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 Sujet du message: Kaamelott - Deuxième Volet [Partie 1]
MessagePosté: Dim 26 Oct 2025 18:17 
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Kaamelott : Deuxième Volet [partie 1] (2025)
par Alexandre Astier


Les Dieux sont en colère contre Arthur ! Après la destruction de Kaamelott, son refus obstiné de tuer Lancelot précipite le Royaume de Logres à sa perte. Il réunit ses Chevaliers, novices téméraires et vétérans désabusés, autour de la Nouvelle Table Ronde et les envoie prouver leur valeur aux quatre coins du Monde, des Marais Orcaniens aux terres glacées du Dragon Opalescent.

La suite du premier volet est donc arrivée, en demi-teinte. Il faut admettre que les critiques à l'égard de cet épisode ne sont guères élogieuses, voire l'incendient, que ce soit à l'écrit ou en vidéo. Pour le meilleur comme pour le pire. Ici, je ne me fais ni l'avocat de l'ange, ni celui du diable. Cependant, je dois avouer que j'étais nourri de plusieurs appréhensions, surtout en suivant ce qui se disait ici et là sur X. Aurais-je du ? Je n'en suis pas certain (surtout quand je vois certaines personnes s'enflammer pour un rien, mais passons). Comme beaucoup, je pensais que l'absence de Perceval dans cet opus acterait comme une épine dans le pied (il faut croire que tout l'univers bâti par Astier ne repose que sur ce personnage), ce qui fut l'exact opposé. Nous avons là certes la brisure d'un duo qui se complétait merveilleusement bien dans la série, mais qui est à mon sens devenu le boulet traîné par un prisonnier depuis le passage sur grand écran, et donc la cassure dans ce volet est synonyme d'un pas en avant (pas pour longtemps, je pense, puisque son acteur a déclaré lors d'une récente interview ne pas être contre revenir dans le troisième épisode). Ca permet au moins à Karadoc d'avancer.

Je vais brièvement m'attarder sur la direction artistique : son, lumière, esthétisme. Je juge ces éléments, dans cette suite, secondaires. Je ne pèse pas mes mots, car ils ne font que suivre ce qui a déjà été montré chez son prédécesseur, et je n'ai décelé aucune nouveauté significative. J'imagine que dans la partie instrumentale, Alexandre a ajouté du grain, mais je ne pense pas avoir l'oreille musicale pour les repérer. Bref, rien de nouveau sous le Soleil, à travers cet aspect.

Passons maintenant aux choses sérieuses : le rythme et le scénario (je vais spoiler). Ce premier est certes lent, mais il fait entrer la saga dans la fondation d'un intérêt, un objectif sur le plus long terme. Nous ne sommes plus simplement sur la quête du Graal (qui, bien que principale, est au fil du temps devenue secondaire, au vu de la perte du pouvoir d'Arthur et de son désintérêt de le reprendre), ont est passés sur la compréhension du royaume des Dieux. Que veulent-ils ? Comment ? Pourquoi ? Quatre-vingt dix pourcents du film se résume à déchiffrer les messages envoyés à Kaamelott (par Lancelot, Méléagant, Arthur, le groupe de Merlin et celui de Karadoc). On est sur une représentation cinématographique d'un hiéroglyphe qui constitue un tout. Percer ses secrets est la clé pour parvenir au dénouement.
Alors oui, de nombreux spectateurs se sont ennuyés, par manque d'action probablement, mais Kaamelott n'est plus vraiment un univers adolescent et comique et ce depuis le livre V. Le fait est également que la fanbase a grandi et n'a plus les mêmes attentes qu'avant, complétées par l'élévation de leurs exigences, rendant le moindre millimètre d'écart comme une offense à leur sacro-sainte religion (j'exagère à peine, et parfois, cela me fatigue). Scénaristiquement, on reste sur la continuité de ce qui s'est passé avant, avec quelques nouvelles têtes dans l'attribution des rôles qui s'intègrent bien au jeu. La plupart des groupes convergent vers un seul et même point : l'océan, qui semble appeler Arthur (la scène post crédits le confirme), et tous les autres tentant de découvrir pourquoi (et surtout, par quel hasard Karadoc est lui aussi convié ? Une destinée l'attend-il ?), direction la Méditerranée. Que vont-ils y trouver ? Y a-t-il un lien avec le navire dirigé par Venec ? Est-il lui-même associé à tout ça (en premier lieu, nous pourrions penser que non, mais passant une grande partie de son temps sur les eaux pour aller d'un point A à un point B, ce ne serait pas complètement illogique).
Voilà, je n'ai rien de plus à ajouter, ce film étant un milieu de saga, et non un début ou une fin (donc on peut effectivement le considérer mou, même si ce n'est à mes yeux pas aussi négatif que ce qu'on prétend). Par contre, le "final" est assez pauvre : il ouvre certes sur un cliffhanger (on ne pouvait s'attendre qu'à ça), mais le plan suivi d'un simple fondu amenant au générique, c'est moyen. Cela passe au milieu de la durée du film pour passer d'une situation à une autre, mais à la toute fin...mouais mais non.
L'humour est toujours présent, bien qu'un peu moins, pour mon plus grand bien (parce que ce qui passait sur petit écran a bien plus de mal sur le grand, la vieillesse des acteurs jouant - on dirait qu'eux-mêmes ne croient pas à leurs propres blagues -, aussi parce que le format est différent - les éléments qui s'imbriquent n'étant pas identiques -). Kaamelott au cinéma ne doit, selon moi, pas passer par la comédie, ou alors seulement avec une légère couche en surface (soit le contraire du premier opus).

Si le cœur vous en dit :


Si jamais vous reposez votre envie sur les youtubeurs, grand bien vous fasse mais n'oubliez pas que générer et alimenter le négatif est, pour nombre d'entre eux, leur fond de commerce face à un produit de consommation qu'ils jugent comme de la camelote.

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"C’est peut-être parce que j’ai peur, et qu’il me donne du courage."
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 Sujet du message: Re: Kaamelott - Deuxième Volet [Partie 1]
MessagePosté: Dim 26 Oct 2025 21:20 
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Grand merci @Demons Fire pour la création de ce topic :) j'allais le faire en rentrant du cinoche mais bon, faut êt' fair' play...

Je ne vais pas spoiler hors banière, mais en (très) gros voici mon avis: c'était GENIAL et ALLEZ-Y!

Le deuxième film m'a beaucoup plu, beaucoup d'éléments ont été améliorés par rapport au premier volet. Que n'ai-je pas lu sur Internet (alors que je n'ai aucun réseau social, c'est dire à quel point l'avalanche de critiques a été folle...) et dans la presse grand public sur KV2: "navet" ,"long", "alambiqué"...

Au sortir de la séance, je ne comprends vraiment pas cette avalanche de mauvais esprits. Ce n'est pas un film parfait, bien sûr, mais c'est une excellente suite au pemier film et pour les fans de la première heure comme moi, c'est la continuation de l'histoire qui était attendue. J'irais même plus loin: c'est un film audacieux qui exploite la matière de Bretagne, met en valeur notre vieil héritage celtique (complètement oublié de nos jours où les films croulent sous les références anglos-saxonnes), renoue avec des dialogues sonnants et drôles (dans ma salle on s'est vraiment bien marrés), et est dotée d'une photographie et d'une bande son magnifiques et respectueuses du format cinéma.

