui a bien énervé ses membres d'ailleurs, parce que le sujet est devenu n'importe quoi dans le finish).
Côté rétribution, faisons tomber un mythe: on ne gagne rien de manière pécuniaire dans l'histoire, c'est même le contraire. Ma commission est localisé en province, dans une ville où l'hôtellerie n'est pas donnée. L'Education rembourse les nuits à 45 euros max, là où la moindre chambre d'hôtel commence à 60 euros. 15 euros minimum de ta poche par jour pour siéger. Sans compter le repas du soir. Bref, dans une commission de bac, tu as des chances de payer pour bosser.
La rétribution est autre: 1°, tu ne peux refuser un service à un IG; 2°, ton IG te le revaudra normalement, tôt ou tard. Dans mon cas, j'ai déjà eu, immédiatement, plusieurs propositions de carrière, plutôt sympa, que j'ai refusées parce que ne correspondant pas à ce que je veux (postes prestigieux, mais en province). Du coup je ne sais pas ce que ça donnera. Mais je suis tenu de faire et d'attendre.
Parmi les trucs anecdotiques amusants, notons qu'on n'a pas le droit d'utiliser internet pour se communiquer les sujets, confidentialité oblige. On passe donc par des CD-rom, fournis, sur lesquels on met nos sujets, qu'on renvoie par plis postaux spéciaux (via notre établissement par exemple). Sur place, lors des réunions, officiellement on doit travailler sur un unique ordinateur, géré par l'inspecteur en charge de l'épreuve, et n'ayant pas accès à internet. Toutes les modifications des sujets doivent être manuscrites, et la secrétaire du service du rectorat concerné les saisit elle-même ensuite. Elle doit gérer les "véritables" sujets qui seront utilisés. Et non devons cramer nos sujets, pris ou non, sitôt la commission ayant siéger.
Je vous passe les questions d'ergonomie, l'horreur dans la gestion immédiate du travail. D'autant qu'on travaille lentement, qu'il faut que tout le monde donne son avis, etc.
Voilà en gros pour les détails que je connais.
Pour les sujets de cette année, en français (je n'ai pas participé à cette commission: par définition on ne doit pas participer si on enseigne à une classe qui passe l'épreuve), pour la filière technologique (mais dans l'ensemble des filière, en L et ES/S pour d'autres raisons), j'ai trouvé honteux le sujet proposé. Corpus pléthorique et avec une icono quasi inexploitable, une problématique en poésie imbitable avec les élèves de filière technologique (je suis bien placé pour le savoir: je l'avais tenté l'an dernier avec des élèves super dynamiques et curieux, et ça avait été le bide de l'année, et la seule séquence où ça s'est mal passé à l'oral ensuite), des auteurs que les élèves ne peuvent avoir vs dans leur cursus (qui a travaillé Joë Bousquet ici? un texte de Max Jacob?), et des questions de corpus redondantes, c'est la totale.
Je suis dans les copies en ce moment, je rame comme une bête pour ne pas casser les élèves, mais le sujet d'invention ("faites un poème à partir de la lettre de Van Gogh fournie". Si si.) et la dissertation (heu... comme toutes les dissertations) flinguent le paquet.
Heureusement que pour me remonter le moral, aujourd'hui, j'ai pu mettre un 16, un 17, un 18 et même un 20 à l'oral (bon, le 20, c'était juste miraculeux: une merveille d'exposé et d'entretien). Journée faste! (c'est pas tous les jours comme ça, fantasmez pas: j'ai explosé ma moyenne journalière aux oraux de français).