J'ai vraiment beaucoup aimé, étant franchement impressionné par le début (c'est quand même une démonstration des possibilités qu'offre le cinéma d'animation) et pleurant comme une madeleine à la fin, quand bien même tout indique, depuis longtemps déjà qu'on se dirige vers ce terme. L'impression finale est émouvante certes, mais prenante surtout, lourde, pesante, ça hante et c'est vraiment selon moi très beau, très bien amené.
Je retiendrai une série de scènes absolument splendides: le rêve italien et ses fonds peints (??) magnifiques, le tremblement de terre, le premier plan sur la planche et son accompagnement musical, les retrouvailles avec Nahoko, la salade de l'Allemand, la scène des avions de papier, le mariage, l'envol et la fin. C'est une suite de moments de grace et malgré un rythme lent, malgré un aspect de chronique assez décousu, je ne me suis pas ennuyé un moment, emporté que j'étais.
Évidemment, le sens du film, ou plutôt sa "leçon", sont assez passionnants, parce qu'à tiroir bien entendu. Depuis la métaphore sur la création, la question du sacrifice amoureux, de l'absolu d'amour (non non: ce n'est pas niais du tout, pour moi c'est comme Duras, c'est juste sublime. C'est du bon côté parce que c'est consciemment, délibérément, dans l'absolu), on a choses à creuser à foison. La relation entre le créateur et son objet, le dévouement à la pensée.
Sur la dimension historique, j'avais un peu peur, mais franchement j'ai trouvé ça encore une fois très juste. D'abord parce que ce n'est pas le propos premier. Ensuite parce que la guerre est plusieurs fois sous-entendue et critiquée, y compris par Caproni (quand il se moque des délires de grandeur de Mussolini). Si on est dans une perspective d'engagement, ça coince évidemment, mais comme justement c'est tout le contraire (la question globale de l'engagement, au niveau personnel et familial est assez clairement exposée: cela passe au second plan, après la création). Au pire, on peut clairement considérer que Miyazaki nous explique que l'art n'a que faire de la société (mais ça serait en contradiction avec la dimension écolo de son oeuvre; cela dit ça trace aussi une vraie différence avec Takahata par exemple).
Je passe sur les liens avec le reste de l’œuvre, je pourrais disserter dessus pendant une éternité, donc... Mais je trouve ce film particulièrement éclairant pour pleins de motifs, essentiellement familiaux, des précédents films.
Voilà un film que je reverrais volontiers, rapidement. Ça ne m'était pas arrivé depuis un bon moment.
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