SneV a écrit:
Je te trouve dur avec les Mugiwara. Pour moi, j'ai plus eu l'impression que c'était Kuma qui était très fort plus que les Mugi qui était faibles. En plus Les Mugi n'ont jamais eu la chance de se le farcir en étant en pleine forme.
J’avoue que j’aime à croire – pour mes fantasmes oniriques – que Luffy et son équipage sont encore bien faibles. [Ça montrerait par la même occasion les ressources inépuisables d’Oda.] Mais tout de même, il faut prendre mon affirmation avec des pincettes car il est évident qu’elle est à placer dans un contexte, et de manière
relative. Certes, Kuma est fort en plus de posséder un pouvoir dévastateur, c’est visuellement implacable et scéniquement irréfutable, mais il reste néanmoins que les Mugiwara sont littéralement étouffés, privés de la moindre solution même infime face à lui. Alors si Kuma est puissant, l’équipage de Luffy est a contrario impuissant.
De plus, si je clame la faiblesse des Mugiwara, ce n’est pas juste pour me faire une fleur à moi-même, mais c’est surtout ma pièce à conviction personnelle pour m’expliquer certaines choses et en réhabiliter d’autres. Par exemple, il est dit que pour produire un seul PX, il faut mettre le prix d’un navire de guerre ; autrement dit par prolongement hyperbolique, qu’un seul PX équivaut à peu près à 1/5 de la terrifiante puissance d’un Buster Call, vice-amiraux à part. J’attache énormément d’importance à ce genre de détails car en même temps que de réaffirmer la folie destructrice d’un Buster Call, on peut aussi voir indirectement que :
1. Les Mugiwara étaient déjà pas mal limites pour échapper aux marines sur Enies Lobby (et du coup, on comprend que la montée dramatique avait déjà été amorcée à ce moment là) ;
2. La puissance bafouée de la Marine est formellement et magnifiquement restituée ;
3. La logique redevient logique : il est finalement normal qu’il faille toute la force d’un équipage réuni pour éliminer même un seul PX (sans l’explication implicite de son coût et donc de sa puissance, la difficulté du combat contre PX-4 aurait pu être cataloguée de
too much – ce que j’avais moi-même pensé).
De cet état de fait, je peux à présent rebondir sur la réserve que tu émettais, SneV, à savoir que les Mugiwara n’avaient jamais eu la chance de se confronter à Kuma en étant en pleine forme. Et je dirais qu’il est heureux qu’ils n’aient pas eu l’occasion de le faire. Parce que tacitement, par sa mise en scène, Oda nous fait comprendre de façon limpide que si un tel affrontement devait avoir lieu dans l’état actuel des choses, la conclusion serait inéluctable : Luffy et ses amis subiraient une cuisante défaite. Ce qui me permet d’affirmer ça c’est tout simplement le témoignage de leur combat face à PX-4 ; car même si les Pacifistas n’ont pas encore un développement optimal, nos héros ont d’ores et déjà dû puiser dans leurs ressources pour venir à bout d’un seul exemplaire de la série. Par pure déduction logique, puisqu’il me parait certain que l’original doit être infiniment plus balèze que ses répliques, Kuma nous est par conséquent posé comme étant d’un tout autre niveau que les Mugiwara.
De là, autre ramification du récit et autre remise en question quant au niveau actuel de l’équipage de Luffy : comme Kuma est pour l’instant intouchable pour eux, et comme, également, Kuma représente, par l’enchainement des événements, une sorte d’échantillon-témoin de l’enfer du Nouveau Monde, Luffy et ses amis n’ont sans doute
pas encore le niveau réel pour survivre là-bas. Fondamentalement, oui c’est sûr, ils ne sont pas faibles, loin s’en faut, mais relativement, et même en tenant compte du fait qu’on ait affaire ici à des monstres tels que Kizaru ou Sentoumarou, faibles, les Mugiwara le sont incontestablement. D’ailleurs, cette conclusion m’amène (toujours sur une interprétation personnelle) à expliquer ou à légitimer deux autres aspects du récit :
1. L’apparition d’Aokiji. Luffy, après sa rencontre avec l’amiral, se décide à devenir plus fort pour pouvoir protéger ses amis face à des gens comme lui. Or, grâce à ce qui se passe sur l’archipel, on peut comprendre que la puissance qu’il désirait alors atteindre, il ne l’a malheureusement pas encore atteinte (il n’est même pas capable de sauver un seul de ses compagnons). Ce détail à lui seul pose Oda comme un auteur réfléchi parce qu’il nous montre qu’il ne laisse rien au hasard et que ses intrigues s’inscrivent toujours dans une trame plus globale, plus importante (nous préparait-il déjà au Nouveau Monde en intronisant Kiji et ses pouvoirs de glace ?)
2. Le temps de latence entre l’annonce du Nouveau Monde et le Nouveau Monde effectif. Ce procédé de narration, ça a été dit, Oda l’a déjà utilisé à l’époque pour nous mener jusqu’à Alabasta. Quand on sait qu’Alabasta a été le berceau du premier changement de rythme One Piecien (avec l’écart ahurissant de puissance entre les pirates d’Eastblue et ceux de Grandline, avec en particulier la mise en lumière de la force de frappe grandiloquente des Corsaires), on peut se dire instinctivement que le choix de faire
trainer en longueur l’arrivée de l’équipage dans le Nouveau Monde est loin, très loin, d’être innocent. Et là encore, Oda nous montre qu’il ne laisse décidément rien au hasard, et qu’au fond, il ne nous fait pas attendre juste pour nous faire attendre mais que sa démarche s’inscrit une fois de plus dans une symbolique toujours étudiée et dans une trame toujours réfléchie.
UMP (pas que je soie pour eux mais comme tout le monde adore le PS...) : Mon Dieu, j'avais pas prévu de faire si long moi...