
Qu'est ce que
REC ? Le dernier (et sans doute premier à être exporté hors de son pays d'origine) film d'épouvante venu d'Espagne (chose rare) et qui est en train de faire des émules chez les producteurs américains.
Sa particularité ? Reprenant le concept de
Blair Witch, la caméra est au poing, menée par le caméraman Pablo, et nous propose de voir l'action sous un angle différent.
Bande annonceExperimenta el miedoL'histoire est très basique, pas spécialement novatrice et déjà vu. En quelques mots, Angela est une journaliste pour des émissions de pacotille, passant à minuit entre les courses de formule 1 et les reportages sur la pêche, pour une télévision locale. Un soir, elle fait un reportage sur une caserne de pompiers, lorsqu'arrive au standard un appel : des cris étranges ont été entendu dans un immeuble et les voisins alertés ont préféré appeler les pompiers et la police. Une mission de routine pour les hommes du feu, du moins le croient-ils. Arrivés sur place avec la reporter et son coéquipier, Pablo, ils découvrent peu à peu que les choses ne sont pas si simples, et que les cris entendus sont plus dangereux que prévus...
Le synopsis n'a pas de quoi nous allécher, tant il est basique. La suite ira aussi dans ce sens : peu de surprises, même dans les moments qui nous font sursauter. Et c'est sans doute là que le film tire son chapeau. La peur se présente sous deux formes, celle de l'attente d'une apparition zombifique et celle d'être attrapé comme tous les autres personnages par les créatures chères à Romero. Il suffit d'une apparition soudaine pour que l'adréaline monte, tant le cadre se veut -et paraît- crédible. On se recroqueville sur son fauteuil et on prie pour qu'ils s'en sortent, tous, même les plus chiants et sauf les zombifiés.
La façon de filmer est totalement adapté à ce que veut nous faire éprouver, loin du mystique
Blair Witch (le film est très sympa et novateur, mais je trouve que l'utilisation de la caméra au poing est moins judicieuse qu'ici) et c'est avec un total (des)plaisir qu'on regarde
REC.
Plusieurs bonnes choses sont à noter dans le film et le rendent meilleurs.
Tout d'abord parce que pour une fois, les scénaristes ont eu la bonne idée de nous éviter le classique « Mince, j'ai perdu les clefs qui nous permettent de sortir et la porte a la résistance de celle d'un abri anti-atomique, nous sommes coincés avec une horde de zombies ! ». L'histoire de la quarantaine est vraiment bien choisi et cohérent, et surtout, le fait que les personnages soient enfermés alors qu'ils pourraient sortir si les gens en dehors de l'immeuble étaient plus humains est intéressante. Questionnement sur savoir qui est le plus inhumain entre l'homme et le zombie ? Je ne crois pas, le film n'a pas pour but extrême de nous faire nous interroger sur ce genre de problématiques, mais n'empêche que c'est assez fin (contrairement aux hachages de cou des zombies) et bienvenu.
Ensuite, l'action étant irréfrénée et halletante, les zombies sont bien loin de ceux du sus-cités Romero, c'est-à-dire affreusement lents. Ici, au contraire, ils paraissent au tout début totalement penauds et inoffensifs, mais il suffit à quelques malheureux personnages (les deux policiers font cette erreur il me semble) de détourner le regard à quelques métres d'eux pour qu'ils se révèlent d'une incroyable vivacité.
Enfin, la galerie de personnages présentés est très stéréotypées, mais assez agréable pour qu'on s'y attache. Angela n'échappe pas au classique « T'arrêtes pas de filmer c'est le sujet du siècle ! », mais hé là ! Sans ça, pas de film ! Pour une fois que c'est avec une certaine cohérence qu'on a cet archétype, on ne s'en plaindra pas. Et même si elle est légèrement hystérique (après tout, qui ne le serait pas dans une telle situation ?), son rapport avec Pablo, effleuré par moment et surtout à la fin, la rend beaucoup plus attachant qu'on ne l'aurait cru. Le scientifique qui en sait beaucoup sur la situation, le médecin qui finira vite bouffé lors d'une autopsie débouchant sur une boucherie, la minorité visible représentée par la famille vietnamienne, l'homosexuel fier de son profil... tous ne sont pas originaux pour un sou, mais on s'en accomode fort bien. Notament la petite fille dont on sait pertinement que le rôle sera d'être contaminée et d'apparaître soudainement et fixement face aux protagonistes avant de sauter à la gorge d'un d'entre eux. Ce n'est pas révolutionnaire dans ce sens, mais ça n'en a pas l'ambition, et c'est même l'un des facteurs majeurs utilisés pour instaurer la peur.
