No Country For Old Men
L’année 2008 vient à peine de débuter que j’ai déjà mon gros coup de cœur cinématographique, peut être même LE film de l'année. Le dernier né des frères Coen est enfin arrivé pour notre plus grand plaisir, et c’est le premier que j’ai pu voir sur grand écran, plaisir dédoublé. Comme certains ont pu le remarquer avec ma signature, je suis un grand fan des frères Coen et quand j’ai appris qu’ils allaient faire nouveau film, mon sang n’a fait qu’un tour, surtout à la lecture du synopsis. Faut avouer que leurs deux derniers films,
"Intolérable Cruauté" et
"Ladykillers", n’avaient rien de très très attirant, au point que je n’ai pas voulu les voir.
Regardons un peu le contenu de ce No Country For Old Men, nominé dans plusieurs catégories des Oscars 2008 et nominé et récompensé du meilleur scénario et meilleur second rôle pour Javier Barden au Golden Globes, ce qui en dit long sur la qualité du film en passant.
Tout d’abord un bref résumé de l’histoire :
A la frontière qui sépare le Texas du Mexique, les trafiquants de drogue ont depuis longtemps remplacé les voleurs de bétail. Lorsque Llewelyn Moss tombe sur une camionnette abandonnée, cernée de cadavres ensanglantés, il ne sait rien de ce qui a conduit à ce drame. Et quand il prend les deux millions de dollars qu'il découvre à l'intérieur du véhicule, il n'a pas la moindre idée de ce que cela va provoquer...
Moss a déclenché une réaction en chaîne d'une violence inouïe que le shérif Bell, un homme vieillissant et sans illusions, ne parviendra pas à contenir...
La première chose qui surprend dans ce scénario, adapté du roman éponyme d’un certain Cormac McCarthy, c’est le retour au source opérer par les frères Coen. On oublie Intolérable Cruauté et Ladykillers qui s’étaient pas mal éloigné du style initial des deux frères pour revenir à un style proche d’un Sang pour Sang et d’un Fargo. No Country For Old Men a tout du western moderne avec ses plaines désertiques (à l’inverse de Fargo avec ses plaines enneigées), ses décors usés par le temps et ses gueules de bouseux. On y rajoute tout ce qui fait le style Coen, un savant mélange de dialogues absurdes, d’humour pince-sans-rire, et de violence particulièrement visuelle. A ce propos, No Country est pour les frères Coen le film le plus violent qu’ils ont pu réaliser. C’est un film noir comme ils le savent si bien faire, bourré de scène culte, de cynisme, de suspense, de puissance visuelle avec une mise en scène presque impeccable. A noter que l’histoire du film se déroule en 1980 au moment où le trafic de drogue à travers la frontière américano-mexicaine devenait de plus en plus monnaie courante. Le vrai personnage principale étant le vieux shérif Bell puisque c’est le seul qui voit confronter sa vision du monde, de sa perspective du temps qui passe face au rapide changement de l’époque qu’il n’a jamais finalement pu empêcher. Un petit point noir tout de même, j’ai trouvé la fin légèrement longue et lente, même si au finale, elle se révèle assez originale, malgré que je m’attendais à autre chose de la part des frères Coen, ce qui m'a quand même déçu.
Autre petit point qui surprend, c’est l’infidélité des frères Coen avec leurs acteurs fétiches. Pas de Steve Buscemi, de John Turturro, ni de John Goodman ou de Frances McDormand, même pas Peter Stormare, Holly Hunter et Georges Clooney. Que du nouveau dans l’univers des frères Coen, mais tout aussi prestigieux. Tout d’abord le vétéran Tommy Lee Jones, impeccable dans son rôle de vieux shérif désabusé dépassait par les évènements qu’il n’arrive pas à contrôler, le reléguant à un simple spectateur. Ensuite la touche hispanique avec Javier Bardem, totalement monstrueux dans son rôle de tueur à gages froid et complètement barré au look carrément improbable, qui tient à lui seul le film sur ces épaules. Vient ensuite le discret Josh Brolin, qui renoue avec le succès en ce moment, impeccable dans son rôle du cow-boy devenu proie à cause d’une décision de merde qu’il assume complètement. On a même le droit à une courte apparition de Woody Harrelson, classe dans un rôle de tueur qui se la joue un peu trop. Un joli casting inédit qui manoeuvre de main de maître No Country For Old Men.
Dernier point marquant du film est la totale absence de bande originale. Aucune musique ne vient soutenir le film pendant les 2 heures de projection, renforçant le côté réaliste et oppressant avec seulement ses bruits ambiants.
Ca va être très difficile de faire mieux cette année parce que là, No Country For Old Men, malgré quelques défauts que seuls les spécialistes remarqueront, est une véritable leçon de cinéma, à voir absolument (même si ce sont les paroles d’un fan des frères Coen ^^).