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 Sujet du message: Tetro
MessagePosté: Mer 23 Déc 2009 19:39 
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Synopsis

Bernie, un jeune homme de dix-sept ans, débarque à Buenos Aires afin de retrouver son frère Angelo qu'il n'a pas revu depuis une dizaine d'années. Angelo a en effet rompu les ponts avec sa famille, une famille d'origine italienne qui a immigré en Argentine au début du XXème siècle avant de rejoindre les États-Unis suivant le succès de Carlo Tetrocini. Bernie est aidé dans sa démarche par Miranda, la compagne de Angelo, mais les retrouvailles avec son frère ne sont pas celles qu'il pouvait attendre : ces dernières sont glaciales et son frère souhaite qu'on l'appelle par un autre nom, Tetro.

Avis personnel

Si j'ai été voir ce film, c'est principalement à cause de la curiosité induite par les échos du festival de Cannes de cette année 2009 et les critiques apparues alors contre le film. Que Coppola créé l'évènement quand il présente son dernier film, rien de plus normal, mais je ne m'attendais pas en mai dernier à voir que le film en question pouvait être aussi peu enthousiasmant, voire pire, pour la critique. Les mois passant, le film n'a pas fait parler à nouveau de lui et c'est presque en catimini qu'il déboule dans nos salles obscures, avec des critiques pas forcément élogieuses. Tetro est donc le signe flagrant d'un Coppola-père trop vieillissant pour briller de nos jours ?

Absolument pas. Si Tetro est un film nombriliste et pédant au possible comme on peut le lire ça et là, eh bien, j'aimerais voir des réalisateurs devenir aussi séniles que Coppola à l'avenir car ils accoucheraient de films très intrigants, et surtout prenants. Je n'entre pas trop dans le détail mais le drame familial qui porte le film est très réussi, navigant entre divers eaux de sorte que l'on a difficilement l'occasion de faire le point rationnellement sur ce que l'on a devant les yeux. En parlant de ce que l'on a devant les yeux, le noir et blanc quasi-permanent, une lubie pour Coppola ? Ah, ça, c'est une question que l'on peut se poser même après avoir vu le film. Certes, esthétiquement, ça en jette avec de superbes effets de contrastes ou de lumières ; mais de là à ce que cela se justifie dans l'histoire... Oui, il y a certainement des éléments qui l'affirment mais j'attendais peut-être à ce niveau là un rapprochement plus certain entre ce choix et les errements de Tetro. Quoique, si on se dit que Coppola a ce film en tête depuis les années 1960, peut-être qu'il se paye un luxe tout ce qu'il y a de plus rétro pour créer une œuvre de jeunesse qui a réellement le cachet de l'époque.
:Luffy hilare:
Concernant le film en lui-même, ce dernier est bourré de symboliques en tout genres où l'on peut tout voir où presque (après le film, on regarderait presque différemment les papillons de nuit qui s'agitent autour des sources de lumière ou bien encore les miroirs à proximité) et on s'enthousiasme bien facilement avec la science avec laquelle Coppola nous présente Buenos Aires. Je reviens à ce que j'ai écrit précédemment mais c'est ce qui me semble bon à marteler à propos de ce film, c'est que son drame est terriblement accrocheur à suivre. Si le personnage de Tetro donne bien évidemment toute sa mesure à ce film (et de quelle manière !), ceux de Miranda et de Bernie ne m'ont pas laissé indifférents pour autant. Quand on sait après coup que Coppola laisse transparaitre une partie de sa vie familiale à travers ce film, ça fait quand même froid dans le dos... mais c'est très certainement cette expérience retranscrite ici sous le coup de la fiction qui donne un intérêt bien marqué au film. Avant de l'oublier, j'ai quand même un point en particulier qui m'a dérangé dans ce film, le développement de l'intrigue autour du personnage de Alone. Elle représente la célébrité à laquelle Tetro a renoncé malgré son génie apparent aux yeux de tous, OK mais... à quoi cela a bien pu nous servir de nous dire qu'elle a trahi les espoirs de Tetro alors que l'on ne nous montre pas de quoi il en retourne ? Comment peut-on se permettre de personnifier à ce point un concept auquel Tetro renonce sans ancrer un tant soit peu le personnage ? À côté de cela, la séquence du prix du Parricide est celle que j'ai le moins apprécié du film, car celle-ci a pour but de dévoiler un secret qui n'en est plus forcément un pour le spectateur car il a pu le deviner à la découverte des feuillets à l'hôpital. Ce qui était une révélation pour Bernie a marqué surtout un temps mort dans le film à mes yeux. Une très légère critique tout de même par rapport à la richesse du film qui m'a convaincu.

