KAINE
Nier : “She's a life. With meaning. And worth. And we're gonna save her. Everyone has something to live for. Even Kainé."
Un personnage si à part, d’un RPG pas si exposé que ça, recevoir les votes de membres de la Volonté et arriver en demi-finale, me rempli d’enthousiasme. Si elle existait réellement je n’imagine pas le flot d’insultes que l’on se prendrait tant elle incarne l’antihéros par excellence. Juste une femme torturée qui n’aspire qu’à la tranquillité dans un monde tumultueux et sans pitié, une femme qui a eu la chance de rencontrer au cours de sa vie des amis, des vrais, Nier, Weiss et Emil, des êtres aussi tourmentés qu’elle et qui ont su comprendre sa souffrance, des amis qui se sont épaulés et fait confiance avec le temps et les épreuves et que ce fut beau de la voir ainsi évoluer, montrer des signes d’affection, même infimes, ce fut suffisant pour nous faire sentir le changement, de voir ce perso réellement évoluer et partager ses sentiments alors qu’on partait de si loin.
Et je me dois de parler non pas seulement de Kaine elle-même mais également de son entourage proche afin de saisir toute la richesse de la construction de ce personnage, de parler d’un être qui lui est très proche dans le bon sens du terme, sa grand-mère, Grandma, Kali, et d’un être qui lui est également très proche, mais dans le mauvais, l’Ombre, Tyrann ou plus précisément, Yura Masayoshi…
Ce qui suit ne gâche en rien l’expérience Nier, car cela n’est révélé que lors du premier Game+ qui suit la première fin, où l’on apprend au tout début de cette nouvelle partie, par la lecture, la passé de Kaine et où l’on saisit mieux son passé dramatique.
Ceux qui n’ont pas fait Nier, et qui ne veulent être spoilés sur aucun évènement, qu’ils s’arrêtent là, mais ceux qui veulent en connaitre un peu plus sur Kaine, afin de juger si elle mérite ou non un passage vers la phase suivante, qu’ils lisent, et qu’ils se fassent un jugement.
Grandma…Kaine est une orpheline, qui a subit dans son enfance les moqueries et la marginalisation des enfants de son âge, mais également la méfiance et l’incompréhension des adultes qui l’évitaient autant que possible… la raison, Kaine est hermaphrodite, et comme on s’y serait attendu les gens simples craignent ce qu’ils ne comprennent pas et répondent par l’évitement voire la violence, même des fois contre une enfant. Son seul lien, son seul refuge dans un tel monde, était sa grand-mère, Kali, une femme forte et qui ne mâchait pas ses mots, pouvant même frapper des enfants s’ils avaient le malheur de s’en prendre devant elle à sa petit Kaine chérie. Grand-mère Kali a appris à Kaine à s’accepter et à se construire, à saisir que rien en elle n’était monstrueux, qu’elle était différente certes mais que cela faisait d’elle une personne à part à entière, cela faisait d’elle tout simplement Kaine. Mais cette bienveillance n’empêchait pas Kali d’être souvent très dure avec elle afin qu’elle se prépare à la cruauté de la vie, même si jusque là Kaine en avait plus goûté que certains dans toute une existence…
Mais l’on sait que lorsque le sort s’acharne, il ne le fait jamais à moitié, et Kaine dû subir la perte de sa grand-mère et ce dans d’atroces circonstances.
Kali se fit attaquée par une Ombre (les ombres étant des êtres mystérieux peuplant le monde de Nier), l’Ombre étant animée d’une volonté sadique, fit torturer Kali devant les yeux de sa petite fille, cette dernière étant à l’agonie suite à sa tentative d’interposition entre le meurtrier et sa victime.
Kaine durant cette expérience, perdit, sa grand-mère, l’être qui lui apportait la stabilité psychologique dont elle avait tant besoin, Kaine perdit son bras et sa jambe gauche, et pour clôturer cet évènement qui ne saurait être plus tragique, Kaine perdit également autre chose, une part de son âme… et là intervient le deuxième être important de sa vie…
Tyrann…Kaine à l’agonie, se vit alors approchée par une autre ombre, qui semblait la suivre depuis un moment. Cette ombre s’appelait Tyrann, et il était clair, par ses déclarations, qu’il ne s’agissait pas d’un être doué de bons sentiments, mais ce dernier offrait à Kaine quelque chose qu’elle ne pouvait refuser à ce moment précis. Le remplacement de ses membres perdus lors de l’incident et donc le sauvetage de sa vie, Kaine gagnant dans la foulée une force surhumaine, mais également une chance de continuer à vivre et de réaliser plus tard sa vengeance contre l’ombre ayant tué sa grand-mère… Kaine dû alors se résigner à se laisser habitée par un être semblable à celui qui venait juste de tuer sa grand-mère… cette symbiose si l’on pouvait l’appeler ainsi permit aux deux d’aller de l’avant, Tyrann guettant l’instant où il pourrait prendre le contrôle total du corps de Kaine…
Et les initiés connaissent très bien le lien qui unit ces trois protagonistes, à travers leurs Replicants et leurs Gestalts… mais ceci est une autre histoire…
Kaine…Considérée déjà comme un monstre, Kaine se vit alors totalement rejetée, dans son corps et dans son âme. Obligée de vivre à l’écart de la société, cette même société qui en plus d’être méfiante à son égard, avait maintenant peur de cet être hybride qui se baladait dans la nature…
Et les années passèrent…
Nier et Weiss arrivèrent…
L’espoir..."Kainé, you gotta live! You gotta come back to us!"
