Juillet-août ou le bimestriel des films
repose-cerveaux. Entre les déceptions (
Kung Fu Panda ou
Hancock) et les médiocres mais quand même pas mal (
Wanted par exemple), quelle est donc la place pour un blockbuster tel que
L’incroyable Hulk ?
Allez, c’est entendu, je suis médisant :
Valse avec Bachir n’était ni décevant, ni médiocre (et encore moins
repose-cerveaux), il était tout simplement beau, unique et rare.
Digression nécessaire pour une œuvre singulière :
check. Reparlons à présent du film qui nous intéresse ici. Avant un nouveau métrage portant sur les Comics (
The Dark Knight) et après Ang Lee et son
Hulk de 2003 (que je n’ai pas vu mais qui, par son réalisateur, peut valoir quelque chose), Louis Leterrier nous propose donc un voyage dans l’antre intime du monstre vert avec Edward Norton pour interprète principal (lequel est, disons-le tout de suite, toujours très bon, à l’instar de ses prestations dans
American History X ou le très aimé
Fight Club).
Pur produit de l’école Besson (beurk), Leterrier avait jusqu’alors, à ma connaissance, réalisé trois films :
Le Transporteur,
Le Transporteur II, avec au milieu,
Danny The Dog (qui est servi jusqu'au titre par une superbe métaphore). Autant dire que Leterrier avait trouvé sa voie dans le cinéma popcorn : de l’action comme s’il en pleuvait, des coups, une caméra qui bouge, de l’action et… de l’action. En vérité, c’est bien simple, ses trois films pouvaient se résumer à trois fois une heure trente d’action. Mais qu’en est-il de
son Hulk ? En prenant son envol du cocon-Besson, a-t-il développé des ailes nouvelles ?
L’incroyable Hulk s’ouvre sur un générique presque tautologique, pur standard du genre : une rapide intronisation dans l’univers cellulaire de son sujet. Et après, on pousse, la première bobine s’enclenche, c’est parti, rififi !
S’il y a une surprise à avoir en regardant ce film, c’est bien le fait que durant peut-être quinze ou vingt bonnes minutes, il n’y pas du tout de scènes d’action ! Sachant le bonhomme que c’est, on se dit que wow, que là, il se contient le bougre. Que ça ne va pas durer longtemps, qu’il ne faut pas s’en faire, mais qu’entre temps, Edward Norton est – je me répète – déjà bon, qu’il joue juste et bien, avec cet air chétif et modeste qui colle si parfaitement au personnage qu’il incarne. Puis survient au détour d’une goutte de sang, le véritable élément déclencheur, et tout s’enchaine : communication MSN sous linux crypté sommairement, course-poursuite d’introduction et tout le tralala. Oui d’accord mais sauf que la course-poursuite est bien filmé, les plans sont relativement judicieux, et on sent par conséquent assez bien la tension qui s’amasse sur l’atmosphère pesante de l’interstice
Hulkien. Après, ça se gâte un peu : la première séquence d’action (ah, enfin !) se résume à quelques mouvements de caméra, à quelques effets spéciaux relativement moches, et à deux ou trois étincelles qui piquent légèrement les yeux.
Faisant suite à cette salve de violence jouissive, on s’achemine doucement vers la vraie entrée en matière, Hulk s’éclipse gentiment, Bruce crève l’écran, les autres font de la figuration (par exemple Liv Tyler –
Le Seigneur des Anneaux tout de même – est quasiment anecdotique). Je crois que le plus terrifiant dans tout ça, c’est de se dire que les passages qu’on a les plus appréciés au cours de la projection sont concentrés là où est absent Hulk, héros central de l’histoire (sic). Hulk, précisément, me semble (malgré ma culture limitée dans ce domaine) plutôt loin des super-héros habituels issus de l’univers Comics – il fait partie de ceux qui ne luttent guère pour la justice simplement parce que ça les amusent, lui, il cherche seulement à se débarrasser mélancoliquement de son alter ego. Dès lors, j’assimile le choix de privilégier l’action à la réflexion comme une erreur, et nécessairement, quand Hulk est montré à l’écran et se bat, le spectateur que je suis s’ennuie aussi sec ; c’est que voir un tas de pixels bouger et se cogner sur d’autres tas de pixels, c’est bof, quelquefois.
De la même manière que la construction du film est convenue, de la même manière on assiste à un film – et c’est le problème récurrent des commandes hollywoodiennes – impersonnel au possible (quoique, encore, il nous reste bien cette prompte référence claironnante pour papa-Besson et son
Taxi).
Grosso modo, on a affaire ici à la naissance haletante du personnage, Hulk, il signe de son vert habit. Et rien d’autre ; si ce n’est une tranche d’action en guise d’entrée normalisée. De même qu’
Iron Man avait été introductif (mais Iron Man possédait cette légèreté et cette classe que le géant vert n’a pas forcément), de même, Hulk est tout juste introductif. Du coup, c’est désuet mais ça marche, c’est retors – un peu – mais ça plait. Alors on finit sympathiquement et systématiquement sur une fin qui ne comble pas notre faim : ouverte. A propos d’Iron Man… l’est-il déjà ?
Edit : Simplement pour préciser que tu as mal saisi ce que je voulais dire, captainkevin. Ainsi, je ne trouve pas les quinze premières minutes du film mornes, bien au contraire... justement !
(Tiens, on a édité mon titre de topic...)