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 Sujet du message: Heat
MessagePosté: Dim 16 Mai 2010 23:07 
175 000 000 Berry
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I'm alone, I am not lonely.


Ma foi, je suis fort étonné que personne n'est encore chroniqué ce film, sur ce beau forum qu'est la Volonté du D. D'accord, il est un peu vieux, mais bon, quand même, c'est un classique des Nineties. C'est parti !

"Heat" est un film de Michael Mann, datant de 1995. C'est une sorte de "version longue" (très longue pour le coup) d'un précédent travail, "L.A. Takedown", qu'il n'avait pas réussi à faire paraitre sur grand écran; on peut dire que le succès du "Dernier des Mohicans" lui a permit de faire avaler la pilule à des producteurs peu convaincus. Le film a été vendu quasiment uniquement, sur le fait qu'il proposait un polar avec Al Pacino et Robert DeNiro, dans les rôles antagonistes principaux (mais vu le calibre des deux acteurs, c'est presque suffisant). Même la bande-annonce se résume à "un film nécessairement trop cool puisqu'il y a Pacino et DeNiro".

Synopsis


Le film raconte la confrontation entre le lieutenant de la LAPD Vincent Hanna (Pacino) et le gang mené par Neil McCauley (DeNiro).

Thèmes et Avis


Le film, fidèle à sa promotion se construit comme un immense chassé-croisé entre deux figures semblables, mais irrémédiablement opposées. On suit fidèlement, de manière égale, Pacino et DeNiro, le gang de ce dernier possède un traitement un peu plus poussé, que le groupe de policiers.

Bien entendu, il s'agit de montrer la similitude entre le policier et le criminel. Ils sont tous les deux des êtres affectés par la bonne vieille solitude Mannienne. Pacino considère sa vie comme un désastre, il l'a passé à pourchassé des gens et n'a rien pu construire. Il en est à un troisième mariage en chute libre. Il ne prend pas de temps, ni pour sa femme, ni pour sa belle-fille - pour qui personne ne prend de temps d'ailleurs. Pacino pourtant, est content du train de vie qu'il mène. Il ne se sent chez lui qu'avec une bonne affaire sur les bras; il ne se sent véritablement vivre que dans l'action. Ses seuls amis sont ses partenaires (qui sont un parfait ensemble Bennetton : le black, le blanc, l'indien). C'est un personnage obsessionnel, grandiloquent, il se donne en spectacle, éructe, mais il est professionnel, il ne laissera aucune chance à ses opposants, il ne sait rien faire d'autre et se fiche de faire quoique ce soit d'autre...

DeNiro est lui attaché par sa "règle", que lui a livré son mentor en prison : "ne pas s'attacher à quoi que ce soit qui ne puisse être abandonné en 30s chrono si l'on sent les flics à ses trousses". Respectant cet adage à la lettre, c'est un homme posé, calme, presque passe-partout. Il apprécie ses amis, il les respecte, mais il ne les sauvera que pour se sauver lui même. Il n'a en fait, personne à part lui-même. En rencontrant une jeune bibliothécaire, il va se rendre compte de ce vide et va tenter vainement de s'en sortir. Pour la première fois, il s'ouvre, il veut se laisser une chance, se prouver que cette règle qu'il tient pour essentielle ne doit pas le déterminer, mais il reste comme Pacino, seul. Il ne retournera jamais en prison, plutôt mourir et le destin sera sans pitié. C'est un personnage violent et sans concessions, il possède une éthique dure mais salutaire.

Les rôles secondaires sont fournis. Kilmer joue le sidekick volage de McCauley, accro au jeu, réellement amoureux de sa femme. Il ne croit pas à la règle de son leader, mais le suit jusqu'au bout, non seulement par amitié, mais aussi parce qu'il a besoin de l'argent et qu'il est trop minable pour savoir faire autre chose. C'est un personnage brutal, colérique, mais le plus humain de tous, le plus propre à suivre ses émotions, en bien ou en mal.

Tom Sizemore joue l'éternel dur à cuire. Un vieux de la vieille, méchant, précis, sans pitié. Les casses sont sa vie, il se sent comme un poisson dans l'eau les armes à la main, c'est un pro de chez pro. Il est presque le plus proche de Pacino par l'attitude qui oscille entre grande gueule et tension maniaque. Pourtant c'est aussi un père de famille, qui comme tout le monde blague avec ses filles, est un mari aimant, etc. Un brave gars, mais un gars dangereux. Il a le droit à une scène très ambiguë, qui hésite entre prise d'otages et désintéressement.

Reste dans les rôles périphériques, Le mexicain aléatoire, joué par le classique mais très efficace Danny Trejo. Kevin Gage est le psychopathe, qui permet de relativiser le reste du cast. Jon Voigt, l'indic-mentor qui voudrait que tout se passe bien. Wes Studi, l'acolyte Badass de Pacino. William Fichtner le parrain-yuppie déconnecté... Un cast d'une qualité incontestable, chaque personnage est léché jusqu'au bout des ongles, une dizaine de personnage en plus des deux antagonistes, qui sont tous parfaits dans leurs rôle et offrent un support inestimable au film.

