En Allemagne, aujourd'hui. Dans le cadre d'un atelier, un professeur de lycée doit enseigner à ses élèves les principes d'une autocratie lors d'une semaine dédiée à l'explication des biens fondés de la démocratie. Lorsque les élèves apprennent que le sujet étudié sera le Troisième Reich, beaucoup traînent les pieds. « Oh non, pas encore le IIIème Reich ! » Le professeur décide alors de leur faire comprendre qu'on n'est à l'abris de rien. Commence alors un jeu de rôle grandeur nature, en faisant de sa classe une autocratie. Un mouvement se forme alors chez les élèves : La Vague. Les conséquences vont s'avérer tragiques.
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La Vague" en version française (
Deu$ inside ^^). "
Die Welle" a été cité et récompensé en Allemagne. Le film est tiré du roman du même nom de Todd Strasser, adapté ici par Dennis Gansel.
J'ai vu ce film cet après-midi, et ce fut une très bonne expérience. Après Gran Torino très sympathique, on a attaqué un sujet déjà plus lourd. Et ça se ressent d'autant plus quand on voit les deux films à la suite ^^.
J'ai trouvé l'ensemble très juste et très bien mené. On est facilement pris dans le scénario, dans cette semaine qui se déroule sous nos yeux. La verve totalitaire s'empare peu à peu des élèves sous nos yeux, et pour tout spectateur qui voit le film extérieurement, c'est une tension palpable tout au long du film. Car on sent dès le début que quelque chose cloche, que ça va trop loin, et que cela va finir tragiquement. Petit à petit, les éléments s'additionnent sur la liste des détails insignifiants qui forment finalement La Vague. Quasiment un gang. Une manière de penser, et une véritable reproduction des dictatures déjà connues. Il est alors quasiment impossible que tout redevienne comme avant, comme si de rien n'était. Et on est passé d'un état à l'autre, de la démocratie à l'autocratie, et carrément à la dérive sectaire, sans quasiment que personne ne s'en rende compte.
Mais malgré tout, preuve bel et bien que cet état d'esprit peut-être en chacun de nous, on est presque attendri, et on comprendrai presque La Vague. Ce sont des élèves touchants, humains qu'on nous présente, avec leurs habitudes, leurs façons d'être. Ainsi, une foule de jeunes acteurs peuvent être remarqués, comme Max Riemelt incarnant Marco, ou le dingo qui actualise les pièces de théâtre, ou même Jennifer Ulrich qui joue une des seules opposantes à La Vague, et qui s'en sort admirablement bien. A tel point qu'on en viendrait presque à la haïr parce que le film nous pose du côté du mouvement, et qu'elle est justement à l'opposé. Et puis, je ne peux pas ne pas citer Frederick Lau, parfaitement juste dans son rôle d'ado complexé et reclu. Un peu caricatural, peut-être, mais il en fallait un, et je l'ai trouvé convaincant. Si ce n'est le plus bouleversant du film.
Evidemment, il faut remarquer la prestation de Jürgen Vogel, excellent dans son rôle de prof plein d'entrain. Il m'a un peu rappelé Robin Williams, mon acteur fétiche, dans
Dead Poets Society. D'ailleurs, le message est un peu le même : la jeunesse est maléable. Très maléable. Trop maléable, et cela sûrement dû à l'individualisme prônant sur le collectivisme et l'esprit de groupe de nos jours. Bref, l'acteur incarnant Rainer Wenger est excellent, il restera dans ma mémoire rien que pour ce rôle. Et en plus, il porte des T-Shirts de The Clash et d'autres groupes que j'ai oublié.
Autre point intéressant : la véracité du propos. Ben ouais, le scénario se base sur un fait réel qui a eu lieu dans les années 60, en plein
Flower Power, aux Etats-Unis, où un professeur avait réellement mené ce genre de projet, et où les élèves avaient eu ce style de réaction. Flippant de voir que certains faits et actes dans ce film sont réels. L'ensemble est un peu modernisé grâce aux quelques musiques, et aux décors qui donnent plus un effet actuel (d'autant que l'action se passe en Allemagne et non aux States), permettant de mettre en scène une évidence : cette maléabilité des élèves est toujours à l'ordre du jour.
Enfin, sans dévoiler la fin car sinon ce serait un drame pour certains, je dirais que le film a réussi à me marquer profondément grâce à cette dite-fin. On ne l'attend pas... de cette manière. On se doute bien que tout ne peut s'arrêter sans qu'il n'y ait de dommages collatéraux. Pour autant, on était loin de s'imaginer ce qui allait arriver. La scène de fin, et notamment
l'arrestation de Wenger permettent de donner une finalité et un ton tragique à ce film, qui n'avait jusqu'à ce moment que peu sombré dans le côté trop sombre de la dictature.
Malgré tout, j'avoue qu'un petit défaut pointe le bout de son nez. A certains moments du film, les récits annexes prennent le pas sur le message de fond. J'entends par là qu'on a le droit à des scènes de vie des jeunes du lycée, notamment dans leurs petites histoires amoureuses. Certes, j'avouerais que cela n'est pas trop dommageable au metteur en scène, car c'est sûrement la même chose dans le roman. Néanmoins, quite à traiter ces aspects, il serait bon de le faire franco : un p'tit gars trompe sa copine en embrassant une autre fille à un moment et... Rien. Aucun aboutissement, si ce n'est un peu de piquant pour le public. Qui je pense s'en contrefout un peu, car ce n'est malheureusement pas le Grand Public qui va se déplacer dans la salle projetant ce film.
Ce qui est dommage avec ce genre de film, c'est que peu de gens, si ce n'est personne, n'aura remarqué sa sortie, et que celui-ci va vite finir enterré. Quoi que, "
Die Welle", c'est aussi tout à fait le genre de film qui pourrait servir lors d'un cours d'Histoire ou d'Allemand. Pour preuve : on a visionné en partie "
Das Leben die Anderen" ("
La vie des autres", en version française) en Luange Vivante 2. Et ça ne m'étonnerait pas que ma prof essaye de nous passer un morceau de ce que j'ai vu cet après-midi quand le DVD sera sorti.
En somme, je vous le conseille. Certes, le tout n'est peut-être pas aussi captivant pour quelqu'un ne s'intéressant que peu à l'Histoire ou à la Politique en général. Pour autant, ça mérite le détour, et si jamais vous avez l'occasion, essayez, vous m'en direz des nouvelles. Car dans l'ensemble, et malgré quelques passages inutiles, le film est splendide, les acteurs magistraux, et la leçon mémorable.