Pour la plupart d’entre vous, aujourd’hui est un jour comme les autres, alors que pour moi, je vais subir les affres du temps et vieillir d’une année de plus. Ce qui est également le cas du réalisateur que je vais me faire plaisir de vous présenter.
CHRISTOPHER SMITH
En seulement quatre films, Christopher Smith réussi l’exploit de devenir à mes yeux un réalisateur plein de talent et d’originalité, au potentiel énorme.
Né le 16 août 1970 à Bristol en Angleterre, diplômé en cinéma et en production, Christopher Smith gagne rapidement le prix Royal Television Society en 1997, qui récompense le meilleur script d’étudiant. Après la réalisation de deux courts métrages remarqués, The 10.000th Day et The Day Grandad Went Blind, il se tourne vers la télévision et démarre sa carrière en tant que réalisateur et assistant de production pour divers émissions. Il commence également à écrire ses premiers scénarios pour une série TV, Eastenders.
C’est en 2004 qui se lance à la réalisation de son premier film, Creep.
CREEP (2004)
Londres, par une froide et triste nuit d'hiver… A minuit, au sortir d'une soirée chic copieusement arrosée, Kate guette vainement un taxi avant de se résoudre à prendre le dernier métro. Sous l'effet de l'alcool, la jeune femme ne tarde pas à s'assoupir sur le quai. A son réveil, la station est déserte… Affolée, Kate se dirige vers la sortie, mais les grilles sont déjà fermées. Un train s'arrête alors, elle y monte, quelque peu inquiète d'en être la seule occupante. Au beau milieu du tunnel, le convoi s'arrête brutalement, toutes les lumières s'éteignent… Et le cauchemar commence…Pour les curieux:
TrailerDistribution: Franka Potente (Kate), Vas Blackwood (George), Jeremy Sheffield (Guy), Ken Campbell (Arthur), Kelly Scott (Mandy), Paul Rattray (Jimmy), Johnatan Taylor (1er conducteur de train assassiné), Daniel Joseph Scott (2e conducteur de train assassiné), Morgan Jones (le gardien de nuit), Sean Harris (Craig)
Mon Avis:Premier film et première réussite. Christopher Smith distille assez rapidement une ambiance glauque et étouffant avec pour lieu le métro londonien, visuellement proche du notre. La force de Creep est qu’il dénote énormément des films d’horreurs de base et de nous offrir un film réellement effrayant. Au-delà de ça, Christopher Smith se permet même de faire passer une critique sociale actuelle derrière un scénario pourtant classique. Les différences de statut étant traité de manière intelligente avec sa distinction entre le monde d’en haut (la bourgeoisie) et celui d’en bas (les sans-abris), et que sans le vouloir, Kate va franchir cette barrière invisible et devoir assumer quelque chose dont elle n’est pas responsable, le monstre.
Le monstre, personnage cauchemardesque qui ne se laisse pas déshumanisé pour autant, glaçant d’effroi le spectateur par son comportement dérangé et dérangeant. Le tour de force est de permettre d’offrir une créature doté d’une raison et d’une intelligence qui fait de lui un homme à part entière (il est même nommé).
Christopher Smith a également prit la peine de faire du métro un personnage à part entière, lieu de la basse classe, crade et poisseux, imprégnant les lieux, avec des scènes intelligentes, de claustrophobie et de peur du noir et de l’inconnu.
Creep est un véritable film d’horreur, loin d’être innovant mais revenant à la source de la peur, sans usé d’artifice ou d’hémoglobine à outrance. De plus, le film ne souffre qu’aucune prétention quelconque, et ça, ça fait du bien.
SEVERANCE (2006)
Six personnes de la société de vente d'armes Palisade Defense se rendent à un week-end de paint-ball organisé par leur entreprise.
Malgré l'étrangeté des lieux et les rumeurs qui s'y rapportent, le week-end démarre plutôt bien jusqu'à ce que les participants découvrent qu'ils sont devenus la proie de soldats d'élite légèrement dégénérés.
Dès lors, ils vont devoir se battre pour leur survie et l'expression répandue dans leur business "tué ou être tué" va prendre tout son sens...Pour les curieux:
TrailerDistribution: Danny Dyer (Steve), Laura Harris (Maggie), Tim McInnerny (Richard), Toby Stephens (Harris), Claudie Blakley (Jill), Andy Nyman (Gordon), Babou Ceesay (Billy), David Gilliam (George), Matthew Baker (Noseferatu), Juli Drajkó (Olga), Kaite Johns (Mannequin sur le site web), Judit Viktor (Nadia), Sándor Boros (Le chauffeur de car)
Mon Avis:Severance est le premier film de Christopher Smith que j’ai pu voir. De plus c’est le film ayant eu le droit à une sortie cinéma digne de ce nom. Malgré tout Severance est loin d’être le film le plus aboutit et effrayant de sa filmographie, mais il reste tout de même le plus décalé, le plus saignant et le plus drôle. Oui drôle, malgré que le film suit les traces de son ainé qu’est Delivrance de John Boorman. De plus on retrouve toujours ce côté satyre, cette fois-ci celui du monde de l’entreprise accompagné d’un humour totalement british qui fait mouche à chaque fois.