Je voudrais aussi dire merci à Alexandre Astier de reprendre la quasi totalité de son casting, y compris les femmes qui sont vieillissantes. Il n'y a pas beaucoup de grosses productions (40 millions d'euros ici quand même) qui font la part belle à autant de personnages féminin qui sont des beautés naturelles. Pas de chirurgie esthétique, pas d'effet spéciaux pour masquer que le temps a passé. Personne n'est mis au placard ou moins bien traité: Guenièvre, les soeurs tape-dur de Tintagel, Sélie, la dame du lac, et encore d'autres - c'était un plaisir de les retrouver. C'est devenu tellement rare que ça doit être porté au crédit du réal'.

Je mets mon avis (avec une analyse hein, à mon âge Tatiesque - l'âge d'être Tatie - on ne se refait pas ) sous la banière pour ne pas gâcher le plaisir, mais vraiment n'ayez pas peur, et si vous aimez Kaamelott laissez-vous surprendre - c'est une suite rafraîchissante et intéressante, qui m'a mise en appétit pour novembre 2026.

Merci M'sieur Astier. C'était un dimanche de pluie, mais vous m'avez redonné envie de faire des crêpes à la confiture et de siroter une petite bière.

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"Vous trouvez pas ça un peu musclé des pieds?"


Un lore celtique aux p'tits oignons

Pour mes projets persos, j'ai beaucoup travaillé ces dernières années sur l'héritage celtique en France. Parce que si la Bretagne est le seul endroit où une langue celte survit sur notre territoire ( l'Irlande, comme l'Ecosse et le Pays de Galles, s'y entend mieux niveau conservation de ce patrimoine), faudrait pas oublier que fut un temps toute la Gaule était celte.

Et même si Kaamelott se passe en (Grande) Bretagne outre-manche, je trouve que ce sont les traditions de chez nous qui sont mises en avant: les couleurs blanches et noires pour les rituels, les invocations, les démons, les pouvoirs druidiques et le lore tout autour (dragons, potions, invocations). Chez Arthur comme chez Guenièvre la chevelure est abondante et savamment coiffée - emblème du pouvoir chez les celtes.

Les costumes sont truffés de détails intéressants- lignes courbes, symboles solaires, couleurs, torques, maquillages, on a voulu reconstituer quelque chose (au moins dans l'esprit). Et en général, ils sont très beaux - mention spécial à Karadoc en toge romaine, c'était inattendu, mais ça lui va bien!

Le retour des répliques et du jeu façon la-comédie-de-théâtre-sur-vos-écrans

C'est le point qui a été le mieux travaillé du film. La qualité des dialogues est de retour: enfin! Je suis sûre que certaines séquences vont se mettre à tourner sur Internet.

J'ai retrouvé ce qui faisait mon bonheur dans la série: de la comédie française à la De Funès; c'est-à-dire du théâtre pensé pour le grand écran. Le jeu des acteurs est une déclamation; ça passerait sur les planches, et ça colle très bien au format ciné.

C'est bien écrit, bien rythmé, un peu grandiloquent et recherché à l'occasion (d'ailleurs plusieurs personnages font des tirades au-dessus de leur niveau social, comme si Astier voulait nous montrer qu'il était conscient que le texte était étudié, et qu'il ne se prenait pas au sérieux), et ça a très bien marché. J'ai ri tout le film, et j'ai retrouvé ce grain de folie et d'irrévérence, ponctué des sautes d'humeur d'un Arthur qui ressemble de plus en plus à lui même. Mention spéciale au monologue de la table ronde - si ça ne marque pas le retour du roi, alors je ne comprends plus rien!

Des quêtes, des quêtes, et encore des quêtes

La dimension fantastique est assumée et mise en avant. Les premières images du film plongent dans cette ambiance - il y avait un relent de Radagast à Dol Guldur, dans ce Conne le Fameux qui se ballade à Kaamelott.

Personnellement, j'ai voyagé à plus d'un titre - difficile de ne pas reconnaître l'Auvergne et l'Islande, mais quand on se souvient du format de la série et de ses décors réduits, c'est du bonus. Le film se situe ici dans la lignée du précédent - le spectateur voyage, et les prises des paysages sont splendides.

La magie est partout - le fantôme du roi Ban, Lancelot et ses rituels beûrk l'araignée), le retour de Méléagan, l'inquiétante (Morg)Anna derrière ses ruines, les trois druides (le bon, la brute, et le truand; je vous laisse post-visionnage dire qui est qui haha), le fils de Lot, le dragon, les rêves, la foudre des dieux, la dame du Lac (quirécupère ses pouvoirs?), jusqu'à Excalibur qui crache des flammes de la part des dieux exaspérés.

Le thème de la magie noire est franchement abordé - ce qui, il me semble, résoud la question du Père Blaise et de l'emblème qu'il portait autour du cou dans le film 1. Lancelot, Mévanwi et lui ont l'air d'avoir joué avec forces franchement bof. La nécromancie ça ne finit jamais bien - et on croit comprendre pourquoi Lancelot avait besoin de mettre autant de gens à mort, y compris des enfants - il y a du avoir des expériences horribles dans le sous-sol de la forteresse...

Il y a aussi la quête beaucoup plus intérieure et intime d'Arthur et Guenièvre -celle de l'héritage (qui ne doit pas forcément être de chair, ni de leur chair), celle du passé, celle de la vengeance... Arthur est en train de redevenir un héro (c'était annoncé dans le dernier épisode du Livre VI), mais un héro d'un autre genre. Je crois qu'à la fin du film, il embarque avec Guenièvre sur les traces de son passé romain - le bateau c'est celui qui faisait la liaison entre Rome et la Bretagne, entre les deux vies et les deux amours d'Arthur. Ce n'est pas un hasard s'il embarque à son tour, de retour en Méditerrannée, de retour dans l'Empire Romain - la question du mariage et de sa consommation doit être réglée d'une manière ou d'une autre. Et donc, de savoir ce qu'il est advenu d'Aconia...

Un nouveau souffle sur le royaume de Logres

Le mix vieux-briscards/ nouveaux venus est peut-être le point faible du film. Là où on ne présente plus un Bohort, un Karadoc (qui Dieu merci, gueule moins que dans le premier film), un Duc d'Aquitaine, un duo Léodagan/Sélie très en forme, que l'on a plaisir à retrouver, les p'tits nouveaux ne s'intègrent pas tous bien.

Les jeunes acteurs sont sympathiques, mais parfois j'avoue qu'ils sont un peu moins dans le ton du film. Ils incarnent l'avenir du royaume, et je suis contente qu'il y ait la perspective de femmes chevalier. Mais le jeu est inégal, comme c'était le cas dans le premier film. On va peut-être trimballer ce défaut jusqu'au dernier volet, mais bon - il y a du temps pour faire évoluer le jeu, et ça n'enlève rien à leur enthousiasme.

Je dresse tout de même une mention spéciale pour le trio Gallienne - Cornillac - Bougheraba, parce que franchement ils nous ont fait marrer. Gallienne est exceptionnel dans son genre, et les deux autres campent très bien leur rôle. Ils sont archétypaux, vite reconnaissables; ils auraient pu faire partie de l'équipe de Lot tellement ils suitent la même aura que lui.

