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 Sujet du message: Marie Antoinette :The Virgin Is Lost In Translation
MessagePosté: Ven 26 Mai 2006 21:28 
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Sans doute le film le plus fashion de la saison ... alors, chef-d'oeuvre sur fond de pop-rock ou bouse surestimée irréspectueuse de la vérité historique ?

Vous êtes au fond de votre fauteuil, dans la salle obscure. Soudain, la musique démarre, et le casting ainsi que les crédits s’affichent à l’écran. En lettres roses. Enfin, un plan : Kirsten Dunst vautrée dans une bergère, entourée de gâteaux, une servante s’activant à ses cotés, nous jette un regards. Enfin, sur le fond noir se détache le titre du filme. Voila comment démarre ce filme

I don’t know what i’m supposed to be

L’histoire commence avec la jeune princesse autrichienne, catapultée reine de France alors qu’elle n’a que 14 ans. Sa vie au palais familial n’est qu’évoquée, avant qu’elle ne doive subitement devenir française. Amenée à la frontière, elle devra abandonner tous ses effets personnels, chien et culotte comprise, dans une tente placée sur la frontière, ou, symboliquement, elle entre autrichienne et sort française. Par la suite confrontée à la nécessité de s’adapter à la cour française, pavée de masques poudrés et fardés comme des camions volés, régie par une étiquette aussi contraignante d’irrationnelle, ridicule et procédurière. Dans ce nouvel environnement, elle tentera d’échapper à la pression qui pèse sur ses épaules et dépend entièrement de sa capacité à faire un enfant à Louis XVI, pour le moins peu motivé. Pour résumer, le filme aurait pu s’appeler « Virgin lost in translation».

Durant les sept ans ou on ne cessera de lui répéter que sa place de reine est précaire et l’alliance franco/autrichienne sur le point de se rompre, car elle est toujours vierge elle se créera son univers. Entourée des dames les plus amusantes plutôt que les plus sages, de beaux gentilshommes, et de perruquiers extravagants, Marie Antoinette, hermétique au monde extérieur trop contraignant, vivra toute sa vie dans une solitude acidulée et frénétique, et ne sera jamais, finalement, que le témoin inconscient d’un basculement historique qui lui est à tord amputé, mais dont le spectateur ne verra rien.

Home. Sweet. Home.

(jeu de mot inside)

Car Sofia Coppola se fout royalement de la révolution française, et n’inscrit que rarement son œuvre dans le contexte historique. Ce filme est essentiellement une grande expérience formelle, une expérimentation de ce que l’on peu faire avec un gros budget et le palais d e versailles. Les images se succèdent, empruntant des chemins volontiers contemplatifs pour décrire al solitude de la jeune reine, comme au petit Trianon, avec ses lumières caressantes et ses herbes folles, ou dans les froids couloirs du palais. Mais bientôt, le découpage se fait épileptique pour montrer la superficialité de la vie à Versailles, et l’image foisonnante de détails.
On s’amuse aussi avec les anachronismes : oui, il y a une paire de converses violette qui traîne au milieu de l’image, oui le groupe phoenix apparaît, oui la réalisatrice joue sur l’ambiguïté du tabac à prisé : coke ou non ? Tout cela donne au film son caractère ludique de grande bonbonnière pop rock. Kirsten Dunst, rayonnante, nage dans un univers rose pastel ou chaussures, robes et coiffures se confondent avec les pâtisseries amoncelées un peu partout. Une version nouvelle d’Ansel et Gretel, ou la Du Barry ferait office de sorcière si elle n’était évincée très rapidement. Au contraire, Louis XVI, comme pour montrer la rupture entre les époux, évolue plus souvent dans des parties de chasses, les sous bois verts tendres et bruns, ou dans les tristes salles ou des hommes vêtus de noirs traitent de la nécessité d’aider les révolutionnaires américains.

Heart in a cage.

