Le monde l’a vu naitre Van Varenberg, et il s’est fait un nom. Jean-Claude, par son parcours, mérite, à n’en pas douter, le respect à plus d’un titre. Van Damme est connu pour sa philosophie contestée, son esprit mathématique décalé, ou encore ses apparitions fugaces dans une télé qui l’a révélé avant de l’écorcher. Quelque part, JCVD a toujours été un bonhomme respirant une certaine tristesse, enveloppant un épais mystère. Sorte d’icône populaire mais souvent incompris, il respire un air falsifié, garni de CO2, lui donnant une touche exacerbée de sympathie profonde. Qui peut humainement prétendre détester Van Damme ? Le film d’El Mechri tisse cette vision des choses : il porte sous les projecteurs un personnage sincère et marqué, ni trop distant, ni trop de promiscuité dérangeante.
JCVD comporte quelques maladresses au niveau de la réalisation, reprenant par exemple le cheminement du récit d’Un Après-midi de chien, sans pour autant tenir la distance de ce métrage culte de Lumet. Cependant, il est incontestable que le film, bien qu’un peu gauche par instants, parvient à tirer son épingle du jeu, pour quelque peu se détacher de son modèle, trouvant ainsi sa propre voie. Mal assuré, JCVD, personnage et film, sont à l’unisson l’un et l’autre, et c’est justement ce qui fait aussi le charme de tout ceci. L’intelligence d’El Mechri réside – c’est évident – dans le fait notable d’avoir su jouer assez subtilement des caractéristiques de Van Damme pour ne pas se confondre dans une dialyse impromptue et malheureuse, séparant le corps et l’esprit de Jean-Claude. En vérité, c’est peut-être ça, le sentiment implicite qui nous envahi, parce que la bonne surprise se trouve dans la franchise de l’amour que porte le réalisateur à son acteur. De cette manière, le monologue improvisé de Van Damme, quoiqu’un peu cocasse, se veut-il automatiquement touchant. Face à la caméra, la movie star se met à nue, et la fragilité qu’il nous montre ne peut dès lors que renforcer l’affection qu’on peut éprouver à son égard.
Dans une histoire qui marie habilement fiction et réalité, perchée entre deux sphères de l’existence, on se surprend à (re)découvrir Van Damme, qui se révèle, derrière les préjugés collectifs, humain, trop humain.
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