Loth manque un peu, mais on a tellement parlé de lui que je ne doute pas qu'il reviendra dans la partie 2. Et j'ai hâte: François Rollin nous régale depuis tant d'années; ça ferait un beau parallèle Galecin/Lot/Dagonet, avec les trois nouveaux compères débusqués par Arthur. Ca promet, ça promet...


Voilà voilà; auprès d'un public intoxiqué aux blockbusters américains, au cinéma d'auteur chichiteux européen, auprès des critiques bon-teint qui détestent les comédies qui sont populaires (pas les comédies populaires, mais les comédies qui jouissent d'une bonne opinion auprès des public), je comprends qu'un film qui tente autre chose -pour une fois - déconcerte.

Mais pour ceux qui connaissent, aiment, et ont envie de donner une extension à Kaamelott, foncez, ça vaut le coup. On se rapproche du dénouement de plus de quarantes heures de la série aux films- il faudra bien se résoudre à quitter pour de bon Arthur, Guenièvre et leur bande joyeux lurons (d'ici deux films, soit seulement quatre à cinq heure, ça va aller vite...). Mais en attendant, pour citer Léodagan "moi, il m'a eu". Beh mon bon, moi aussi, il m'a eue...

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Collige Virgo Rosas...


Dernière édition par Tetra-Wisdom le Mar 28 Oct 2025 22:15, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Kaamelott - Deuxième Volet [Partie 1]
MessagePosté: Lun 27 Oct 2025 14:17 
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En te lisant (et en lisant les commentaires d'Enitu sur le topic du chapitre hebdomadaire), je me rends compte à quel point les posts à courts caractères de X ont grillé mon cerveau : je n'arrive plus du tout à pondre un argumentaire un minimum étayé en guise de réponse. Mais je vais tâcher de réparer cette erreur, au moins ici. Bon, j'avoue, je ne vais que te quoter.

Tetra-Wisdom a écrit:
Au sortir de la séance, je ne comprends vraiment pas cette avalanche de mauvais esprits. Ce n'est pas un film parfait, bien sûr, mais c'est une excellente suite au pemier film et pour les fans de la première heure comme moi, c'est la continuation de l'histoire qui était attendue. J'irais même plus loin: c'est un film audacieux qui exploite la matière de Bretagne, met en valeur notre vieil héritage celtique (complètement oublié de nos jours où les films croulent sous les références anglos-saxonnes), renoue avec des dialogues sonnants et drôles (dans ma salle on s'est vraiment bien marrés), et est dotée d'une photographie et d'une bande son magnifiques et respectueuses du format cinéma.
C'est effectivement l'un des éléments que je juge comme des plus intéressants, et que l'on en explore en deux temps : le mode de vie des bretons et le groupe Lancelot/Méléagant à travers le démon invoqué.
Le problème des critiques est que celles-ci sont nourries d'une indubitable envie de crier le plus fort. Et je suis désolé, mais la marchandisation à outrance (telle que décrite par Eclypse dans le topic sur la place du site et du forum dans le web de demain) y est pour beaucoup. Ecrire des posts à polémique, hurler quelque chose d'extravagant dans le seul but d'être vu et lu et d'être jugé (sur la base du volontariat) le tout dans l'intérêt de gagner de l'argent sans trop se mouiller est malheureusement devenu l'essence d'Internet depuis les années 2010. Et après des années d'observation, je réalise que l'objectif de vie de certaines personnes est dicté par cet ingrédient. Hurler au loup afin d'avoir un maximum de visibilité, farmer les statistiques (un peu comme les farmers des MMOs dans les années 2000), tout ça pour engranger un maximum, et ça marche parfaitement. Cependant, cet aspect est rejoint et indissociable de deux autres, l'un inhérent à la culture actuelle du divertissement, l'autre profondément liée au monstre conçu par Astier.
Aujourd'hui, les jeunes (mais aussi les plus âgés, en tout cas de plus en plus) ont un temps d'attention ridiculement pauvre. Biberonnés (et j'admets en faire un peu partie) aux, comme tu l'as dit, blockbusters américains (Marvel en tête de proue) qui font exploser les gigawatts d'effets spéciaux, tout ça pour un scénario souvent en-deçà de ce que l'on peut voir dans des productions mineures, parce que ces majors se doutent bien qu'un jeune spectateur n'a besoin que d'explosions et d'artifices toutes les cinq secondes pour être heureux. A cela s'ajoute les réseaux sociaux, dont TikTok, qui empêchent ces consommateurs de se poser cinq minutes sur une chaise pour apprécier un spectacle (et je le vois aussi et surtout parmi les fans de mangas) : il faut sans cesse être alimenté de dopamine, sans quoi nos neurones agissent telle une bombe à retardement sur notre cerveau, entraînant une forte impulsivité de notre part. Et donc cet embranchement des éléments appartenant à cet héritage, cette peinture qui s'enjoint dans un décor lourd de sens, formant une belle architecture, est piétiné par l'impatience de nombreux spectateurs (j'en prends pour exemple une miniature YouTube titrée "2h20 de vide"). J'ai comme l'impression que les gens n'ont plus la patience de voir le décor se poser (surtout que, connaissant la saga, cela ne peut durer que le temps d'un film et doit au contraire s'implanter en plusieurs) et préfèrent directement passer à l'action. Sans rire, si le premier film avait directement débuté avec la confrontation entre Lancelot et Arthur suivi du générique de fin (le tout TikTokable, parce qu'il ne faut pas oublier les bonnes valeurs), nombre d'entre eux auraient exulté.
Et enfin, pour que la peinture s'achève (tout est relatif, une œuvre ne se termine que lorsque son créateur l'a décidé), je pense que les fans de Kaamelott (comme je l'ai survolé dans mon post de présentation) ont, au fil des ans, construit de trop hautes attentes en eux ; lesquelles sont constamment alimentées par le langage, la personnalité et la culture d'Alexandre Astier. A l'entendre parler, il force le respect, il établit une aura autour de lui, et à l'écouter, tu as l'impression qu'il a tout le temps raison, qu'il ne se trompe jamais, et que son avis est universel. C'est cette universalité qui a, je pense, autant monté les fans de la franchise, qui ne jurent que par lui. Ca reste en soit logique, car il est le grand manitou, mais c'est une erreur d'en dresser le portrait d'un dieu. Et justement, ce qui a monté la sauce dans cette marque est le rire, la comédie, celles de la série.
En allant sur grand écran, les consommateurs s'attendaient à s'esclaffer de rire comme ils l'avaient fait à 15 ans : non, vous avez grandi, vous n'avez plus forcément le même humour, le scénariste (aka Astier) non plus. La saga cinématographique aurait du, dès le départ, assurer une fonction : retirer le rire pour ne laisser place qu'à la gravité des actes (je ne vois pas ce que l'on peut percevoir de drôle quand les dieux sont en colère contre Arthur depuis le livre IV ou V et que Lancelot est resté au pouvoir une décennie durant ; au contraire, cela a brisé des personnages, mais comme il faut amener le spectateur en salle pour assurer un minimum de rentrées - liées au succès, qu'en réalité je souhaite -, quoi de mieux que de leur servir la carotte du rire - effet garanti, dit-on -). Ce que le premier volet a échoué (en partie du au carnaval de défilement d'acteurs uniquement pour revoir toutes les bonnes têtes quinze ans plus tard), ce que le second a approfondi et mieux appliqué. Au final, le premier a été victime de l'intellectualité de son auteur.

