La critique résumée en trois lignes a écrit:
Andrew Dominik convoque des maisons isolées, des femmes en robe longue, des champs de blés et des cavaliers solitaires à éperons, bref tout le folklore du western répond présent, mais c’est pour mieux écrire l’envers de la légende. Un film ambitieux à voir pour ses anti-héros campés par des acteurs à leur meilleur.
Le Spitch est connu. Dans le grand ouest américain (reconstitué pour l’occasion au canada, comme d’habitude) Robert Ford jeune home timoré, voir légèrement simplet, entre avec son frère dans la bande de Jesse James, bandit, voleur, assassin, mais aussi père de famille et mythe vivant, qui suscite la fascination populaire et l’impression de romans de gare narrant ses exploits présumés, à la fois réels et complètement fantasmés. Robert ne devient pas bandit juste pour l’argent, il est fasciné, lui aussi, par ce personnage depuis sa petite enfance…
Long voyage onirique,
The Assassination… prend son temps. Mais quel plaisir ! Doté d’un casting millimétré et d’une photographie voluptueuse, le film est une longue hallucination, un voyage au travers des mythes fondateurs de l’Amérique.
Coté direction d’acteur, franchement, que peut-on faire jouer à Brad Pitt de nos jours, or une figure iconique qui permettrait à son statut de star internationale de trouver une résonance dans le film ? Il prouve ici qu’il n’est pas que le people qui a épousé une certaine A.J. et trimballe partout avec lui une fratrie
United Colors of Benetton. Calculateur, imprévisible, le regards perdu vers un horizon que le film se garde bien de démystifier, il endosse le costard de James avec brio, aidé, sans doute, par une mise en scène volontairement trop jolie, trop sublime, parfois, lui octroyant de jolies séquences de frime filmées par un directeur de la photographie sous perfusion de Terrence Malick. Qu’il surgisse à contre-jour dans la vapeur opaque d’un train où décapite des serpents dans son jardin, il multiplie les clichés malboro comme une véritable album Panini humain, et c’est bien dans son idéalisation qu’est tout l’intérêt du personnage.
Un budget fumigènes supérieur à celui de Jack White en tournée, c'est dire.
De la part de son partenaire Casey Affleck, qui joue Robert Ford, on aurait pu craindre qu’il ne se retrouve effacé par la présence d’une personnalité dans un rôle d’écrasant psychotique aussi charismatique que glaçant, mais il faut se rendre à l’évidence: sa performance efface Brad. Effacé, faible, lèche-botte, avide, juste ce qu’il faut de crispant pour coller au rôle et inquiétant à sa manière, il est juste bluffant. Traître en même temps que victime, c’est lui le véritable héro de l’histoire, lui la groupie de l’ombre, le sale gosse qui réussit à plier la dure réalité à ses fantasmes en accompagnant son idole dans ses méfaits. Mais c’est lui, surtout, qui finit par poser la question de la subsistance de la légende après le flinguage de son objet,
Le film est traversé , malgré ses décors champêtres, sa bande-son teintée de nostalgie et son rythme particulier, d’une juste tension malsaine qui permet d’amener Bob, et le spectateur avec lui, de l’inconscient collectif à la prise de conscience individuelle, de l’enfance à l’âge adulte, du rêve à la responsabilité. C’est une franche réussite, un film sur l’isolement des rockstars et la trahison, sur les losers et l’envers des légendes. Bien sûr, un film-dont-la-fin-est-dans-le-titre peut surprendre. Sauf que justement le suspens n’en est pas émoussé. L’enjeu n’est pas dans le meurtre, certaines des scènes les plus belles et marquantes se situant après et n’en rendant que plus dense la transformation de Robert Ford, qui de petite vermine est devenu homme.
En dépit d’un métrage franchement long (2h40, quand même) et accompagné depuis d’une foultitude de films qui détricotent à leur tour les mythes fondateurs de l’Amérique, je le recommande franchement à l’occasion de sa sortie Dvd. Meilleur rôle de tout le monde (les amateurs de
Wheeds y retrouveront brièvement Marie-Louise Parker) on en ressort avec cette question obsédante « savait-il ? ». Certainement mon film préféré de l’année 2007
-Hey! Caz' la-dedans ya écrit que t'es meilleur acteur que moi.
-Nananèreuh! Bientôt c'est pour moi que deux assistants et une maquilleuse à plein temps apparaîtront au générique.