Un pavé dans la marre du cinéma comique. Ici, on rit autant de la connerie phénoménale du héros, de ses préjugés, superstitions, et vices, que de la manière dont réagissent les différents personnages rencontrés. Et ce qui rend tout cela drôle mais aussi intéressant sociologiquemlent, c'est que le film a été tourné en partie comme un documentaire. Aussi les réactions ne sont pas écrites à l'avance, pas plus celle du marchand de voiture, qui ne réagit pas aux énormes grossieretés de Borat, tant qu'il peut lui vendre une voiture, que les illuminés d'une secte chrétienne quelconque. Et le fait que plusieurs personnes représentées dans le film aient porté plainte contre lui accréditent un peu plus encore ce côté documentaire. Quand à la scène du pugilat, puis de la poursuite dans l'hôtel entre Borat et son producteur, un pachiderme qui ne fait guère dans la finesse, c'est dors et déjà une scène d'anthologie dans l'histoire du film comique, j'entend par là qu'on ne l'oubliera pas comme ça ( raaah la grimace que je tirais...). Le mélange de hargne incontrôlée, de scènes physiques choquantes, de nudité, et de slapstick (en référence au cinéma muet) est orchestré avec une étonnante maitrise.
Ca reste sans aucune doute pour moi l'ovni cinématographique de l'année. Sous forme de faux docu-fiction, l'acteur principal frappe là où ça fait mal. A hurler de rire. Certes certains gags ne sont pas fins et on peut sentir une certaine longueur dans ce film, mais qu'est-ce qu'on s'amuse. So british. Au-delà même de la satire des complexes et des hypocrisies américaines (l'humour coincé du coach d'humour (déjà le fait qu'il y ait un coach d'humour aux EU est assez abherrant), les horribles propos du directeur de rodéo), il dénonce un clivage socio-politique très édifiant (les jeunes d'Atlanta, la prostituée, plus ouverts que les grosses huiles) et offre à un 3ème degrès un parcours des genres cinématographiques américains (horreur, film romantique, thriller, comédie, érotisme, campus movie...) tout en les pervertissant. Bref, Borat nous change les idées et ça fait du bien.
Les séquences mises en scène (avec acteurs ?) alternent avec d’autres montrant des personnes croyant réellement rencontrer un reporter kazhak, et ces dernières révèlent des discours et des manières d’être tout à fait hallucinants. Ce mélange de vrai-faux est parfois très limite d’un point de vue... disons “moral”, en faisant croire que ce qui est joué pourrait être la réalité. Borat lui-même ne cesse de provoquer, d’encourager les réactions absurdes, et l’on finit par confondre sa propre obscénité avec celle supposée de ses interlocuteurs. Cette (importante) réserve mise à part, c’est tout de même un film très étonnant, osant aller très loin dans l’énormité des situations, avec en bouquet final une incursion dans une église pentecôtiste, énorme... La cerise Pamela Anderson sur le gâteau n’étant pas banale non plus...
( j'ai longtemps douté : était-elle au courant ou non?
Finalement elle l'était, et je dois dire qu'elle a bien joué le jeu )
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