Tetro a été une très bonne surprise, allant à l'exact opposé des critiques que j'ai pu en lire auparavant. Ce film se révèle peut-être une hyperbole de la vie familiale de Coppola pour qui est conscient de cet état de fait, mais j'en retiendrai avant tout un drame poignant secondé par des personnages qui le sont tout autant. Coppola-père n'a donc pas encore définitivement laissé le champ libre à sa fille pour être le seul génie en activité de la famille.
:Zoro nargueur:

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MessagePosté: Mer 23 Déc 2009 21:26 
Ô-Totoro
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Localisation: Échappe à la connaissance
Très très beau film intimiste que nous livre là Francis Ford Coppola. Derrière le synopsis quasiment quelconque pour quiconque a déjà vu des films français pompeux et bourgeois que Deu$ décrie tant (peut-on lui en vouloir ?) se cache un vrai bijou des relations brisées entre frères et pères, terriblement bien écrit et nous captivant pendant presque toute la séance. Je dis presque parce que j'ai le sentiment d'un légère baisse de rythme à certains moments, lorsque les ballets muets et en couleur interviennent à l'écran comme des métaphores visuelles de l'histoire, mais en dehors de cela c'est à en boire sans modération.

C'est typiquement le genre de film où Bullzor a besoin de faire une introduction pour dire pourquoi il est allé le voir, sans quoi on se poserait bien des questions sur sa présence dans des salles obscures vides projetant un film en noir et blanc d'auteur (je plaisante, je plaisante).
Ben tiens, tant qu'on y est parlons-en du noir et du blanc employés pour l'occasion, un choix pas tellement compréhensible mais qui fait son effet. Serait-il possible qu'après avoir livré avec Apocalypse Now une oeuvre visuellement superbe dans ses couleurs, Coppola veuille faire la même chose avec un simple noir et blanc ? Néanmoins, le fait qu'il ponctue les flash-backs des personnages de couleurs vives laisse penser que loin de se contenter de recréer une ambiance rétro, il adapte son film à l'époque. Plus ou moins.

Pour en revenir à l'histoire, sa simplicité est couplée à une complexité assez intéressant dans le parallélisme qu'on peut établir entre Tetro et Bennie (père écrasant et ne donnant pas d'amour, l'écriture, un accident qui va les frapper tous les deux...) et qui prend encore plus d'ampleur avec l'une des grosses révélations du film. Beaucoup d'éléments du scénario prennent alors tout leur sens.
Le fait qu'on ne voit le père Carlo Tetrocini qu'en flash-back et en peinture/scuplture renforce le sentiment de domination du personnage et la monstrueuse pression qu'il a exercé sur ces descendants.

Mais là où le film est le plus remarquable, à mon sens, c'est son utilisation constante de deux éléments qui renforcent l'absence de couleurs : le miroir (augmentant le champ de vision de la caméra) et l'ombre. Le livre écrit par Tetro est la réunion des deux éléments (l'écriture à l'envers et en code) et constitue en ce sens le point central du récit. On retrouve aussi énormement de plans où l'ombre joue comme une omniprésence, une figure qui toise les personnages et les amoindrit (le père ?).

En tout cas, pour un film intimiste, pédant et prétencieux, Coppola s'en tire très bien et à réussir à me convaincre sacrément !


Bullzor a écrit:
Coppola-père n'a donc pas encore définitivement laissé le champ libre à sa fille pour être le seul génie en activité de la famille.

Coppola ne fait peut-être plus des films aussi puissants qu'à une certaine époque, mais de là à dire que ce n'est plus un génie... Statut que je n'accorderais pas vraiment à sa fille pour le moment (amis du troll, bonsoir !).


