Ari Folman, un metteur en scène israélien, a totalement occulté de sa mémoire la guerre du Liban (début des années 80) à laquelle il a participé lorsqu'il avait 19 ans. Il tente par le biais de diverses rencontres de reconstituer ses souvenirs et sa mémoire.

Film d'animation construit comme un vrai faux documentaire, Valse avec Bachir est un film dont on ne ressort pas entièrement indemne. Compensant des moyens limités par des effets de style et de mise en scène assez réussi je trouve (étonnante scène d'ouverture avec les chiens O_o), le film nous fait découvrir la guerre du Liban et d'une façon plus générale la guerre et ses absurdités/paradoxes. Proposant en alternance témoignages, scènes de guerre et hallucinations, le film a une construction très fragmentée et c'est ce qui fait en grande partie sa force, car grâce à cette structure il réussit à détruire tout effet héroïque ou fascinant qu'un film de guerre peut créer même si ce n'est pas le but recherché. L'utilisation de la BO est d'ailleurs assez intéressante à ce sujet.

Mas bon tout ça n'est rien, ce n'est guère un film qui peut se raconter (ou tout du moins je n'en ai pas le talent), mais qui se vit et se ressent. Je suis me suis senti vidé à la sortie du film et on a un sentiment de dérisoire qui vous prend aux trippes...

En voila un bon film comme ça fait plaisir d'en voir...

Après une scène d'intro à couper le souffle, on prend le temps de s'habituer au style d'animation, vraiment très particulier (un peu comme "A Scanner Darkly" mais en moins coloré je trouve).

Le style documentaire-animé donne vraiment un style spécial au film. En fait, on se croirait parfois presque dans une fiction et les dernières images nous ramènent très brutalement à la réalité de la chose.

Le mélange de scènes fantasmagoriques (le rêve du héros, sublime d'ailleurs), de scènes humoristiques (sur fond rock surtout) tranche avec le sérieux du reste du film, qui sait revenir pile quand il faut.

C'est vraiment très dur, surtout sur la fin. C'est glauque, sans merci, sans concession et c'est une grosse tarte dans la tète.

C'est un film qui se ressent et que l'on peut mal faire passer par écrit. En tout cas j'encourage tout le monde à aller le voir, même si au sortir, on reste nécessairement muet, interdit au moins cinq bonnes minutes.

Tiens j'ai oublié de parler de ce fabuleux film ...
J'avais un peu d'appréhension au début, n'étant pas franchement attiré (peur de m'ennuyer entre autre). Eh bien loin de là, on ne s'ennuie pas du tout (enfin pour ma part, c'est ce que j'ai ressenti), les images, les décors, les personnages, l'histoire tout cela imbriqué défilent devant nous et on ne peut qu'être pauvre spectateur ...
Spectateur de l'horreur, de la bêtise humaine, de la connerie de la guerre. Tout dans ce film est décrit à merveille, avec ces soldats qui n'ont plus du tout la même vie qu'avant (hanté par d'horribles cauchemars qui ne laissent jamais en repos, ou qui essaient de comprendre et se posent sans cesse la question : Pourquoi ?).
Un film bien évidemment qui est bouleversant, qui prend aux tripes (je reprend l'expression déjà usité, mais c'est vrai que c'est le ressenti), qui fait réfléchir, mais surtout qui laisse sans voix ! J'ai ressenti la même impression en ayant vu ce film qu'en lisant Gen d'Hiroshima, au niveau du poids de l'histoire, de l'émotion qui parcourt ce manga, de la cruauté de l'homme ... (ceux qui l'ont lu me comprendront sûrement) ;)

Enfin comme le dit Ange, un film qui vaut vraiment le coup d'être vu, mais qui est difficilement racontable (ça se dit ?) tant les images sont poignantes, intenses et dures à la fois (attention ce n'est pas un film choc) mais qui ne peut que se vivre réellement en allant admirer ce chef-d'oeuvre, qui ne fait que raconter la simple, mais cruelle vérité (de la folie - meurtrière - de l'homme).

Excellent film d'animation (genre qui est en train de prendre un nouveau visage, et c'est tant mieux)

Comme le disent les posts precedents, le film est très difficilement racontable, de part sa nature, un vrai faux documentaire au caractère plutot halluciné et poetique.

En effet des scenes comme celle de la sirène et le rêve recurrent du heros ont quelque chose de surrealiste, surealisme créé grâce au couleurs, beaucoup plus vive et uni que lors des interview par exemple.

Ce film comporte des scenes epoustouflante, comme la scene d'ouverture, dans laquelle une meute de chien enragés aux yeux jaunes et cruels courrent comme des fous (Devos, si tu m'entend...) où la scene (selon moi la meilleure) ou un soldat se lance a decouvert dans une magnifique "Valse avec Bashir"

J'ai eu la chance de voir ce film en avant premiere, et donc d'echanger avec Ari Folman. Daileurs, a ce propos, une petite anecdote, au passage :
Une femme, presente dans la salle, et qui avait resolument decidé de prouver aux spectateurs qu'elle avait mieux compris le film qu'eux, demande au realisateur !
"Comment avez vous eu l'idée de retransmettre les terreures fantasmagorique des personnages par la lenteur de leur deplacement?"
Et Folman de lui clouer le bec en repondant
"The moves are slow because the budget is low"
Comme quoi il faut parfois brider son immagination ^^

