Le Centre de la Bande Dessinée Belge Le Centre Belge de la Bande DessinéeProfitant d'un petit séjour plus ou moins impromptu en Belgique, j'ai eu l'occasion d'aller dans le fameux Centre de la Bande Dessinée Belge, euh... le Centre Belge de la Bande Dessinée,
mea culpa ; et j'en suis ressortis avec un avis relativement mitigé.
Le musée est divisé en plusieurs expositions distinctes et se situe dans un bâtiment Art Nouveau signé Horta très joli et agréable à parcourir : le premier étage accueille boutique et restaurant, et son grand hall est parsemé de sculptures représentant des monuments de la BD franco-belge. C'est à partir du second que commence réellement le musée (payant).
Il s'ouvre sur une petite rétrospective présentant l'histoire de la BD de manière générale - en parlant de comics et de manga donc -, assez classique et courte, mais quand même intéressante ; elle a aussi le mérite d'être très claire.
Ensuite il y a deux ailes, à gauche une exposition temporaire qui présente des planches originales de bédés actuelles qui ont le vent en poupe - « qui font l’actualité de la BD » pour reprendre les termes du CBBD (
le sourire de Mao actuellement... j'y reviendrais) et à droite une exposition permanente sur « l'art de la BD ».
Celle-ci présente le processus de création d'une bédé par le biais de nombreux panneaux explicatifs et de nombreuses (enfin dans une certaines mesures) planches/croquis/dessins originaux, rien de bien transcendant pour ma part, mais c'est encore plutôt bien présenté et assez bien expliqué. Ensuite ça donne une vision assez particulière du dessinateur ; je ne sais pas si c'est moi ou si c'est la tournure des phrases, mais présenté comme ils le font, on dirait presque que l'on a affaire à un simple prestataire soumit au dictat des scénaristes et que ce sont toujours ces derniers qui choisissent la composition et découpage d'une page. Assez moyen pour le coup.
Elle présente aussi les différents genre de bédé, science-fiction, fantasy, polar, animalier, roman graphique, etc. Wait, roman graphique ?! Non mais sérieusement... je veux bien que cette (horrible) appellation soit devenue courante, mais là il y a des limites. Et je ne parle même pas du texte explicatif qui
décrit (oui oui), précisément en plus, le style graphique et narratif d'un "roman graphique". En tout cas ça m'a fait rire.
Bref, on arrive à l'étage supérieur qui s'ouvre sur des petits panneaux présentant Horta et le bâtiment accueillant le centre, et à droite on a droit à des petits textes plus ou moins intéressant sur Tintin et Hergé, pas forcément extrêmement transcendant, mais ça reste intéressant. Et puis on rentre dans le cœur de l'étage, une rétrospective sur les tous les grands acteurs de la bédé de 1929 à 1959 (ce qui n'est précisé nulle part d'ailleurs). Et là j'aurais quand même deux-trois critiques à émettre.
Je veux bien admettre qu'être chauvin à parfois du bon, mais il ne faut pas non plus pousser mémé dans les orties... Hergé et Edgar P. Jacobs ont droit à une flanquée de textes présentatifs (on ne peut pas en dire autant des planches originales :/) et un espace non-négligeable leur est attribué, mais par contre Jacques Martin lui a juste un petit espace avec deux textes. De mémoire c'est un des trois grands fondateurs de la ligne claire, mais là il est parqué avec une flanquée de planquins et autre illustres inconnus. Alors peut-être que c'est moi qui ait une vision biaisée, mais là on dirait vraiment qu'ils l'ont mis dans un coin parce qu'il était le seul à être d'origine française, c'était vraiment bizarre.
Au passage on a aussi une assez grande partie consacrée à Franquin avec un nombre conséquent de planches originales et qui constitue - pour moi - la partie la plus intéressante du musée. Ensuite j'ai beau adoré Franquin, à un moment il faudrait p'têtre arrêté d'en faire trop ; non parce que quand je lis que Gaston est « un personnage
unique et complètement
original, un chômeur un peu gaffeur et paresseux » (grosso modo), excusez moi si je rigole un peu...
Si vous tombez par terre en bavant, rien de plus normal : vous faites simplement une crie d'épilepsie. On en arrive au dernier étage qui actuellement accueille une grande expo sur Spirou et qui nous présente les différents auteurs l'ayant mis en scène. C'est assez complet et pas trop mal présenté, pas grands choses à redire dessus - je ne me suis pas non plus spécialement attardé.
Je pense qu'il est temps de faire une petite synthèse de mon avis sur ce "Centre Belge de Bande Dessiné".
Déjà je trouve le nom extrêmement mal choisit, puisque ça ne parle
que d'auteurs belges (le gag étant que l'espace consacré au bédés d’aujourd’hui accueille une bédé.. belge), en soit ce n'est pas une mauvaise chose, mais du coup ça donne l'impression que l'on va avoir quelque chose de complet et d'exhaustif sur la bande dessinée de manière générale, sauf que non en fait.
Et c'est un peu la seconde (grosse) critique que je ferais, le musée est quand même assez pauvre en contenu au final et présente une période de la bédé qui est de fait pas très riche en contenu (N.B. dans le feuillet descriptif du musée donné à l'entrée, il est quand même précisé que « le CCBD offre une vision générale sur la bande dessinée d'hier et d'aujourd'hui ») ; du coup on passe sur toute une période extrêmement riche et sur une masse d'auteurs connus. Je trouve que c'est quand même assez gaguesque qu'un musée dédié à la bédé ne parle pas de Goscinny (!), Gotlib, Van Hamme, Bilal, Loisel, Trondheim, etc. etc. (pour ne citer que des poids lourds).
Et on peut encore ajouter au côté surfait du titre, puisque le 'centre' ne parle même pas de manga ou de comics (ce qui est autrement plus grave) !
En bref, je dirais que ce 'centre' est quand même une énorme déception et que sous couvert d'un titre très racoleur le tout s'avère assez creux et peu intéressant pour ceux qui s'y connaissent un minimum, le peu de planches originales suffisant tout juste à justifier le prix du billet d'entrée - sans parler du chauvinisme ambiant assez peu assumé. Ensuite si vous ne connaissez rien à la bédé, ça peut toujours vous intéresser.