Vraiment agréables, ces séances hebdomadaires de cinéma de suspense. Parlons-en quelque peu, voulez-vous ? Malgré un double post, qu'on taxera de léger remontage de sujet.
Commençons par le commencement, Shining. De la rediffusion me concernant, je l'avais déjà vu à deux reprises (dont une fois l’année dernière, sur grand écran, je radote). Je reste sur mon avis initial : un film où tout passe par l'immensité des lieux, les couleurs généralement claires, et le thème du labyrinthe repris sur de nombreux plans, et grâce à une palette d’acteurs de haut niveau.
C'que j'apprécie particulièrement, c'est que, depuis quelques temps, je parviens à saisir plus profondément le sens de chaque détail, de chaque plan, je commence à mettre des noms sur des techniques de tournage, je remarque presque aisément les césures du récit (aussi bien au niveau cinématographique, qu'au niveau scénaristique). Et avec une œuvre telle que celle-ci, je me retrouve devant un réel festin en terme de réalisation et de profondeur. Kubrick nous sert un chef d'œuvre (un de plus), dont je ne me lasse décidément pas.
Le troisième film à avoir été diffusé était Fog. Le souvenir de ce film me laissait une étrange impression de réalisation moyenne, mais d'efficacité concrète. A croire que je ne change que peu d'avis, les années passant.
Clairement, le film me plaît sur le papier (un scénario basé sur les légendes marines, je veux !). Pour autant, se rendre à l'évidence il faut : quel coup d'vieux ! L'histoire des pirates vengeurs accroche, certes, mais se révèle rapidement mal exploitée : l'intrigue se déroule trop rapidement à mon goût. Parce que je suis pris dans l'intrigue ? Hm, il m'étonnerait, étant donné que les scènes de tension me font rire désormais (franchement, lors d’une scène de meurtre, le bruit final du crescendo musical parvient quasiment deux secondes avant le geste fatidique...). Peut-être est-ce dû à l'intérêt que je portais au scénario, qui s'est révélé décevant à mon goût par la suite, je n'sais pas trop... M'enfin, je ne regrette pas de l'avoir revu, par plaisir du film d'horreur ^^.
Puis, Duel, de Steven Spielberg. Je commence à saisir pourquoi on le nomme en tant que "grand réalisateur". A côtés de productions énormissimes (financièrement parlant), se trouve ce petit film doté d'une dose de paranoïa farpait'ment distillée. Encore une fois, les codes du cinéma d'horreur habituel sont laissés sur le bord de la route (oh oh !), l'action se déroulant dans les grands espaces américains, en pleine journée. Une façon subtile d'installer la tension, où on ne l'attend vraisemblablement point.
Le principal atout reste, à mes yeux, le semi-développement du fou furieux en camion. A vrai dire, ma cousine qui regardait avec moi espérait qu'on aperçoit finalement le type, tandis que je priais pour le contraire. La présence quasi-maléfique de ce fou du volant est tellement indissociable de son véhicule, que le dit-véhicule prend une dimension symbolique : j'en fais l'expérience aisée avec ma cousine, qui ne porte rapidement plus attention au conducteur, et voit bien que l'horreur provient du camion. Dès lors, on ne dit plus "le type bidule-truc", mais bien "le camion", comme si ce dernier obtenait une conscience et un but; une volonté propre. La seule partie du corps visible du conducteur (hormis les chaussures) se trouve être le bras, qui, machinalement et mécaniquement, fait signe au héros malencontreux de le dépasser. On s'inscrit là encore dans le cadre de la machine. Si bien que, lors du dénouement, c'est le son de la feraille qui se plie qu'on entend lors de la chute dans le ravin : le camion meurt.
Le seul détail qui m'a titillé se trouve dans les derniers plans, avec le camion au fond du ravin. Alors qu'on s'attend à une explosion pétaradante, rien ne se produit (bon point ! Spielberg parvient à surprendre le spectateur attentif, de sorte qu'on commence à craindre la survie du monstre). Pour garder la thématique de la machine meurtrière, à la manière de Christine, j'aurais préféré qu'on voit de l'huile s'échapper du véhicule, plutôt que d'apercevoir du sang sur le volant. On en parvient à croire que, si le conducteur (donc, la force dirigeante, en quelque sorte) est out, le moyen de locomotion semble seulement coincé pour le moment. Preuve que le corps ne peut se séparer de l'esprit ? Mouais, évitons de chercher la complexité, là où on ne la trouvera que de manière entêtée. Je suis ici face à une question symbolique, vous pouvez penser que je chipote... C'qui est le cas.
Pour le moment, je me retrouve face à une réalisation qui a mal vieilli, une petite pépite, et une grosse pépite. Un premier bilan positif. Quant aux films d'Hitchcock, euh... Disons que je suis loin d'être convaincu avec Frenzy et Sueurs Froides. J'y reviendrai dans quelques semaines, après avoir visionné ses quelques autres productions au programme.
_________________ « No gods or kings. Only man. »
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