Tout est vu au travers du regard de la reine, omniprésente, et à coté d’elle, on est pas loin de ne voir que des figurants. Le roi ? Molassont d’un bout à l’autre, il n’est là que pour bien montrer à quel point il est autiste. De Fersen, le beau soldat suédois ? Il n’est là que pour joue rau docteur avec elle dans les buissons ? La duchesse de Polignac ? Elle ne fait que glousser. Seul l’ambassadeur autrichien, sorte de Jiminy Cricket attitré de Marie, toujours là pour lui faire la morale, a une présence un peu continue dans le filme. Alors, bien sur, Kirsten joue très bien son rôle, est charmante dans les courtes séquences de « fan-service » type « qu’est-ce que je suis bien uniquement vêtue d’un éventail et de jarretières pastel, » et porte à merveille la perruque choucroutée (qui sert de pretexte à quelques gags très fun, genre « attention, majesté, la caravelle miniature de votre chignon vaporeux est entrain de prendre feu »), mais ça reste un délire formel.

Le filme peine à dépasser la constatation « les mariages arrangés, c’était pas le pieds au pieu » ou « punaise dure d’être une enfant star » et refuse de filmer la désagrégation de l’univers nombriliste de la jeune reine. La foule révolutionnaire, restera une rumeur de cris, quelques visages émergents de la nuit à la lueur de torches, sa violence suggérée par un cours plan de la chambre royale dévastée. Je ne regrette pas d’avoir manqué la séquence d décapitation, mais l’absence de scénario, de rebondissements et d’une vision de l’extérieur empêche le filme d’avoir une portée autre qu’esthétique.

Pour conclure, on dira que Marie-Antoinette est un film un peu prévisible. Sofia Coppola passe manifestement sa licence de « je-refait-le-même-filme » : comme dans Virgin Suicides, Kirsten Dunst cour à sa perte en se débarrassant des chimères de l’enfance. Comme dans Lost in translation le couple phare met des plombes avant de se tenir la main. Pourtant, débarrassé des vapeurs de branchouillade, Marie-Antoinette est un joli spectacle qui réussi à être captivant en dépit de sa lenteur, et de son point de vue unique.

Sophia Coppola, je vous le dis, est en passe de révolutionner l’industrie du cinéma : tout ce qui lui faut, c’est une caméra, une jolie blonde, du pop rock et un directeur de la photographie. Avec ça elle vous pondra un joli clip qui remplira les salles. Il est juste dommage qu’elle néglige totalement d’adjoindre un scénariste à sa dream team.

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Dernière édition par Namienator le Dim 25 Juin 2006 21:42, édité 2 fois.

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 Sujet du message: The Translation is Lost in the Virgin
MessagePosté: Ven 26 Mai 2006 22:32 
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J'ai vu mais je suis sage, je ne dis rien... j'attends de pied ferme ta critique finement ciselée pour éditer mon message... (non non, rien de personnel...)
:Karo petit:


...
Tiens tiens, une critique finement ciselée... Je ne résiste pas à la tentation de répondre, et mobilise mes souvenirs pour parler de ce film qui m'a fait une assez forte impression...

Alors difficile de venir contester le portrait que dresse Namienator, parce qu’il est pour moi globalement juste. La recherche esthétique, ou formelle, est bien un des ressorts les plus importants du film, du côté du scénario une forme de vanité se laisse entrevoir, et la réalisatrice paraît bien reprendre les mêmes thèmes que ceux développés dans ses deux précédents films. Mais à la différence des conclusions qu’en tire Namienator, ce film m’a plu aussi grâce à cela, et loin de voir là ses défauts j’y verrais davantage des qualités. Mais comme je ne crois pas que la critique de Namienator soit totale, je vais juste prendre appui sur cette position pour plutôt m’opposer à ce que j’ai pu par ailleurs entendre sur le film comme éreintements ou réserves. Globalement, j’ai trouvé que ce film était non seulement bon mais beau, ou plutôt devrais-je dire non seulement beau mais bon. C’est un des films à voir pendant la fête du cinéma selon moi si vous n’en avez pas encore eu l’occasion. Je vais donc essayer de le défendre sans avoir l’air trop bobo ou téléramesque (quoique je me demande s’ils ne l’ont pas descendu…)


