Mr Nobody
En allant voir Harry Potter 6 au cinéma (que visiblement je suis un des seuls à avoir aimé^^), je me suis fait accosté par une jeune hôtesse qui me demandait si j'étais prêt à me rendre au cinéma trois jours plus tard pour voir l'avant-première de Mr Nobody, et cela gratuitement.
Je n'avais jamais entendu parler du film, mais en voyant la liste des films qu'elle me demandait si j'avais déjà vu ou non, du genre Juno, Traffic, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Babel... je me suis dit que je ne risquais pas grand chose.
Une amie invitée et trois jours après, on se retrouve dans la salle pour une des toutes premières projections publiques du film (si pas la première)!
Synopsis
J'essaie de rester le plus évasif et moins spoilerisant possible. Je crois même que j'en révèle moins que la bande annonce. Je ne peux que vous conseiller d'avoir la surprise totale en allant voir le film, mais comme il semble douteux avec les moyens d'aujourd'hui que quiconque aille voir un film sans en avoir jamais entendu parler avant, je vous met un synopsis made in me et ce que j'en ai pensé. Je répète, je n'en dévoile pas plus que la bande annonce (qui ne gâchera toutefois pas le plaisir du film je pense), mais si vous me faites confiance, allez le voir comme moi sans rien en savoir^^
En 2092, un homme fête son 118ème anniversaire. Nemo Nobody (soit personne personne en traduisant du latin et de l'anglais) est le dernier mortel dans un monde ou la quasi immortalité a été atteinte.
Alors que le monde tente de décider si on doit lui offrir l'immortalité ou le laisser mourir, il va se souvenir de sa vie avec l'aide d'un journaliste et de son médecin.
La rencontre de ses parents, sa naissance, son enfance, jusqu'à ce jour fatidique où, à l'âge de neuf ans, ses parents se séparent. Sur le quai de la gare, sa mère lui pose une question: "Tu pars avec moi ou tu restes avec ton père?".
Au dernier moment le jeune garçon lâche la main de son père, cours, rattrape le train et se blottis contre sa mère.
Au dernier moment, le jeune garçon lâche la main de son père, cours, mais son lacet casse, il trébuche et regarde le train s'en aller.
A partir de cet instant, le vieillard étant bien vieux, il ne se souvient pas, et à chaque croisement ou événement important de sa vie, nous allons suivre les différents destins possibles et parallèles.
A la manière d'un livre dont vous êtes le héros, nous suivons simultanément les multiples destins, les multiples amours, les multiples trajectoires d'un personnage perdu au milieu de ses choix.
Bande Annonce
Cinématographie
Que ce soit bien clair, Jaco van Dormael est un génie. Même si apparemment il y avait un livre derrière tout ça, n ne peut que saluer la prouesse immense de l'avoir aussi bien retranscrit.
Il parvient à rendre un film aussi foisonnant, si pas limpide, du moins cohérent et compréhensible.
La réalisation elle-même est exemplaire et quasi un cas d'école; Il parvient à mêler de nombreuses ambiances différentes, de nombreux mondes mêmes, que ce soit dans une science fiction débridée, un quotidien dramatique, de l'émoi adolescent, du film stylisé à la Amélie Poulain ou encore du bizarre complet.
Certains plans sont sublimes et magnifiques, les moyens de gérer la notion du temps notamment, avec des ralentis et des accélérations, parfois les deux en mêmes temps, il faut le voir tant c'est brillant.
La scène du plongeon, la scène dans la gare, celle des trois jeunes filles, celles dans le vaisseau spatial, la prémonition...
Les acteurs sont fantastiques. Jared Leto crève l'écran dans un rôle choral des plus complexes où il doit changer de personnage quasiment toute les scènes (même si j'imagine que lors du tournage, chaque embranchement à du être filmé séparément, ça reste très impressionnant).
Les autres acteurs sont également très très bons, dans des rôles souvent loin d'être facile. je pense en particulier à Sarah Polley qui est très impressionnante dans son rôle d'Elise et Diane Kruger dans celui d'Anna. Sarah Little est également très bonne; Rhys Ifans et Linh-Dan Pham sont excellents mais malheureusement moins présent à l'écran (quoi qu'ils ont un rôle conséquent). Mention également aux jeunes acteurs Juno Temple, Clare Stone et Toby Regbo qui font vraiment du très bon boulot.
La musique est également un gros plus. Le score est très bons, et l'usage des chansons et assez énial égalemnt, avec certaines comme Daydream de Wallace Collection ou Mr Sandman des Chordettes qui reviennent comme un motif cohérent dans le film, prenant des significations différentes selon les époques ou les trajectoires.
Avis Personnel
Comme l'a très bien dit une spectatrice lors du débat final, c'est un long film, 2h30, mais il n'y a pas de longueurs.
Je mentirais si je disais que le début n'est pas perturbant et qu'on comprend immédiatement où on veut nous emmener.
Mais au fur et à mesure, les pièces du puzzle s'emboîtent et le tout prend sens, même si les contours restent flous, ce qui nécessitera je pense de multiples visions, ce dont je m'acquitterai avec un grand plaisir.
Un autre spectateur a eu cette autre réflexion: Ce film était trop grand pour Cannes (où il ne fut pas sélectionné). Je ne sais pas si c'est vrai, seulement j'ai quand même peur qu'il n'ait pas le succès qu'il mérite, alors je le conseille à tout le monde, parce qu'il le vaut bien.
Espérons que sa sélection à Venise se passe bien, il le mérite^^
Bref, dire que j'ai adoré serait peu dire. Le film mêle avec brio de nombreuses théories comme l'effet papillon, les embranchements des possibilités, mémoire du futur, phénomène de déjà vu, big bang et big crunsh, création de réalité parallèles, mais au delà de ça, c'est un compte philosophique brillant sur l'importance des choix et les (parfois petits) moments où la vie bascule.
Avec la question que tout le monde se pose parfois: Comment en suis-je arrivé là?
Bref, j'adore, je le conseille et je le reverrai plus que certainement.