Haha ouais 1990 c'est un sacré gros morceau. Mais quand je dis ça, j'ai l'impression que de toute façon, toutes ses chansons sont de sacrés gros morceaux. Y en a pas une qui se ressemble, et toutes ont un truc de poignant. Les paroles. Les paroles sont toujours très très très poignantes.
Tiens faudrait p'tèt que j'ajoute ça au post de présention *sifflotte*Alors 1990 est géniale. Mais si je devais n'en choisir qu'une, j'en choisirai une horriblement cruelle et douce à la fois.
La petite marchande de porte-clefs.
Sa mère voulait attendre et la marier, son père voulait la pendre ou la noyer. Un seul enfant par foyer. Il voulait un garçon. Mais sa c***asse de femme a fait l'taf qu'à moitié.
À la campagne on a b'soin d'hommes forts pour travailler. Pas d'une bouche à nourrir, pas d'une pisseuse bonne qu'à chialer.
C'est presque impossible de vivre à trois. Une fille unique c'est perdre son nom d'famille,
C'est la honte pour un villageois.
Qu'est-ce qu'il pouvait faire d'un déchet humain ? Lui éclater l'crâne entre deux pierres, l'enterrer à côté du chien ?
Il partit emprunter une pelle chez son voisin. Mais son voisin lui dit d'attendre. Il lui dit qu'il pourrait la vendre.
Et la chance leur sourit, un marchand leur proposa d'ach'ter l'enfant pour la vendre à des touristes.
Ils l'ont lachée pour environ un tiers de SMIC français. Le soir de son départ sa mère mélancolique chantait :
*intraduisible*Elle chantait
*intraduisible*Douze ans plus tard la jeune fille dort tranquill'ment chez son hôte. Son réveil, c'est un grand coup d'pied dans les côtes.
Son p'tit déj', c'est du pain à la vapeur et d'l'eau. Puis direction la salle des machines pour rejoindre les autres.
Elle s'est jamais faite adopter par de riches occidentaux. Son propriétaire l'a élevée, l'a gardé sous l'manteau.
Neuf dans l'même endroit, sa chambre une caisse en bois. À huit ans, elle a décroché son premier emploi.
Une sorte de garderie où on fabrique des shorts de foot. Avec ses mains en forme de pieds à forme de coudre,
Hmm, avec sa colonne vertébrale en forme de voûte. Vingt minutes de pause déjeuner, un peu d'riz un bol de soupe.
Interdiction d'parler, à peine le droit d'faire des gestes, elle doit garder la tête baissée pour s'adresser à ses chefs.
Le bruit la hante au point qu'elle entends plus quand il s'arrête. Pour ne pas somber dans la folie elle chante cette chanson dans sa tête.
*intraduisible*Elle chantait
*intraduisible*De retour dans son village natal après dix années, en quête d'un cocon familial, à la recherche de son passé.
Finalement, son maître lui apprit qui elle était vraiment, juste avant qu'il aille finir sa vie dans les geôles du gouvernement.
Son usine s'était faite démant'ler discrét'ment, la presse n'étant pas autoriser à couvrir l'évèn'ment.
Bref, la plupart des gens du village avaient l'vé l'camp, partis loin, ouvrir des restaurants ou divers magasins d'vêt'ments.
Pour les r'joindre elle traversa des océans, frôla la mort, laissant son destin voguer au gré des vents.
Sans personne, sans argent, sans carte d'identité, t'façons elle avait même pas d'nom, à part « la mendiante bridée ».
Après avoir contracté presque toutes les maladies, elle atterit miraculeusement à Paris.
J'rentrais chez moi après l'travail à la tombée d'la nuit, quand nos regards se sont croisés, elle s'est approchée, m'a dit :« Hmm, excusez-moi Monsieur, porte-clefs, deux euros
– Euh nan désolé, j'ai rien sur moi, bonne soirée »
*
intraduisible*
Mais j'l'entends encore chanter
*intraduisible*