Sortant de la salle de cinéma, petit commentaire à vif. Surveillance est un film dont j’ai appris l’existence une heure avant la séance… Autant dire que j’y allais avec la seul indication, qu’il s’agissait d’un polar. Arrivé devant le cinéma, j’apprends qu’il est l’œuvre de Jennifer Lynch (la fille de David). Le cinéma n’est certes pas une affaire de génétique mais bon, ceci à finit de me convaincre.

Petit pitch : Horrible meurtre près de Santa Fe, les agents Hallaway et Anderson du FBI sont mis sur pied et ont comme témoins un des flics du district, une junkie et une gamine.

Le commentaire comportant des spoils, c’est à vous de voir pour la suite. Après environ 90 minutes de salle noire, je sort à l’air libre un peu "stunned". Bon autant le dire de suite, c’est très violent, pas insoutenable, mais bien glauque et sanguinolent comme y faut (un peu comme le dernier Coen). La première scène nous met de suite dans le bain, ce sera donc pas joyeux. Premier truc, le jeu de Pullman, très bizarre, très théâtral, comme s’il se mettait lui même en scène, bien sûr, cela sera expliqué plus tard. L’intrigue commence très basique, puis ça vire au glauque avec le rapport du policier-témoin, moment cependant sympa où on voit le "gros" décalage entre la parole et l’acte (Les américains ont vraiment un truc avec les gens du Middle-West). La cruauté méchante et stupide fait place à l’insouciance et l’égoïsme avec les confessions de la junkie, même schéma de "mentons-à-tout-va", toujours en parallèle avec les flash-back.

Évidemment la scène centrale, c’est la rencontre entre les flics, les junkies, et la famille de la gamine, auxquels ne vont pas tarder à se joindre les tueurs. Scène assez éprouvante, déploiement d’humiliations et de violence gratuite, puis de chaos total lorsque la mort arrive sous la forme du van blanc.

Il aura fallut attendre la pose clope de Pullman pour que je comprenne le truc, rien ne le laisse vraiment présager avant de toute façon. Ultime étalage de brutalité, où au final, on se rend compte que les deux policiers ne sont pas très différents des « agents ». Nous avons donc deux duos, qui prennent leur pied en martyrisant des inconnus, mais ce sont quand même deux catégories différentes, puisque les flics ne franchissent jamais la limite finale du meurtre, limite, qui est outrepassée joyeusement, par Anderson et Hallaway. Le meurtre de la junkie aurait peut-être été mieux différemment, mais peu importe, les tueurs sont des joueurs, ils ne pouvaient se contenter d’une tranquille balle dans la tète. A cet égard, on en viendrait presque à apprécier la mort des flics (du duo principal j’entends)…

J’ai beaucoup craint de ne pas voir les meurtriers s’en sortir, mais comment auraient ils put mourir et tués par qui ? On nous les montre comme la classe au-dessus du simple méchant, ils ont pour eux le degré final de cruauté, la capacité à voir en la mort quelque chose de banal (comme Bardem dans NCFOM), elle n’a plus aucun caractère pour eux, elle n'est plus qu'un outil à leur service. Je me demandais comment l’on allait faire passer la survie de la gosse, ce n’est finalement qu’un énième caprice, une petite récompense pour celle qui fut un peu plus maligne et perspicace que les autres. Autre truc l’âge des personnages, qui montre bien que l’aventure des tueurs est probablement déjà vieille, tout comme l’a été celle des policiers. Au bout du compte, ce genre de personnages n’est jamais arrêté que par des hasards ou des gens de leur trempe.

Enfin bon, voilà, probablement pas le film de l’année, mais du bon cinéma, bien joué, visuellement réussi, qui restera quelque temps dans la mémoire (même si on serait tenté de dire qu’avec la violence, c’est toujours plus facile…). Après tout c’est quand même plaisant de voir quelque chose de bien maîtrisé et c'est bien pour ça que je vais au cinéma...