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Tetra-Wisdom a écrit:
Pour mes projets persos, j'ai beaucoup travaillé ces dernières années sur l'héritage celtique en France. Parce que si la Bretagne est le seul endroit où une langue celte survit sur notre territoire ( l'Irlande, comme l'Ecosse et le Pays de Galles, s'y entend mieux niveau conservation de ce patrimoine), faudrait pas oublier que fut un temps toute la Gaule était celte. Et même si Kaamelott se passe en (Grande) Bretagne outre-manche, je trouve que ce sont les traditions de chez nous qui sont mises en avant: les couleurs blanches et noires pour les rituels, les invocations, les démons, les pouvoirs druidiques et le lore tout autour (dragons, potions, invocations). Chez Arthur comme chez Guenièvre la chevelure est abondante et savamment coiffée - emblème du pouvoir chez les celtes.
C'est incroyable que tu as travaillé dessus (durant tes études, ou pour satisfaire ta curiosité ?). Pour le coup, ça m'intéresse : tu aurais quelques ouvrages à me recommander ? Je note aussi effectivement cette opposition entre noir et blanc, dans un sens opposé : Arthur commence en 2021 avec un costume noir, incarnant le mal (exil suivi du refus de reprendre le trône) puis revient avec des couleurs blanches sur l'affiche de la suite (même si le code couleur n'est pas toujours respecté). Il essaie, en quelque sorte, de se renouer, se racheter (et de toute manière, il n'a pas le choix). A l'inverse, Lancelot commence avec une tenue vestimentaire blanche, signe de pureté (afin de laver Kaamelott de son passé épineux et de reconstruire le royaume, donc faire table rase de l'ère arthurienne) et finit avec des habits plutôt sombres (bien qu'il tente de remettre son costume de régent, déchiré, signe de son incapacité à reconquérir Logres et de son nouveau passage dans le côté obscur de la force marqué par le retour de Méléagant). Nous avons donc le retour de l'éternelle guerre entre le Bien et le Mal (bien qu'Astier a réussi à montrer que Lancelot veut faire le bien à sa façon, en raison des échecs répétés de son prédécesseur, et qu'Arthur n'est pas si rose qu'on ne le croit, refusant de réendosser ses responsabilités et agissant une bonne partie du temps comme un paresseux ; sauf si les circonstances le décident autrement).


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Tetra-Wisdom a écrit:
J'ai retrouvé ce qui faisait mon bonheur dans la série: de la comédie française à la De Funès; c'est-à-dire du théâtre pensé pour le grand écran. Le jeu des acteurs est une déclamation; ça passerait sur les planches, et ça colle très bien au format ciné.
Je peux effectivement noter la réussite de cet aspect, porté en grande partie par les dialogues entre Merlin et Elyas. Arthur, lui, est plus réfléchi (sa définition de l'aventure est lourde de sens) et sérieux, ce que j'apprécie plus que sa tentative d'humour au cours du précédent épisode (que je trouvais insupportable).


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Tetra-Wisdom a écrit:
Le thème de la magie noire est franchement abordé - ce qui, il me semble, résoud la question du Père Blaise et de l'emblème qu'il portait autour du cou dans le film 1. Lancelot, Mévanoui et lui ont l'air d'avoir joué avec forces franchement bof. La nécromancie ça ne finit jamais bien - et on croit comprendre pourquoi Lancelot avait besoin de mettre autant de gens à mort, y compris des enfants - il y a du avoir des expériences horribles dans le sous-sol de la forteresse...
La magie noire est belle et bien omniprésente, de par son utilisation de Mévanwi, Lancelot (qui n'était pas sûr de son coup, à le voir), Loth (qui n'est plus à ça près) et peut-être le Père Blaise (tentant de les raisonner ? Quoique comme l'Eglise sait qu'il a trahi Arthur en restant dans le camp ennemi, peut-être n'avait-il plus rien à perdre en s'y essayant). On va jusqu'à la nécromancie, et jusqu'où ira-t-on ? La résurrection des morts (j'ai soudainement en tête l'armée de squelettes du Seigneur des Anneaux fondant sur les forces de Sauron) ? Une réunion des Avengers façon fantômes du passé de Kaamelott (avec Pendragon en tête de gondole ?) Ceci dit, ce n'est pas illogique : dans la série, la mère d'Arthur cohabitait (est-ce encore le cas) avec l'esprit de son défunt mari, donc cette part d'ombre était déjà présente même dans la noblesse arthurienne. Va-t-on l'explorer en format long jusque dans ses moindres recoins ? Je l'espère. Entre Lancelot qui est à deux doigts de réaliser un rituel satanique à la demande de son mentor (comment a-t-il pu aussi rapidement accepter qu'il le redevienne après les événements du premier volet ? C'est en parti à cause de son absence, et donc peut-être par le manque d'un soutien intemporel, que Lancelot a perdu le pouvoir ?) et probablement Mévanwi qui a usé de la nécromancie (ce qu'elle commençait déjà à exécuter dans la série, pour prendre vainement et désespérément la couronne) dans les sous-sols du château, la porte d'entrée est désormais grande ouverte et n'attend désormais plus que d'être passée.


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Je note également (oubli de mon précédent message) une certaine ressemblance physique et morale entre Conle le Fameux (le nouveau druide) et le personnage Medivh dans la franchise Warcraft. Dans celle-ci, Medivh est le dernier gardien d'Azeroth (planète où se situe les actions des jeux), et, principalement dans le troisième titre de la série de STR, il prévient le roi Terenas Menethil de Lordaeron de la menace imminente de la Légion Ardente, antique antagoniste de l'univers (grossièrement, il s'agit d'une puissante armée démoniaque conquérante annihilant toute vie sur son passage). Dans la cinématique emblématique, le roi refuse d'écouter sa prémonition en le rejetant de sa célèbre devise "L'heure n'est pas aux prophètes fous". D'un certain angle, j'ai vu cette scène dans l'introduction du druide face à Merlin (sauf que ce dernier y croit, conscient des dangers qui rôdent et de son lien avec tout ce qui est surnaturel et dépasse l'entendement). Un avertissement (lanceurs d'alerte du Moyen-Âge), ignoré d'une part, accepté de l'autre, et on est partie pour mener une guerre contre les forces du mal (invoquées par le camp de Lancelot d'un côté, revenant d'elles-mêmes de l'autre, même si facilitées par les orcs de Grommash et la soumission d'un membre du Fléau - côté humain - à l'un de ses lieutenants). Vois les similitudes par toi-même :


Spoiler: Montrer
Il y aussi un abandon des terres, souligné dans cette première partie. Peut-être pour revenir glorieusement ? Au cours d'une cérémonie agrémentée de jets de fleurs ? Arthur quitte le royaume de Logres pour se rendre dans le sud avec Guenièvre, Karadoc/le tavernier/la Dame du Lac (qui a semble-t-elle retrouvé ses pouvoirs ? Les Dieux lui font à nouveau confiance, après avoir vu sa détermination à renouer le contact avec Arthur ? Donc qu'elle leur est loyale, malgré l'échec du roi - ce n'est donc pas de sa faute, mais elle l'a payé au prix fort puisqu'elle assure la liaison entre les deux plans - ? Et donc qu'elle peut gagner leur confiance à nouveau ?)/d'autres personnages dont j'ai oublié le nom (excusez-moi de ne pas retenir tous les nouveaux/elles du casting ciné) allant sur l'île aux trois fontaines, Merlin/le druide/Elyas/un autre qui explorent les sous-sols de Kaamelott, Lancelot/Méléagant qui vadrouillent et survivent à leurs dépents et la nouvelle génération qui part compléter sa quête chacun de son côté. Au final, ceux qui ne bougent pas sont devenus les piliers de comptoir, les meubles : Séli, Léodagan, Bohort et il me semble Calogrenant. Car ils n'ont plus rien à prouver (surtout Bohort, qui pour moi devient l'un des plus importants à l'écran, du à son dévouement sans faille). Ils sont là pour prouver que les fondations de Grande-Bretagne sont encore présentes, imbrisables et inviolables, et les nouveaux ainsi que les quelques anciens qui doivent encore faire leurs preuves (par volontariat ou obligation/nécessité) ont comme mission de prouver que la jeunesse du lendemain/l'avenir du peuple en a encore sous le ventre et peut réajuster le tir sans la présence obligatoire d'Arthur pour tout corriger.