J'ajouterai au passage la mention d'une multitude d'éléments qui auraient été utilisé stéréotypiquement dans un film d'horreur classique (l'abri anti-atomique évoqué par la grand-mère ; le grand-père vietnamien malade qui aurait pu constituer l'un des ressorts scénaristiques lorsque les protagonistes se seraient réfugiés dans un endroit qu'ils pensaient sauf pour les en faire sortir) et qui sont ici évoqués mais jamais utilisés, comme si l'impuissance des personnages sur ce qui leur arrive était vraiment palpable.
Impuissance mise en excergue lorsque le pompier met un fucking coup de massue dans la face du zombie, la seule fois de ma vie où les gens ont crié leur plaisir dans la salle de cinéma (bien que je soupçonne que ce soit pour détendre leurs nerfs mis à vif pendant un p'tit moment), et il faut avouer que c'est un moment tellement rare dans le film, les personnages étant le plus souvent ballotés (ou boulotés) face aux zombies, qu'il est hautement jouissif.
Nunca jamàs cesar grabarEt alors ? Est-ce pour autant le film d'horreur du siècle ? Tout de même pas.
Principalement parce qu'il a beau être efficace dans la peur qu'il nous fait éprouver, turbulent, accrocheur, et le procédé de la caméra au poing inédit dans ce genre de film, il faut avouer que c'est un procédé assez facile (les imperfections scénaristiques peuvent faciles être gommées par l'argument : vous ne voyez pas tous donc qu'est ce que vous en savez ?), et ne demandant pas vraiment de compétences cinématographiques importantes. Ce qui le différencie d'un film amateur est que la qualité de l'image est bien meilleure et que les trucages sont exceptionnelement écoeurant, mais au delà,
REC n'est pas spécialement fantastique. C'est presque trop facile. En même temps, il existe un cadrage étudié pour que la crédibilité et la compréhension soient de mise (sans faire dans la facilité comme : cadrage en gros plan du personnage avec un vide sur le côté pour que le monstre puisse apparaître), mais il n'est pas vraiment génial. On ne gerbe pas, c'est déjà une bonne chose, qu'on se le dise.
Et puis même, ce n'est pas le film en lui même qui m'a déplu mais les remous qu'il va certainement provoquer dans le nouveau cinéma d'épouvante : c'est moins cher à réaliser qu'un film lambda (en partie parce que la vivacité de l'action veut que le film soit court ; parce que les décors peuvent ne pas être construit -et même c'est conseillé- et que les outils du filmage sont réduits) et aussi adréalinasant, alors pourquoi ne pas réutiliser le concept à l'infini ? J'en prends pour exemple
Cloverfield, qui, si je ne me trompe pas, est sorti avant mais a été produit en 2008 au lieu de 2007 pour
REC, à croire que les films espagnols mettent plus de temps à sortir en France que ceux américains. Et si je me trompe, le genre est un peu différent, donc on lui pardonnera. Ou bien
Quarantine, le remake (pour ne pas dire repompe intégrale et sans imagination vu la
BA) amerloc de
REC avec Jennifer Carpenter (très bonne actrice ceci dit).
Et je serais bien triste de ne plus voir de nouveaux films intégrant autant de génie cinématographique que
Shining,
The Thing,
Alien ou tous les Romero (pour rester dans le zombie ^^). J'espère dans ce cas que je me fourfoie totalement et que ce phénomène ne durera pas des années, et je vous encouragerai donc bien à aller voir ce film à l'ambiance de huit-clos unique et parfaitement réalisé ^^
PS : Pour ceux parlant mieux espagnol que moi, il est possible que j'ai fait de grosses fautes orthographiques et grammaticales sur la deuxième partie de ma critique : mea culpa si c'est le cas ^^"
