N'en déplaise à Edwood, je préfère monter un petit topic sur ce film que j'ai eu l'occasion de voir aujourd'hui plutôt que de poster dans le topic du manga. Par contre, je lui choppe son affiche.
Synopsis
I was born in a crossfire hurricane.
1969 : Kenji et sa bande de copains passent leurs vacances d'été à rêver de l'exposition universelle d'Osaka et à s'inventer un scénario catastrophe de fin du monde depuis une base secrète improvisée dans un terrain vague. A cette époque, Kenji voulait devenir une rock star et sauver l'humanité.
1997 : Kenji aide sa mère dans la supérette de quartier tout en jouant la baby-sitter pour sa nièce Kanna. Ses rêves de gamin resurgissent lorsque la police le questionne sur une mystérieuse organisation dont le symbole serait identique à celui inventé dans le "cahier des prédictions" de sa bande lorsqu'il était enfant.
Le compte à rebours commence, la fin du monde est proche...
(source :
Allociné)
Avis
L'adaptation cinématographique, comme tout autre adaptation, est un exercice compliqué et simple à la fois qui demande beaucoup de talents en même temps qu'un manchot semblerait pouvoir la faire. Il existe deux façons d'aborder l'adaptation, qui sont deux façons de la rater. La seule solution possible est de trouver le bon équilibre entre ce que le fan attend et ce qui est faisable sur un écran. Verdict ?
Il y a adaptation...
Friends say it's fine
Friends say it's good.
Vous savez, celle qui pullule le plus souvent dans les blockbusters hollywoodien des dernières années, et qui fait crier au scandale tous ceux qui connaissent le support originel (le plus souvent le livre).
Celle qui vous démonte tout ce que vous imaginiez dans votre tête parce que, non pas que les choix de casting ou de décors ne sont pas le fruit de votre imagination, mais bien parce qu'il existe des grosses incohérences avec le propos du livre/bd/autre. C'est-à-dire qu'on a l'impression, à un instant donné, que le scénariste a survolé l'oeuvre de départ et a squeezé ce qui n'était pas assez bon public, qui rajoute des trucs hallucinants pour le plaisir et qui démonte les passages les plus intéressants par des ellispes absconses.
Mais aussi, c'est étrange mais on a l'impression que les acteurs sont tous simplement mauvais dans ce genre d'adaptation (pour ceux qui en douteraient encore : oui, ce que je dis depuis tout à l'heure vise absolument HP). Je pense que j'ai sincérement une dent contre les acteurs japonais depuis... Death Note ouais (excellent exemple de ce qu'il ne faut pas faire). Parce que là, 20th Century Boys est presque la quintescence de la non-crédibilité par les acteurs. Leur jeu est quasiment trop artificiel, pas assez naturel, il y a du rajout incessant (Kenji qui te fait des "Oh" que même pour rigoler tu n'oserais JAMAIS faire) ; mais j'ai bien conscience que tout cela rejoint ce qui va suivre...
...Et il y a adaptation.
Everybody says it's just like rock and roll.
Beaucoup plus rare, ce genre est celui dans lequel tombe totalement 20th Century Boys : la trop grande fidélité au manga. On pourrait penser que c'est une qualité, mais en fait pas tellement : manga et film sont deux choses différentes, et appliquer la formule de l'un à l'autre a des effets pour le moins... dévasteur. Old Boy est un très bon exemple de ce qu'il faut faire. Pas 20th.
Sans doute que le style d'Urasawa est vraiment trop dense, ou que le format trilogique n'est pas adapté à ce film (qui aurait donc dû être fait sous la forme d'une série), mais les scènes sont simplement imbuvables. Du début à la fin. Aucune intensité dramatique, aucune force narrative, on a l'impression d'assister à un grand bourrinage pour faire rentrer en 2H30 le maximum de moments du manga. Alors que le point fort d'Urasawa - au lieu d'être le scénario comme certains le pensent- est d'imprimer une narration feuilletonesque et ultra-rythmée, là c'est justement le contraire qu'on nous offre. Ceci explique peut-être le jeu des acteurs, précipité.
Ensuite, l'adaptation est tellement fidèle qu'elle parait par le moment... anti-immersive. Entre les décors qui s'appliquent parfaitement aux cases de l'auteur, mais qui ne semble pas avoir vécu et qui a l'air d'avoir été déballé de son polystyrène pour l'occasion (sérieusement, la planque du métro qui est parfaitement clean, c'est... spécial) ; et les passages qui, passant comme une lettre à la poste, prendraient des dimensions farcesques en film, il n'y a rien de pire.
Mais il y a du bon dans cette obstination de coller au plus près à l'univers du manga : la bande-originale, qui dépote méchamment et qui a dû coûter bonbon en droits d'auteur (on sait où le budget est passé, tiens)
En définitif ? On peut aimer 20th Century Boys le film si on est ultra-fan de la série au point de ciser les burnes de celui qui touchera une case du manga (à noter que le point de départ est intéressant et différent) ou alors si on n'a jamais touché au manga (en témoigne l'avis d'Edwood ^^). Pas entre les deux. Malheureusement, c'est là que je me trouve, dans la tendance "aime beaucoup 20th Century Boys" mais pas assez pour voir la chose exploser comme une baudruche à l'écran. Les deux autres volets seront sans moi.