@L'éternel : Merci !

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Dernière édition par Demons Fire le Lun 27 Oct 2025 15:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Kaamelott - Deuxième Volet [Partie 1]
MessagePosté: Lun 27 Oct 2025 14:55 
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Demons Fire a écrit:
C'est incroyable que tu as travaillé dessus (durant tes études, ou pour satisfaire ta curiosité ?). Pour le coup, ça m'intéresse : tu aurais quelques ouvrages à me recommander ?


Tetra te donnera sûrement quelques références quand elle verra ton message, mais je me permets d'intervenir pour te proposer les travaux de Joseph Rio, dont la version publiée de sa thèse Mythes fondateurs de la Bretagne. Aux origines de la celtomanie ou son article "Naissance du celtisme en France et en Grande-Bretagne du XVIe au XVIIIe siècle" dans Mémoire, oralité, culture dans les pays celtiques. La légende arthurienne. Le celtisme, ainsi que la thèse d'Erwan Chartier, La construction de l'interceltisme en Bretagne, des origines à nos jours : mise en perspective historique et idéologique. C'est davantage sur l'évolution du rapport aux Celtes en Bretagne que pleinement sur la réalité de la culture celtique, mais cela permet justement de réfléchir à différencier la culture celtique de la manière dont les Modernes et Contemporains se réapproprient l'héritage celtique au prisme de leur propre vision. Sur les Celtes eux-mêmes, personnellement je connais surtout L’Europe celtique à l’âge du Fer (VIIIe – Ier siècle) des Presses universitaires de France sinon. À voir ce que Tetra a trouvé.

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 Sujet du message: Re: Kaamelott - Deuxième Volet [Partie 1]
MessagePosté: Mar 28 Oct 2025 22:12 
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Salutsalut,

@Demons Fire et @l'Eternel merci d'avoir répondu et d'entretenir la discussion, ça fait plaisir :)

J'ai vu tout à l'heure que le film arrivait presque à 500 000 entrées, après même pas une semaine de sortie - ça veut bien dire que (1) la contre-offensive d'Astier sur les réseaux sociaux a fonctionné et que (2) comme je l'écrivais, les spectateurs sont demandeurs d'un autre genre de film. Je lui souhaite encore une belle route!!

Demons Fire a écrit:
je me rends compte à quel point les posts à courts caractères de X ont grillé mon cerveau : je n'arrive plus du tout à pondre un argumentaire un minimum étayé en guise de réponse.

Citation:
Le problème des critiques est que celles-ci sont nourries d'une indubitable envie de crier le plus fort. Et je suis désolé, mais la marchandisation à outrance (telle que décrite par Eclypse dans le topic sur la place du site et du forum dans le web de demain) y est pour beaucoup. Ecrire des posts à polémique, hurler quelque chose d'extravagant dans le seul but d'être vu et lu et d'être jugé (sur la base du volontariat) le tout dans l'intérêt de gagner de l'argent sans trop se mouiller est malheureusement devenu l'essence d'Internet depuis les années 2010. Et après des années d'observation, je réalise que l'objectif de vie de certaines personnes est dicté par cet ingrédient. Hurler au loup afin d'avoir un maximum de visibilité, farmer les statistiques (un peu comme les farmers des MMOs dans les années 2000), tout ça pour engranger un maximum, et ça marche parfaitement. Cependant, cet aspect est rejoint et indissociable de deux autres, l'un inhérent à la culture actuelle du divertissement, l'autre profondément liée au monstre conçu par Astier.


C'est devenu systémique et systématique, c'est pas vraiment ta faute t'sais. C'est plus facile de critiquer depuis son fauteuil que de se lever et de mettre la mécanique en place pour faire un film.

Pour rebondir sur le reste de ton argumentation, j'ai écouté d'une oreille les critiques du film. Celles qui reviennent le plus souvent c'est le manque d'action, les plats, l'absence de "fantasy" prononcée (où sont les gobelins, pourquoi y'a pas de dragon à l'écran....Ca semble correspondre à une grosse production hollywoodienne (le Donjons & Dragons de Chris Pine, très réussit du reste, était dans ce son là) où ça bourrine non-stop pendant deux heures, sur fond de scénario attendu et de morale facile.

C'est pas ce que j'attendais ici; je ne voulais pas voir une quête à l'écran. On attend la résolution d'un noeud d'intrigues très anciens. Et même si Astier a pris ses libertés, il reste quand même plutôt fidèle au mythe d'Arthur d'origine: Arthur, dans les légendes a toujours été décrit comme un roi mélancolique, Guenièvre à ses côtés s'ennuie et le trompe avec le beau et jeune Lancelot, qui est tiraillé entre sa loyauté pour le roi et son amour de la reine...Perceval est décrit dans les légendes comme un idiot (si, si : relisez Le Chevalier à la Charette). Le scénrio du film même s'en tient à la légende: "l'assassin du roi viendra d'Orcanie" - je ne spoil personne là, tout le monde sait qu'au terme d'un combat contre Mordred Arthur est mortellement blessé, et qu'il est emmené sur l'île d'Avalon pour un sommeil qui durera...ce qu'il doit durer. La légende en Angleterre dit qu'il se réveillera un jour, quittera Avalon pour rentrer en Bretagne et redevenir roi (bon, c'est des mythes hein, le souverain actuel est plutôt peinard ^^).

Citation:
La magie noire est belle et bien omniprésente, de par son utilisation de Mévanwi, Lancelot (qui n'était pas sûr de son coup, à le voir), Loth (qui n'est plus à ça près) et peut-être le Père Blaise (tentant de les raisonner ? Quoique comme l'Eglise sait qu'il a trahi Arthur en restant dans le camp ennemi, peut-être n'avait-il plus rien à perdre en s'y essayant). On va jusqu'à la nécromancie, et jusqu'où ira-t-on ?


Ah c'est comme ça qu'on écrit Mévanwi, merci (je ne l'ai pas respectée hahaha...). Non je crois que le Père Blaise a changé de culte: regarde dans le volet 1 sa nouvelle tenue, et l'emblème bizarre qu'il porte sur la poitrine. Sa tenue noire a exactement la même forme que l'armue de Lancelot, avec le col qui ressort vers l'avant. Le noir et le blanc, c'est normalement la symbollique du Bien et du Mal, tout simplement. Mais Astier joue avec ces couleurs façon Yin et Yang: Arthur et Guenièvre arborrent chacun l'une et l'autre couleur, pour montrer qu'ils se complètent.

