Je déteste utiliser un ton suffisant, pédant et méprisant, mais là il va falloir que ça sorte comme d’une cocotte minute, par anticipation ; alors que la logique voudrait que je sois aussi doux que Nana. Mais on ne fait pas de miracle. Et puis j’ai raison d’être furieux par prédiction.
Pour moi ce sera Hachiko. Nana-nana-nana-nana.
Je sais quelle popularité ont les singes dans le Grand Tournoi (il suffit de voir les gens qui avaient sorti un « lolilolo je vote Sangoku parce qu’il va se faire battre par Tetsuo même si ce dernier est meilleur »), catégorie où Onizuka est une sorte de grand gourou. C’est sans doute dû au fait que beaucoup de gens par ici sont de gros bouffeurs de banane qui aiment glousser devant un humour scatophile de mauvais goût.
Bref.
Pourquoi Nana, donc. Si ça ne tenait qu’à moi, je dirais qu’elle constitue après Gally mon personnage féminin préféré tout support confondu. Rien que ça. Mais les bouffeurs de bananes (sent-on assez la rage dans mon style d’écriture ? Rage due au fait que je pressens déjà certaines justifications ?) ont besoin de gros arguments solides parce qu’ils pensent qu’Onizuka est un mythe de l’humour shonénique. Il n’en est rien.
De toute façon la plupart des gens qui vont se justifier contre elle n’auront qu’un argument. Shojo, shojo, shojo. Ca me rappelle qu’on avait éliminé Osaki parce que Krilin était un personnage humain dans son manga de bourrin. Epic fail de la justification à ce niveau, on avait atteint LE grand n’importe quoi (qu’on vote pour lui, ok, mais par pitié pas pour cet argument sinon son adversaire aurait mérité dix fois plus).
Nana « Hachiko » Komatsu est un personnage, disons-le clairement, typiquement issu de ce genre de manga. Elle est fleur bleue, s’attachant facilement aux gens (autant qu’elle nous attache), romantique, à la recherche du prince charmant qui lui fera vivre une aventure sous les cerisiers, enjouée, enfin bref, elle tapera sur les nerfs de certains dès les premières pages. Erreur monumentale.
Vous voulez du personnage simple, profond, touchant, juste, sublime dans sa normalité ? Votez pour elle.
Nana la figure maternelle et optimiste ne cachant pas son cœur d’artichaud.
Tout d’abord parce que mine de rien, tout ce bagage émotionnel un peu trop rêveur lui retombe facilement sur le coin du nez, comme un mauvais génie (appelé aussi Roi des Démons). Car Nana n’est pas un manga où les oiseaux chantent à longueur de journée tandis que le soleil est à son zénith perpétuellement. Le personnage l’aimerait bien, mais ce n’est pas ainsi. Dès lors, toutes les histoires de cœur ou de relations humaines qui s’effritent, se désagrègent, se brisent, se cassent, se démontent, se perdent lui reviennent avec encore plus de force dans la figure qu’elle ne l’avait envoyé. Elle est comme ça, faible, un brin pleurnicharde, mais qui peut se vanter d’être aussi touchante qu’elle ? Certainement pas son adversaire.
Alors oui, Hachiko pleure souvent, mais peut-on réellement lui reprocher ? Ce serait malhonnête.
De plus, outre ce que je viens d’énoncer, Nana a une qualité qu’Onizuka ne se permet pas. Elle évolue. Ce singe a des convictions minables et s’y tiendra comme un héros de shonen lambda. Bonjour l’originalité. Alors qu’elle, apprend de ses erreurs, de ses fautes, de ses échecs sentimentaux, de ses disputes, de sa vie quoi. Si elle garde au fond d’elle une aussi grande sensibilité durant tout le manga, elle est prête à grandir, à mûrir, à accepter certains faits, toujours le cœur pincé, mais elle y fait face.
Et si elle n’a pas le même impact que sa compagne platonique Nana Osaki (ça c’était pour placer le fantasme lesbien pour ramener des voix auprès des vieux pervers de GTO) sur l’intrigue du manga, Hachiko n’en reste pas moins omniprésente. Comme je l’ai dit, sa sociabilité fait qu’elle peut facilement s’attacher aux gens, en témoigne sa rencontre avec Osaki. Elle représente en continu une figure maternelle pour les membres du groupe punk Blast, elle s’en occupe, les choie, leur fait plaisir, essaye de se rendre utile.
Car par cela, on retombe un peu sur le sentimentalisme du personnage, à savoir qu’elle ne veut non plus exister au travers du regard des autres mais tout simplement
vivre. Vivre sa vie, la vivre pleinement avec les gens qu’elle aime.
A ce point de ma justification, arrêtez-vous. Vous ne voyez pas ? Prenez un miroir. Voilà, vous avez parfaitement compris.
Là où sa colocataire (désolé de ne pas avoir pu continuer le fantasme) représente la part asociale en chacun de nous, la blessure cachée qui n’arrive pas à guérir et nous ronge, Hachiko est son antagoniste, la part de nous qui a besoin des autres et qui respire avec joie la vie, ce qu’elle a de bon et, malheureusement, de mauvais.
Les deux faces opposées d’une même pièce, complémentaires, équilibrées ; dont Hachiko est le penchant ouvertement joyeux.
Pour finir, on pourrait arguer que le singe est drôle et donc il doit passer. Pour ceux qui ne la connaissent pas, sachez juste qu’Hachiko aussi a sa part de gags, certes beaucoup plus subtils et donc beaucoup moins lourds, mais parfois plus efficace. Songez juste que c’est un personnage qui arrive à se plonger dans la peau d’un chien métaphorique, toujours heureuse de voir les autres, toujours prête à leur apporter ses services (tel un joli nonos).
Et puis, il ne faut pas oublier le running-gag sur le Roi des Démons, entité cosmique qui plane au dessus de sa tête et sur laquelle elle s’amuse à inculper tous les faits étranges ou trop suspicieux pour paraître vrai.
En clair, c’est comme si l’auteur se moquait de sa trame au travers de l’imagination de son personnage, une imagination qui se transforme en réalité et qui la transcende.
Telle une super-héroïne, Nana peut se transformer en chien docile et affectueux.
Hachi est elle aussi un mythe, un mythe à la joie de vivre, à la volonté d’aller de l’avant, à l’optimisme sincère et enivrant.
« Save Hachiko, save the dog. »