Jamais deux sans trois
Alors c’est vrai, Sofia Coppola paraît bien reprendre encore et toujours les mêmes motifs, les mêmes ressorts, les mêmes thèmes. Ceux qui le lui reprochent parlent finalement d’une sécheresse ou d’une pauvreté de discours ; ceux qui la défendent avance l’idée d’une trilogie qui expliquerait cet « cohérence » et la justifierait de manière rhétorique. Pour ma part, qu’un auteur, au sens large, reprenne sans cesse et sans cesse le même matériau fondamental ne me gène pas pourvu qu’il en approfondisse l’exploration à chaque fois. Sofia Coppola referait la même chose la prochaine fois j’irais avec plaisir si elle parvenait à faire le même saut qualitatif qu’il y a eu selon de Virgin Suicide à Lost in Translation et de Lost in Translation à Marie-Antoinette sur le plan de ces motifs. Car ce qui m’a gêné dans les critiques qui ont été faites à ce film réside dans le fait que ceux-là même qui l’avaient encensé il y a quelques années sont ceux qui aujourd’hui lui reprochent tout ce qu’ils admiraient auparavant. Qu’il y ait une constance chez un artiste ne me paraît pas un défaut. Les critiques en quête de nouveauté ont souvent pris la poursuite d’une recherche pour un défaut de renouvellement. Et le problème se situe alors à mon avis de leur côté que du côté du cinéaste.

Quels sont donc ces thèmes et ressorts que l’on retrouve à chaque fois ?
- d’abord une Mélancolie, prise dans sa forme particulière qu’est l’Ennui, pris dans sa forme particulière qu’est le Désoeuvrement.
- puis un sentiment d’étrangeté. Un décalage des personnages avec leur environnement. Le film se construit donc autour de jeux de contrastes et d’une esthétique de la faille, de l’écart.
- enfin, à partir de cet écart ou de cette faille, déplacé sur le plan du langage, lui-même faillé, la question de la communication. Tout gravite autour de l’incommunicable à un niveau social (scènes avec la du Barry qui ne prennent sens qu’avec ça parce que sinon ne sert à rien comme le fait remarquer Namienator, outre le jeu du cliché du conte,) de l’indicible à un niveau langagier (dire la fatigue, la lassitude, les sentiments), et de l’innommable à un niveau psychique (tout ce qui relève des tabous, des interdits, ici grossièrement d’abord la question sexuelle, plus généralement le désir). Cela grossièrement à partir de la métaphore de la traduction, et tous le jeu autour des clichés.


Marie-Emma-Antoinette
De ce point de vue, Marie-Antoinette est extrêmement réussi, et tous ces motifs sont poussés à l’extrême, sans les fioritures des deux précédents films, précisément parce que Sofia Coppola a assumé celles-ci, en a fait un matériau de son film en les systématisant. Tout ce qui la hante devait être pris dans un tourbillon de vanité et d’inutilité, et de ce point de vue là c’est admirable. Du coup, une drôle d’impression se dégage du film : à tout moment, pour chaque scène, chaque séquence, le spectateur se voit offrir deux regards superposés et contradictoires entre lesquels il ne peut pas choisir. Même dans les moments où elle est la plus ridicule, Marie-Antoinette reste touchante ; même dans les moments où elle se fait grandiose elle n’en ai pas moins lamentable. Son fantasme de Fersen sur le champ de bataille en est un exemple : absolument ridicule par les clichés déployés, et pourtant nécessaire par le contexte, l’environnement de la reine. Beauté de la cruauté et cruauté de la beauté. Un film sur le rien qui rappelle un livre sur le même thème un peu…

