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 Sujet du message: Gainsbourg (vie héroïque)
MessagePosté: Mer 20 Jan 2010 19:07 
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NB : attention les yeux, mauvais goût assumé pour le premier titre.

Sea, Sex & Synopsis

Une vision fantasmée et onirique de la vie de Serge Gainsbourg, de l'enfant Lucien Ginsburg qui a vécu les affres de l'antisémitisme de la France occupée jusqu'à Gainsbarre le maitre de la provocation dans les années 1980. Un artiste raconte un autre artiste, Joann Sfar raconte « son » Serge Gainsbourg.

J'inscrirai moi-même : « Pauvre con »

De ce fameux requiem, je conserverai cette sortie afin de qualifier mon manque d'enthousiasme avant de voir ce film. Je m'explique : les biopics ne sont pas des films qui arrivent généralement à me déplacer au cinéma. Pourquoi celui-là alors ? Parce que Joann Sfar. Comme tout le monde, le Joann Sfar qui est dans mon esprit, c'est l'auteur de bande-dessinée ; c'est donc surtout par curiosité sur ce point précis que j'ai été voir ce film. Comment un auteur de bande-dessinée catapulté directement réalisateur sur un sujet qui lui tient à cœur pouvait s'en sortir ? Est-ce que le conte que l'on nous vend ici n'est pas au final qu'un biopic mal brocanté ?

C'est une réussite. Assurément à mes yeux, c'est une réussite ; il n'y a vraiment pas d'entourloupe sur la marchandise. Ce Gainbourg n'est donc pas un biopic lambda, mais bien une histoire qui tend vers l'imaginaire. Ce que l'on nous présente ici, ce n'est pas forcément la vie et l'œuvre de Serge Gainsbourg, c'est le récit fantastique d'un homme qui n'aimait pas sa gueule. Langage grossier dans le propos qui sert à introduire la plus merveilleuse trouvaille de Sfar dans ce film à mes yeux : le personnage de La Gueule. La Gueule, c'est l'alter-égo de l'artiste, du créateur. Il communique avec Lucien puis Serge, s'invite dans sa vie quand il le veut et plus fantastique encore, interagit avec les autres personnages (comme danser avec Juliette Gréco alors que Serge est au piano). C'est surprenant de voir comment ce personnage attire le regard du spectateur, le scotche sur lui pour ne plus jamais le lâcher. J'aime son design, j'aime sa gestuelle, c'est carrément le personnage que j'ai le plus apprécié alors qu'il n'y a pas plus imaginaire que lui dans ce récit ! Quelle surprise de découvrir que derrière La Gueule se trouve Doug Jones, soit l'acteur dans la peau de Abe dans Hellboy : il a des rôles qui me conviennent comme qui dirait.

Que serait ce conte si son héros ne tenait pas la route : Gainsbourg est ici un personnage tout ce qu'il y a d'attachant, et il est très bien campé par Éric Elmosnino qui donne une très belle consistance à ce dernier. Sfar l'indique clairement à la fin du film pour les spectateurs qui l'auraient oublié, mais c'est ici « son » Gainsbourg, donc ceux qui attendent des révélations croustillantes sur la vie de l'homme en seront pour leur frais car ce n'est pas le propos du film. Gainsbourg est ici un personnage vif qui traverse les tableaux de l'Histoire avec brio et splendeur comme le héros tel qu'il est ici présenté, qui détruit avec aplomb la bêtise de la France pétainiste du haut de son éveil précoce ou bien encore qui se consume voire se transcende dans ses amours. L'imaginaire est très important dans ce film, et son incursion dans le propos maintien constamment l'intérêt du spectateur qui se retrouve devant quelque chose de pas banal et de diablement accrocheur. Là encore, les autres personnages ne sont pas en reste car eux aussi bénéficient de ce traitement fantasmé des figures réelles auxquelles elles se réfèrent. De mon ressenti, ce sont surtout Brigitte Bardot avec Laeticia Casta et Boris Vian avec Philippe Katherine qui m'ont plu plus que les autres (le plan qui amène l'introduction de la première dans le film est juste un truc imparable à mes yeux).

Qui dit Gainsbourg dit musique, et là, on est plutôt bien servi dans sa présentation. J'ai l'impression que ce qui intéresse Sfar dans « son » Gainsbourg, ce n'est pas le compositeur/interprète de génie, c'est avant tout l'artiste (comme tendrait à le montrer Lucien le peintre qui « abandonne » cet art car La Gueule brûle toutes ses toiles pour qu'il aille trouver la célébrité et l'argent ailleurs). La musique n'est pas forcément au centre de l'histoire, elle n'est qu'un avatar de la volonté de transgresser du héros ou bien de ses amours (la relecture de Comic Strip marche ainsi très bien dans cette veine). Utilisée avec parcimonie, la discographie de Gainsbourg donne une belle couleur de fond à l'avancée de cette histoire où le héros se consume pour ses passions.

Un héros, ça ne meurt pas dans les contes, donc exit la mort de Gainsbourg. Si on se réfère aux antiques vignettes automobiles, l'histoire se termine dans les parages de 1986 quand Serge et Bambou sont parents de Lucien. Pour cet héros qui a rayonné pendant plus de deux heures à l'écran, quoi de mieux qu'une dernière Gitane pour appeler le rideau de fin ? Gainbourg (vie héroïque) est un film que j'ai beaucoup apprécié, même si le traitement de Gainsbarre après la séparation avec Jane Birkin me semblait moins flamboyant que les précédentes périodes, car l'imaginaire lié à ce film est très séduisant. En lieu et place d'une hagiographique complaisante ou vaguement racoleuse, on a l'histoire imaginaire d'un personnage qui brille de mille feux de par sa générosité dans la création. Une idée pas bête et pas banal qui accouche d'un film très plaisant à suivre.

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MessagePosté: Mar 26 Jan 2010 11:29 
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Je suis également allé le voir, pour Sfar avant Gainsbourg, parce que groupi du dessinateur plus que du chanteur.

Et j'en sors un poil mitigé. C'est bourré de trouvailles visuelles, l'imaginaire de Sfar s'inscrit assez merveilleusement à l'écran, et la vie fantasmée de Gainsbourg est assez miraculeusement servie par les situations et les comédiens. Bref, un enchantement.

Mais. Mais je me suis par moments un peu ennuyé. Ca me fait presque mal de le dire, mais bon. J'ai eu une impression de survol, ou de balayage, parfois franchement trop trop rapide. On passe d'un épidose à l'autre sans s'être posé, et ça s'accélère sur la toute fin qui m'a laissé sur le bord de la route.

J'ai eu le sentiment d'un souci de rythme d'ensemble. Chaque saynète fait mouche, et procure sa dose de plaisir, mais par moments je me suis senti paumé, plus bringueballé qu'emballé ou emporté.

M'enfin, il s'agit là de réserves mineures: c'est drôle, c'est beau, et c'est très très intelligent, comme toujours chez Sfar. Etj'ai depuis hier les chansons de Gainsbourg dans la tête, comme quoi ça marche, et comme quoi ce type avait un talent absolument monstre pour la mélodie.

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