► Synopsis
Bernie, un jeune homme de dix-sept ans, débarque à Buenos Aires afin de retrouver son frère Angelo qu'il n'a pas revu depuis une dizaine d'années. Angelo a en effet rompu les ponts avec sa famille, une famille d'origine italienne qui a immigré en Argentine au début du XXème siècle avant de rejoindre les États-Unis suivant le succès de Carlo Tetrocini. Bernie est aidé dans sa démarche par Miranda, la compagne de Angelo, mais les retrouvailles avec son frère ne sont pas celles qu'il pouvait attendre : ces dernières sont glaciales et son frère souhaite qu'on l'appelle par un autre nom, Tetro.
► Avis personnel
Si j'ai été voir ce film, c'est principalement à cause de la curiosité induite par les échos du festival de Cannes de cette année 2009 et les critiques apparues alors contre le film. Que Coppola créé l'évènement quand il présente son dernier film, rien de plus normal, mais je ne m'attendais pas en mai dernier à voir que le film en question pouvait être aussi peu enthousiasmant, voire pire, pour la critique. Les mois passant, le film n'a pas fait parler à nouveau de lui et c'est presque en catimini qu'il déboule dans nos salles obscures, avec des critiques pas forcément élogieuses. Tetro est donc le signe flagrant d'un Coppola-père trop vieillissant pour briller de nos jours ?
Absolument pas. Si Tetro est un film nombriliste et pédant au possible comme on peut le lire ça et là, eh bien, j'aimerais voir des réalisateurs devenir aussi séniles que Coppola à l'avenir car ils accoucheraient de films très intrigants, et surtout prenants. Je n'entre pas trop dans le détail mais le drame familial qui porte le film est très réussi, navigant entre divers eaux de sorte que l'on a difficilement l'occasion de faire le point rationnellement sur ce que l'on a devant les yeux. En parlant de ce que l'on a devant les yeux, le noir et blanc quasi-permanent, une lubie pour Coppola ? Ah, ça, c'est une question que l'on peut se poser même après avoir vu le film. Certes, esthétiquement, ça en jette avec de superbes effets de contrastes ou de lumières ; mais de là à ce que cela se justifie dans l'histoire... Oui, il y a certainement des éléments qui l'affirment mais j'attendais peut-être à ce niveau là un rapprochement plus certain entre ce choix et les errements de Tetro. Quoique, si on se dit que Coppola a ce film en tête depuis les années 1960, peut-être qu'il se paye un luxe tout ce qu'il y a de plus rétro pour créer une œuvre de jeunesse qui a réellement le cachet de l'époque.
Concernant le film en lui-même, ce dernier est bourré de symboliques en tout genres où l'on peut tout voir où presque (après le film, on regarderait presque différemment les papillons de nuit qui s'agitent autour des sources de lumière ou bien encore les miroirs à proximité) et on s'enthousiasme bien facilement avec la science avec laquelle Coppola nous présente Buenos Aires. Je reviens à ce que j'ai écrit précédemment mais c'est ce qui me semble bon à marteler à propos de ce film, c'est que son drame est terriblement accrocheur à suivre. Si le personnage de Tetro donne bien évidemment toute sa mesure à ce film (et de quelle manière !), ceux de Miranda et de Bernie ne m'ont pas laissé indifférents pour autant. Quand on sait après coup que Coppola laisse transparaitre une partie de sa vie familiale à travers ce film, ça fait quand même froid dans le dos... mais c'est très certainement cette expérience retranscrite ici sous le coup de la fiction qui donne un intérêt bien marqué au film. Avant de l'oublier, j'ai quand même un point en particulier qui m'a dérangé dans ce film,
le développement de l'intrigue autour du personnage de Alone. Elle représente la célébrité à laquelle Tetro a renoncé malgré son génie apparent aux yeux de tous, OK mais... à quoi cela a bien pu nous servir de nous dire qu'elle a trahi les espoirs de Tetro alors que l'on ne nous montre pas de quoi il en retourne ? Comment peut-on se permettre de personnifier à ce point un concept auquel Tetro renonce sans ancrer un tant soit peu le personnage ? À côté de cela, la séquence du prix du Parricide est celle que j'ai le moins apprécié du film, car celle-ci a pour but de dévoiler un secret qui n'en est plus forcément un pour le spectateur car il a pu le deviner à la découverte des feuillets à l'hôpital. Ce qui était une révélation pour Bernie a marqué surtout un temps mort dans le film à mes yeux. Une très légère critique tout de même par rapport à la richesse du film qui m'a convaincu.
Tetro a été une très bonne surprise, allant à l'exact opposé des critiques que j'ai pu en lire auparavant. Ce film se révèle peut-être une hyperbole de la vie familiale de Coppola pour qui est conscient de cet état de fait, mais j'en retiendrai avant tout un drame poignant secondé par des personnages qui le sont tout autant. Coppola-père n'a donc pas encore définitivement laissé le champ libre à sa fille pour être le seul génie en activité de la famille.