Je ne sais pas si la dame du lac a retrouvé ses pouvoirs, mais les dieux l'ont rappelée sur son plan - elle était bien coiffée, bien habillée, donc c'est plutôt bon signe pour elle. Et l'air de rien, Karadoc et Arthur sont de retour aux abords de son élément: l'eau. C'est peut-être aussi le symbole d'une purification avant renouveau?

L'éternel a écrit:
Tetra te donnera sûrement quelques références quand elle verra ton message, mais je me permets d'intervenir pour te proposer les travaux de Joseph Rio, dont la version publiée de sa thèse Mythes fondateurs de la Bretagne. Aux origines de la celtomanie ou son article "Naissance du celtisme en France et en Grande-Bretagne du XVIe au XVIIIe siècle" dans Mémoire, oralité, culture dans les pays celtiques. La légende arthurienne. Le celtisme, ainsi que la thèse d'Erwan Chartier, La construction de l'interceltisme en Bretagne, des origines à nos jours : mise en perspective historique et idéologique. C'est davantage sur l'évolution du rapport aux Celtes en Bretagne que pleinement sur la réalité de la culture celtique, mais cela permet justement de réfléchir à différencier la culture celtique de la manière dont les Modernes et Contemporains se réapproprient l'héritage celtique au prisme de leur propre vision. Sur les Celtes eux-mêmes, personnellement je connais surtout L’Europe celtique à l’âge du Fer (VIIIe – Ier siècle) des Presses universitaires de France sinon. À voir ce que Tetra a trouvé.


Ah beh tu vois, j'avais des références tout à fait différentes. l y a La Mythologie du monde celtique de Caude Sterckx, le Larousse du Monde antique, le Dictionnaire des symboles, la Rafle des Vaches de Cooley (méconnu, et pourtant grand classique), tout ce que Chrétien de Troye a écrit sur Arthur et la table ronde (Yvain le chevalier au lion, le Chevalier à la Charette, le Conte du Graal), des bouquins dont je n'ai plus la réf' (emprunté en bibliothèque :( ) sur l'histoire et les moeurs celtique en général, l'art celte aussi beaucoup...des podcasts sur les Tuatha Dé Danann; histoire que j'ai découvert en Irlande quand j'y vivais - et qui m'a toujours enchanté depuis :)

Avec tout ça, je crois qu'on a de quoi lire pour la saison froide :p

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 Sujet du message: Re: Kaamelott - Deuxième Volet [Partie 1]
MessagePosté: Mar 28 Oct 2025 23:55 
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Bon cette fois-ci je vais aussi parler de mon avis sur le film.

Tetra-Wisdom a écrit:
Pour rebondir sur le reste de ton argumentation, j'ai écouté d'une oreille les critiques du film. Celles qui reviennent le plus souvent c'est le manque d'action, les plats, l'absence de "fantasy" prononcée (où sont les gobelins, pourquoi y'a pas de dragon à l'écran....Ca semble correspondre à une grosse production hollywoodienne (le Donjons & Dragons de Chris Pine, très réussit du reste, était dans ce son là) où ça bourrine non-stop pendant deux heures, sur fond de scénario attendu et de morale facile.


Dans mon cas, je ne me montrerai pas aussi positif que vous mais je ne m'aventurerai pas dans une tentative de surdramatisé un "échec", "un vide complet" ou d'autres appellations que l'on peut trouver sur des critiques youtube. Pour ma part, je n'ai pas adoré le film, mais je ne l'ai pas détesté non plus. Puisque vous avez déjà fait la part belle au positif, j'ai identifié plusieurs points à ce propos qui seront donc mes "critiques" sur l'œuvre fournie ici, à savoir un film en tant qu'unité propre, qu'objet filmique/cinématographique (non en tant que partie 1 d'une histoire, puisque en séparant en 2 il faut suffisamment satisfaire le spectateur pour qu'il s'engage à suivre la partie 2 qui est différencié autant temporellement [dans 1 an] que pécuniairement [nouveau billet de cinéma à acheter]).

1-Le premier soucis que je considère et qui résulte à mon sens en la frustration de beaucoup de monde à la sortie de la salle, c'est que ce film est, comme en vérité l'avait annoncé Astier, la première partie d'un film trop long qu'il a coupé en deux. Il en résulte un soucis structurelle fondamentale : ce n'est pas un film à part entière, c'est une moitié d'un film d'au moins 4h. Certains critiques disent qu'il s'agit d'une introduction de 2h20, à cause du fait qu'il n'y ait pas énormément d'actions je pense (comme tu dis Tetra, cela vient assurément du rythme des blockbusters hollywodiens). Je n'irais pas jusque là puisqu'il y a bien des péripéties identifiables (qui dépassent donc la situation initiale et l'élément perturbateur pour entrer dans l'histoire). Néanmoins le soucis qui en ressors est donc l'absence de résolutions et le cliffhanger pas terrible comme soulevé par Demons Fire (or le début et la fin/l'intro et la conclu/la première et la dernière impression d'une oeuvre font beaucoup dans son appréciation). Peu d'intrigues trouvent leur terme au bout de cette partie I : il y a le trio partis en Orcanie qui termine sa mission, le groupe des jeunes dont une partie veut tuer Lancelot revient mais sans avoir rien accompli (ceux qui cherchent Yvain n'ont qu'une scène sur leur quête), etc. Quand on réfléchit par le prisme du fait que c'est une histoire qui est coupé en deux, c'est logique que les quêtes véritablement importantes n'en soit qu'à leur moitié, mais cela peine à convaincre ceux qui abordent ce film comme une unité unique à part entière. Si l'on fait la comparaison avec Harry Potter et les Reliques de la Mort, les deux parties sont belles et biens construites comme deux films indépendants, le premier aboutissant à des conclusions et termine ses enjeux propres et laissent ceux de la sage entière en suspens seulement.

2-Le second soucis que je rencontre personnellement, c'est la sensation de bégaiement de certaines intrigues personnelles. Arthur dépressif/qui refuse d'agir/d'assumer la couronne, c'est une intrigue que l'on a pour la 3e fois. Le livre V et le "présent" du livre VI d'abord, puis le premier film où il refuse de revenir et décide finalement de passer à l'action (pour à la fin refuser d'endosser la mission que les dieux lui donnent de tuer Lancelot pour punir ce dernier, revenant à son refus initial), et encore ici. Bien que l'on puisse considérer que c'est le personnage qui est désormais comme ça, sur le plan narratif ça donne l'impression que les personnages évoluent, puis régressent pour revivre un développement similaire ou s'enfermer dans leur caractérisation. (Un autre exemple est l'intrigue avec Guenièvre : on la retrouve toujours ingénu vis-à-vis de la sexualité alors que la scène de baiser dans le film 1 laissait largement la porte ouverte à ce que le moment dépasse le baiser pour que Arthur brise véritablement enfin sa promesse à Aconia, s'émancipe de ce passé, dans une scène belle et poétique qui est approprié pour justement briser un serment assez poétique et tragique.) Cela peut donc généré un désintérêt vis-à-vis de l'histoire de certains personnages car on suppose que le développement sera le même que dans les précédents ou que le personnage n'a plus rien à raconter personnellement/reste figer dans son état de caractérisation et sert juste d'acteur à des événements sans que ces derniers ne l'affectent profondément. (Je n'irai pas faire à la chasse aux incohérences que certains critiques de film aiment bien faire. Il est très difficile de construire une histoire sans incohérences, la longévité de la série à déjà générer un énorme nombre d'incohérences et ce n'est pas à mon sens le point le plus intéressant à chercher dans un film, c'est plutôt ce que l'"auteur" a voulu raconter avec ce scénario, ces personnages et ce choix d'événements.)