Difficile d’en dire plus vue que j’ai visionné le film il y a déjà un petit moment (2006), mais j’ai tout de même souvenir d’un film fort sympathique à l’humour noir, toujours sans prétention et particulièrement efficace.
TRIANGLE (2009)
Jess, une jeune mère célibataire, rejoint un groupe d'amis pour une excursion en mer sur un voilier. Mais un phénomène climatique étrange plonge l'embarcation en plein cœur d'une tempête tumultueuse. Accrochés à l'épave du voilier, les survivants voient l'espoir renaître avec l'apparition d'un paquebot sorti de nulle part. Mais une fois montés à bord, ils s'aperçoivent que le gigantesque navire est désert. Intrigués, le groupe décide de chercher la trace des passagers et de l'équipage mais Jess commence à remarquer des éléments familiers troublants... C'est alors qu'un mystérieux personnage masqué fait son apparition.Pour les curieux:
TrailerDistribution: Melissa George (Jess), Joshua McIvor (Tommy), Jack Taylor (Jack), Michael Dorman (Greg), Henry Nixon (Downey), Rachael Carpani (Sally), Emma Lung (Heather), Liam Hemsworth (Victor), Bryan Probets (le chauffeur de taxi)
Mon Avis:Quel claque, une pure réussite, autant sur le point scénaristique qu’esthétique. Pourtant le film ne part pas sur de bonne base avec son scénario basique mais rapidement on comprend que quelque chose ne se passe pas normalement lorsque la soit disante intrigue se termine très brusquement. Et à partir de ce moment là, le film part dans une boucle temporelle vécu par divers point de vue. Malgré un pseudo concept compliqué, les évènements deviennent cohérents, se rattachant à chaque moment des différentes perspectives. Ca reste fluide et compréhensif, ce qui est du pur génie quand on voit la complexité de ce genre de traitement.
On retrouve également l’ambiance inquiétant et étouffant de Creep avec cette caméra qui surveille l’action. D’ailleurs on constate l’inspiration des lieux avec un certain hôtel de Shinning, ce qui influence grandement le côté paranoïaque de l’héroïne. Malgré quelque longueur par moment, le film tient la route de bout en bout et offre un final loin d’être optimiste.
J’ai également bien aimé le traitement des personnages, l’héroïne étant sa propre spectatrice de son histoire et les personnages secondaires des acteurs n’ayant aucun pouvoir sur le déroulement de l’histoire.
Un fort joli film qui n’a malheureusement pas eu le droit à la notoriété qu’il aurait mérité.
BLACK DEATH (2010)
1348, en Angleterre. Une épidémie de peste bubonique ravage le pays en décimant une partie de la population, Osmund, un jeune moine, reçoit la mission d’accompagner un groupe de chevaliers mené par le redoutable Ulric afin d'enquêter sur d’étranges phénomènes se produisant dans un petit village reculé. Il semblerait en effet qu’en ce lieu les morts reviennent à la vie. Comprenant que cela est le fait d'un nécromancien ayant un lien particulier avec le village, les chevaliers et le moine se lancent à sa recherche et finissent bientôt par le trouver en la personne de Langiva, une mystérieuse jeune et belle femme. Mais le voyage va vite basculer à l'horreur quand Osmund doit faire un choix cornélien, entre sa croyance et Averill, la femme qu'il aime, après avoir passé un pacte avec Langiva.Pour les curieux:
TrailerDistribution: Eddie Redmayne (Osmund), Sean Bean (Ulric), Carice van Houten (Langiva), Kimberley Nixon (Averill), David Warner (The Abbot), John Lynch (Wolfstan), Tim McInnerny (Hob), Andy Nyman (Dalywag), Johnny Harris (Mold), Tygo Gernandt (Ivo), Jamie Ballard (Griff), Emun Elliott (Swire), Daniel Steiner (Monk), Nike Martens (Elena)
Mon Avis:Dernier film en date de Christopher Smith, Black Death est sûrement son film le plus aboutit. On retrouve une nouvelle fois Sean Bean dans un rôle qui lui colle un peu trop à la peau mais il a le mérite d’être toujours juste et de ne jamais éclipser les autres acteurs. Le film réussit le parie de jouer avec le fantastique tout en restant ancré dans la réalité, laissant l’ambiguïté des forces en actions sur le village. Depuis Triangle, Christopher Smith semble s’être débarrassé de toute force de manichéisme, et plus particulièrement sur ce film, même le personnage principal finira par abandonner cette pensée à la fin du film, nous offrant une fin particulièrement malsaine. Une nouvelle fois, scénario et ambiance sont les points forts du film, dont les acteurs sont une parfaite maitrise du danger de la peste, discrète mais dangereuse et l’église inquisitrice qui basculera vers l’extrémisme.
Christopher Smith signe un film particulièrement intelligent dont le scénario n’est pas sacrifié au profit de l’action, distillant une noirceur dans le cœur des personnages jouant avec leurs psychologies sans jamais répondre à leurs questions.
Au final, Christopher Smith est un réalisateur à suivre, et je peux dire que son prochain film sera attendu au tournant tant le bonhomme fait preuve d’intelligence et de talent, autant à la réalisation qu’à l’écriture (scénariste de ses trois premiers films). A suivre…