Durant cet echange il a expliqué que le fait qu'il n'est pas obtenu de prix a Cannes (ce qui est a mon avis une honte) lui a fait plus de pub que l'invers :)


Cependant, malgrès le fait que dans l'ensemble le film soit très bon, il y a quelque chose qui me gene un petit peu
La fin, qui a clairement pour but d'emouvoir le spectateur et de lui montrer la force de la douleur des survivants de ce massacre, est en eimage "live". Le realisateur n pouvait-il pas choisir de montrer ses images en animation, quand on sait a quellke point ce cinema là peut etre touchant? (cf. Ghilbi)

Je n'ai malheureusement pas eu de vraie reponse de sa part

Pour ma part, j'ai l'impression que ce passage est en "live" pour bien rappeler qu'il s'agit d'une œuvre de non-fiction. L'animation tendrait à nous distancer un peu de la réalité, qui revient à nous avec cette incursion brusque et très violente.

Enfin, moi, c'est comme ça que je l'ai imaginé, je pense que cela n'a rien à voir avec l'idée que l'image réelle serait plus forte que l'image d'animation.

Moi aussi je n'ai pas été totalement convaincu par le fait que le film finisse par des images d'archives live. Si le côté émotion fonctionne bien (ces dernières images ont achevé de me faire pleurer), je pense que cela porte un peu préjudice aux mécanismes de distanciation par rapport à la guerre misent en place aussi bien par le format du film (Animation) que par son traitement (souvenirs/rêves).

Enfin on comprend aussi que ça permet de rappeler qu'il ne s'agit pas d'une fiction comme le souligne SneV mais je ne peux m'empêcher de me dire que ce final est de trop.

Enfin c'est du chipotage là ^_^

J’ai vu valse avec Bachir en juin dernier, et j’ai eue une impression un peu contrastée.

Effectivement, c’est beau, c’est étrange. C’est sans doute honnête dans la démarche. C’est abrupt dans la conclusion. Mais plus que le coté gratuit de la scène en prise de vue réelle, je dirais que le problème est qu’elle manque un peu sa cible. Le réalisateur justifiait très bien dans une interview la présence de cette séquence, qui était la pour que le film ne puisse pas être considéré comme un « film cool sur la guerre » mais là, ça fait une séquence, certes pas cool du tout sur la violence, mais ou une fois de plus les victimes n’ont pas vraiment de visage ce qui est pour moi le problème du film et en contraint la portée.
Dans tout le film, le travail d’animation des visages de ses camarades du régiment est vraiment étonnant, saisissant, mais à contrario les autres personnages sont loin, flous, indistincts et peu caractérisés, ce qui est ennuyeux et un peu dérangeant parce que le contrecoup de la guerre n’en est que moins présent. Et que plutôt que de montrer des amoncellements de cadavres et des femmes en deuils, ravagées par la douleur, anonymes et non-sous titrées; un petit effort pour se rapprocher des libanais tout au long du film et leur donne rune présence, un visage serait à mon sens plus parlant, et rendrait davantage présente l’atrocité.

Je ne sais pas...

Le film je l'ai compris davantage comme un « démontage » du mécanisme de transformation d'un individu en simple écrou de la machine nommée "Guerre". De ce fait le film adopte le point de vue du soldat et non des victimes qui justement restent des « objets » flous pour le soldat/écrou - absence quasi-totale de conscience sur la véritable portée de l'entreprise à laquelle les soldats participent.

Enfin ce que je dis est un peu évident mais une part de l'originalité du film vient justement qu'on prend uniquement le point de vue du soldat et non des victimes. Le soldat est véritablement l'objet du film et rajouter une personnification aux victimes, rajouterait certes un impact significatif sur l’ampleur de l’atrocité de la guerre, mais on perdrait je pense le côté « perte de contact avec la réalité » qui est l’objet même du film – ca rejoint un peu la réserve que j’ai émis sur la séquence finale.

Plus que l’atrocité de la guerre, c’est cette perte de contact avec le réel qui me semble être l’essence du film et tout écart de cette « fuite » le desservirait je pense - d’un point purement cinéma cinématographique j’entends bien entendu.

Edit : effectivement dans l'optique que tu décris sur la prise de conscience le final se justifie.

C'est exacte, mais c'est là ou j'assume totalement le fait que la démarche d'Ari Foldman en soit ne m'a pas totalement convaincue et que je n'ai pas trouvé scandaleux du tout qu'il n'ai pas de palme d'or. J'ai trouvé qu'il n'avait pas fait complètement son choix entre un traitement léger ou grave de son sujet. Même si j’ai lu des interviews du lui et qu’il m’a paru intelligent, sympathique et tout à fait respectable, justifiant très bien ses choix. C’est un type singulier : la plus part de ses semblables partent en vacances après leur service pour oublier, lui fait un film pour se souvenir.

Dans cette optique, la séquence finale se justifie. Elle symbolise finalement peut-être la prise de conscience de l’auteur lui-même. Soudain, il n’y a plus de musique, il n’y a plus d’hallucinations mi-merveilleuses mi-cauchemardesques, il y a juste des morts et des cris bien réels. Même si je l'ai trouvé quand même distanciée, du fait de l'absence de traduction notament. Mais ce qui est interressant dans ce final c'est surtout que ça pose une question technique: est-ce que c'est l'animation elle-même qui est impuissante à représenter l'horreure?