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 Sujet du message: No Country For Old Men
MessagePosté: Ven 15 Fév 2008 20:02 
Gardien des Secrets de la Mégastructure
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No Country For Old Men

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L’année 2008 vient à peine de débuter que j’ai déjà mon gros coup de cœur cinématographique, peut être même LE film de l'année. Le dernier né des frères Coen est enfin arrivé pour notre plus grand plaisir, et c’est le premier que j’ai pu voir sur grand écran, plaisir dédoublé. Comme certains ont pu le remarquer avec ma signature, je suis un grand fan des frères Coen et quand j’ai appris qu’ils allaient faire nouveau film, mon sang n’a fait qu’un tour, surtout à la lecture du synopsis. Faut avouer que leurs deux derniers films, "Intolérable Cruauté" et "Ladykillers", n’avaient rien de très très attirant, au point que je n’ai pas voulu les voir.

Regardons un peu le contenu de ce No Country For Old Men, nominé dans plusieurs catégories des Oscars 2008 et nominé et récompensé du meilleur scénario et meilleur second rôle pour Javier Barden au Golden Globes, ce qui en dit long sur la qualité du film en passant.

Tout d’abord un bref résumé de l’histoire :

A la frontière qui sépare le Texas du Mexique, les trafiquants de drogue ont depuis longtemps remplacé les voleurs de bétail. Lorsque Llewelyn Moss tombe sur une camionnette abandonnée, cernée de cadavres ensanglantés, il ne sait rien de ce qui a conduit à ce drame. Et quand il prend les deux millions de dollars qu'il découvre à l'intérieur du véhicule, il n'a pas la moindre idée de ce que cela va provoquer...
Moss a déclenché une réaction en chaîne d'une violence inouïe que le shérif Bell, un homme vieillissant et sans illusions, ne parviendra pas à contenir...


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La première chose qui surprend dans ce scénario, adapté du roman éponyme d’un certain Cormac McCarthy, c’est le retour au source opérer par les frères Coen. On oublie Intolérable Cruauté et Ladykillers qui s’étaient pas mal éloigné du style initial des deux frères pour revenir à un style proche d’un Sang pour Sang et d’un Fargo. No Country For Old Men a tout du western moderne avec ses plaines désertiques (à l’inverse de Fargo avec ses plaines enneigées), ses décors usés par le temps et ses gueules de bouseux. On y rajoute tout ce qui fait le style Coen, un savant mélange de dialogues absurdes, d’humour pince-sans-rire, et de violence particulièrement visuelle. A ce propos, No Country est pour les frères Coen le film le plus violent qu’ils ont pu réaliser. C’est un film noir comme ils le savent si bien faire, bourré de scène culte, de cynisme, de suspense, de puissance visuelle avec une mise en scène presque impeccable. A noter que l’histoire du film se déroule en 1980 au moment où le trafic de drogue à travers la frontière américano-mexicaine devenait de plus en plus monnaie courante. Le vrai personnage principale étant le vieux shérif Bell puisque c’est le seul qui voit confronter sa vision du monde, de sa perspective du temps qui passe face au rapide changement de l’époque qu’il n’a jamais finalement pu empêcher. Un petit point noir tout de même, j’ai trouvé la fin légèrement longue et lente, même si au finale, elle se révèle assez originale, malgré que je m’attendais à autre chose de la part des frères Coen, ce qui m'a quand même déçu.

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Autre petit point qui surprend, c’est l’infidélité des frères Coen avec leurs acteurs fétiches. Pas de Steve Buscemi, de John Turturro, ni de John Goodman ou de Frances McDormand, même pas Peter Stormare, Holly Hunter et Georges Clooney. Que du nouveau dans l’univers des frères Coen, mais tout aussi prestigieux. Tout d’abord le vétéran Tommy Lee Jones, impeccable dans son rôle de vieux shérif désabusé dépassait par les évènements qu’il n’arrive pas à contrôler, le reléguant à un simple spectateur. Ensuite la touche hispanique avec Javier Bardem, totalement monstrueux dans son rôle de tueur à gages froid et complètement barré au look carrément improbable, qui tient à lui seul le film sur ces épaules. Vient ensuite le discret Josh Brolin, qui renoue avec le succès en ce moment, impeccable dans son rôle du cow-boy devenu proie à cause d’une décision de merde qu’il assume complètement. On a même le droit à une courte apparition de Woody Harrelson, classe dans un rôle de tueur qui se la joue un peu trop. Un joli casting inédit qui manoeuvre de main de maître No Country For Old Men.

Dernier point marquant du film est la totale absence de bande originale. Aucune musique ne vient soutenir le film pendant les 2 heures de projection, renforçant le côté réaliste et oppressant avec seulement ses bruits ambiants.