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MessagePosté: Lun 11 Jan 2010 23:48 
The old man
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Inscription: 05 Jan 2004
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Localisation: Joker
De toute façon Cannes a toujours eu un peu de mal avec Coppola. Le cinéphile amateur se souviendra de la polémique autour de la Palme d'Or d'Apocalypse Now qui aboutit finalement à un ex æquo.
Ok je suis mauvais sur ce coup-là, je veux bien le reconnaître mais bon l'accueil d'Agora au festival de cette année me reste encore en travers de la gorge, de même que certaines critiques - et tant pis si le film est l'un des plus gros succès 2009 en Espagne et qu'il est nominé pour 13 Goyas...
Bref Cannes c'est une certaine idée du Cinéma, et pas forcément une mauvaise idée, mais clairement pas du Cinéma dans sa forme la plus universelle...

Sinon Tetro, c'est excellent, du grand cinéma qui m'a complètement emporté et dont la hargne est communicative!

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MessagePosté: Mar 12 Jan 2010 12:48 
500 000 000 Berrys
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Inscription: 30 Nov 2005
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Localisation: dans la lune
Pareil: j'ai beaucoup, mais beaucoup aimé ce film. De l'image, superbe, à l'intrigue, menée avec brio. Les acteurs sont très bons: Vincent Gallo fait du Vincent Gallo mais j'adore de toute façon (ceux qui n'ont pas vu Buffalo 66, qu'ils rattrapent ça au plus vite!!), le petit frère me fait penser à di Caprio à ses débuts, et le patriarche, c'est pas possible comme il l'évoque Marlon Brando!! Les figures féminines sont plus touchantes et déjantées les unes que les autres. J'ai passé un excellent moment, et je me suis réjoui de la quantité de trouvailles cinématographiques présentes dans l'ensemble du film! Le ton est étonnant également, mêlant gravité et burlesque, tragique et comique.

Seul bémol pour moi, la toute fin, très explicite et trop didactique à mon goût. J'aurais préféré que ça reste "muet", et j'ai trouvé les paroles échangées un peu lourdes depuis la fuite du jeune frère de la cérémonie. Mais bon, c'est vraiment trois fois rien.

En tout cas, j'ai du mal à saisir pourquoi il a fait tant polémique, quand même...

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MessagePosté: Sam 23 Jan 2010 20:01 
175 000 000 Berry
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Localisation: Non pertinent
Or donc, ce matin je disais regretter de ne pas avoir vu Tetro. C'est désormais réparé.

J'ai beaucoup aimé ce film. Pour son aspect esthétique, son histoire de drame familial simple et pourtant complexe, pour son ambiance et pour les thématiques que j'ai cru repérer.
Le noir et blanc colle très bien à l'aspect du film. Je me suis amusé à penser "choix artistique" au long du film, pour tenter de comprendre pourquoi le noir et blanc. Si l'ombre devient importante grâce à ça, comme le signale Leto, c'est surtout la lumière qui est mise en valeur. Étant un élément central du drame (elle devient carrément une allégorie de la mort un peu avant la scène finale), elle devient d'autant plus importante que la lumière est ici l'extrême de la palette graphique utilisée. Enfin je crois. Hem.
Contrairement à Bullzor, je n'avais rien vu venir concernant la vraie nature du lien Bennie/Tetro. Faut dire que j'étais déjà suffisamment concentré sur la hargne "mon papa il m'a volé ma copine parce qu'il le pouvait" (qu'est-ce que je peux aimer cette manière de présenter le pouvoir, 8 millimètres, si tu nous regardes). Toutefois, comme lui j'ai été plutôt déçu par le personnage d'Alone, le conflit entre elle et Tetro étant trop peu explicité pour faire autrement que retomber le soufflé que tente de monter la scène du prix. M'enfin bon, ça reste quand même évocateur.
Détail important, j'ai beaucoup apprécié l'utilisation du miroir comme outil cinématographique et de construction narrative. Difficile de ne pas penser "miroir" lorsque l'on nous montre deux accidents menant à une fracture de jambes et surtout deux relations père/fils aussi empoisonnées par le père (même si pas pour les mêmes raisons).
Seuls bémols, la lourdeur que l'on peut trouver dans les dialogues près de la fin, comme le dit seleniel. Mais à part ça, tout baigne.

Et ah bon, il a fait polémique ?

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