Peut-être qu'il n'a pas rencontré un immense succès en France... Je ne sais pas trop.
En tous cas ce film fait sûrement parti des succès de ces derniers temps en Allemagne qui continue à se retourner sur son XXe siècle, comme l'avaient déjà fait des films du genre "La chute".

Ce film nous fait vivre les derniers jours de Sophie Scholl, étudiante de Munich pendant la période nationale socialiste et membre d'un mouvement de résistance, la Rose Blanche, qui tente "d'ouvrir les yeux" aux allemands sur leur régime, aussi bien sur les risques de d'effondrement après la défaite de Stalingrad que sur le sort réservé aux juifs. Tout cela par la distribution de tracts, ce qui est bien sûr interdit.

Le déclenchement de ces "derniers jours", c'est l'arrestation de Sophie et Hans Scholl à l'université de Munich, dénoncés par le concierge qui les a vu distribuer les fameux tracts.
La suite, ce sont les interrogatoires, l'enfermement, le procès, la condamnation à mort. Oui donner la fin n'est pas très importante (enfin si, elle l'est, mais ménager le suspense n'est pas très utile...), elle est contenue dans le titre de toute façon.

C'est un film sur la résistance allemande, sur une femme dont l'Allemagne a fait son héroïne, une image de la liberté en quelque sorte, et sur la justice nazie.

Au final ma description n'est pas très précise, et je ne sais même pas si elle donne envie de voir ce film ^^
Mais je maintiens, c'est vraiment un bon film... J'en suis sortie un peu retournée, mais il a le mérite de nuancer un peu les opinions sur l'attitude de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre, et c'est ptête pas mauvais...

Pour info, au cas où j'ai convaincu quelqu'un, il est sorti en dvd la semaine dernière, malheureusement (quoique c'est plutôt sympa finalement) en allemand sous titré français ^^

Je me permets d'exhumer ce topic des profondeurs du forum, parce qu'il n'a pas été écris inutilement, il m'a tout de même décidé a voir ce film (enfin ça et d'autres choses), après beaucoup (trop?) de temps. Remarque, ce n'est probablement pas pour autant que ça rendra ce topic vivant, je ne pense guére motiver de monde pour voir ce film, mais j'ai des choses à dire et je ne vais pas me gêner pour le faire, si déjà je suis lu et que je pousse ne serais-ce qu'une personne a avoir envie d'aller plus loin que mon post alors ce sera déjà formidable.

L'excuse de la langue, Allemand sous titré français n’était pas valable ce soir ni même l’achat du Dvd car le film était diffusé sur Arte. Pour ceux à qui ça ne dit trop rien comme chaîne, essayer donc d’appuyer de temps en temps sur la touche 5 de votre télécommande, c’est loin d’être barbant comme chaîne, elle peut se révéler fort instructive, qui plus est c’est une chaîne Franco-Allemande qui nous renseigne fort bien sur nos voisins. C’est bien d’ailleurs un mal de chez nous ça, de ne pas tellement bien connaître nos voisins. Si je vous parle de seconde guerre mondiale tout suite vous penserez a Hitler, le nazisme, la haine raciale entre les peuples et les croyances (politiques comme religieuses), un pays de gens embrigadés a 200% derrière son chef. C’est bien souvent le stéréotype qu’on en a. Ce film, et c’est là sa plus grande polémique j’imagine essaie de dédouaner un peu l’Allemagne de son passé, montrant que tout n’était pas si lisse et simple, que les crimes et actes inhumains n’étaient pas commis dans l’indifférence la plus totale. Mais l’effort de rendre sa dignité a ces jeunes étudiants tant d’années après leur mort par ce film excuse largement cette volonté rédemptrice (les allemands ont du mal avec leur passé, ce encore jusqu'à aujourd’hui, jusqu'à 60 ans et plusieurs générations après les faits, c’est dire).

Ici, point de surproduction a coup d’effet spéciaux et de millions d’euros, le film se base sur des lieux clos en grande majorité, un nombre restreint de protagonistes. Ce sont les performances d’acteurs qui sont à saluer. Julia Jentsch dans le rôle de Sophie Scholl est émouvante, vraie, troublante, tout simplement bouleversante. Il était dit dans les critiques que sa prestation était remarquable, je ne l’avais cru qu’a demi mot, la force des choses a bien était de constater que c’était même au delà de ça. On peut regretter que le frère de Sophie soit plus effacé car Hans Scholl, joué par Fabian Hinrichs mérite aussi que l’on salue son talent. Un film sur le frère et la sœur aurait probablement été tout aussi bon, mais le choix a été de se porter sur Sophie et en aucun cas cette décision ne déçoit. Alexander Held qui joue l’officier enquêteur de la gestapo est excellent lui aussi, peut être sera-t-il parfois trop bon ou compatissant, il symbolise surtout le conflit entre humain et idéologie, 2 voix qui se battent sous la même tête et un être que cela déchire.