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Ca va être très difficile de faire mieux cette année parce que là, No Country For Old Men, malgré quelques défauts que seuls les spécialistes remarqueront, est une véritable leçon de cinéma, à voir absolument (même si ce sont les paroles d’un fan des frères Coen ^^).

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MessagePosté: Sam 16 Fév 2008 22:10 
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Inscription: 28 Aoû 2006
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Localisation: Where the Streets have no Name
J'ai adoré ! Pourtant j'ai bien commencé l'année avec Paranoïd Park et Into the Wild, mais là ça faisait "longtemps" que je n'avais pas ressenti autant de pression dans un film (depuis L'assassinat de Jessie James par le lâche Robert Ford)
Parce que j'ai trouvé que dans No Country for Old Men, il y a de la pression. Déjà on s'identifie assez vite avec Llewelyn Moos, celui qui découvre les 2 millions de dollars. Mais le mieux c'est la course-poursuite entre celui-ci et Anton "Sugar" Chigurh. L'arme de Sugar est quand même assez terrible, et quand il l'utilise, ça fait mal.
Après je trouve que l'endroit où l'histoire se passe est bien choisi, dans la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
Sur le coup je ne connaissais que Tommy Lee Jones et celui qui joue son assistant dans le film (qui a d'ailleurs joué dans L'assassinat de Jessie James par le lâche Robert Ford ainsi que Les 4400 après quelques recherches).

Néanmoins c'est vrai que les 30 dernière minutes du film ont été moins bons, avec quelques bla-bla de 10 minutes où de temps en temps j'ai décroché, et je ne m'attendais pas à ce que le film se termine sur la dernière scène, on peut dire que c'est inattendu.

Mais c'est un film à voir, pas tellement prise de tête comme on pourrait l'imaginer, mais avec pas mal de morts (enfin ça ne m'a pas dérangé).

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MessagePosté: Dim 17 Fév 2008 15:43 
175 000 000 Berry
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Inscription: 17 Mar 2007
Messages: 1129
Localisation: Dans la jungle, terrible jungle
Haaa !!! J'hésitais moi-même à faire un topic sur le film, mais je suis conten que TTC se soit "dévoué" :Sandji wink: avec cette très bonne présentation.

Le film est grandiose (ça je l'ai déjà dit sur le topic Oscars), malgré, il est vrai, une fin un peu lente qui laisse quand même entrer dans la psychologie du personnage de Tommy Lee Jones, vieux flic déjà plus proche de la mort que de la vie.

Le message sur la mort est terrible, et Javier Bardem, qui interprète presque une sorte de faucheuse, l'est tout autant. Son interprétation glaçante porte le film, qui pourrait preque paraître absurde vu le nombre ahurissant de morts.
L'humour justement, qui était une marque de fabrique des Coen, est très peu présent. C'est du pur film noir (fatalité dominante, peu de dialogues et de musique...), qui restera dans les annales.

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MessagePosté: Sam 8 Mar 2008 21:40 
Ô-Totoro
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Inscription: 25 Mar 2006
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Localisation: Échappe à la connaissance
Ouf, j'aurai eu l'occasion d'aller voir le film oscarisé du meilleur scénario, du meilleur réalisateur et, tout simplement du meilleur film -pas un truc de bouseux quoi- ; et pourtant, les embûches auront été multiples. Mais heureusement, relevant de la vie privée et ne vous passionnant, j'en suis persuadé, pas des masses, je ferai abstraction de tout cela. Vous avez échappé au pire. Et si vous n'avez pas vu le film, vous avez échappé au meilleur.