Parce que quand même, cette Marie-Antoinette, elle a tout de la Bovary, à défaut de faire amie-amie avec la du Barry. Elle est prisonnière de ses chimères, capricieuse, inconséquente, mais pitoyable quand même à se traîner ce Grand Charles qu’est Louis dont la niaiserie est l’essence même, et dont la déniaiserie semble une cause définitivement perdue. De plus, ce film se présente bien comme un film sur le Rien. Un film où il ne passe rien, dont le scénario est en trompe-l’œil d’abord (une fausse fable historique), puis complètement vain : plusieurs années racontées a force de répétition et variations autour d’un même thème. Mais c’est bien là une des forces du film : en ne racontant rien ou presque, pour ma part, je ne me suis pas une seconde ennuyé. Parce que précisément tout le discours portait sur ce rien qu’il fallait donc bien exposer. Comment évoquer l’Ennui sans en faire le portrait ? De plus les effets de répétitions loin d’alourdir la mise en scène participent d’une impression d’enfermement et nourrissent les aspirations de liberté de l’héroïne que le spectateur peut du coup mieux comprendre. J’ai trouvé ça assez subtil, et réussi. Là même où il ne se passe rien est créé un lieu ou Ça se passe. Il n’y a pas selon moi un défaut de scénario dans ce film, au contraire. Il y a un scénario qui est fait des tensions autour des repris et retouchés petit à petit. Ce qui se dit ce n’est pas les tribulations de Marie-Antoinette, mais définitivement et uniquement quelques chose qui la dépasse. Et cela ne peut se faire nettement que par l’abandon d’une forme de motivation apparente de l’action. Evidemment ce qu je dis là est précaire, peut être taxé de « facilité » chez Coppola. Mais le film se situe sur le fil du rasoir, et pour celui-là je trouve qu’il s’y maintient habilement. Il pose du coup la question jamais résolu de la poésie au cinéma : qu’est-ce que le poétique à l’écran ? et comment s’y maintient-il dans sa tension avec l’action ?


Bourbon on the Rock
Car le grand mérite de ce film, au-delà de tout ce qu’en a dit de très juste Namienator sur l’esthétique poussée à l’extrême (sorte d’Art pour l’art) relève plutôt pour moi de ce que Ange Bleu en a suggéré. Déterminer où se situe une parole poétique dans l’image mouvante attachée à une trame. Et de ce point de vue on ne peut que faire la comparaison entre l’héroïne et l’entreprise filmique elle-même. De même que Marie-Antoinette est enchaînée à l’Histoire, le film en général se trouve enchaîné à une histoire. C’est de cette tentative irrémédiablement vaine que parle en fin de compte ce film. C’est là que se situe selon moi son discours. Et c’est cela qui en fait le prix, qui fait que dans sa recherche progressive de trois films a avancé et a enfin atteint quelque chose qu’elle n’avait qu’ébauché auparavant. Il fallait exhiber l’adversaire pour montrer le combat, et dans les failles de l’affrontement faire jaillir les pauses, les moments où l’action fatiguée reprend son souffle et laisse le film flottant et pantelant. Alors alternent les moments de combat hystériques comme tous les indices de contrastes (coiffes, gâteaux, danses, etc.) où l’action est portée au carré pour être rendue vaine, obsolète, et ceux où la lutte s’abolit elle-même. Deux façons de refuser de raconter, mais où la première ne sert au fond qu’à amener la seconde.

Emergent alors des scènes troublantes qui évoquent des lieux qui resteront finalement hors champ. Ceux « fin de partie » bien évidemment, dans ces ruines finales de Versailles, mais aussi ceux de la maternité ou des songes comme au petit Trianon. Anecdote : la scène avec Marie-Thérèse parlant avec Kirsten Dunst (car elle n’est plus là Marie-Antoinette, quand l’enfant ne peut être que ce qu’elle est) et cueillant des fraises a été le fruit d’une drôle d’imposture. La petite fille n’avait aucune envie de cueillir les fleurs, mais en revanche elle était fanatique de framboises. Sofia Coppola a donc imaginé le stratagème suivant : truffer les fleur de framboises pour que la fillette se précipite sur elles… Quand on dit que l’image est trompeuse ! Mais cet hors champ, ludique ou essentiel est bien le nerf du film. Une verticalité à laquelle aspire tout le déroulement de l’action, mais qui lui ai fondamentalement refusée. Le film ne peut en conquérir que des instants épars, et doit par ailleurs pour les recueillir dans la trame les altérer, les gauchir, les fixer, leur faisant perdre leur substance mouvante et ouverte. Introduire la poésie dans l’action c’est créer une tension qu’il faut gérer, et Sofia Coppola a choisi d’user du recul, de montrer la faille, l’écart, en cela fidèle à son intuition première, à cette esthétique qui l’a conduite là. La tension qu’elle installe est bien entre la vie et la mort, entre la vie et la mort de l’action nécessaire à un film grand public (on n’est pas chez Jean-Daniel Pollet quand même), entre la vie et la mort des morceaux épars de poésie qu’elle enchâsse dans la trame. Le cocktail n’est peut-être pas original, mais il a goût étonnant, et il est préparé avec soin. Et comme souvent avec les cocktail un peu corsés, c’est une affaire de proportions pour qu’il soit doux au palais, puissant dans la gorge, et qu’il évite le mal de tête une fois consommé.