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I don't know how to do anything else. - Neither do I.
I don't much want to either. - Neither do I.


La relation donc, entre les deux monstres que sont Pacino et DeNiro se limite directement à trois rencontres, dont une seule pacifique. Pourtant tout le travail se fait pour montrer qu'ils sont deux facettes d'une même pièce. Ce sont des êtres désespérément seuls, à côté de leurs amis, à côté des femmes, perdus dans l'immensité de leur "boulot". Ils sont incapables de décrocher, incapables de voir autre chose, ils préféreront mourir que d'abandonner, pas par acharnement, mais plutôt parce que derrière il n'y a rien. Un casse succède à un autre, une poursuite succède à une autre. Ce sont deux monstres lancés l'un contre l'autre et seule la mort pourra les départager.

Pourtant, chacun essaie de lutter contre son destin. Pacino le fait avec cynisme, avec son personnage plein de vulgarité, mais pourtant attentif lorsqu'il le faut. Il est clairement "larger than life", presque comme pour compenser son vide intérieur. DeNiro est tout l'inverse, il ne montre rien, il communique professionnellement avec ses partenaires, mais à peur de s'engager jusqu'au bout avec eux. Il se fait une aventure, comme pour se prouver, qu'il est capable, comme ses trois compagnons, d'avoir une femme, mais encore une fois, c'est un désastre.

Les deux personnages sont tellement ancrés dans leur être qu'il n'y a plus de marche arrière possible. Ils essaient. Ils tentent. Il n'y a plus de sortie, plus pour eux. Reste à savoir qui sera entrainés dans leur sillage.

Les personnages secondaires n'ont pas un rôle facile. On sent en voyant Sizemore et Kilmer qu'ils regardent le groupe de manière nettement plus intime que DeNiro, qui n'y voit qu'un outil de travail particulièrement bien rodé, avec des gens qu'il considère à juste titre et connait jusqu'au bout des ongles. Les rapports sont inégalitaires, personne n'est aussi dur que DeNiro dans ses relations humaines, mais tous le suivent car c'est un maestro.

Kilmer est clairement le plus développé. Il est un peu minable, mais c'est un des rares à sauver du lot, car malgré sa violence, il garde de l'affection pour son fils et s'il réagit de façon immature, c'est parce qu'il n'arrive pas à garder la femme qu'il aime. Le rapport entre les trois membres de la famille est tragique, pourtant on sent que l'alchimie existe entre eux. Que si le temps leur était accordé, il y aurait une chance. Mais ce temps est terminé depuis longtemps.

Le poids du destin pèse sur chaque rencontre, sur chaque personnage. C'est un long et puissant engrenage qui se met en place avec la confrontation entre les deux leaders. Personne ne pourra s'en sortir indemne, mais tous se jettent à l'eau de bonne grâce. Un mélange de détermination, de fatalisme, de jeu habite le film et nous fait toujours se demander comment sera le fin mot d'une histoire pourtant déjà toute tracée.

Les femmes n'ont jamais eu le beau rôle chez Mann. Ici, on reste dans l'optique "attente du guerrier". Il y a pourtant beaucoup de personnages féminins, mais chacune est comme prisonnière de son homme, de plein gré ou non. La femme de Pacino a adopté son cynisme, celle de DeNiro est baladé sans jamais vraiment comprendre, celle de Kilmer est la plus forte peut-être, mais aussi celle qui a le plus à perdre. Il s'agit de personnages un peu figés dans leur rôles de Pénélopes, mais malgré tout elles sont belles, courageuses et bien plus autonomes que prévues, ce sont de vraies figures et les seuls à vraiment s'en sortir quand la fin éclate.

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If it's between you and some poor bastard whose wife you're gonna turn into a widow...
...brother, you are going down.


Puisque Heat est aussi un grand film d'action, on va en toucher un mot. Mann est un maniaque, il a fait travailler ses acteurs à balles réelles avant de leur donner des armes à blanc. C'est un travail très professionnel qui a été fait, en particulier pour la longue scène de braquage, qui reste mythique et est tellement efficace qu'elle a servit de modèle pour de véritables braquages.

Les affrontements sont extrêmement réalistes, les acteurs réagissent très bien (Val Kilmer rechargeant, a même été cité en exemple par un sergent de l'armée américaine). De plus, Mann était Mann, il est appréciable de voir qu'il donne une touche d'originalité et de larges connaissances de la réalité des affrontements à arme à feu : l'utilisation des couverts, la différence de volume de feu, l'usage du semi-auto pour le LAPD, la mobilité, mais aussi le choix des armes (le FN FNC de Pacino et le Galil de Sizemore tout particulièrement), montre que le réalisateur connait très bien la chose et c'est d'autant plus agréable.

