► Manipulations génétique sur l'Homme, mode d'emploi
Clive et Elsa sont deux brillants scientifiques reconnus dans le domaine de la manipulation génétique. Ce sont deux chercheurs très prisés à qui tout réussi et dont les découvertes sont éclatantes. En effet, ils ont réussi à combiner les séquences ADN de divers animaux afin de créer une espèce animale de synthèse entièrement nouvelle. Cette même espèce possèderait par ailleurs dans sa séquence ADN des propriétés qui permettraient de faire des avancées décisives dans la recherche médicale pour l'Homme. Clive et Elsa, devant de tels résultats, décident de se lancer dans un nouveau challenge : intégrer l'ADN de l'Homme à leur création. L'entreprise qui les finance pense cependant que le moment semble peu opportun par rapport à l'opinion publique et à la sphère politique pour lancer un tel projet, et leur demande de se concentrer uniquement sur les propriétés commerciales de Fred et Ginger, le couple d'animaux de synthèse qu'ils ont élaboré. Clive et Elsa vont-ils suivre l'avis de leurs mécènes ?
► Film fantastique très dérangeant en vue pour débuter l'été 2010
J'ai eu vent de
Splice il y a quelques mois au travers de sa carrière dans quelques festivals, le film semblait bénéficier d'un écho très positif malgré le fait qu'il semblait sortir de nulle part (quoique, le réalisateur de
Cube et un Adrian Brody qui s'en sort généralement bien...). Ce dernier étant arrivé dans nos salles obscures, j'ai tenté l'expérience principalement pour voir si le film méritait l'adjectif qui lui était souvent associé auparavant, « dérangeant ». Un film fantastique de ce genre, il est vrai que ce n'est déjà pas quelque chose de fréquent et que ça s'apprécie quand c'est un tant soit peu réussi, mais là... le terme de « dérangeant » me semble tout à fait approprié pour vendre ce long-métrage tant je n'ai pas l'impression que
Splice peut laisser indifférent le spectateur à certains passages et au travers de certaines questions.
En ce qui concerne le contenu de
Splice, je pense que l'on a avec la première couche du film affaire avec quelque chose de traditionnel dans l'absolu. Les questions du rôle de l'Homme par rapport à sa création, ça reste un thème récurrent au travers du temps dans la littérature, le cinéma et d'autres médias par exemple. J'ai eu l'impression d'être au début du film en terrain connu par rapport à cette thématique qui porte le film. Cette impression de « terrain connu » a été par ailleurs accentué par les premières scènes qui me faisaient penser à d'autres films, la naissance de la créature de Clive et Elsa me faisait ainsi férocement penser à
Alien car cette même créature me renvoyait à un simili-Facehugger dans sa façon d'évoluer. C'est avec la deuxième couche que
Splice a commencé à beaucoup me plaire : une fois la créature née, c'est réellement une bonne idée d'avoir un jeune couple à proximité pour développer le propos du film. En effet, Clive et Elsa se demandent si ils devraient avoir un enfant sous peu, la créature pourrait-elle devenir une progéniture de substitution malgré son aspect hideux ? Il y a une mise en abîme assez saisissante de la parentalité dans ce film, où notamment les personnages principaux se rendent comptent qu'ils refusent inconsciemment l'arrivée d'un enfant pour garder le contrôle de leur vie et le style génies-bohèmes qui y est associé. Néanmoins, un être aux possibilités inconnues obtient un nom pendant ce temps et commence à se penser...
Dren, l'étrange être de
Splice, met terriblement, et directement, à l'épreuve le spectateur. Durant la première partie du film, on déteste littéralement cette bestiole qui ressemble plus à une abomination qu'autre chose, et qui se permet de détruire littéralement les tympans en n'arrêtant pas de crier de façon très irritante. Toute analogie avec les nourrissons ne semble pas de ce côté là fortuite dans la réalisation. Une croissance exponentiellement rapide aidant, la créature commence à communiquer avec ses « parents » et récupère le prénom de Dren (j'ai bien apprécié ici la blague avec NERD). Avec cette deuxième couche du récit, le spectateur est amené à apprécier progressivement Dren qui a des traits de plus en plus humains. On se prend d'ailleurs à s'effrayer de la capacité de Clive à vouloir détruire la création de sa compagne, création qui réveille son instinct maternel (ici, c'est la séquence du bain d'eau froide qui m'a beaucoup surpris par rapport à ses implications). Jusque là, avec
Splice, on a une certaine forme d'horreur classique liée au fantastique ainsi que les prémisses de la réflexion morale que propose la question du film, il ne reste alors plus à ce dernier qu'à faire découvrir la troisième couche, celle qui fait adhérer ou non le spectateur à l'ensemble.
Bien évidemment, c'est dans cette troisième couche que se trouve le caractère dérangeant du film. Après les questions traditionnelles du rôle de l'Homme par rapport à sa création, celles de l'Homme qui se détruit au travers de sa création. Pour ne pas trop dévoiler cette partie du film, j'écrirai simplement qu'il y a des trucs assez glauques pour le genre, des questions que je ne crois pas avoir vu développées de la sorte. Ça va loin, très loin par rapport à certaines questions éthiques, et ça se révèle bien prenant si on tolère de telles extrémités dans le sens où elles servent le propos. Je pense que ce film a un caractère marquant à cause de ces perspectives nouvelles dans le genre. Par ailleurs, je suis surpris au final que
Splice n'ait pas une recommandation pour inciter le jeune public à éviter le film : c'est très loin d'une violence insoutenable, mais ça demande un certain recul pour encaisser certaines scènes et messages.
Splice est un film à découvrir à mon sens pour son propos des deux bons derniers tiers du film, le premier étant bon lui aussi mais plus classique sur le fond et le forme. La fuite en avant vers la conclusion en revanche l'est extrêmement moins et donne son intérêt au film. On peut noter aussi que Guillermo Del Toro est crédité dans les producteurs exécutifs, ça n'influence peut-être pas trop le film en lui-même mais ça m'a fait penser que Dren aurait pu avoir sa place dans le marché des Trolls d'un
Hellboy : Les Légions d'or maudites (message subliminal de cette référence : c'est un film alternatif qui fait penser dans l'entreprise à certains longs-métrages fantastiques de certains réalisateurs de la vague récente, c'est très âpre sur la forme mais c'est intéressant sur le fond). J'espère en avoir révéler le moins possible sur cette capacité de surprise du film qui fait son charme, mais
Splice mérite le détour en ce moment du côté des salles obscures pour son aspect d'interpellation conséquent.