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Dernière édition par seleniel le Lun 26 Juin 2006 14:21, édité 2 fois.

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MessagePosté: Mer 31 Mai 2006 09:39 
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Lundi, lors du Best Of du Grand Journal à Cannes j'ai revu l'interview d'une Hardeuse. A la question si elle considérait ce qu'elle faisait comme étant du "vrai" cinéma elle répondit : le cinéma c'est avant tout du fantasme et c'est que je donne - du fantasme.

ça m'a plu.

Fantasmer une vie rêvée ou cauchemardée, inventer ou réinventer, sublimer ou rappeler... C'est sans doute cela le cinéma. Et quand un cinéaste s'attaque à une vie fantasmagorique que cela donne-t-il ?

Lorsqu'on est enfant on s'invente d'innombrable vies et mondes. L'avenir semble alors la promesse de lendemains enchanteurs tout en restant une chimère. Qui n'a jamais rêvé d'être un prince ou une princesse ? De vivre dans un palais merveilleux, d'être servi par une armée de domestiques et de prendre part à des fêtes somptueuses ? D'être au centre du monde car étant soi-même le centre du monde ? Mais même quand on vit une telle vie, a-t-on vraiment la vie tant rêvée ?

Pour franchir de nouvelles étapes dans sa vie on ne peut qu'aller vers l'inconnu. Perpétuel étranger dans un monde qu'on cherche à connaître et à comprendre, on cherche tous sa place, l'endroit où mettre son lit, l'armoire où ranger sa garde-robe. Toujours soumis à des règles qui nous échappent et qui nous paraissent ridicule, on finit cependant par les suivre car on espère sans doute que malgré tout on se trouve au bon endroit. Mais quelque soit le lieu où on finit par poser ses valises, on revient toujours à la même chose : de quoi ai-je rêvé ?

Vivre une vie aussi pétillante que du champagne ou aussi douce qu'un gâteau, est-ce le rêve tant recherché ? Que ce soit dernière un masque ou en collectionnant les chaussures, s'enivrer au milieu de ses fantasmes peut devenir une fuite en avant. Comment savoir ce qui est vrai de ce qui est faux lorsqu'on ne sait pas ce qu'on cherche à atteindre ? Et lorsqu'on a le pouvoir de réaliser chacun de ses désirs, qu'y a-t-il encore à attendre du lendemain ? Le pire étant sans doute que l'on soit surmené ou désœuvré, tous les jours qui passent finissent immanquablement par se ressembler si oublie ce qui nous anime. La routine est-elle alors synonyme de vie équilibrée ou d'absence de but ?

La descendance : c'est certainement l'un des rêves le plus répandu au monde. Source de joie infini pour beaucoup et prolongement de sa propre existence, les enfants sont-ils la réponse à notre quête de sens ? Bâtir sa propre maison pour les élever est-ce le secret du bonheur ?

