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 Sujet du message: Balada triste de trompeta
MessagePosté: Mar 7 Juin 2011 20:52 
The old man
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Hier soir je me suis donc rendu à l’avant-première de la Balada triste de trompeta. Etaient présents Álex de la Iglesia, ainsi que son actrice principale, Carolina Bang.
Outre la petite présentation avant la projection, ils étaient tous les deux présents à la fin du film pour une petite séance questions/réponses et ça, ce fut une excellente surprise car ce n’est pas forcément toujours le cas (avant-première d’Hellboy II avec Del Toro présent uniquement en mode Présentation T_T).
En dehors des questions sur la genèse du film (Álex de la Iglesia désirait depuis longtemps réaliser un film sur un clown tueur et ce fut le contexte du récit qui mis du temps à se préciser), nous avons eu droit à une anecdote de tournage de Crimes à Oxford assez fun et à un certain nombre de réflexions sur le contexte historique du film, ainsi que des éléments culturels espagnols qui font forcément un peu défaut au frenchie que je suis : le chanteur et acteur Raphael dont un extrait d’un film (très connu apparemment) est utilisé et surtout la Valle de los Caídos, que je ne connaissais pas du tout.
A noter que cette méconnaissance a donné lieu à une question assez intéressante : la Valle de los Caídos est surplombée d’une croix monumentale qui est exploitée lors d’une séquence du film et une jeune femme a demandé à Álex de la Iglesia si c’était pour la symbolique du Sacré opposé à la Femme Tentatrice, ce à quoi il a répondu "pas du tout". La Valle de los Caídos, construite à l’époque du franquiste, est synonyme de mort et de souffrance dans l’imaginaire collectif espagnol, et c’est là la raison pour laquelle il l’a utilisée : "La Balada triste de trompeta est un film sur la souffrance et la mort à travers un contexte de folie."
Álex de la Iglesia a également évoqué les Indignaos, en rapprochant le renoncement comme réponse à deux choix sans autre alternative et sans issue, à son film qui explore entre autres choses cette question à travers ses 3 personnages principaux.
Enfin à titre de pure curiosité personnelle, j’ai été frappée par la fragilité de la silhouette de Carolina Bang qui était présente. En effet jouant le rôle d’une acrobate, un rôle assez physique, elle avait développé sa musculature pour les besoins du film et dans lequel elle dégage une certaine « puissance » et « solidité ». Musculature qu’elle a depuis perdu et c’est frappant, surtout suite au visionnage du film, d’observer le contraste que cela produit : une impression de fragilité et le sentiment que si on soufflait trop fort, elle se serait sans doute envolée^^
Le cinéma est réellement illusion et éphémère ^_^


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Madrid 1970 : Javier, fils de clown qui a perdu son père lors de la guerre civile espagnole tente de suivre ses traces en travaillant dans un cirque comme clown triste. Avec Sergio, le clown joyeux, il forme un duo qui va rapidement prendre la forme d’une rivalité pour l’amour d’une belle acrobate, Natalia.


Lorsqu’il était enfant, cette époque de l’après-guerre du régime de Franco avait pour Álex de la Iglesia un goût d’absurde et de macabre, où la folie et la violence étaient les seules lois qui régissaient ce monde qu’il voyait à travers ses yeux d’enfants. C’est pourquoi ce contexte si particulier finit par s’imposer à notre réalisateur pour y installer son récit de clown tueur.
Adoptant une forme qu’on peut définir comme une Fable Malade (car oui Álex de la Iglesia a reconnu que bien malgré lui son film était doté d’une morale), la Balada triste de trompeta est un film burlesque sur les pulsions morbides et sur une facette de l’être humain qui n’aurait retenue de la vie que la souffrance et la violence. Comment ses personnages en sont arrivés là ? Quelques pistes sont timidement évoqués ici et là mais c’est le constat d’un environnement radical qui s’impose, écrasant la nature humaine et la ramenant à sa bestialité enragée et brutale. Les personnages d’Álex de la Iglesia sont le produit de ce monde qui s’autodétruit, rien de plus, rien de moins. Un monde (re)constitué à l’image avec une puissance qui fait sens, source d’émotions et de spectacle.
La première chose qui frappe en effet à la découverte de cette Balada triste de trompeta c’est son image sublime et ses nombreux plans iconiques, d’une majesté crasse fascinante et envoutante : c’est bien simple, c’est l’un des films les plus esthétiques de l’année.
Cette beauté morbide est partout, sur presque tous les plans et les rares moments légers et évoquant furtivement bonheur et plaisir, restent irrémédiablement placés sous la tutelle de figures de monstres comiques qui n’attendent qu’un instant d’inattention des héros pour leur rappeler leur nature destructrice.
Car il s’agit bien de monstres ici (le générique de début du film, annonciateur du récit : un modèle du genre), et plus particulièrement et évidemment du clown, monstre comique par excellence qui, nourri de ce monde malade, devient monstre macabre et messager de la mort car impossibilité de la vie, et par conséquent impossibilité de l’amour – scène ensorcelante où la figure de l’amour devient figure de la mort car seule voie possible d’existence et de réalisation du désir du héros.
Tour à tour, touchant, explosif, drôle, angoissant, tendre et sanglant, Álex de la Iglesia multiplie les ruptures de tons avec brio et développe, pas à pas, étape par étape, une marche de l’évolution perverse sans espoir (et non pas désespérée) vers un final hallucinant.
Et enfin lorsqu’intervient la scène finale, sans doute véritable climax du film par sa portée révélatrice, on ne être que d’accord avec Álex de la Iglesia : sans la vie, l’humour ce n’est vraiment pas drôle !


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 Sujet du message: Re: Balada triste de trompeta
MessagePosté: Dim 26 Juin 2011 16:33 
Ô-Totoro
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Durant toute la séance, j'étais en mode :

Mais.
Que.
Se.
Passe.
T-il ?


Film de fou furieux.

'Nuf said.


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