"I'm a curse, a freak. I know that. And he knows it too. And guess what? He still accepts me, he still forgives me."
Kaine: "Weiss..."
Weiss: "Spare me the goodbye, hussy. I imagine it will take more than this to kill you.”
Kaine: "Heh. I doubt it..."
J'aurais pu montrer la beauté des silences de Kaine, mais je tiens, à travers des paroles, qu'elles soient d'elle ou de son entourage, faire émerger la beauté qui peut surgir d'elles, et si la parole n'est pas d'or, qui s'en soucie ? La parole vaut des fois bien plus que de la richesse matérielle, elle apporte des liens, que l'on s'avoue entre proches, famille et amis. Cela réconforte et apporte une force inépuisable... Kaine de par son histoire et les paroles qui l'ont jalonnée a partagé avec nous, sa douleur, ses peurs, ses doutes, ses convictions, son espoir, et sa volonté.
Emil: “We're always going to be together, Kainé. If you transform again, we'll just stop it again! As many times as it takes! I don't care how tough it is, we're gonna get you back! I like sleeping outside because I'm with you, Kainé. I'm able to ignore my appearance and keep going because of you. I'm weak, and sad, and lonely, but somehow you make me strong! You're my friend and I need you! So you can't go away! (*Sob*)”
Kainé: “All right! All right. Stop crying. ...Thank you. I'm all right.”
??? : "You know, Sunshine, that Black Scrawl has almost completely taken you over."
Kaine : "Yeah. I know."
??? : "But goddamn, we had fun, huh? Killing and killing and more killing... What a rush!"
Kaine : "Yeah...? Ngh..."
??? : "Wait... No. No, no, no! It wasn't fun at all! I turned you into a killing machine! I spread evil and chaos around the world! But it all feels so empty now! Why!? I don't understand!"
Kaine : "Sorry, Sunshine. Maybe I'm just nicer than you thought."
Quelle construction, quelle profondeur, quelle claque, même par ses thèmes,
salvation ou
escape,
Sunshine est une réussite. De son introduction jusqu’à la fin de Nier on reste scotchés à sa mise en scène, à ses interventions, à ses confidences si rares, aux révélations, à ses gestes de rapprochements par rapport à ses compagnons de route, cette Kaine si farouche, si rebelle, surtout quand on nous narre par la suite son passé avec une particularité si étonnante qui à mon avis est une première dans le monde RPG si ce n’est l’histoire du jeu vidéo. Un passé qui nous révèle au fond une fragile âme se lançant dans un monde cruel avec un fardeau loin d'être évident, et qui est de plus accablée par une tragédie qui ne rendra sa psychologie que plus complexe.
Quel personnage mais quel perso, j’adore Kaine, elle me file la chaire de poule, sa volonté de vivre, sa force, sa sensibilité, sa mélancolie traversent littéralement le medium vidéoludque et me touchent en plein cœur. Me marquent jusqu’à maintenant et à jamais. Ce n’est clairement pas un personnage anodin ou que l’on voit souvent.
Kaine : "I want you to kill me."
Nier : "No! I won't do that."
Nier : "We didn't come here to watch each other die! You taught me something, Kainé. You taught me that a man must be strong to protect those he loves. Believe in me, Kainé! I'm going to save you. I SWEAR IT!"
Ce personnage est une perle du RPG, une fleur rare...
Sauvons Kaine !!!___________________________________________________________________________________________________
BIG BOSS
Les jeux vidéos représentent un médium tellement riche que l'on apprend énormément, directement ou indirectement, explicitement ou implicitement, et avec un personnage comme Big Boss on reçoit une réelle leçon, on regarde, on réfléchit et on note... avec le Big Boss...
Un charisme fou et un leader fédérateur. Mais qu'est-ce qui fait justement d'un leader un chef suivi et aimé de ses subordonnés ? C'est bien la foi inébranlable qu'il a dans son objectif, dans sa vision, dans son idéologie. Un leader c'est le premier à prendre des risques, à donner son tout dans l'entreprise qu'il mène. Un leader comme Big Boss, tant il incarne ces traits, devient alors plus qu'un meneur, c'est une légende vivante qui ira jusqu'au bout, envers et contre tout, même et surtout contre ses propres fils, et c'est ce qui le rendit mythique...
Big Boss est une véritable icône du monde du jeu vidéo, il le marquera à jamais sans aucun doute, par son histoire et par les idées qu'il incarne, il le marquera par son côté inaccessible, intouchable, inégalable, le state of the art du soldat, et ce sont ces aptitudes qui sont à l'origine de cette saga que nous connaissons, des dons qui ont donné naissance à MGS.