Toujours est-il qu'après avoir fini par faire son trou dans un magnifique jardin et atteint un semblant de quiétude et d'accomplissement, vient toujours le moment des adieux. Qu'on fasse le premier pas ou non, il y a toujours ce dernier regard qui englobe la totalité de ce qu'on a pu être accompli, et cela en fixant une chose le plus souvent dérisoire...
Ai-je compris le monde dans lequel j'ai vécu ? Et toi monde As-tu compris qui étais-je ?

Tel un ballet tourbillonnant sur une musique rock, toutes ces interrogations m'amènent à me poser cette question sur ma propre condition et sur ce que je désire réellement. Question éternellement répétée mais jamais traitée, en elle repose l'espoir d'un certain nombre de mes rêves. Mais à force de m'interroger vais-je peut être manquer les rendez-vous avec mes rêves qu'elle me promet. Alors oserais-je franchir le pas, oserais-je laisser reposer mes espoirs sur elle ainsi qu'une partie de ma vie, oserais-je réaliser mon fantasme de vie rêvée, oserais-je m'en délecter jusqu'à plus soif, oserais-je me prendre une carte UGC ?!

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MessagePosté: Ven 23 Juin 2006 19:47 
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Et voilà, la lapidation a commencé. ^^

désolée de l'absence.

pour conclure, vraiment sur ce filme, tous les ameriquains ont du sortir en se demendant pourquoi nous autre, cons de français, avont fait la révolution. ^^

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 Sujet du message: le berger à la bergère
MessagePosté: Mar 27 Juin 2006 10:05 
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Argh ! doublement argh ! à cause de ce qui suit, et à cause du judicieux réarrangement du sujet qui clarifie mais qui fait que je ne sais plus où répondre ! Du coup éparpillement des discours. Et d’abord…


Non mais non mais non mais !! Qu’est ce que c’est que ce mauvais procès ?! Tu ne t’emballes pas un tout petit peu là, quand même, Namienator ?

Namienatorinette a écrit:
selenouche a écrit:
Pendant que l’une jette des pierres, l’autre lance des fleurs


Vous êtes pénibles, à me diaboliser. Je ne jette pas des pierres, j’ai qualifié Marie-Antoinette de « captivant » … il y a pire comme pavé dans la marre. Je me targue juste d’avoir une démarche critique et réfléchie. Je ‘n’aime pas qu’on me vende du vent, je demande à un filme qu’il me prenne aux tripes, qu’il me donne envie d’y adhérer, qu’il me rende heureuse d’avoir payé le prix exorbitant d’une place de cinéma, d’un ticket de métro etc :luffy langue: … c’est pour ça que je suis exigeante. Moi aussi, après le filme, je mets mes tripes sur la tables pour en donner la vision la plus globale et la plus juste possible. Sans complaisance, certes, avec parfois un goût pour la polémique, bien sur, mais je ne jette pas de pierres.

Si j’avais voulu descendre en flamme ce filme, j’aurais donné tête baissée dans le sarcasme : Sofia Coppola prête gentiment le flan, avec sa vision d’une pauvre petite fille riche, à un humour noir que j’affectionne. Mais, non, je n’ai pas donné dans la facilité, je pense que ça mérite d’être signalé.

Bref, pour la peine, je ne répondrais même pas à ta critique, alors qu’il y aurait tellement à dire, notamment sur le fait que je ne vais pas voir un filme pour observer pendant 2 heures ce qui est hors du champ de la caméra … ;) (en fait, c'est juste qu'on a démarré un débat autrement plus interressant)


Parce que les pierres, ce n’était pas une diabolisation, mais un écho qui se voulait ludique d’avec l’annonce de ta critique :
Namienator a écrit:
Et voilà, la lapidation a commencé. ^^

