Six balles, cinq morts. Aucun lien entre ces victimes exécutées par un sniper isolé. Coupable évident de cet acte de violence gratuite effroyable, James Barr s'enferme dans un mutisme devant les enquêteurs, ne leur laissant que le nom d'un homme énigmatique et impossible à contacter : Jack Reacher.ça fait plus de deux mois que j'ai vu le film, que j'avais trouvé tout à fait sympathique au cinéma, mais le temps a fait son œuvre et plus j'y repense et plus je le réévalue à la hausse. Ce que j'estime comme la preuve la plus probante de la qualité d'une œuvre.
Par tout le marketing et la promotion autour du film,
Jack Reacher indique que c'est un film à la gloire de Tom Cruise. Et ce n'est pas tout à fait faux, ce n'est pas tout à fait vrai. Si Tom Cruise est effectivement un rouage prépondérant dans la production du film, je pense qu'il n'y a qu'un pas pour confondre le contenant et le contenu : ce n'est pas Tom Cruise mais Jack Reacher qui est ici icônisé par le film. Je ne saurai trop exprimer ce qui me fait sentir que la frontière tenue entre les deux n'a pas été franchie, mais j'ai vraiment eu l'impression pendant le film que le soin apporté à la création d'un personnage iconique allait dans le sens de l’œuvre et pas dans le sens du stardom. Jack Reacher est un personnage clairement badass, classe et, chose étonnante en cette période d'émasculation des icônes masculines, profondément viril sans jamais être machiste. C'est sur ce dernier point que je trouve l'aura du film particulièrement fort, car si le scénario n'échappe pas au passage de la jeune femme en détresse, on n'a jamais l'impression que l'atout féminin du film (Rosamund Pike impec') est un jouet concon soumise à la toute puissance masculine de Jack. De son côté, si Reacher a un côté "mâle alfa protecteur", ce n'est pas non plus au détriment des autres personnages. je trouve l'équilibre particulièrement soigné et, pour ainsi dire, envoutant.
La présence de Tom Cruise dans le rôle titre a fait hurlé beaucoup d'aficionados de la saga littéraire
Jack Reacher par Lee Child, ce dernier y étant décrit comme un titan de 2m et 120kg de muscles blond décoloré tatoué de partout. C'est vrai qu'en ce sens, Tom Cruise parait totalement
against type et
out of character ; mais l'acteur habite suffisamment bien son rôle pour être crédible. De plus, le scénario joue plusieurs fois sur son aspect apparemment inoffensif (mais faites gaffe, les bruns de 1m70 c'est des vénèr' en vrai é_è), ce qui fait que ce choix m'apparait plus seulement comme marketing (Tommy il fait vendre, faut l'avouer) mais aussi un peu artistique.
Du point de vue de l'ambiance et de la réalisation,
Jack Reacher est vraiment une petite perle insoupçonnée : quelques séquences d'actions ça et là, mais elles sont bien branlées et ne phagocytent pas l'ensemble du récit. Étonnement, le film aime prendre son temps pour nous amener les informations une à une, l'enquête de Jack avance doucement mais sûrement (les 2h15 sont vraiment bien exploitées), avec de grandes séquences purement visuelles et une manière de faire progresser l'histoire assez subtile dans l'ensemble. L'intrigue est assez bateau, mais on se prend au jeu, avec quelques mystères et surprises à la clef. Le film trouve cette force dans sa simplicité jamais ennuyeuse, sans doute grâce à l'iconisation vraiment réussie de Jack Reacher, classique au possible mais jamais consensuelle pour un sou.
La limite du film est surtout que le personnage de Jack Reacher est tellement soigné qu'il n'y a pas vraiment de place pour un antagoniste d'envergure, et les méchants s'oublient assez vite dans l'ensemble.
Sinon, la BO m'a vraiment fait un belle effet, avec son thème entêtant (c'est d'ailleurs en le réécoutant que m'est venu l'idée de poster). Pour donner une petite idée :
http://www.youtube.com/watch?v=54GTf0_jZI8Bref, si vous avez l'occasion de vous essayer à ce petit thriller qui ne paie pas de mine à cause de Tom Cruise dans l'équation
(pour les plus réfractaires à l'acteur d'entre vous), j'espère que vous serez aussi agréablement surpris que je l'ai été.