- Pardonnez-moi mon père car j'ai beaucoup pêché...
- Qu'avez-vous fait mon fils?
- Je suis allé voir le dernier "Bronzés".
- Ah, en effet, cela est assez grave...
- Mais il y a pire encore...
- Pire encore!!?? Quoi donc?
- ... J'ai ri.
Ceci n'est pas un exemple tiré du film, mais une mauvaise fantasmagorie produite par ma culpabilité qui me travaillait, me taraudait, après m'être rendu, savamment déguisé, à une séance de ces nouveaux Bronzés. Alors oui, je l'avoue, bats et battrai longtemps ma coulpe à ce sujet, ce film m'a fait rire, et je pense me fera plus rire encore en le revoyant, à la télévision s'entend, car il est bien fait du même bois que les deux précédents ou que du Père Noël. Malgré le dégoût que m'a inspiré l'effroyable mattraquage médiatique qui a accompagné la sortie du film, et malgré une bande-annonce que j'avais jugé désastreuse, j'y suis allé, et je recommande ce divertissement à tous ceux ayant envie de se détendre et passer un bon moment dans une salle douillette et obscure.
Alors la situation pour ceux qui soit ne vivent pas en France, soit ne regardent pas la télé et ne rencontrent pas de panneaux publicitaires dans les rues. Les mêmes 6 se retrouvent 27 ans après Val d'Isère. Popeye (Lhermitte) se fait appeler Robert, et se trouve marié à une riche italienne propriétaire d'un complexe hotelier de luxe en Italie (Sardaigne me semble-t-il). Il l'administre à coup de bidouilles et trompe sa femme avec la jeune chef cuistot. Il a fait entrer dans le capital de manière symbolique les Morin (Jugnot et Balasko), Jérôme (Clavier) et Gigi (Chazel). Ceux-ci viennent une semaine par an dans le complexe, gracieusement invités. Ils débarquent tous alors que la femme de Popeye vient de mettre un terme à ces privilèges. Les Morins tiennent quelques commerces à Arras, et attendent l'arrivée de leur fils qui doit leur présenter sa copine, tandis que Jérôme, séparé de Gigi depuis 10 ans et désireux de profiter de ces vacances pour la reconquérir, s'est trouvé ruiné à la suite d'une opération de chirurgie esthétique râtée, et s'est recyclé en moniteur d'auto-école. Gigi arrive des Etas-Unis, transfigurée par le silicone, avec son nouveau copain, Jessie, brillant self-made man à l'américaine, et qui n'est autre que... Jean-Claude Duss.
A partir de là, tout est prétexte à situations comiques, à scènes quasiment sous forme de skètches. J'ai eu plaisir à la fois à retrouver ces personnages, et à les découvrir dans des situations nouvelles, ou renversées. Le plus stimulant à ce niveau est l'opposition entre Jérôme devenu looser total, et Jean-Claude, en réussite mais conscient du caractère fragile de ce succès dans le contexte de ses anciens "amis". Je ne vais pas faire de commentaires sur telle ou telle scène pour ne pas vous gacher le plaisir de la découverte. Mais le rythme m'a semblé bon, ne m'étant pas ennuyé, les situations coquasses sans être trop lourdes (c'est relatif au genre quand même: ne vous attendez pas à un humour subtil), les personnages bien construits, et les comédiens convaincants. A ce titre, j'ai trouvé Balasko vraiment très bonne, alors même que son personnage est un peu en retrait, ainsi que Michel Blanc qui m'a épaté. Les autres sont pour moi dans des registres plus convenus. Je regrette juste le rôle un peu trop "périphérique" de Popeye (ça prolonge la structure des précédents épisodes, mais je l'ai trouvé là un peu trop effacé). En revanche, Dominique Lavanant fait un retour extraordinaire!!
Voilà: j'espère vous avoir donner envie de le voir. Je ne prêche pas les convaincus nombreux je pense, qui projettent fermement d'aller le voir, mais plutôt les réticents ayant quelques a priori négatifs, qui se méfient du comeback facile et de la grosse artillerie promotionnelle. A ceux-là j'assure que l'on prend plaisir à voir ce film, et que, pour peu que l'on soit de bonne foi et dans de bonnes dispositions, tout le monde peut y trouver matière à rire (pas forcément en même temps que les autres, mais rire quand même!). Je ne suis pas trop entré dans les détails pour ne pas gacher les effets comiques. J'espère avoir l'occasion d'y revenir plus tard, quand plusieurs d'entre vous l'auront vu.
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