La lapidation c’est quand même bien lancer des pierres (lapis, lapidis=la pierre) ! Je n’ai fait que suivre ton propre grossissement, pensant que tu l’avais encore en tête, et dont j’ai quand même en outre précisé que je n’étais pas dupe dès le premier paragraphe de mon message sur le film. Je suis d’accord avec toi sur l’essentiel, et j’ai pris prétexte des réserves que tu as émises pour déplacer un peu le débat, là où seulement il pouvait y avoir écart. Pour finir sur les pierres, je te rassure, de toute façon, ce n’est pas forcément être dans une abject lignée que se situer dans ce camp, si par hasard quelqu’un, un jour, te renvoyait véritablement cette étiquette. On sait bien quel est celui qui aurait dû jeter la première pierre, et on peut toujours se consoler en se disant que l’on est un peu celui-là… Mais de toute façon, je précise que je ne me vois pas de mon côté fruit d’une béatification qui m’aurait angélisé (même si la désinence de mon pseudo peut le laisser croire). Le flower power n’a pas de place dans la critique. Là encore c’était ludique et caricatural… Ferai plus explicite la prochaine fois… ( vais essayé de mettre plus de smiley dans mes messages, histoire d'être davantage dans la dénotation que la connotation, mais je suis vraiment pas très à l'aise avec cet instrument...)Et donc quand je voudrai te diaboliser, d’un, laisse-m’en l’initiative (j’aime pas qu’on me force la main, mais si c’est une demande directe, alors je ferai un effort), et de deux je serai beaucoup plus pénible que cela (si si, je peux) !

Mais le plus honteux dans tout ça, c’est que ça te sert à balayer d’un revers de main tout ce que j’ai dit du film ! A croire que c’était délibéré ! (l'idée m'effleure alors, et l'angoisse avec elle, du bout de ses ongles d'onyx: serait-ce encore une manoeuvre diabolique de destabilisation? La Maligne se jouerait-elle de moi? Du coin de l'oeil, un regard penaud sur les reste de mon chapeau que, de rage, j'avais mangé hier soir au souper, en découvrant ce message...) Pour donc revenir au film (merci au passage pour l’implicite portrait en creux de ma pomme : aime le vent (au sens propre alors) et n’est pas très exigeant (c’est ce que je me dis souvent quand je note mes étudiants… c’est décidé, vont sacrément morfler l’année prochaine !) dans sa critique. Les reproches que je pouvais faire au film, tu les avais déjà faites. Il n’y avait pas de raison de les reprendre. Pour moi c’était plus intéressant de me situer en face, d’autant que le film m’avait globalement plu, malgré les frustrations qu’il pouvait susciter. Comme je l’ai déjà dit, ce film est vraiment je trouve sur le fil du rasoir. On peut le trouver complètement vain, ou le célébrerpour de mauvaises raisons selon moi. Globalement il a été jugé par rapport aux précédents films de Sofia Coppola, sur la même grille. Certains ont trouvé que c’était répétitif, d’autres que c’était cohérent. Mais je crois que dans tous les cas c’est insuffisant pour attraper le film en fin de compte. Il y avait bien quelque chose en gestation dans ces trois réalisations, mais qui là accouche enfin. C’était surtout sur ça que portait mon analyse. Grossièrement le double refus métaphorique, par l’héroïne et le film lui-même (que ce soit un titre éponyme n’est pas non plus innocent…) de l’Histoire et de l’histoire. C’est là que le film se sauve (non, j’éviterai moi aussi la facilité qui consisterait ici à filer à nouveau la métaphore christique et minérale).

Et par exemple, j’ai eu une hésitation du même ordre dans un des films de Paris Je t’aime. Celui de Tykwer. Ma critique pourrait tout à fait reprendre ce que tu dis de Marie-Antoinette. Je lui reproche sa nature de simple gros clip bien fichu mais vain somme toute. Alors pourquoi priser l’un et rejeter l’autre film ? C’est bien pour moi que quelque chose se passe dans le film de Sofia Coppola qui n’existe pas dans celui de Tom Tykwer. Alors quelque chose c’est flou, vague, quasi mystique. Mais néanmoins on peut le montrer ce que l’on a perçu, et le proposer aux autres, pour voir si une fois énoncé ils peuvent le sentir également, comme une épreuve de validité de l’hypothèse. C’est ce que j’ai essayé de faire pour ma part de faire dans ma critique, qui, je me répète, ne se situer pas contre la tienne, mais à côté. C’est une question de perception à un moment donné, lorsque l’essentiel est partagé, mais qu’apparemment je n’ai pas réussi à faire sentir. Tant pis. Les perceptions divergent du fait de sensibilités différentes. Il ne s’agit pas là de relativisme en matière de goût : il n’y a rien qui m’insupporte plus que cela, et j’ai une foi profonde en mon jugement (si si, je suis quand même un peu sérieux dans cette abjecte explosion egotique). Seulement il y a des choses que je ne perçois pas et que l’on doit me montrer, et d’autres au contraire qui me leurrent. Mais de toute façon l’on définit une position en critiquant, et je t’assure que je ne m’étais pas mépris sur la tienne. Alors que la mienne, bonjour la caricature !!