3-La temporalité pouvant être assez difficile à suivre. C'est un point dont j'ai pu discuter avec mes parents notamment. Le fait est que l'intrigue de Karadoc dévoile par Venec que le trajet vers la Méditerranée dure un bon mois et demi. Le voyage des jeunes vers les terres enneigés du dragon opalescent semble aussi assez lent vu la scène avec la carte. Pourtant d'autre part, l'intrigue avec les trois magiciens semble se dérouler sur un temps relativement court (que cela se passe en souterrain ajoutant au fait que l'on ne voit pas le ciel qui pourrait indiquer des passages de tems) et le montage simultané peut desservir : quand Arthur à la fin prend lui même le bateau (donc un mois et demi de voyage a minima sachant que Venec a du aussi prendre un mois minimum pour revenir en Bretagne), on retrouve les magiciens encore prisonnier de la cellule où s'est déroulé le rituel de magie noire (et devraient mourir en y restant trop longtemps d'après ce qui est dit) ce qui est la même situation que dans leur scène précédente. De même, les deux scènes majeurs de Lancelot avec sa nouvelle arme (celle où il trace le cercle autour de la faux et la nuit où l'arme est maudite par le démon majeur) se déroule a priori en moins de 24h. La multiplicité des points de vus dans des temporalités flous et variables peut donc embrouiller ceux qui auraient dû mal à accepter cette conséquence du montage parallèle (là où un Game of Thrones qui est une série a bien davantage le temps d'étaler son montage parallèle des personnages pour que cela gêne moins).

Tetra-Wisdom a écrit:
Non je crois que le Père Blaise a changé de culte: regarde dans le volet 1 sa nouvelle tenue, et l'emblème bizarre qu'il porte sur la poitrine. Sa tenue noire a exactement la même forme que l'armure de Lancelot, avec le col qui ressort vers l'avant. Le noir et le blanc, c'est normalement la symbolique du Bien et du Mal, tout simplement. Mais Astier joue avec ces couleurs façon Yin et Yang: Arthur et Guenièvre arborrent chacun l'une et l'autre couleur, pour montrer qu'ils se complètent.


Concernant le Père Blaise, vu que là c'est de la spéculation par rapport au sens du costume, je souligne simplement les propos avancés par Astier, dans les commentaires audios du film il me semble : le Père Blaise a rejoint la cour de Lancelot n'ont pas car il y adhère fondamentalement, mais car il ne veut pas quitter ses archives de Kaamelott qui sont pour lui toute sa vie. C'est la raison invoqué, et donc ce n'est pas un changement de foi qui est à l'origine de son ralliement de Lancelot (mais il peut en être une conséquence plutôt qu'une cause si cette théorie vous plait). Néanmoins, étant donné que le Père Blaise n'apparaît pas dans le 2e volet (partie 1 ou 2) a priori, dans une réflexion méta cela m'étonnerai que les pratiques de magie noire lui soit reliés.

Tetra-Wisdom a écrit:
Ah beh tu vois, j'avais des références tout à fait différentes. l y a La Mythologie du monde celtique de Caude Sterckx, le Larousse du Monde antique, le Dictionnaire des symboles, la Rafle des Vaches de Cooley (méconnu, et pourtant grand classique), tout ce que Chrétien de Troye a écrit sur Arthur et la table ronde (Yvain le chevalier au lion, le Chevalier à la Charette, le Conte du Graal), des bouquins dont je n'ai plus la réf' (emprunté en bibliothèque :( ) sur l'histoire et les moeurs celtique en général, l'art celte aussi beaucoup...des podcasts sur les Tuatha Dé Danann; histoire que j'ai découvert en Irlande quand j'y vivais - et qui m'a toujours enchanté depuis :)

Avec tout ça, je crois qu'on a de quoi lire pour la saison froide :p

Ah mais tu parlais des celtes en général pour tes recherches ! Je croyais que tu t'étais concentrés sur ce qui est en lien avec la France vu que tu disais "l'héritage celtique en France". Les mythologies condensés publiés par Marabout (comme La Mythologie du monde celtique) sont en effet des ouvrages de vulgarisations assez qualitatives, mais qui a mon humble avis uniformise parfois un peu trop des réalités disparates (dans un esprit de synthèse et de simplification normal pour un public qui est bah grand public). Je trouve néanmoins que celui sur le monde celtique est l'un des plus qualitatifs de la collection.

Le Dictionnaire des symboles est un grand classique qui a d'ailleurs eu droit à une réédition cette année (j'ai vu de nouveaux exemplaires neufs en déambulant à la Fnac) et est une bonne entrée en matière pour approfondir sur des symboles précis. (En étude d'histoire à l'université, on dit souvent qu'on part des ouvrages généraux, comme les dictionnaires, pour aller ensuite à plus précis.)

Le fait que la rafle des vaches de Cooley soit méconnu, comme tu le souligne, alors que c'est en effet un des récits mythologiques les plus importants de la mythologie irlandaise montre le manque de popularité des Celtes dans la pop-culture. En soit, Cúchulainn à la stature d'un Héraclès (Hercule) de la mythologie grecque (spéciale dédicace aux recherches de George Dumézil). De même, l'histoire des générations successives de peuples arrivant en Irlande : des Fomoires (sur lesquelles j'ai travaillés précisément pour des projets persos également) aux Gaëls, en passant par les Tuatha Dé Danann (la tribu de Dana pour traduire) qui forment le panthéon ne sont pas sans rappeler les générations mythiques de la mythologie grec avec Gaïa-Ouranos, la première génération avec les Titans, les Cyclopes Ournaniens et les Hécatonchires, la seconde génération qui sont les dieux (Zeus and co) et en parallèle les cinq races (ou âges de l'humanité) du mythe hésiodique. Je trouve que cela a un calibre similaire et montre bien que la richesse de la mythologie celtique irlandaise n'a rien à envier à celle de la mythologie grecque.
J'imagine d'ailleurs Tetra que tu as pu par conséquent noter les relations, l'héritage de la mythologie celtique ancienne sur certains éléments du cycle arthurien, par exemple certains éléments que la fée Morgane peut tirer de Tuatha Dé Danann féminine et évidemment la déesse Morrigan au premier plan (d'où le fait que Morrigan dans le jeu Dragon Age Origins soit assez clairement inspirée de la version de la "fée" qui donne naissance à Mordred, mais je m'égare de plus en plus). C'est en anglais donc je ne sais pas si ça vous intéressera, mais pour approfondir, je vous propose notamment ‘A Throng Like Crystal’: The medieval perception of the Tuatha Dé Danann in the Lebor Gabála Érenn and their use as a political tool in the long Middle Ages, l'assez court The Influence of Celtic Myth and Religion on the Arthurian Legends et Ireland's Immortals: A History of the Gods of Irish Myth; et sur les dieux celtes irlandais directement l'article scientifique "Mater Deorum Hibernensium: Identity and Cross-Correlation in Early Irish Mythology" et surtout Gods and Fighting Men: The Story of Tuatha de Danann and of the Fianna of Ireland bien qu'il soit assez vieux, au besoin le A Dictionary of Celtic Mythology.

