« …Le désir de vengeance est finalement un excellent remède à la souffrance, il est plus fort que le chagrin… les douleurs disparaissent quand l’esprit est submergé de haine, autrement dit le désir de vengeance est un sentiment salutaire, seulement… que ce passera-t-il lorsqu’il sera assouvi ? Il y a des chances que la douleur ressurgisse de l’abysse où elle se cachait… Toc Toc ! Vous êtes là Mr. Oh Dae-su ?… Mr. Oh Dae-su ? Ça faisait longtemps… »
Afin de mettre en scène le plat qui se mange toujours froid, le réalisateur Sud-Coréen,
Park Chan-wook n’a trouvé de mieux que d’utiliser comme support le cinéma. Et le résultat est tout bonnement excellent.
En 2002 débute cette trilogie dans laquelle sont représentés tous les états d’âme que peuvent engendrer la vengeance, toute la complexité du sentiment, une réflexion s’exprimant dans le vif à travers les yeux de celui qui l’assouvie.
Comment y est-on amené, peut-on s’en débarrasser, pouvons-nous vivre avec ? Une véritable thématique, magistralement mise en scène.
Dans l’ordre chronologique on retrouve le choquant
Sympathy for Mr. Vengeance, suivi un an après par le chef d’œuvre
Oldboy et enfin, la trilogie se clôture par le très touchant
Sympathy for Lady Vengeance.
« En prenant sa revanche, un homme devient égal à son ennemi, mais en s'abstenant de la prendre, il lui devient supérieur »
C’est très beau mais dans ces films il en est tout à fait autre, chacun veut prendre sa revanche, chacun veut faire souffrir son ennemi et prendre plaisir à le faire.
Chaque film raconte la vengeance d’une ou de plusieurs personnes, les histoires sont cependant distinctes et aucun crossing n’est présent. On peut néanmoins noter quelques clins d’œil du réalisateur qui, par exemple, fait appelle dans certaines scènes à un acteur ayant joué dans un des 2 autres films. Notons aussi que dans ces films on retrouve une violence qui pourrait choquer les plus sensibles.
Loin d’être gratuite, cette violence est comme qui dirait justifiée, premièrement par le thème de la vengeance et deuxièmement par une très bonne mise en scène (le recours aux monologues, les différentes vues subjectives ainsi que l’ambiance musicale)
Il ne s’agit donc pas d’une bonne 10aine de litres de sang giclant de partout mais plus d’une approche disons « artistique » de la chose. Enfin, cette violence n’est pas seulement physique mais elle est aussi psychologique.
Allez on commence :
Sympathy for Mr. Vengeance.
Acteurs :
Song Kang-ho (Park Dong-jin)
Shin Ha-kyun (Ryu)
Histoire :
Ryu, jeune homme travaillant dans une usine de métallurgie fait face à la cruauté de la vie, en plus d’être né sourd muet, d’avoir perdu ses parents enfant et de n’avoir pour famille que son unique sœur aînée, il voit cette dernière tombée gravement malade, son insuffisance rénale nécessitant une greffe au plus vite il ne sait plus quoi faire pour trouver les fonds nécessaires afin de venir en aide à sa chère et tendre sœur qui a toujours était là pour lui… Ryu finira par prendre une voie que certes, il ne voulait pas mais hélas les circonstances, elles, le voulaient, il ne pouvait faire autrement. Dans son entreprise pour sauver sa sœur il se verra dépassé par les évènements et fera finalement plus de mal que de bien…
Critique :
Un scénario qui part complètement en vrille, une histoire extrêmement touchante et choquante à la fois, le tout accentué par le choix judicieux d’un protagoniste sourd muet qui amplifie grandement la solitude dans laquelle il se trouve. On rencontre bon nombre de scènes silencieuses où l’on nous sert que les images pour exposer les faits et généralement les scènes les plus marquantes du film. Tout cela pour se mettre dans la peau de Ryu. En plus d’une réalisation impeccable, le jeu des acteurs n’y est pas pour rien dans la réussite de ce film qui vous accroche du début à la fin et qui ne cesse de surprendre tout le long.