La saga MGS est un réel clash entre des idéologies, personnalités fortes et puissantes qui ont eu la volonté, l'argent (l'héritage des philosophes) et les réseaux suffisants (militaires et politiques) pour, du moins, tenter d'imposer leur vision au monde. Ils se sentaient investis d'une sorte de mission (un sentiment post 2ème guerre mondiale) pour apporter l'équilibre à un monde qu'ils jugeaient fragile, immature et dangereux, et je pense qu'au fil de la saga on a exploré, décomposé et détruit chacune de ces visions (principalement deux) pour enfin repartir de zéro (MGS 4).
Donc des gentils ou des méchants, c'est vraiment selon. Le Major Zéro et ses compagnons, qui estiment que le meilleur moyen est de contrôler dans l'ombre toute l'humanité par en autres les avancées technologiques, pour eux Big Boss est un militaire qui représente un obstacle sur leur chemin, un fou de puissance, et qui plus est, armé d'une arme nucléaire, y'a de quoi argumenter ce point de vue (Big Boss étant un irresponsable, utopiste pouvant faire capoter tous les plans pouvant amener doucement mais surement une paix au monde). D'où l'envoi de Solid et la fin du Big Boss. Mais à partir de Snake Eater on nuance la place de Big Boss et on revient sur la naissance d'Outer Haven, où la démarche du chef est justifiée par une envie d’honnêteté en quelque sorte vis à vis du monde, une sorte de vision réaliste : "les humains se feront toujours la guerre, au lieu de les manipuler (comme le méchant Zéro), je vais alors les défendre avec ma propre super armée quitte à posséder une arme nucléaire". Le Big Boss devient alors l'incarnation de l'image du révolutionnaire, martyr, sacrifiant sa vie pour le bien de tous, sans tenir compte des critiques.
Les deux visions de Zéro/Big Boss sont l'une et l'autre critiquables sur plus d'un point, même si le but est censé être noble (la paix dans le monde à un prix).
Le seul qui pourrait être considéré (au début) comme gentil serait plutôt Solid, qui avec Otacon, après avoir mis fin à la vision de Big Boss (et de Liquid), a également mis fin à la vision de Zéro. Cette gentillesse d'un autre côté peut facilement être considérée comme de la nativité, qui aura mis fin aux seuls deux personnes qui auraient pu apporter un semblant de paix durable au monde... faisant donc de Snake un méchant. Donc même le statut du fils reste incompris (d'où la scène finale de MGS 4 où Snake se pose des questions sur le bien fondé de ses agissements).
Dans tous les cas, le monde repart du début, sans contrôle aucun. Mais est-ce que l'humanité sera assez mature pour se gérer d'elle même, sans tuteur ?
Il reste difficile d'éclaircir tous les points et toutes les nuances de MGS...
Mais comment ne pas soutenir un perso pareil, comment ? Pour qui ont été écrites et chantées des phrases comme
« I give my life, not for honor but for you… », ça me file la chaire de poule, ou alors
« Leaving without you, leaving my soul behind », ce lien fort qui unit le chef et ses frères d’armes.
Big Boss laisse toujours, après avoir fini un MGS qui lui est consacré, une véritable impression d’avoir vu en pleine action le legendary soldier, et cette image s’inscrit dans notre cerveau, elle se grave et nous procure toujours des sensations intenses quand on se les rappelle (comme moi à l’instant où j’écris ce message). On se demande même si on a bien été aux commandes du Snake Eater, si nous avons réellement à travers lui battu The Boss ? Si nous avons vécu avec lui ce moment ? Tant de moments tragiques ? Si nous l’avons vu évoluer vers ce qu’il est devenu ? Un leader porté par des proches qui croyaient corps et âme en lui, un leader respecté même parmi ses pires et meilleurs ennemis !
Dans le monde du jeu vidéo c’est devenu réellement une figure incontournable, sur laquelle on ne peut pas passer rapidement et que l’on ne peut pas résumer en quelques phrases, quelques paragraphes ou quelques critiques. Big Boss EST une figure historique, dans la trame de son jeu et dans le monde vidéoludique. On peut tranquillement le dire, et ils ne sont pas nombreux les personnages pour lesquels une telle affirmation peut aisément être énoncée.
Et dans Phantom Pain, même au sein de son jeu, Big Boss est devenu un mythe, alors… des mots qui tuent, je ne pourrais les dire à son encontre, surtout pas avec un souffle calme car je crois aux bonnes actions du père…
Et après avoir vécu tant de choses avec le Big Boss, je sais…
Reste que pour moi, de mon expérience de joueur, Big Boss aura été un perso marquant, et sur lequel je reviens souvent pour saisir toutes les nuances de son personnage, son histoire, les effets qu'ont eus de fortes personnalités sur lui (Boss, Zéro), et les effets qu'il a eus sur des personnages tout aussi marquant (Solid, Liquid, Ocelot).