Bon j’ai finis de réclamer justice et de me plaindre. Car personne n’est dupe, en fait, j’adore ça ! Pour conclure, encore quelques encouragements à aller voir ce film !!Et maintenant que le sujet est scindé, je vais relire un peu le dernier argumentaire, parce qu’à la fin y a deux-trois trucs que je n’ai pas parfaitement saisis…

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MessagePosté: Mar 27 Juin 2006 11:07 
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Qu'est-il arrivé au post de Namienator ????????????????

Pour en revenir au film, si j'ai commencé ma "critique" en parlant de pornographie c'est que ce film a évoqué chez moi le côté fantasmagorique et d'absence de récit qui est propre au film X. Et je pense qu'il y a une volonté de Sofia Coppola de s'écarter de la structuration en récit dans son travail. Plus que dans ses précédentes oeuvres, j'ai ressenti une forte volonté de "raconter" une histoire via une imagerie et seulement une imagerie, sentiment renforcé par la fameuse affiche du film où on voit Kirsten Dunst nue derrière un éventail. L'imagerie érotique du film - au sens large - (que j'ai rattaché à la Pornographie à la fois par jeu et par le caractère "pauvre" et "voyeur" du scénario) va bien au delà de l'esthétique et est le moteur même de sa méthode de narration je pense.

Au delà de l'éternel débat faut-il avoir un "vrai scénario" (idée que je peux intuiter mais je ne sais pas définir - avis aux amateurs :P ) pour faire un bon film ? La question que je me pose, c'est : est-ce que ce qu'essaie de créer Sofia Coppola via ses films pourraient exister sous une autre forme, à savoir un film avec un véritable scénario, et donc une véritable action ? - car c'est de ça qu'il s'agit non ? Il n'y a pas de dynamisme de récit dans les films de Sofia Coppola, et là tout le monde est plus ou moins d'accord je pense.

Plus simplement, lorsque je visionne ses films je capte un certain nombre de sentiment, dont l'ennui et l'isolement semblent être les idées obsédantes chez notre amie réalisatrice. Pour transmettre ces sentiments (sensations ?) Sofia Coppola a une manière particulière (qui fait son style). D'où mon interrogation ? Peut-elle faire la même chose avec un film reposant sur un "vrai scénario", et une succession d'actions qui doit, sans aucun doute, aboutir à un but ? Je dis ça car ce qu'elle essaie de créer c'est avant tout une rupture dans la dynamique propre de la structuration classique du récit.
Alors certes il ne semble jamais rien se passer dans ses films, si on prend comme référence l'action du récit, mais néanmoins elle arrive à faire passer un certains nombre de chose, et cela de façon assez exceptionnel (n'ayons pas peur de la flatter^^) dans ses films; et pour peu que j'en saisisse la substance, c'est en grande partie grâce à sa façon de concevoir son récit (ou non-récit ?) - via l'imagerie - qu'elle arrive à créer cette espèce de "grâce".

Donc à la question, Sofia Coppola a-t-elle besoin d'un scénariste ? J'aurais tendance à répondre non.
Vous l'aurez sans doute compris je suis d'accord avec seleniel pour dire que ce troisième film est un aboutissement de son style. L'avenir nous dira comment elle, elle voit la chose, à savoir si elle continue dans cette voie ou bien si elle part sur autre chose (film à scénario ???).

EDIT : je viens de me rendre compte que le sujet a été divisé...

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