Scène marquante : Ryu dans l'ascenseur en revenant voir sa compagne…
Oldboy :
Acteurs :
Choi Min-sik (Oh Dae-su)
Yu Ji-tae (Lee Woo-ji)
Hisotire :
Oh Dae-su, marié, père d’une petite fille est un homme avec ses soucis de tous les jours.
Toutefois il se voit, pour on ne sait quelle raison, kidnappé, une nuit pluvieuse, à la sortie d’un commissariat…
Enfermé dans une chambre tout à fait quelconque, il ne cesse de supplier ses ravisseurs (qui ne se montrent que pour le nourrir) de l’informer sur le mobile qui les a poussé à agir de la sorte mais rien n’y fait, aucun ne lâche le morceau, il les supplie de lui dire au moins la durée de l’incarcération, rien non plus. Alors il compte, il se met à compter le temps…, une semaine, trois semaines, 5 mois, 1 ans, 4 ans… l’attente l’aurait rendu fou s’il n’avait pour unique distraction une petite télé qui le renseignait plus ou moins sur ce qui se passait dans le monde extérieur et pauvre de lui, il apprend par le journal télévisé que le Oh Dae-su disparu a été inculpé pour le meurtre de sa femme et qu’on ne l’a plus jamais retrouvé après…
L’attente devient de plus en plus terrible et ce n’est qu’au bout de la 15ème année qu’il est libéré. On le libère et on lui donne un portable avec pour instruction, essayer de trouver celui qui l’a enfermé, savoir pourquoi, et s’il le veut… prendre sa revanche.
Critique :
Un des meilleurs films qui m’ait été amené de voir, un véritable petit bijou et sur tous les plans : scénario, réalisation, musique, jeu d’acteur… vraiment on aimerait voir plus souvent des films pareils. La fin est si inattendue, si invraisemblable que l’on reste clouer, bouche bée devant le spectacle qui nous ait offert.
On retrouve des scènes très originales, il y’en a même une réalisée en style 2D.
Je reviens sur la musique car elle est vraiment bien choisie, elle est plus portée sur du classique, ce que l’on pourrait trouver bizarre quand on se rappelle le thème, mais cela fait plus théâtral, d’ailleurs devant toute cette vengeance on est forcément amené à avoir une pensée Cyrano, Hamlet et bien d’autres.
Ma préférée reste celle du générique de fin « The Last Waltz ».
Seul déception qui entoure ce film mais qui ne lui est pas due : Etre passé à coté de la palme d’or en 2004, rappelons que le président du jury de cette année (Quentin Tarantino) avait essayé de le pousser vers la consécration mais en vain, le film gagna cependant le Grand Prix du jury ce qui n’est pas rien.
Scène marquante : La scène fianle !
Sypathy for Lady Vengeance.
Actrice :
Lee Young-ae (Lee Geum-ja)
Histoire :
Une très jolie jeune femme du nom de Lee Geum-ja, se rend un jour à la police en avouant le meurtre d’un petit enfant disparu, tout le monde est choqué par le fait, cette femme au visage d’ange sera connue depuis ce jour sous le sobriquet de sorcière.
En prison elle ne cesse de se faire discrète, elle ne veut pas se faire remarquer… En vérité ce qu’elle attend c’est de sortir afin d’assouvir sa vengeance ! Mais de qui peut bien se venger une femme responsable d’un meurtre aussi horrible ? Au bout de 13 ans et ½ elle fini par retrouver la liberté et met en marche son plan si longuement élaboré.
Critique :
Un assez bon film mais nettement moins bon que les deux premiers, ce qui est difficile à réaliser, on verse plus dans le registre émotif cependant la vengeance est bien présente et beaucoup plus atroce. Si celle d’Oldboy était psychologique celle-là est très physique.
On ne peut s’empêcher non plus de faire le parallèle avec Kill Bill surtout pour le coté narratif, le réalisateur Park Chan-wook avait sûrement voulu remercier l’appui de Tarantino pour Oldboy.
Scène marquante : La signification des pendentifs sur le portable…
Conclusion :
3 bons films que j’espère vous avoir donné envie de voir car ils méritent vraiment le détour et permettent de se faire une autre idée sur le cinéma asiatique, loin des stéréotypes « arts martiaux ». Un début pour connaître ce style cinématographique surprenant et atypique dans le bon sens du terme.