A vrai dire, la liste des films des frères Cohen que j'ai eu l'occasion de voir est assez restreinte, et il semble selon Tôji qu'ils ne sont pas représentatifs de l'esprit des deux frangins. Il faut dire que cela rompt totalement avec Intolérable Cruauté (très bon film cynique ceci dit) ou Ladykillers (moins aimé celui là).
No Country for Old Men est le genre de film au synopsis assez simple, mais qui révèle sa qualité plus sur le fond que sur la forme. Nous ne sommes pas là pour découvrir une histoire, mais pour voir du cinéma. Nuance importante.
Pourtant, même si le postulat de départ a pu être vu et revu, le déroulement du scénario est unique en son genre et totalement inimitable. Réalisme est le mot qui colle le mieux. Seule la tenacité de Llewelyn (un nom à coucher dehors, heureusement que Tôji l'avait écrit dans sa présentation du film sinon j'aurais dû faire des recherches sur Internet -bref) après s'être pris autant de balles -dans l'épaule, dans le ventre- peut paraître abusive. Mais n'oublions pas que nous sommes aux Texas -tous les clichés virils repris-, pays des Hommes, des vrais. Mais au delà de ce point noir, le reste est tout simplement surprenant, et donc fascinant. De l'intrigue montée, nous ne saurons quasiment rien. Après tout, nous ne sommes que spectateurs, parmi tant d'autres personnages, et les protagonistes -pour les survivants (c'est à dire pas des masses)- eux mêmes seront un peu largués. Surtout Tommy Lee Jones qui, après avoir eux des rôles de personnes tenaces et indomptables, entre dans la peau d'un shériff incapable d'avoir la moindre impact sur les évènements, complétement dépassés, ne cherchant plus à se battre contre une jeunesse plus forte et vigoureuse que lui. Ce flou scénaristique contribue fortement au charme du film, puisque les frères Cohen nous prouvent qu'ils peuvent monter toute une intrigue sans pour autant caser tout incohérement dans le film. Presque dépassés par leur scénario, ils ne nous en délivrent qu'une partie. Et pourquoi pas ? Au moins ça change.
De même qu'une intrigue partiellement dévoilée, les personnages ont une trame originale de par le destin qu'ils ont. Llewelyn en est la preuve vivante. Et le mieux c'est qu'en étant catalogué anarchiquement comme héros par le spectateur, on n'en sera que plus critique sur lui au moment culminant du film. Après tout, c'est SA merde, il s'y est fourgué tout seul, presque en connaissance de cause. Heureusement, il garde une certaine dignité en s'occupant lui même de cette affaire. De son côté, Javier Bardem est génialissime, en psychopathe carrément effrayant dans la totalité de ces scénes -sans la dernière sans doute, mais il reste excellent-, à l'image de son dialogue avec le pompiste, à glacer le sang tellement il est flippant.
Et puis, l'une des singularités du film est l'absence de bande-originale. Non, les frères Cohen n'ont pas besoin de cet artifice pour créer l'ambiance. Non. Elle se crée d'elle-même, grâce aux personnages, grâce à la caméra, aux cadrages, aux dialogues. Je regrette presque de ne pas avoir suivi le conseil de SSof et de ne pas y être allé avec un calepin pour noter toutes les répliques cultes.
Par contre, contrairement à ceux avant moi, la fin ne m'aura pas paru trainer en longueur, et l'ultime phrase aura eu le mérite de me faire gausser. Sans doute parce qu'on se surprend à en être à la toute fin. Tout paraît encore inachevé alors que l'histoire est finie.

Enorme qualifie bien le film.


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MessagePosté: Ven 21 Mar 2008 02:45 
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Inscription: 08 Oct 2006
Messages: 1346
Quand j’ai débarqué pour aller le voir, c’était une des dernières séances de The no country for the no man (dixit un homme viril – à sac à dos de randonneur – devant moi, à la guichetière médusée). Là, je me suis dit que c’était fini le temps gentillet du petit cinéma : voici venir les gros bras, voici venir un film noir, qualifié aussi de retour aux sources pour des frères critiquement en perdition – comme on l’avait d’ailleurs déjà fait pour Sweeney Todd, ça ne vous rappelle rien ? – car trop répétitifs dans leur confort nouveau, ainsi que Burton.
Pourtant ici les mots et les éloges déployés pour étiqueter ce film ne sont pas des mensonges commerciaux ; le film est bien noir, et le retour bien sonnant, bien véritable.

No country démarre fort, en étant plutôt lent. L’histoire est simple, c’est ce qui induit précisément sa complexité. La force de ce petit bijou réside sans défaut dans un fait étonnant, qui étonne, parce que la mort survient toujours au moment où l’on s’y attend le moins. Le monde en perdition nous tiraille de part en part, et bien vite on se rend compte que le mur, le Mal personnifié en la personne psychotique du psychopathe, tenu de main de maître par un Bardem déchainé et déchainant, ne s’éteindra jamais et vaincra toujours. La frustration pour le spectateur est certes présente à chaque coin de rue, et pratiquement à chaque instant, mais après tout, les héros n’existant plus, pourquoi les actions héroïques devraient elles perdurer ? Versant dans une simplicité apparente, mais dans une technicité effrayante et dissimulée, Coen et Coen enchainent les plans sublimes qui subliment tout le film, instaurant une atmosphère lourde, étouffante et noire, où les coups sont frappés dès qu’on a le dos tourné. Tous les acteurs principaux jouent à merveille leurs personnages mais il faut tout de même noter que Bardem – je l’ai déjà dit – est totalement sidérant, effaçant tous les autres à chacune de ses apparitions, et même quand il n’est pas là, son ombre plane continument sur tout le film. C’est terrifiant : look bizarre, voix d’outre-monde (vive les VO), carrure de malade, il impose tout l’arsenal de la figure démoniaque.

D'ores et déjà l’une des plus grandes performances de l’année, à n’en pas douter.

Respectueusement vôtre.


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