The wind that shakes the barley.
(Petite critique au pied levé, histoire de réaffirmer mon statut de méta-snob. Ah, oui il s’agit du film
Le vent se lève, mais j’ai la passion des titres en VO)
Perfide Albion?
Au début du 20e siècle, une poignée d’Irlandais décide de lutter contre l’impérialisme britannique qui se déploie sur leur pays par intermittence depuis le XIIe siècle, et est actuellement personnifié par des soldats anglais présents en nombre dans tout le pays. Une Irlande affaiblie, rationnée au profits des anglais: ce sont donc des civils qui s’organisent pour lutter contre les dérives d’un état colonial qui par sa répression leur nie leur identité (on verra comment la pratique du catholicisme est ciblée). Un conflit qui entraîne une escalade de la violence, aucun parti ne cédant d’un pouce : les vols d’armes répondent à l’occupation, qui réplique par des arrestations en masse, appelant à l’organisation de guet-apens dont l’armée Britannique se venge par des rafles, des incendies de villages … Les soldats de fortune sont unis par leur haine commune pour « l’ennemi » …un lien fragilisé lorsqu’un statut de dominion est proposé à l’Irlande.
Marie Tudor ! Le vent se lève ! (oui, je sais c’est une blague d’intello nulle ;p)
On pourrait résumer la thématique de ce filme assez simplement. Ou « pourquoi la lutte d’un pays envahi, opprimé, humilié, est une cause juste » et le rattacher à d’autres exemples. Ou « pourquoi la force que l’on rassemble pour se défendre peut devenir incontrôlable, empoisonnée, et se retourner contre nous ». Des thèses qui ne seront peut-être pas abordé avec suffisamment de détails, de justification, mais le seront avec justesse. Ken Loach filme la douleur, la tristesse, le désespoir, l’exaltation, en restant au plus près de ses personnages. Mais pas d’une manière racoleuse, malgré une séance de torture (que je juge assez soft, même si cela reste une scène de torture). Il s’agit plutôt d’une approche physique, sensuelle, et la gestuelle des personnages y tient une importance notable. La caméra suit les gesticulations de la milice au plus près, de manière intimiste dans une Irlande rétro et champêtre reconstituée avec soin. (Nombreux plans de lande verdoyante poudrée de fleurs en vue). Les acteurs sont remarquables de conviction, immergés dans le récit et je suis personnellement admirative de la performance. L’acteur principal, l’Irlandais Cillian Murphy (déjà croisé en garçon boucher dans La jeune fille à la perle, et en super vilain dans Batman ( !) ) est promit à un bel avenir en raison de son talent et de sa photogénie (XD). Mais malgré le fait que c’est au travers de son regard de future médecin qui laisse l’hôpital pour le maquis que l’histoire nous est contée, on aurait tords d’oublier les rôles secondaires, comme nous le prouve le déroulement de l’histoire.
In the middle of the fucking Union Jack.
Le film éprouve un peu de mal à s’extraire d’un certain manichéisme. Même si on verra, entre certains « camps », les mêmes mots de haine se retourner contre les uns ou les autres, les anglais ne sont jamais montrés que comme les soldats brutaux et amoraux qu’ils envoient. De plus, le passage sera un peu abrupt entre le moment ou leur présence fédère contre eux et la seconde partie du récit. Ken Loach a prit son parti et tout en approuvant son opinion du point de vue citoyen, on peut regretter qu’il ne nous narre une histoire qu’on peut juger trop simple. Les anglais sont des
bastards (non, l’anglais, ce n’est pas compliqué), les riches s’en mettent plein les poches et collaborent avec l’armée d’occupation, seuls des garçons de fermes irlandais, foutrement romantiques et romanesques, partent risquer leur vie pour défendre leur pays.
Pour ma part et malgré ces écueils je me suis laissée prendre au film. Même si les ressortissants anglais ne sont pas des plus fréquentables, les Irlandais ne sont pas toujours en reste, et on a plutôt l’impression d’une exploration de ce qui pousse au meurtre de sang-froid (ce n’est pas non plus le thème central du film) que d’une idéalisation des combattants de L’IRA. Un récit qui mêle la grande et la petite histoire avec habileté et vaut largement la peine qu’on l’écoute.
http://www.thewindthatshakesthebarley.co.uk/
(le site en anglais ^^ ce n'est pas du snobisme, ce coup-ci, il n'y en a pas en français à ma connaissance)