Les affrontements sont cinglants, sans aucune pitié. Pas de grands effets de style, pas de gun kata, du bon vieux shootout de western, mais à l'arme automatique. De la concision, de la précision, de la tension. Violent sans en faire trop, Mann est un très grand spécialiste de l'action urbaine et Heat reste une référence incontournable.

L.A. est définitivement la ville de Mann. Comme il aura l'habitude plus tard, il l'a peint en noir nocturne et bleu tombant. Il fait rejaillir les lumières s'étendant sur des kilomètres. Il filme le monstre urbain qu'est la cité des anges comme personnes et encore une fois, ce film est un exercice de style des plus appréciables, qui en a inspirés plus d'un.

Je ne suis jamais très attentif à la musique, mais encore une fois, on remarquera que Mann choisit ses titres avec précaution. Brian Eno, le spécialiste de la musique d'ambiance est de la partie, pas pour rien... La bande son fonctionne naturellement bien aux moments donnés, du professionnalisme à n'en pas douter (cf les extraits de fin).

Quelques vidéos remuantes pour en finir.

Le Braquage Principal bien sur et la fusillade magistrale qui s'ensuit.

La Scène Finale, bercée par une très belle musique et un visuel magnifique. Les visages de cette unique scène suffisent à rendre cette fin phénoménale et perso, j'en chiale encore... Actor's Studio, FTW !!!

Il y aurait encore bien des choses à dire sur cette merveille de jeu d'acteurs et de polar qu'est Heat, mais le reste sera fait par vous autres...

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« Si durant l'intégralité d'une rotation terrestre, l'utilisation d'un fusil d'assaut modèle kalashnikov n'a pas été jugé nécessaire, alors on peut dire que, d'une manière platonicienne, cette journée était ''bonne'' ».


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MessagePosté: Mar 18 Mai 2010 22:00 
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et bah je venais surtout te dire que c'est plutot sympa de voir ce monstre de film dans cette rubrique.

en fait, c'est pas sympa, c'est légitime, du moins me concernant, car ce film est non seulement culte pour pas mal de monde, mais pour moi c'est ENORMEMENT de souvenirs.

brève synthèse:

tres bons acteurs, donc le casting, pas grand chose à y dire.
j'ai toujours du point de vue technique, et typiquement cinématographique, j'ai adoré les rythmes de vies, d'actions, des deux tetes d'affiches, qui prennent des sens contraires, pour se croiser (qui est la seule scène ou De Niro/Pacino discutent en face à face), et ensuite repartir chacun dans leurs courses, pour se percuter au final.

du point du réalisme, nickel, univers tres proche de celui des braqueurs PROS, qui n'est ni celui des mafias, ni celui des bandes, bref un réalisme qui fait chaud au coeur.

et un topic qui fait plaise

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la sueur évite le sang

" je vis ma vie librement, sans compromis, et je marche vers l'ombre, sans griefs, ni regrets" by JEH

"la haine de mes ennemis m'endurcit et l'amour de mes proches m'enrichit, ainsi, peut importe les obstacles, je ne saisirai que les chances et opportunités, qui m'amèneront au sommet, le reste sera combattu, vaincu et balayé" by moi meme


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 Sujet du message:
MessagePosté: Mer 26 Mai 2010 14:23 
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Tu as raison Snev, c'est étonnant que personne n'ait encore commenté ce film .

Je ne vais pas revenir sur la substance en elle même, elle a été parfaitement décrite .
Simplement j'ai trouvé le film bon, mais je m'attendais à mieux vu le casting (il y a de sacrés "seconds rôles" aussi, avec Val Kilmer, l'acteur mexicain dont j'ai oublié le nom, le lieutenant Stotenmayer de Monk ...) .

Au final le film se perd un peu je trouve en voulant décrire ces deux personnages de manière égale : on a des personnages attachants, bien joués, intéressants, et qui aurait mérité chacun un film pour eux seul ; là on doit se les partager, c'est un peu dommage .

J'aurais donc plus vu un film avec non pas deux personnages principaux de la sorte, mais un seul central, à l'image d'un Parrain I ou III, d'un Scarface ou que sais-je .



Sinon j'aimerai aussi souligné l'impact qu'aura laissé ce film : tout d'abord la fusillade d'après la banque est encore une référence aujourd'hui, nommée comme la meilleure fusillade de l'histoire du cinéma .
Ce film aura aussi inspiré l'industrie du jeu vidéo : les personnages/le concept de Kane and Lynch sont directement inspiré de Heat ; la fameuse mission du braquage de banque dans GTA 4, suivie d'une fusillade et poursuite dans la rue par la police n'est qu'une référence au film .

Et pour finir, la musique de fin comme tu l'as souligné Snev est franchement magnifique, elle donne toute son intensité à cette scène tragique .

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