Enfin concernant Chrétien de Troyes, il est intéressant de souligner toute l'influence qu'a pu avoir cet auteur FRANCAIS sur le renouvellement du mythe arthurien et de sa perception en GRANDE BRETAGNE elle-même, surtout pour repenser à la place que Kaamelott s'est forgé en France en parlant d'une légende qui prend place outre-Manche, dans un héritage de Chrétien de Troyes en quelque sorte justement, dans une tradition française du mythe.

Demons Fire a écrit:
Aujourd'hui, les jeunes (mais aussi les plus âgés, en tout cas de plus en plus) ont un temps d'attention ridiculement pauvre. Biberonnés (et j'admets en faire un peu partie) aux, comme tu l'as dit, blockbusters américains (Marvel en tête de proue) qui font exploser les gigawatts d'effets spéciaux, tout ça pour un scénario souvent en-deçà de ce que l'on peut voir dans des productions mineures, parce que ces majors se doutent bien qu'un jeune spectateur n'a besoin que d'explosions et d'artifices toutes les cinq secondes pour être heureux.

Enfin j'aimerais rebondir sur ce commentaire. L'explosion d'effets spéciaux que tu mentionne (et le MCU notamment sans entrer dans la multiplicité des causes de la dérive du MCU depuis Endgame) à un autre effet : la banalisation de l'exceptionnelle et qui eutrophise le public :
Depuis les années 1990, avec la généralisation du numérique et des effets spéciaux, le cinéma américain est entré dans une ère d’hypertrophie visuelle dans sa quête du réalisme : tout peut être montré, tout peut être rendu crédible. Ce qui, autrefois, relevait de l’exception est devenu banal, voire attendu. Cette saturation engendre un effet de désensibilisation : l’extraordinaire ne produit plus d’émotion, mais de l’indifférence ou une simple stimulation sensorielle. Le "wow" a perdu sa valeur. Les effets spéciaux ne servent plus seulement à raconter une histoire, mais deviennent une fin en soi. On glisse vers une esthétisation de l’action, où la virtuosité visuelle prime sur le sens. La recherche de l'iconisation en série des super-héros engendre elle-même une banalisation du procédé d'iconisation et appauvrit drastiquement l'effet qui est recherché. La quête de l'esthétisation permanente, de perfectionner la forme le plus possible engendre donc trois soucis majeurs :
-Une désensibilisation émotionnelle : plus rien ne choque ou n’émerveille durablement.
-Recherche du toujours-plus : une inflation du sensationnel pour capter un public saturé avec une surenchère accentué (un peu la surenchère permanente quand on avance d'antagoniste en antagoniste dans la plupart des "shonen nekketsu"). En l'occurrence, l'absence d'une esthétisation constante dans le film amenuise son côté spectaculaire alors qu'il y a plusieurs passages qui sont visuellement très beaux. (Astier ne filme pas souvent ses grands décors avec une ampleur grandiose ou épique, c'est souvent plutôt "réaliste", quotidien presque j'ai envie de dire, et naturel. Mais à mon sens ça se justifie car l'intérêt dans le film n'est que très rarement l'environnement du voyage/la contemplation des contrées traversés [je crois que ce n'est le cas qu'une seule fois pour faire avancer le temps], mais les effets que le voyage a sur les personnages)
-Affaiblissement du récit : la narration devient un prétexte à la démonstration technologique. La forme est privilégié au fond.

Si le mieux est l'ennemi du bien, la surabondance de quelque chose qui était auparavant rare peut pousser jusqu'au dégoût (si on mange au restaurant un plat que l'on trouve exceptionnelle et qu'on nous le fait manger tout les midis, tous les jours, c'est certains qu'on finira par ne plus l'apprécier et en être dégouté). J'aime à dire que le "merveilleux" est l'ami de l'"exceptionnel" (pas comme jugement d'une valeur, mais littéralement au sens de "Qui constitue une exception./Qui est hors de l'ordinaire.") et par conséquent que la "surconsommation" engendre la "blasement" (ou la "blasittude" avec un mot-valise à partir de "blaser" et "attitude" pour soulever l'effet comportemental).

Demons Fire a écrit:
A cela s'ajoute les réseaux sociaux, dont TikTok, qui empêchent ces consommateurs de se poser cinq minutes sur une chaise pour apprécier un spectacle (et je le vois aussi et surtout parmi les fans de mangas) : il faut sans cesse être alimenté de dopamine, sans quoi nos neurones agissent telle une bombe à retardement sur notre cerveau, entraînant une forte impulsivité de notre part. Et donc cet embranchement des éléments appartenant à cet héritage, cette peinture qui s'enjoint dans un décor lourd de sens, formant une belle architecture, est piétiné par l'impatience de nombreux spectateurs (j'en prends pour exemple une miniature YouTube titrée "2h20 de vide"). J'ai comme l'impression que les gens n'ont plus la patience de voir le décor se poser (surtout que, connaissant la saga, cela ne peut durer que le temps d'un film et doit au contraire s'implanter en plusieurs) et préfèrent directement passer à l'action. Sans rire, si le premier film avait directement débuté avec la confrontation entre Lancelot et Arthur suivi du générique de fin (le tout TikTokable, parce qu'il ne faut pas oublier les bonnes valeurs), nombre d'entre eux auraient exulté.

Concernant les effets de TikToks et la capacité d'attention, il y a beaucoup de discussions sur la diminution de la capacité d’attention des générations exposées aux réseaux sociaux et une sorte de conditionnement à n’être attentif qu’à des contenus très courts, par exemple dans cet article de Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherche CNRS à l’Hôpital-Fondation Rothschild à Paris. Il est malheureusement "naturel" alors qu'en conséquence, pour essayer de plaire à ce nouveau public, certains films suivent ce rythme plus soutenu, ce qui se fait au détriment de l'histoire tandis que les récits qui prennent le temps de se poser sont plus difficile à apprécier.
Après, sur le sujet, j'ai vu certains sur Reddit évoqué que l'"on pourrait poser la même question sur les différences de médias entre les générations précédentes. Quelqu'un qui a grandi en regardant les films des années 80 et 90, qu'on considère comme des classiques, pourrait trouver que beaucoup de films des années 40 et 50 sont d'une lenteur affreuse et trop longs, alors que la personne plus âgée pourrait avoir le même avis sur les films des années 80 et 90 que nous avons sur les médias qui ont été façonnés par les shorts à la TikTok. Remplacez donc "TikTok" par "MTV" et vous avez exactement la même critique des années 80." (réflexion qui trouve une limite car il y a forcément une barrière à un moment donné, un stade où l'on ne peut plus accélérer le rythme. Et avec TikTok et une capacité d'attention sous la minute, c'est extrêmement bas.)

En tout cas, tout cela me rappelle une réplique du film Disney "Cars" à propos de la route 66 qui a été déserté car la nouvelle autoroute permettait de gagner quelques minutes : "À l'époque on ne cherchait pas à gagner du temps, on prenait le temps." Je trouve que ici ça s'appliquerait bien.

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