Comme l’a été dit plus haut, ce film raconte les 6 derniers jours de la vie de Sophie, après son arrestation suite a la distribution de tracts contraire à l’idéologie et à la pensée nazie, ce qui mènera a sa condamnation puis son exécution.

Le film est basé sur plusieurs dualités, et la plus forte de celle-ci est celle de la liberté de penser face à la pensée unique formatée, puissamment soutenue par la propagande. Sophie incarne cette envie de penser par soi, cette volonté de défendre ces idées quitte a mourir pour elles. Les deux tiers du film sont consacrés a un face a face avec un officier allemand de la gestapo qui veut lui prendre des aveux, en la faisant plier sous la pression et la vindicte populaire, lui persuadé qu’il agit pour le bien de la société, elle résistant en s’accrochant farouchement a ses idées qu’elle tient pour juste car résultant d’une réflexion personnelle.

Si elle tente de mentir avec brio durant la première journée d’interrogatoire, les preuves contre elle et son frère s’accumulent et elle ne peut nier plus longuement ce qui s’impose comme une évidence. Elle décide alors de laisser parler sa fierté et son honneur et reconnaît les faits qui lui sont reprochés, connaissant ce que la haute trahison impose. Cette fierté dans cette décente aux enfers est remarquable, car presque en aucun instant elle ne pliera (elle cède 2 fois, seule, quand la pression retombe), décidant de se sacrifier plutôt que de dénoncer ou de reconnaître qu’elle a été entraînée.

Plusieurs choix cornéliens, voire faustiens lui seront offerts mais elle les repoussera prouvant ainsi sa réelle opposition au régime, ses idées et ses actions. Elle ira jusqu'à prendre nombre d’accusation pour elle afin de protéger un maximum de ses camarades de son réseau de résistance. Elle sait que dans ce combat, céder la désavouerait et la briserait, elle comme ses idées et elle ne serait que ce qu’ils attendent d’elles, un mouton du régime.

L’agent qui l’interroge n’est pas une machine, comme je l’ai signalé plus haut, il croit en ce qu’il fait et en la mission de laquelle il a été investi mais un duel intérieur le partage. Il a face a lui une gamine, a peine plus âgée que son fils, refusant ses propositions de délations ou de maquillage de la vérité, il réagit par la colère, la condescendance. Il montre que les soldats allemands, de l’armée comme de la gestapo n’étaient pas des robots mais bien des êtres humains, que tous ne brûlaient pas de la flamme exacerbée et extrémiste du nazisme comme on voudrait bien le croire, c’est juste un homme de pas grand-chose, qui après la grande guerre a connu la pauvreté, la pression de la France et a qui Hitler a donné une chance, alors oui il croit en lui et le suit, mais pas toujours par gaîté de cœur. Il s’accroche résolument a croire que ce qu’il fait est pour le bien de la société, son exemple avec le livre de loi est particulièrement parlant.

L’apogée de cet échange entre Sophie et l’officier est ce moment ou un matin il lui offre un café, essayant de l’amadouer, de lui faire changer d’avis, ne comprenant pas son inflexibilité et ou elle répond tout simplement qu’elle veut tout simplement faire face a sa conscience, ce que l’idéologie nazie permets de fuir dans un sens, sous prétexte de l’ordre juste. Elle lui exprimera ainsi toute sa liberté, elle a eu le choix, entre se sauver ou mourir, elle a choisi de mourir, sciemment et en connaissance de cause, un magnifique exemple d’humanité et d’honneur. Ce choix ébranlera l’officier… qui devant tant de détermination ira la croiser dans le couloir de la mort, dans un silence plein de respect.

Le reste du film est consacré au procès, qui sera expédié mais devant lequel les Scholl, frère comme sœur ne plieront pas face a un juge outrancier, méprisant et totalement arbitraire. Cet acte n’ayant de procès que le nom, c’est juste l’aval pour une exécution en bonne est due forme.

En choisissant de résister, de ne pas céder, Sophie aura pris le parti de la liberté, sa liberté a elle, individuelle, qui montre que même enfermée, jugée ou emmenée vers la guillotine on ne peut l’atteindre. Si cette femme a été retenue en tant qu’héroïne, bien au-delà des frontières allemande, c’est bien par son courage et sa fierté a défendre ce en quoi elle croyait, c’est ce qui a permis a ses idées et a sa mémoire de perdurer, comme elle le souhaitais.


Un film poignant de vérité et rempli de fierté humaine, dont ces quelques paragraphes sont bien pauvres pour le résumer, un film tout simplement vrai.